mercredi 30 juin 2010

Montréal est trop propre, trop rangée


On a atterri à PAP plus tôt aujourd'hui. Deux semaines de vacances qui ont défilé trop rapidement. Quoi de neuf !! En fait, deux semaines de vacances où on n'a pas réussi à faire tout ce qu'on voulait, surtout à voir tous ceux avec qui on voulait prendre une bière, ou plus d'une. Ayiti ne nous a pas quittés. En arrivant sur Montréal, on était dans la saison des pluies. Même si en fait ça ressemblait davantage aux pluies d'automne, noires et froides. Quelques jours plus tard, on a été shaké par une nouvelle réplique, un tremblement de terre pour les Québécois, mais une réplique pour nous. Ma soeur m'a attribué la responsabilité ce bagay la qu'elle a senti au neuvième étage de l'édifice où elle travaille ; 'Tu parles d'une idée de mettre ça dans tes bagages !' Encore quelque jours plus tard, de grands vents qui ont saupoudré quelques dégâts. Pas comme un ouragan bien évidement, mais assez pour faire la nouvelle. Ayiti a bien évidement été de toutes nos conversations, on ne s'en sort pas je vous dis. Les proches comme les connaissances rencontrées au hasard d'un coin de rue, tout le monde veut parle d'Ayiti. Même le foot nous a suivi, les portugais du quartier ont dansé bruyamment pour la qualif mais se sont tenus plus penauds suite au match contre l'Espagne. Les vacances ont commencé superbement par une pièce de théâtre, Better than Jesus. Une pièce critique où le vrai Jésus se questionne sur tous ceux qui, depuis 2000 ans, se servent de son nom pour faire n'importe quoi. Encore là, Ayiti meublait nos pensées… En quittant Mtl ce matin, j'ai dit à Jo qu'il ne fallait plus revenir dans notre ville pour les vacances, qu'il faut aller ailleurs où on ne connait personne. En plus, Montréal est trop propre, trop rangée, trop linéaire. Il nous manquait les trous dans les rues et la vie sur les trottoirs.

mardi 29 juin 2010

La famille ouragan

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 17 18 août 2009.


La période des ouragans dure six mois en Haïti, de juin à novembre. Le peak est mi-août à mi septembre, là où la chaleur accumulée dans la mer permet aux petites dépressions tropicales de devenir des ouragans. Il y a un système de classification assez simple qui permet d’identifier l’intensité du personnage qui vire la maison à l’envers. Ana s’en venait vers nous mais elle s’est épuisée, peut-être a-t-elle conclue qu’il fallait nous donner un break, le bordel étant déjà bien installé. Elle serait passée durant la nuit sans étouffer même le son de mes ronflements. Peut-être que c’est moi qui lui ai fait peur ? Son collègue Bill quant à lui, ne semble pas vouloir se calmer. Il a sagement décidé de passer un peu plus loin, probablement plus assez de dégâts à faire pour que ça vaille le détour. Aux dernières nouvelles, il se dirigerait vers le Canada... Peut-être arrivera-t-il à décoiffer notre ami Harper ! Le meteomedia local est le site du National Hurricane Center (http://www.nhc.noaa.gov/). On y retrouve le portait de famille de tous les enfants, de ceux qui n’ont pas encore quitté la maison jusqu’à ceux qui ont levé les pieds de la maison depuis 1958. Des milliers de statistiques sur leur développement, les ravages que leur adolescence leur a permis de faire avant d’aller vivre leur vie d’adulte un peu pepère ailleurs. Ici, on va sur ce site à tous les jours voir les différentes prévisions associées aux tempêtes en développement ou en cours. Dimanche soir, on eu droit à une soirée d’orage mémorable, un anonyme de la famille (il y a effectivement des anonyme dans cette famille) a joué de la batterie avec au moins trois ou quatre de ses frères. Un timoun a été emporté par l’eau qui s’écoule dans les ravines. Les spots d’information à la radio nous donnent tous les trucs possibles pour se préparer aux tempêtes : Déserter les maisons trop près des ravines, déplacer les animaux qui broutent toujours trop près des ravines, avoir des provisions, des piles, des médicaments … L’une des mesures les plus importantes concerne le fait de bien fixer les toitures de taule. Y parait qu’une feuille de métal de 4 par 8 qui voyage à plus de 200 km dans les airs, ça fait une belle job.

lundi 28 juin 2010

Sinema anba zetwal

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 17 juillet 2009.


Petite soirée de cinéma en plein-air hier soir à Martissant. Sinema anba zetwal (Cinéma sous les étoiles) est un festival de cinéma qui fait le tour de PAP tout au long de l’été. Hier soir, c’était à Martissant, un coin de la ville hautement défavorisé qui, au plan de l’environnement, est un espèce de désastre annoncé. Une bonne partie des fatras de la ville coulent vers Martissant au moment des grandes pluies, et dans la partie la plus basse de la zone, les gens vivent les pieds dans l’eau 12 mois par année. La soirée avait lieu dans un parc gigantesque et magnifique. Trois familles riches d’Haïti sont propriétaires d’un vaste domaine boisé (un des seuls espaces boisés qui reste autour de PAP), grand comme les plaines d’Abraham selon mon estimation de géographe amateur. Depuis plusieurs décennies, ces familles ont entretenu ce site d’une manière jalouse. L’évolution de PAP au cours des 50 dernières années (325 000 personnes au début des années 50 et plus de 2.5 millions de personnes aujourd’hui) a fait en sorte que ce site clôturé a été entouré par des populations plus défavorisées. Les constructions sauvages autour des ravines et la déforestation complète du voisinage génèrent des problèmes pour le domaine boisé : éboulement de terrain, transport des fatras dans les rivières et les ravines, …. Coluche avait dit quelque chose du genre : Dites aux gens assis en première classe en avant que, si on saute en deuxième classe en arrière, eux aussi vont mourir…. Les trois familles travaillent avec Fokal (une fondation très importante en Ayiti, la première ministre était la directrice de Fokal jusqu’à sa nomination en septembre dernier), le gouvernement, les groupes environnementaux nationaux ainsi que les représentants de la zone (élus et groupes communautaires) pour tenter de sauver cet espace vert en … améliorant la situation des bidonvilles des pourtours du domaine. Au moins, tout le monde semble conscient que la survie de cette zone boisée est un ‘exemple’ de ce que pourrait faire le pays pour prévenir le déboisement et les problèmes écologiques (et économiques…) qui y sont associés. La zone pourrait devenir un parc ouvert au public, un jardin zoologique, etc. Le thème des films présentés dans ce parc anba zetwal, était donc lié à l’environnement. Un film sur le domaine où on était et son projet de survie, un autre sur les entreprises de récupération des déchets dans PAP, un autre sur la déforestation d’Ayiti, … Une soirée environnement à laquelle les deux cents personnes présentes (dont une bonne centaine d’enfants) ont été très attentives. Sortir Ayiti de la pauvreté veut sûrement aussi dire diminuer la menace écologique qui pèse sur l’île.

samedi 26 juin 2010

Première soirée vaudou

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 22 juin 2009.



Vendredi soir, en pleine pluie diluvienne, nous nous sommes rendus à Carrefour, un secteur très défavorisé du pays qui a la caractéristique de recevoir une bonne partie des eaux qui tombent sur PAP. Trois pieds au dessus du niveau de la mer, les marchandes de Carrefour (et de Martissant son voisin) ont les pieds dans l’eau presque 12 mois par année. Flottent sur cette eau brune tous les fatras qui sont descendus du haut de Petion-Ville et des mornes surpeuplés. La scène est difficile à regarder. Pas encore osé la sentir. La voiture roule dans un bon pied d’eau pour nous amener dans une soirée vaudou. Le rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a organisé cette petite soirée pour une dizaine d’universitaires venus d’un peu partout dans le monde aider Haïti à réfléchir sa réforme universitaire. Ayant appuyé l’UEH dans l’organisation de trois jours de réflexions sur la question, nous avons été invités à se joindre à l’aventure. Un deux heures bien intense, et ce même si la cérémonie était ‘framée’ pour éduquer des incultes. On a eu droit à la présentation d’un Wougan (ou Ougan ou encore Hougan, prêtre vaudou) qui nous a expliqué les différentes étapes de la cérémonie, ses dimensions symboliques et le rôle joué par les différents acteurs. Les tam-tams ont commencé à se faire aller et les danseurs-chanteurs ont pris place. Pendant près de deux heures, le rythme a lentement monté en intensité jusqu’au sacrifice d’une poule. Je n’ai pas tout saisi de cette aventure dans la mesure où nous avons vu qu’une infime partie de ce qu’est le vaudou haïtien. Ce qui m’a intéressé davantage – et sur lequel je devrais me pencher avant de quitter cette île – c’est la récupération haïtienne du vaudou (dont l’origine serait du Bénin) par les esclaves, et surtout la fonction sociale que ces pratiques ont joué tout au long de l’histoire du pays. Comme si le vaudou avait été le seul espace à appartenir en propre aux esclaves venus d’Afrique. Afin d’éviter les très grandes pressions des catholiques exploitants, les haïtiens auraient intégré à leur pratiques vaudous plusieurs symboles religieux des maîtres. Ce qui fait du vaudou haïtien, en apparence du moins, un melting-pot symbolique où se croisent les divinités vaudous, Saint-Pierre et une multitude de croyances animistes. Ici, on dit que 90% des gens sont vaudouisants dans la mesure où plusieurs pratiques ou attitudes de la population tirent leurs racines dans le vaudou : ici par exemple, on passe voir le Wougan avant d’aller consulter un médecin. À l’inverse, une minorité de la population pratiquerait réellement les rites vodous. Sujet un peu tabou (décrié par les autorités catholiques et protestantes), il semble que nous ne réussirons pas à voir une vraie cérémonie vaudou…

vendredi 25 juin 2010

Ponctualité élastique

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 19 avril 2009.


Je suis en province pour trois jours de réunion, de mercredi à vendredi. Le site est enchanteur, un vieil hôtel bien rénové sur le bord d‘une eau de mer plus bleu que les yeux de Gilles Duceppe. Dans la foulée de la vie professionnelle haïtienne, cette réunion de trois jours d’un comité national, a été annoncée … mercredi dernier. Des gens des dix départements et de quelques organismes internationaux (on est une vingtaine autour de la table) ont donc reçu entre mercredi le 8 et mardi le 14, une invitation pour trois jours de réunion qui se tenaient du 15 au 17. Je parle toujours du même mois ! Pour faciliter la vie de tous, jeudi et vendredi dernier personne ne travaillait, les fêtes de la Pâques. Comme si ce n’était pas assez, en Ayiti les invitations doivent vous être remises en main propre. C’est la culture ou le manque de moyen, je ne sais pas trop. Le pays n’a pas de 'Postes Canada' (à part quelques messagers privés) et les chauffeurs des organismes ou des organisations gouvernementales font la distribution des invitations. Le chauffeur du comité national est passé mardi pour me remettre la lettre d’invitation d’une réunion de trois jours qui débutait le lendemain. En Haïti, l’agenda est un objet complètement difforme. Quelque chose qui doit pouvoir se modeler dans tous les sens, à n’importe quel moment. Ça va avec le rapport à l’heure. La réunion qui devait débuter à 8h00 n’a pas commencé avant 9h10. Autre fait vécu cette semaine, je prends rendez-vous avec la cie Vidéotron locale :

  • - Un technicien ira chez vous bientôt monsieur.
  • - Quand bientôt ?
  • - Dans les prochains jours.
  • - Demain, après-demain ?
  • - C’est ça, demain ou après-demain.
  • - Non non, je n’ai pas été clair (faut quand même être poli !), je veux savoir s’il va venir demain ou après-demain ?
  • - C’est ce que je vous disais, il passera bientôt, peut-être demain ou peut-être après-demain.
  • - Je fais comment pour savoir quand il passera ?
  • - On va vous appelé juste avant …
  • - Juste avant, c’est combien de temps avant son arrivée à la maison ? Faut s'assurer qu'il y ait une personne à la maison.
  • -

Vous devinez la suite. Dernier exemple tout aussi récent. Ce dimanche le 19, il y aura des élections sénatoriales dont tout le monde discute depuis novembre au moins (nous sommes arrivés en novembre). Même la PNH et la MINUSTAH s’y préparent. Aujourd’hui, jeudi 16 novembre, nous apprenons du Conseil électoral provisoire que nos locaux de la Faculté de médecine seront réquisitionnés pour les élections de dimanche. Trois jours avant l’élection. Nous devons donc déplacer dès ce matin les activités de formation prévues pour ce jeudi après-midi et celles de demain. Pa gen pwoblèm. Est toujours comme ça. Impossible de prendre rendez-vous avec quelqu’un. « On se voit vendredi, à quelle heure ? Passe à mon bureau dans la matinée, on trouvera le temps de se parler. » Le plus fascinant, c’est qu’on s’habitue. Notre ponctualité est en fait pas mal plus élastique qu’on l’imagine. On prend donc facilement cette attitude de ne pas s’énerver avec l’heure ou la date. Ça fait du bien.

jeudi 24 juin 2010

Journée de premières

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 23 mars 2009.

Depuis une semaine, nous avons de la visite à la maison. Un collègue de Johanne est en vacances à PAP et en profite pour faire des contacts pour Bibliothécaire Sans Frontières. On a profité de son séjour pour aller passer le week-end au Cap-Haïtien et visiter (re dans mon cas) la Citadelle. Encore plus impressionnante que la première fois… Un peu de plage et, surtout, pas mal de bagnole. En fait, le Cap est à 20 minutes en avion et 6 heures en voiture. Il voulait voir du pays et on a donc décidé de faire l’aller dans les airs et le retour sur terre. Je suis ainsi passé pour la première fois dans les Gonaïves. Ville toujours plus sinistrée que les autres en cas d’ouragan. Un ingénieur m’a expliqué que les inondations sont attribuables au fait que presque toute l’eau qui tombe sur le pays coule vers les Gonaïves. Ajouté à cela un déboisement féroce et des canaux d’irrigation mal construits qui ne peuvent assurer que l’eau ne passe pas directement … par les habitations. Cette année en plus, le débit était tellement élevé qu’il a ‘charroyé’ un container des Nations unies qui dans sa descente, a fait voler en éclat un pont presque tout neuf. On a rien retrouvé du pont, même pas dans la mer ! Il faudrait beaucoup de ressources financières pour construire des canaux de contournement, mais vaut mieux guérir que prévenir. Dans un article que mon oncle Bob (je le salue en passant) m’a envoyé récemment, on pouvait constater que le financement de 17 millions de dollars américains reçus cette année pour les Gonaïves était dédié strictement aux mesures d’urgence et non à la reconstruction. Le journaliste de la revue The Economist réfère à des expats présents sur place qui, en faisant leurs valises pour une deuxième fois, ils y étaient en 2004 lors du passage de Jeanne, annonçaient leur retour pour l’année prochaine. Malgré leur passage, la situation reste encore difficile à regarder. Des voitures avec 4 pieds de boue bien compacte à l’intérieur, une route qui n’est plus une route, des maisons sans murs et des murs sans maisons… Deuxième première, un match de foot au stade de PAP. Notre visiteur a la fâcheuse habitude d’être français, il voulait donc voir un match de foot. Une partie de la Ligue des champions de la Concacaf (comme l’Impact il y a quelques semaines) entre les Cavaly de Léogane et le Britania d’Aruba. Aruba est une petite île juste au Nord du Vénézuela, un petit pays d’un peu plus de 100 000 personnes selon Wikipedia (on se renseigne où l’on peut !) qui a obtenu son autonomie des Pays Bas en 1986. Le foot nous apprend tellement de choses. Donc, avec Lionel (je vous avais dit que c’était un français !), on s’est rendu au stade. En achetant les billets, j’ai étalé mon ignorance de ce beau sport. On m’informe qu’il y a des billets à 400 gourdes (10US) et à 150 gourdes (faites le calcul). Je réponds à la dame que les billets à 400 allaient nous permettre d’être assis dans les sièges d’en bas, comme au Centre Bell ! ‘C’est l’inverse au foot, mon homme’ que m’ répond notre invité. Plus tu débourses, plus t’es haut dans les gradins. J’imagine qu’il doit toutefois y avoir une hauteur parfaite… En fait, c’était un attrape-touristes, il n’y a pas vraiment de plus haut ou de plus bas dans le stade ! La seule chose, c’est qu’on avait droit à un siège individuel au lieu d’un banc. Comme au Centre Bell, durant la partie, les vendeux de bouffe et de bière se promènent de rangées en rangées. À la fin de la première demie, un billet de 25 gourdes se retrouve sur la marche juste au bout de la rangée. Pendant plus d’une heure, il n’a pas bougé. Des dizaines de personnes sont passé à côté sans se pencher. Imaginez un billet de 20$ dans les marches du Centre Bell ! Ma voisine a fouillé dans sa sacoche pour vérifier si elle avait perdu 25 gourdes. Mon autre voisin à fait la même chose dans son portefeuille. On m’avait dit que l’insulte suprême pour un haïtien était le fait d’être identifié comme voleur, j’en ai eu la preuve. Dans la foulée des gens qui ont descendu l’escalier à la fin de la partie, le billet de 25 gourdes est disparu. La partie terminée, on s’est rendu à la sortie pour téléphoner à la cie de taxi fiable de PAP, Taxi Rouge. Pas de réponse… Plusieurs essais toujours sans réponse. Disons que le stress commençait à pousser son bouton jusqu’à ce qu’en essayant de retéléphoner à la cie, je me trompe de contact sur mon portable et rejoins un dentiste avec qui je travaille. Il a toute de suite su que c’était moi qui l’appelais et quand je lui ai expliqué notre situation, il a un peu paniqué. Au match de foot ?! Un taxi ?! Il voulait appeler un de ses amis psychiatres… Les haïtiens sont beaucoup plus craintifs que les blancs, il faudra que je vous explique le tout dans un prochain billet. Donc le dentiste, qui comme par hasard reste à deux minutes du stade, est venu nous rejoindre. Il a hélé un taxi et après quelques minutes de négociations, il a compris qu’il pourrait y faire confiance… s’il embarquait avec nous. Troisième première, un taxi à PAP. Le dentiste, Lionel et moi sommes donc partis dans une vieille Mercedes 1983 (je connais maintenant la fabrication intérieure des bancs du modèle 1983 de Mercedes) qui toussait plus qu’elle n’avançait. Sur la route, on commençait à peine à être soulagé, jusqu’à ce qu’un barrage policier nous force à nous arrêter. Le chauffeur de taxi n’avait pas de papier, ni pour lui, ni pour la voiture. Les policiers demandent au chauffeur de tasser son tacot sur le côté et d’éteindre le moteur. Le chauffeur de taxi sort et commence à négocier avec les policiers qui, après dix minutes, acceptent de nous laisser repartir. Le chauffeur se rassoit sur ce qui reste de siège, se penche sous le volant et en collant deux fils, réanime son vieux moteur. Revenus à la maison, on a repris la Patrol et avons ramené le dentiste chez lui. En passant, le club de Léogane a gagné 5 à 0.

mercredi 23 juin 2010

Kanaval : Comment la pauvreté peut-elle créer autant de richesse ?

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 28 février 2009.

Plus d’une semaine sans billet. C’est normal, c’était le Kanaval. On m’avait annoncé que tout était au ralenti durant cette période et c’est effectivement réel. En plus, trois jours sans Internet, c’est le Kanaval ! J’en ai profité pour aller voir la fête au centre-ville de PAP, le dernier soir, celui du mardi-gras. Depuis déjà dimanche soir, les haïtiens se faisaient aller le popotin dans les rues. Le mardi, la police avait annoncé qu’elle tolèrerait les fêtards jusqu’à 5h00 du matin. Le Président avait annoncé congé national pour le mercredi des cendres, question de laisser à la population le temps de se reposer des trois derniers jours. Je vous le jure que les gens en avaient besoin ! La vidéo sur ce billet a été tournée avec la fonction vidéo d’une petite caméra numérique, mais elle vous donnera une bonne idée de l’atmosphère, de la foule, de la musique et de l’état des haïtiens. Juno et Mario, deux médecins avec qui je travaille nous ont accueillis sur leur stand, un stand qui peut recevoir une centaine de personnes. En groupe, on divise le prix de la location de l’espace et la construction du stand. Sur le billet qui te donne le droit d’entrer il est écrit ‘les amis de nos amis sont nos amis’. Belle entrée en matière. Le stand s’appelle Sans-Soucis (comme le palais près de la citadelle) parce que comme dit Mario, on est sans soucis. On est arrivé sur place vers 5h30 juste avant que la foule commence à être trop compacte. Plus la soirée s’enfonçait, plus l’atmosphère s’approchait du délire. Dans la montée, Juno tout enthousiasme m’a dit en me shakant les épaules et en insistant sur chacun des mots : « C’est comme une thérapie collective !». Effectivement, du ti-moun au grand-moun (ils seraient près près de 300 000 personnes à tous les soirs), les hanches se font aller. Sur ce point, je ferai un doc Mailloux de moi-même. Les noirs ont sûrement une constitution de ligaments pas mal plus souple que les blancs. À les voir danser, on a le sentiment d’être un manche de ballet. Les bandes-à-pieds (fanfares) et les personnages costumés défilent pendant près de 5 heures. Difficile d’imaginer qu’une si grande pauvreté puisse créer autant de richesse. Après, c’est au tour des groupes de musique les plus populaires de défiler sur des chars tirés par un camion, camion qui tire également une génératrice qui crache sa fumée noire. Il doit y avoir 237 caisses de son sur chacun de ces chars. La foule devient de plus en plus folle, plus la soirée avance, plus les groupes sont hot. On est parti au moment ou Barikade Crew arrivait… le groupe hip-hop le plus populaire et autour duquel il y a une histoire dramatique au possible. Après un concert l’année dernière, une partie des musiciens dont le chanteur ont pris la route et se sont plantés dans un ravin. La blonde du chanteur s’est suicidée sur le champ en apprenant la nouvelle. Une grande messe nationale a eu lie sur Champs-de-Mars pour leurs funérailles. Le reste du groupe continue de rouler sa bosse et tous les haïtiens connaissent les paroles de leurs chansons par cœur. Quand Barikade Crew est arrivé donc, on tentait de se déplacer dans la foule pour revenir à la maison (vers 11h00). Jammé complètement dans une foule. Tes pieds ne touchent pas à terre, mais tu danses quand même. J’avais les oreilles et les yeux complètement éclatés, les oreilles par le son et les yeux par la blancheur des 200 sourires qu’il y avait dans ma bulle. Jo et moi étions accrochés à Jean-Joseph (le chauffeur) et à Elvire (sa femme). Pendant dix minutes, on a vécu un petit stress où se mélangeait le trip d’être dans une ambiance aussi intense, et la crainte d’être dans cette foule haïtienne. La violence en Haïti est toujours assise sur le bord de sa chaise, au Kanaval c’est toujours un peu risqué. À cet effet, la situation a été très positive cette année. Seulement deux personnes écrasées par les camions qui trainent les chars, et 160 blessés. Quelques arrestations à cause de batailles. Il parait que c’est une très belle année !? C’est vrai que si on compare avec le Carnaval de Rio…

mardi 22 juin 2010

La citadelle du Roi Christophe

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 26 janvier 2009.


Depuis quelques semaines, ‘Written in blood’ est ma lecture de chevet. Cette histoire d’Ayiti est écrite par un américain qui a résidé sur l’Île pendant de longues années. Son statut diplomatique lui a donné accès à une documentation officielle importante, ce qui fait que sa brique est très dense. Une partie de ce sang qui aurait permis d’écrire l’histoire d’Ayiti a coulé autour de la fin de la révolution anticolonialiste, anti-esclavagiste (1804). Débarrassé des colonialistes, le pays s’est divisé en deux : le Nord et le Sud. Le sud républicain, dirigé par Pétion. Au Nord, Christophe s’est affublé du titre de roi et a fait construire un palais et une citadelle qui valent absolument le détour. ABSOLUMENT! La seule ‘vraie’ attraction touristique du pays selon certains. Réunis au sein du Parc national, le palais et la citadelle sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Palais de Sanssouci du Roi Christophe a mal vécu le tremblement de terre de 1842 (et oui, la cerise sur le sundae, Ayiti est assise sur deux failles !), ne reste que quelques murs et la structure d’un palais et de ses jardins versaillisants (le palais tout autant que les jardins). Plus loin, on trouve la Citadelle La Ferrière qui trône au sommet d’un mont (900 mètres) et qui nous re-pompe le mollet. Ceux qui ont la patate plus ‘arythmée’ peuvent, pour quelques gourdes, prendre un cheval qui fera le travail pour eux. Un haïtien présent le matin où

j’ai visité la citadelle, et qui ne me croyait pas capable de me rendre au bout de la course, m’a proposé pendant les 10 premières minutes de la randonnée les services de Toyota, une belle petite jument qui devait aspirer à ne pas me prendre sur ses épaules. La montée de 30 minutes vaut toute la sueur transpirée. La vue sur la région est imprenable de ses 360 degrés et la Citadelle est grandiose. Les batteries, les cachots, la poudrière, la cour, la chapelle, les canons, … c’est hallucinant! Quatorze ans et 200 000 hommes ont construit le palais et la citadelle du Roi Christophe. Selon le guide qui nous accompagnait, 20 000 travailleurs seraient morts sur le chantier. À sa mort, tout n’était pas terminé. Le gouvernement, probablement via la reconnaissance de l’UNESCO et les quelques touristes qui circulent sur le site, a réussi à finir la construction (les revêtements de toit) et à financer l’entretien du site. Quant au Roi Christophe, il s’est suicidé en se tirant une balle en argent dans le cœur ! Pas cheap le bonhomme.

lundi 21 juin 2010

Le marronnage, ou les suites de l’esclavagisme

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 11 janvier 2009.


L’un des sujets préférés des coopérants, outre les bons restos, les meilleurs markets et les plus belles plages, est l’haïtien. Ses qualités et ses travers. Ce qui inspire et ce qui frustre, toujours, bien évidement, du point de vue de celui qui est ici pour aider. Parmi les caractéristiques mentionnées par les plus expérimentés revient souvent l’idée du marronnage. Dire oui et faire non, se faufiler, se sauver, éviter de répondre ou répondre n’importe quoi, … Comme un poisson vivant qu’on tenterait de regarder dans les yeux plus de dix secondes, les mains enduites d’huile d’olive. Sauf dans la domesticité (je raconterai un jour les déboires avec les services de câbles et d’internet !), je n’ai pas encore réellement vécu le problème. Le marronnage est bien décrit dans les manuels d’histoire d’Haïti, à l’époque de l’esclavagisme, les Nègres Marrons étaient un problème très important pour les propriétaires de plantation. Certains esclaves arrivaient à se sauver du contrôle de leur propriétaire et vivaient cacher dans les forêts. Dans le Robert, on nous dit que le marron est un esclave noir qui s’est enfui pour vivre en liberté. Ils se sauvaient donc et vivaient dans une forme de réclusion de la société haïtienne, dans des campements plus ou moins bien organisés, revenaient la nuit sur les plantations voler de la nourriture. On aurait retrouvé très longtemps après la fin de la période de l’esclavagisme des communautés complètes ou des générations n’avaient pas vécu sous la férule de l’esclavagisme. Les propriétaires qui arrivaient à les rattraper sévissaient de manière importante : ici entre autres, pace que le marronnage n’est pas qu’haïtien, on sectionnait un de leur tendon d’Achille pour éviter qu’il ne puisse fuguer de nouveau. Comme la Statue de la Liberté pour Manhattan, Ayiti a une statue qui lui sert d’emblème visuel : le Nègre Marron. L’image du nègre libre des contraintes de l’esclavagisme est très forte pour les haïtiens. Ils sont très fiers d’être le premier peuple soumis à s’être libéré du colonisateur (en 1804) bien avant les mouvements de libération du 20ième siècle. Dans la même logique aujourd’hui, un des défis des coopérants est ‘d’attraper’ un haïtien. De s’assurer que son engagement dans un projet est réel et continu. De s’assurer que sa réponse est valide et tiendra la route plus longtemps que le moment du renddez-vous. Comme si se sauver était resté jusqu’à aujourd’hui, pour plusieurs haïtiens, une dimension importante du rapport au blanc. Ou encore, comme si le développement international représentait, sous certaines de ses dimensions, la continuité moderne de l’esclavagisme. Je continuerai à prendre le temps d’y réfléchir...

dimanche 20 juin 2010

Moments de bonheur

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 23 décembre 2008.


Depuis notre arrivée, on a vécu quelques moments de bonheur. Comme ceux qui meublaient nos attentes. Un dimanche, trois haïtiens et trois québécois ‘ben serrés’ dans le Patrol, la musique créole trop forte et une route complètement défaite. Devant nous, 22 personnes accrochées à un petit pick-up Mazda. Les haïtiens chantent et les québécois s’halucinent de voir le pick-up qui les précède ! Un matin, en plein blocus à discuter avec Claudette et Jean-Joseph de la situation politique du pays… Il y a deux jours, une journée complète avec Jean-Joseph, Elvir sa femme et leurs deux filles. Le chauffeur nous conduit à la plage et en profite pour que sa famille puisse tirer un petit coup de mer avant Noël. Profite mon homme, profite. Manger avec eux sur la plage, rire, jouer dans l’eau. Sur la route, on dépasse un gros tap-tap sur lequel Jean-Joseph reconnaît son frère. Klaxon, klaxon, klaxon. Le tap-tap s’arrête, le frère jumeau descend et prend le temps d’embrasser tous les passagers du Patrol qui sont déjà descendus, avant de faire quelques photos pour les touristes que nous sommes encore. Le chauffeur du tap-tap et ses cinquante occupants attendent calmement. Pa gen pwoblèm. Jo, avec son talent, a réussi à ‘dégêner’ Christina (11 ans) et Christelle (8 ans). Avec elle, les deux filles et la mère ont chanté un ‘Petit-Papa Noël’ : tu devras bien te couvrir, dehors tu vas avoir si froid… En avant, Jean-Joseph et moi sommes silencieux et souriants. Chaleur, quand tu nous tiens.

jeudi 17 juin 2010

Le cellulaire

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 6 décembre 2008.

En quittant Montréal, j’ai abandonné, tristement il faut le dire, mon blackberry. On pouvait me rejoindre partout, m’écrire partout, je gérais mon agenda à distance. Malgré les craintes de cancer de cerveau, le bonheur. Je me disais que mon séjour ici allait réduire la pression sur le cerveau (et son cancer) et que des communications ‘pluss vraies’ allaient pouvoir s’installer dans ma vie. Bêtise. Haïti, comme bien des pays pauvres probablement, est le royaume du cellulaire. Partout. Tout le monde. Dans un pays ou les lignes téléphoniques volent au gré des ouragans, c’est un peu normal. De la publicité et des vendeurs de cartes habillés de rouge (Digicel) ou de vert (Voilà) sillonnent toutes les rues de PAP, presque sans exception. Chaque citadin a son cellulaire, plusieurs en ont deux. Et ce même si plus de 75 % des résidents de la ville vivent avec moins de 2$ américains par jour (statistiques diffusées par SUCO). Les téléphones les moins dispendieux se vendent 25$ américains. L’appel coûte 5 gourdes la minute (à peur près 0.12 $ la minute). Lors de notre séjour de l’été dernier, on a fait une randonnée à cheval sur l’Île-à-Vache (à moins que ce ne soit l’inverse !). Janel, qui randonnait avec nous entre les villages, assis sur une paillasse comme selle et vêtu d’un seul short (avec pas de souliers), recevait des appels sur son cellulaire ! Le problème des haïtiens face au cellulaire, outre le fait de pouvoir se payer le service, est de trouver de l’électricité pour recharger la batterie. Le niveau d’électrification en Haïti est très faible (10 % de la population ont accès à l’électricité (source : données de l’ACDI)) mais surtout, très instable. En moyenne trois heures de courant par jour à Port-au-Prince, surtout la nuit. Ainsi, le chanceux du coin qui a de l’électricité voit tous les voisins venir se brancher chez lui pour recharger l’engin. Au Cap-Haïtien, j’ai vu un magasin Digicel (ceux qui sont en rouge) qui offrait sur sa devanture un panneau composé d’une centaine de prises de courant. Un libre service d’électricité. Le chauffeur profite de son travail pour recharger son appareil dans la voiture. Les garçons de cours et les agents de sécurité, se branchent chez leur patron, en plus d’inviter leurs amis et les membres de la famille à venir y chercher de l’électricité. Vous ne pouvez pas vous imaginer comment les haïtiens sont ingénieux pour brancher un nombre maximal de téléphones sur la même prise. 10, 20… pas gen pwoblèm !

Petit voyage en tortue

Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.

Billet publié le 29 novembre 2008.


J’arrive de passer une journée à Jérémie dans la région de Grand’Anse, la région la plus au sud du pays. 45 minutes de vol de PAP (Port-au-Prince). Il y avait devant nous une affichette écrite en portugais nous interdisant de fumer. Après dix minutes dans les airs, j’ai compris que la santé publique n’était pas responsable du contenu de cette prescription, mais plutôt la sécurité civile. Une seule allumette dans l’avion et c’était terminé. J’ai failli ouvrir une fenêtre ! La compagnie d’avion s’appelle Tortug’Air. Une très bonne ligne aérienne régionale d’Haïti qui fait, à très bon prix, les régions du pays deux ou trois fois par jour. On peut même partir pour les îles voisines (la Guadeloupe ou Cuba par exemple). Déjà demain, je reprends l’avion pour le Cap-Haïtien, la région la plus au nord du pays. Ici, au plan géographique, le nord et le sud se côtoient pas mal. Au plan social également. La quantité de blancs (voir le lexique) qui se promènent, casqués en bleu ou non, est très importante. Haïti est le deuxième pays après l’Afghanistan qui reçoit le plus d’aide du Canada. J’ai vu des ONG américaines, taïwanaises, brésiliennes et françaises en un peu plus d’une semaine. La population haïtienne commence à être impatiente de voir les blancs quitter, surtout la Minustah, la force internationale de maintien de la paix. Des soldats et des policiers de plusieurs pays. On croise souvent des montréalais (mais pas encore de drapeau du Canadien sur les camions blancs des nations unies, en mai peut-être), dans les rues de PAP. Nos voisins sont quatre policiers russes présents ici pour un an. Ils sont fort sympathiques, j’ai déjà reçu plusieurs propositions pour goûter leur vodka. Face à la pression populaire (il y aura des élections sénatoriales au printemps), le président a ouvert la porte à un retrait de la Minustah au cours des prochains mois. Le ‘contrat’ de la force internationale se termine normalement vers la fin 2009 et la population aimerait bien ne pas le voir se renouveler. La classe riche, qui profite allégrement des dollars américains apportés par la Minustah, ne souhaite évidemment pas son départ. Outre les dommages collatéraux de la présence de la Minustah sur les prix à la consommation pour la population haïtienne (comme la présence des autres ONG), la force internationale a quand même réussi à diminuer la violence dans le pays. Que se passera-t-il si les bleu-casqués quittent l’île ? Plusieurs personnes plus expérimentées que nous dans ‘l’international’ estiment que le gouvernement haïtien ne sera jamais assez fort pour maintenir la paix sociale. Un beau bourbier !

mardi 15 juin 2010

Wavin’ Flag


C’est le titre de la chanson officielle (Coca-Cola du moins) du Mondial. Ici, cette chanson joue à la radio toutes les … minutes. Je n’exagère jamais, au pire je caricature. Pour le moment la chanson s’endure toujours, elle a même été le plus gros hit de la soirée que nous avons tenue samedi dernier à la maison. Les haïtiens, québécois, français, japonais, portugais et espagnols présents se lançaient sur la piste de danse improvisée (l’espace qui nous servait de dortoir dans les jours qui ont suivi bagay la !) à chaque fois qu’elle jouait. 3 fois en tout. Circule ici sur les ondes des postes de radio une version de la ‘toune’ où Mikaben accompagne K’naan. Mikaben est une grosse vedette en Haïti. Le flag flotte fort ici depuis quelques semaines. Celui du Brésil est celui qu’on voit le plus, mais on voit une bonne variété. Une femme du Ministère me disait aujourd’hui que son équipe est l’Angleterre : ‘L’Angleterre est l’équipe de personne ici, raison suffisante pour en faire mon équipe.’ Ici, où la dimension historico-nationaliste est aussi capitale, le drapeau ayisien flotte partout. Les couleurs du drapeau ont fait l’objet de débats politiques à quelques reprises dans l’histoire. Dès le début, le choix du bleu-blanc-rouge qui visait à rappeler la présence française, a fait l’objet de discussions animées. En fait, on compte presque dix drapeaux en 200 ans d’histoires, presque tous dans le tricolore. Duvalier avait toutefois éliminé le bleu pour ramener le noir, question de rappeler le populisme noiriste qui a marqué sa présidence

Devinez quoi ?

La terre vient encore de nous envoyer un petit signe de sa dimension 'mobile'. Au même moment où le Brésil tente de scorer son premier but !

lundi 14 juin 2010

Deux dodos


Plus que deux dodos ! Mercredi, on prendra l’avion pour deux semaines de vacances. Ce sera notre plus long séjour en dehors d’Ayiti depuis le 18 novembre 2008. Ces vacances sont bienvenues, on commence à ‘avoir la langue à terre’. Bien évidement, la fatigue des derniers mois est une des conséquences associées à bagay la. La charge émotive d’un tel événement se digère sûrement très lentement et demande de l’énergie, je m’en aperçois de plus en plus. La semaine de repos prise un mois après les événements avait été trop courte, on le savait même avant de revenir. L’autre conséquence de bagay la qui pèse lourd dans mon esprit est cet espèce de déchéance que nos sens (yeux et nez principalement !) engrangent toute la journée. L’environnement visuel est rempli de centaines d’édifices complètement écrasés autour desquels rien ne s’est passé depuis des mois, comme un signe supplémentaire des très grandes inégalités sociales que respire ce pays. Tous ces camps qui puent et dans lesquels une population prend forcément ses aises, que peuvent-ils faire d’autres que de chercher à améliorer leur confort dans ce grand inconfort qui sera leur quotidien pour les prochaines années ! Finalement, il y a cette apathie politique. Ce vide social qui berce tout depuis des mois. Ce vide politique du pays et des ses pays-amis. Les petits hoquets de révolte font face à un espace politique inoccupé qui trouve le moyen de s’entretenir. ‘En fait, le tremblement de terre n’a fondamentalement rien changé, la même pente glissante juste un peu plus accentuée’, dixit une collègue. J’ai donc le goût de me retrouver en équilibre sur un plancher au niveau, pour deux semaines au moins !

samedi 12 juin 2010

Le jardinier et le foot


Lui, c'est Benito, le jardinier du bureau. Ce matin il travaillait silencieusement dans le jardin. Il travaille toujours silencieusement, je ne l'ai jamais entendu parler aux plantes. Une chose nouvelle depuis deux jours, des écouteurs branchés dans les oreilles. À un moment donné, il s'est mis à crier : Wheeee !!! Je suis allé le voir rapidement, je m'imaginai qu'il avait rencontré une bibitte 'originale' dans le jardin : 'Sak pase Benito ?!' 'Goal Argentine, goal Argentine, …' Il souriait de toutes ses dents et ses outils volaient dans les airs. Il fait partie de ceux qui travaillent quand même lors des matchs. Son équipe, c'est l'Argentine, Messi surtout. Mardi matin, ce sera le Brésil, je n'ose pas m'imaginer l'ambiance au bureau, mais surtout dans les rues !

vendredi 11 juin 2010

Romantisme


'Vous savez Monsieur Labadie, les ayisien sont de grands sensibles, des grands romantiques.' La dame qui me vouvoie travaille au Ministère de la santé, on se côtoie presque tous les jours depuis septembre dernier. 'Romantique comme des adolescents' continua-t-elle. Ne le dites à personne, mais j'avais remarqué. Romantique comme dans idéaliste, comme dans pas intéressé par les aspects pragmatiques de la vie. Cet intellectuel ayisien rencontré sur un vol me l'avait déjà asséné (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/05/lintellectuel-ayisien.html). Je pensais à cette description de la réalité culturelle des ayisien quand mon partenaire m'expliquait pourquoi on n'avait arrêté de finir le travail de bagay la sur le Palais National, des bulldozers avaient entrepris cette démolition (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/04/renouveau-ou-fin.html) et se s'étaient arrêtés quelques jours plus tard. Il parait, madame la rumeur, qu'on veuille le réhabiliter. Que l'on considère qu'on peut le remettre debout, lui redonner son lustre. 'Vous savez Monsieur Labadie, les ayisien sont de grands sensibles, des grands romantiques.' Pour certains, le Palais, c'est comme 1804 ou la constitution de 1987 : Des artefacts qu'on exhibe pour faire la cour. Pour d'autres, c'est l'idéal haïtien à maintenir vivant, même avec une jambe en moins.

jeudi 10 juin 2010

Rien à raconter


Je n'avais rien à raconter ce soir, mes doigts sont restés paralysés sur le clavier. Dans mon logiciel de traitement de photos, ce petit bonhomme qui me souriait. Il n'y avait plus rien à raconter.

mercredi 9 juin 2010

Souveraineté et OGM

Depuis quelque temps, je suis plongé dans la lecture d’un auteur Québécois, Jean-Jacques Pelletier. Il écrit de longs romans policier-espionnage à saveur internationale, de Drummondville vers toutes les grandes villes du monde. Un peu catastrophiste, mais j’aime. L’histoire actuelle (La faim de la terre) implique un méchant consortium ‘international’ qui vise à prendre le contrôle de l’industrie alimentaire en trafiquant les productions agricoles (en Chine, en Inde, aux États-Unis, …) et en jouant à la bourse dans les limites de la légalité. Le monopole leur permettra de contrôler la planète. Dans le même espace temps, on réagit à la présence de Mosanto en Ayiti. J’ai reçu plusieurs messages via ce blogue en lien avec cette histoire. Ici, la réaction a été très forte. Près de 10 000 cultivateurs (jusqu’à 20 000 selon certaines estimations) ont pris les rues de Hinche pour dénoncer ce don d’OGM en soulignant les impacts possibles à la biodiversité haïtienne : ‘Il nous faut des semences haïtiennes !’ Le Ministre de l’agriculture et Mosanto ont rapidement réagi pour tenter de rectifier le tir, les semences ne seraient pas des OGM mais des semences hybrides conçues pour ce coin du monde (utilisées en République Dominicaine entre autres). La première surprise pour moi a été le niveau de réaction. WOW ! Entre 8 et 20 milles personnes dans les rues pour une histoire de semences dommageables pour l’environnement et la biodiversité. Dans ce pays où la protection de l’environnement est aussi d’actualité que l’efficacité énergétique des systèmes de chauffage !! L’autre point d’intérêt a été cette question de ‘souveraineté alimentaire’, comme si cette dernière attaque (après les menaces à la souveraineté politique que sont la MINUSTAH et la CIRH) était la goûte qui allait faire déborder le vase. Je me prends même à rêver que les agriculteurs transformeront ce pays dirigé par un agronome…

mardi 8 juin 2010

Fermez vous les yeux, on part !


Il y a deux semaines à Jacmel, une communauté religieuse américaine distribuait des poupées toutes symboliques aux enfants d'une école. À la fin de la distribution, on a demandé aux enfants de se fermer les yeux pour faire une prière. Ce petit bonhomme, fervent croyant, se fermait les yeux avec intensité. Quand c'est la prière qui gouverne, peut-être peut-on se fermer les yeux et faire confiance !? J'ai repensé à lui aujourd'hui en lisant les nouvelles de la rencontre de la CIRH (Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti) qui a eu lieu à Punta Cana la semaine dernière : On se ferme les yeux et on avance ! 5,3 milliards à dépenser en 24 mois. J'ai essayé sur ma calculatrice de connaître combien de millions par mois on allait être invité à dépenser, mais je me suis aperçu que j'étais incapable d'écrire 5,3 milliards en chiffre, il y a trop de zéro, je m'y perds. Le plus absurde pour moi, est cette absence de vision, cette absence de plan… 5,3 milliards pour reconstruire quoi au juste ? Pour atteindre quels objectifs ? Je sais, toutes les priorités du gouvernement ayisien sont dans un plan présenté à NY il y a quelques mois, mais un plan qui ressemble davantage à une liste d'épicerie qu'à une stratégie de développement d'un pays. Combien a-t-on vraiment eu pour définir ce document ? Deux mois !! On pourrait parler ici de lutte contre la pauvreté, de l'accès à l'éducation, de l'accès aux services de santé, de développement économique, du développement de la vie démocratique, il y a tellement à construire (et non pas à reconstruire !). La réorganisation du centre-ville de Potopwins est l'une des absurdités qui me frappe le plus : Je ne peux pas m'imaginer que la communauté internationale et le gouvernement ayisien vont dépenser des centaines de millions en béton et en asphalte pour le reconstruire, sans un plan d'urbanisme. Avant bagay la, tout était bordélique au centre-ville de PAP, construit pour y faire vivre et travailler presque dix fois de moun. Tout devrait être repenser, de la circulation routière aux espaces commerciaux en passant par l'emplacement des édifices à vocation publique (ministères, écoles, hôpitaux, …). Peut-on réellement reconstruire le centre-ville sans avoir un plan pour les aqueducs et la distribution de l'électricité ? Quels moyens allons-nous donner pour consulter les populations touchées et bien arrimer besoins et reconstruction ? Je ne sais par où commence la distribution de chèques, mais j'ose espérer que les premiers permettront de penser, de développer une vision. Aussi bien remettre le volant à des non-voyants !

lundi 7 juin 2010

Il manque de botanistes


Avant d'accepter le mandat en Ayiti, Jo et moi avions consulté plusieurs personnes qui avaient eu l'expérience du pays. Un ami connaissait quelqu'un qui …, la cousine d'un autre avait elle aussi une connaissance qui … L'idée était de se faire une idée. Parmi ces consultations, on a passé une très longue soirée chez un policier montréalais qui préparait son deuxième séjour. Il nous a accueillis chez lui et nous a patiemment parlé du pays. Sur mon ordinateur portable, on a visionné ces 4 DC de photos. Il y avait toutes sortes de photos bien évidement, mais disons qu'une proportion importante étaient liées à son travail. Même chose pour son récit, parsemé de ce qui fait généralement ses journées. Presque tous les jours depuis notre arrivée, on rencontre des policiers avec sur l'épaule le badge du SPVM, de la GRC, de la SQ ou de tous les autres corps policiers du Québec. C'est souvent sympathique de parler français avec l'accent québécois sans se demander si on va être compris. On discute de ce que l'on fait ici et l'échange se termine régulièrement par des conseils préventifs : Soyez prudents, dans le coin X de la ville, il s'y passe des choses en ce moment, éviter tel comportement, verrouiller toujours vos portes, …. En fait, les policiers ont toujours des histoires sordides à nous raconter, leur quotidien quoi ! On fait des échanges de numéros de téléphone et ils nous proposent de les contacter en cas de difficulté. Le service public quoi ! En revenant vers la maison le soir de notre visite chez le policier montréalais, je disais à Jo que pour parfaire notre préparation, on devrait rencontrer un botaniste qui nous parlerait d'Ayiti. Son kodak aurait été intéressé par une autre dimension de la vie ayisienn.

dimanche 6 juin 2010

Des promesses ou un ourson en peluche


Il y avait plein de beau monde à Punta Cana la semaine dernière. Une autre conférence sur la Nouvelle Ayiti, de l'argent de plus et des 'promesses concrètes' comme le disait le Premier Ministre Bellerive. Des promesses concrètes, c'est fort quand même. C'est vrai qu'il n'a pas dit des promesses concrétisées… Selon ce qu'entendu à la radio et lu dans les journaux, Bill s'est un peu choqué et a demandé à tout le monde qui avait fait des promesses, de les respecter... cette fois-ci. Imaginez, un politicien qui se choque pour que ces comparses tiennent leurs promesses, et on ne nage même pas en plein délire ! Notre GG quant à elle a demandé à la communauté internationale de faire preuve d'imagination, les vieilles approches d'aide internationale ayant montré leur faillite en Ayiti. Je demandais à cette jolie demoiselle, celle sur ma gauche, si elle préférait son ourson en peluche aux promesses de la communauté internationale. Devinez ce qu'elle m'a répondu !

samedi 5 juin 2010

Virer fou à Livres en folie !


Dany Laferrière est ici cette semaine pour une grande activité littéraire, Livres en folie. Une espèce de grande foire du livre, près de 50 auteurs en signature. Tout ça dans le beau parc du Musée de la Canne-à-Sucre. À la télé locale la veille, on retransmet la conférence de presse qui sert de promotion à l’événement. Dany Laferrière explique l’importance de la dimension ‘sociale’ du livre. Que de l’espace privé de la lecture, se dégage une certaine communauté de lecteurs, un espace social : On a tous discuté de romans avec quelqu’un, comme on a tous passé un roman à quelqu’un. Laferrière explique que dans le contexte, le titre de l’événement Livres en folie est tout à fait approprié : Les haïtiens seraient tellement fous de lecture, qu’ils sont fous de faire un festival littérature dans ce contexte post bagay la. Le site enchanteur et la foule pas trop intense du début de la journée nous a permis de jouir de l’espace et de ce que les auteurs haïtiens nous offrent. Si on parle beaucoup d’Haïti en Haïti (c’est le principal sujet de conversation, sauf pour le prochain mois de Mondial), les auteurs écrivent beaucoup sur leur pays. Déjà plusieurs livres sur bagay la ont été publiés, dont des livres sur la dimension religieuse de l’événement. J’ai même vu une publication (plus de 200 pages) qui propose une analyse juridico-politique de la loi du 15 avril 2010 (on est le 3 juin !!), celle qui prolonge les mesures d’urgence pour 18 prochains mois. Le peuple qui discourt le plus et le mieux sur la planète, est aussi celui qui écrit le plus. J’aurais bien voulu acheter ce bouquin, mais disons que la logique de ‘libre-service’ en Ayiti ne s’étant pas encore installée de manière durable, l’expérience de consommer est plutôt pénible. J’ai déjà écrit un texte sur l’expérience du ‘consommateur’ dans le monde du service à la clientèle haïtien, (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009_05_01_archive.html), les commentaires avaient été assez positifs. Mem bagay à Livres en folie. Pas question de se rendre au kiosque, de prendre un livre et de passer à la caisse. Non monsieur, on fait dans le sérieux ici, l’organisation, c’est notre affaire. Attachez bien votre tuque, on part !! Des étagères proposent les centaines de livres, tous en exemplaire unique avec un petit numéro d’accolé à la couverture. Tu prends en note le numéro du livre qui t’intéresse et tu complètes un formulaire : numéro, auteur, titre, quantité, prix unitaire et total. Un formulaire par maison d’éditions s’il-vous-plaît, il ne faudrait pas foutre le bordel dans l’affaire. On complète nos quatre formulaires et on fait le calcul. Là, il faut faire une première queue pour aller au kiosque de la Unibank afin d’acheter des coupons qui te permettront d’acheter des livres. De l’argent de ‘Monopoly’ pour la journée. Unibank t’offre 40%, tu paies 600 gourdes pour acheter 1000 gourdes de livre. Un bon 15 minutes sous 35 degré Celsius, le soleil a le temps de se faire une place dans ma calvitie naissante. Je n’ai pas pris mon chapeau, c’est de ma faute ! Coupons en mains, on se sépare la job. Une fois rendue au kiosque de la maison d’édition, tu refais une deuxième queue pour commander et payer ton livre, avec l’argent de Monopoly qu’on t’a donné au bout de la première queue. Ici encore un bon 15 minutes à attendre. Pas question que la caissière te donne le livre que tu viens de payer, ce serait trop facile ! Sa job est de prendre et remettre de l’argent, pas de distribuer un livre. Chacun son métier. Tu repars donc refaire le pied de grue dans une troisième file pour récupérer ton livre. À deux, on fait la boucle quatre fois, jusqu’à ce que à un des kiosques, on m’explique qu’il y avait rupture de stock pour le livre que je venais (près de 30 minutes plus tôt !) de payer. Vous imaginez la suite, il fallait que je refasse la queue pour me faire rembourser, la personne qui distribue les livres ne gère pas l’argent de Monopoly, chacun son métier… En plus de perdre la tête, j’ai perdu 530 gourdes.

vendredi 4 juin 2010

Le foot


Tout le monde est sur le bout de sa chaise, le Mondial de foot commence dans une semaine. Des postes de radio ne parlent que de ce tournoi. Tous les gérants d'estrade sont en place pour faire part de leur opinion. Les chauffeurs y vont tous de leur analyses. Les tergiversations sur le groupe G sont essentielles, on y retrouve le Brésil… L'ayisien aime le Brésil comme équipe de foot, pas comme responsable de la MINUSTAH ! On se prépare donc à un mois de folie où out le monde raconte que la vie s'arrête. Pardon ? Oui, la vie s'arrête, l'ayisien et sa conjointe n'en auront que pour le ballon rond. Les activités prévues pour le prochain mois doivent être revues et surtout, si vous penser réunir des gens lors des matchs du Brésil, restez chez vous, vous serez seul. Personne ne bouge, bien installé devant un poste de radio ou un écran, Ayiti arrête de fonctionner. Pour certitude, le 15, le 20 et le 25 juin sont des jours chômés, le Brésil est en action. La grande question est de savoir si le 20, jour de la messe, les églises compteront plus de fidèles que les ondes sportives ?

jeudi 3 juin 2010

Le rêve


Les oiseaux sont de drôle de créatures. Je sais, créature réfère à 'création', ne pensez pas que mes amis ont une trop grande influence sur moi. Il faut avouer que 'Les oiseux sont de drôles d'animaux', ça fait plus technique, l'image est moins émouvante. Bien évaché dans un hamac à Plage Cormier, je regarde le soleil qui se couche toujours plus tôt que moi. La plage se fait déranger constamment par la mer, jamais elle ne la laissera tranquille. Mes yeux qui regardent le ciel, voient ces oiseux qui ne semblent avoir rien d'autre à faire que de se promener d'un perchoir à l'autre. Qu'est-ce qui les confine à cette cage ? Il y a tellement à voir ailleurs ! Dans mes rêves les plus fous, moi aussi je vole, sans jamais m'arrêter sur un perchoir. Ici, le rêve est interdit, presque personne n'y a accès. C'est justement pourquoi tout le monde rêve. Ils rêvent tous qu'ils mangent.

mercredi 2 juin 2010

Les spécialités locales


Sortir de Potopwins permet de constater toutes les diversités de ce petit pays, tout autant que l’ampleur des défis. Le manque de moyens en région me semble plus tragique que dans la capitale, ce qui permet à tous de parler de la Repiblik Port-au-Prince. Imaginez-vous deux minutes avoir à vous rendre à Port-au-Prince (deux jours de transport pour certaines personnes) pour aller chercher un document officiel. C’est pour cette raison que vous voyez les régions s’enflammer depuis quelques semaines, tout le monde parle de décentralisation depuis des années et on espère profiter de la ‘reconstruction’ pour opérer une vrai décentralisation administrative. J’envoie le message à Bill... Dans le nord du pays cette semaine, j’ai navigué entre le Cap-Haitien et Fort-Liberté. Au passage, petits arrêts à Cormier, Trou-du-Nord et Ouanaminte. Un peu avant Limonade sur la route ‘neuve’ qui nous mène du Cap-Haïtien à Fort-Liberté, on peut acheter des kassav. Grosses galettes faites à partir du maniok qui est chauffé sur une taule de métal. On vous la vend salée, sucrée à la noix de coco ou avec des pistaches (arachides). Les gens du nord estiment qu’ils font les meilleures kassavs du pays, ceux de Miragoane cherchent à leur voler la vedette. On aura droit à une bonne discussion entre une nordiste et un sudiste (Miragoane est dans le sud) sur les meilleures kassavs du pays. Dans le nord de plus, on fait aussi du selibride, un alcool piquant fait de klerin (rhum de mauvaise distillation), de citron et de sucre. Je n’ai pas encore goûté à la bouteille que Jean-Claude (un nordiste lui aussi) m’a offerte il y a quelques semaines. Je me promets de le faire prochainement.