samedi 30 octobre 2010

On se parle mardi


L'halloween sonne film d'horreur et début de l'hiver pour bien des gens. Pour d'autres, ça veut dire party-costumé et timoun qui courent les bonbons d'une maison à l'autre. Pour les plus déprimés, ça veut dire début des publicités de Noël !! Ici, on ne fête pas l'halloween, mais les morts. Les gede dans la culture vaudou, donc les gede pour 90% de la population. Je parle de culture, pas de religion. La partie spectaculaire de l'affaire réfère au zombies et aux fêtes arrosées dans les cimetières où, justement, on arrose les morts. Mais surtout, ça veut dire un long week-end de 4 jours ... On prend la voiture pour traverser le pays et se rendre à Labadie. Tout petit village, pas de voiture ni électricité, sur le bord d'un des secteurs les plus 'carte postale' du pays. J'ai commis un billet sur cette plage il y a plus d'un an, allez-y : http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/07/des-rumeurs-sur-labadie.html. Au téléphone, la propriétaire de l'auberge a bien ri quand je lui ai donné mon nom, elle ne me croyait pas. La rumeur (c'est la source principale d'information dans ce pays) veut que le paquebot qui amène des milliers de touristes tous les jours sur cette plage fait des détours depuis que l'histoire du choléra fait la une. On verra de nos yeux si la rumeur est juste. Quant à nous, on traversera en voiture la zone touchée par l'épidémie, ne vous inquiétez pas, on va fermer les fenêtres !!

vendredi 29 octobre 2010

Qui donc est Dieu pour nous aimer tant ?

Grave question dans un pays où quand tout va bien, c’est grâce à Dieu. Et quand ça va mal, c’est que Dieu n’est pas assez présent dans nos cœurs et nos pensées. En voiture avec Jean-Claude cette semaine, j’entendais un ‘preacher’, disons très intense, se questionner sur les motifs du Bon Dieu à nous envoyer coup sur coup sur ce petit pays, ouragans, tremblement de terre et choléra. Que cherche-t-il à nous dire ? Dans lequel de ses enseignements devons nous piger pour analyser cette suite de catastrophes ? Dans son amour bien évidement ! C’est parce que son amour est infini qu’il nous tend ces perches, celles qui nous sortirons de l’atmosphère ‘diabolique’ de la décadence des mœurs dans laquelle cette société s’est laissé glisser depuis des années. Drogue, prostitution, matérialisme, avortement, internet, viol, théorie de l’évolution, laïcité, … Le même discours que des américains et des iraniens se font servir. Le preacher défendait ardemment la thèse que les humains étaient responsables de ces manifestations naturelles, pas qu’ils appuyaient sur le bouton (Dieu ou Satan seraient les seuls à pouvoir enfoncer ce bouton) mais qu’ils forçaient Dieu à manifester sa puissance pour nous ramener dans le droit chemin. J’imaginais le prof lors de ma deuxième année de primaire qui frappait violement sa main sur son bureau pour ramener au calme une classe un peu trop dissipée. Le choc nous rendait silencieux et dociles pour les prochaines heures. Le droit chemin de l’éducation nationale imposait cette force… Si le Bon Dieu ne nous aimait pas si infiniment, il nous abandonnerait, il assisterait sans réagir à notre descente vers la décadence la plus totale. Mais son amour est si grand que malgré qu’on l’humilie tous les jours de plus en plus, il continue de frapper sur la table. Il ne nous abandonne pas, il veut qu’on se ressaisisse, qu’on ne se laisse pas aller à la facilité et que nos esprits et actions soient investis dans la prière, dans le chemin tracé par lui. Le feu était au rouge et un chien daltonien qui passait près de la voiture s’est fait frapper en tentant de traverser la rue. Pas mort, mais une bonne frousse et quelques aboiements stridents. Jean-Claude qui regardait la scène comme moi a laissé tomber li pa mouri, gras a Dye (il n’est pas mort, grâce à Dieu). J’ai fait un grand sourire pendant qu’il me regardait. Li gen anpil chans (il a beaucoup de chance) que j’ai dit. Anpil anpil, gras dye, anpil chans (beaucoup, beaucoup, grâce à Dieu, beaucoup de chance) qu’il a répondu. La lumière est passée au vert et la vie a continué.

mercredi 27 octobre 2010

Que dire !

Ce soir, 21h00, on attend le débat entre les candidats à la présidence. Depuis trois semaines, en ordre alphabétique, trois candidats sont appelés à un débat. Ce soir, tout le monde attend Jude Célestin. Le candidat du Président, son beau-fils. Enfin, on l'entendra parler, il pourra s'exprimer en dehors du discours de son beau-père. Ce matin, à une radio, l'ambassadeur canadien était interviewé et racontait qu'il avait réussi à parler aux différents candidats à la présidence, sauf Célestin. Diplomatiquement, son agenda serait trop rempli pour qu'il discute avec l'ambassadeur canadien. Le Canada qui dépense 4 millions de $ par semaine en Haïti. L'animateur de ce poste radiophonique renchérit : On a réussi à parler à tous, sauf à Célestin... La rumeur qu'il n'a pas de langue (ou rien à dire) se propage comme le choléra. On attend toujours, l'émission a au moins 30 minutes de retard. On nous remplace Célestin par un spectacle d'Henri Salvador. Peut-être aurait-il fait un bon Président ?

21h45, on nous demande toujours de patienter.

22h00, Salvador souffle dans une trompette, 86 ans. Un ruban au bas de l'écran nous demande toujours de patienter. Les ayisien patientent depuis plus de deux ans ans. Je n'ai pas cette faculté, je vais me coucher !

22h04, je ferme les lumières pendant que l'émission commence enfin !!! Je vais me coucher plus tard que prévu.

7h00 le lendemain matin. Les rumeurs sont fausses, il parle.

Jo faisait ses valises ...

Mercredi soir dernier, on est confortablement assis au salon. Jo a le nez dans son roman et moi je bizoune sur mon ordinateur. Claudette sort doucement de la cuisine, juste derrière Johanne, et avec un calme qui aurait inquiété n’importe qui, elle l’invite à se déplacer. Lentement, sans énervement. Un ‘Madame, madame, déplacez-vous lentement’ presque chuchoté. Claudette n’a pu imprégner Jo de son calme, elle s’est levée du sofa comme une bombe pour se rendre à l’autre bout du salon. Je me dirige à la cuisine et pour voir ce que Claudette avait bien pu voir de si important pour que sa réaction soit si intense et si soft en même temps. Une tarentule, une araignée crabe, c’est selon. Pas dangereuse dans le coin, la morsure se soigne. Trente secondes de plus et l’aranéide lui apparaissait entre les deux pieds. Gros stress dans la maison jusqu’ici complètement ouverte sur le jardin. On avait déjà vu ce genre de bestiole dans les alentours de la maison, mais pas dedans, surtout pas sous les fesses de Jo bien installées sur le sofa. Claudette a fait le travail de nettoyage de l’intrus, elle a l’habitude. J'avais eu le temps de sortir mon kodak. Quant à Jo, elle faisait ses valises : ‘Je retourne à Montréal, je ne vis pas dans une maison où il y a des tarentules.’ ‘Jo t’es passée à travers bagay la et les centaines de secousses. Ce n’est pas une araignée qui va te faire retourner à Montréal.’ Après l'aranéicide (homicide de l'araignée), Claudette a jouté : 'On a des serpents aussi...' On a trouvé le moyen d’en rire dans les minutes qui ont suivi, mais malgré le filet qui recouvre le lit, Jo n’a pas bien dormi.

mardi 26 octobre 2010

Mâchoire d'acier et ...

- Ce n’est pas normal !
- Qu’est-ce qui ne serait pas normal ?
- Ça fait au moins deux semaines qu’on n’a pas parlé des élections.
- C’est à cause du choléra, les gens ne parlent que de ça. Des nouvelles ONG débarquent juste pour ajouter au bordel ambiant. On devrait également recevoir quelques millions supplémentaires. La routine quoi !
- On ne parle quand même pas d’une niaiserie. Le choléra peut te décimer une population assez rapidement. Pense aux conditions d’hygiène et aux habitudes de vie des gens, la formule mathématique est parfaite ma fille, ça peut dégénérer.
- Je le sais bien que c’est important, moi aussi j’ai accès au net !
Asefi me regardait comme si j’étais un imbécile. Elle continue.
- Ce qui m’énerve, c’est qu’on aura encore des milliers de gens et des millions de $ qui vont débarquer pour ressortir d’ici dans quelques semaines sans qu’il n’en reste rien. Sans que rien ne change. Pourquoi on est dans la gadoue avec le choléra ? Rien avoir avec la fatalité, c’est l’incurie de nos gouvernements successifs à doter le pays des conditions d’hygiène minimale. Faire entrer de l’eau propre dans une maison, et faire sortir l’eau sale, ce n’est quand même pas du ‘rocket science’ !
- Ouais …
- En prime, il semble que ni notre gouvernement ni la communauté internationale ne soient foutus d’exiger que certaines précautions soient prises par les États qui nous envoient des soldats de la Minustah.
- Je te perds là …
- Écoute, à la radio aujourd’hui, on entendait que les gens de Mirebalais incriminaient un camp des soldats Népalais de la Minustah pour cette épidémie. Ce ne serait pas surprenant, l’OMS s’inquiétait il y a trois mois de la recrudescence de l’épidémie dans plusieurs pays pauvres dont le Népal. L’idée n’est pas de savoir si ces soldats de la Minustah nous ont infectés, mais plutôt de voir comment le pays et les organisations internationales s’assurent que l’installation de troupes étrangères ne met pas à risque la santé de la population. Surtout, comment on va gérer la suite une fois que la bibitte s’est installée dans le pays. Les prochaines crises …
- T’as mangé du chien enragé ?
- Écoute mon gars, la galère qui prenait l’eau de partout vient de perdre un autre morceau de sa coque. Pendant ce temps-là, on n’est supposé de choisir un nouveau gouvernement…
- C’est justement de ça que je voulais que tu me parles.
- Ben tu vas voir comment les gens vont exploiter cette nouvelle du choléra et/ou de la responsabilité étrangère dans les prochains jours. La campagne pourrait tourner au vinaigre.
- En fait, c’était mon point. À part que 90% des affiches et 90% de la publicité électorale à la radio ou à la télé soient du même candidat, il n’y a rien d’autres à dire. Comme s’il n’y avait dans cette campagne que le beau-fils du Président !
- Effectivement, il a le gros bout du bâton dans cette guerre médiatique. Les coffres de l’État ne se sont pas vidés que quelques centaines de millions pour rien !
- Mais sur le fond ??
- Il ne se passe effectivement rien de ‘politique’. Le seul événement ‘fort’ est qu’on a criblé de balles le convoi d’Alexis hier, mais on ne sait pas trop quelle dimension politique attribuée à cette aventure.
- Et le débat de télévisé de demain, ce sera au tour de Célestin d’y être ?
- On pourra peut-être enfin voir le candidat de l’Inité faire autre chose que de sourire comme sur ses affiches électorales ! Sera-t-il capable de proposer une vision, défendre des idées ? Tout le monde n’attend que ce moment où on pourra le voir autrement qu’en photo. Écoute, c’est le prochain président, il faudrait au moins qu’on l’entende avant le 28 novembre !
- As-tu l’impression qu’il peut se péter la gueule ?
- T’inquiète, sa mâchoire est en acier. C’est parfait avec les selles de la population qui sont liquides !!!

lundi 25 octobre 2010

Questions


On entend toutes sortes de choses sur la crise du choléra qui s'amorce. Pour le moment, des questions de toutes natures. Sur la maladie et sa propagation par exemple : Ça s'attrape comment ? Les fruits peuvent-être infectés ? On prévient comment ? Combien de temps dure l'incubation ? C'est sans fin mais surtout, c'est tellement anxiogène. La panique contrôlée, mais la panique quand même. L'autre série de questions concernent la vie sociale : Les pêcheurs et les agriculteurs vont-ils être dédommagés ? Est-ce qu'on ferme les écoles ? On annule les élections ou du moins, les rassemblements populaires ? On ferme les stades de foot ? Les hordes de vacanciers pour le prochain week-end de 4 jours vont-ils déserter les plages et hôtels du nord de PAP ? Comment on va gérer la pénurie éventuelle d'eau ? De médicaments ? Il y a également les questions qui concernent les relations avec les voisins : Est-ce que les USA, le Canada, la France, Cuba ou Puerto-Rico vont faire comme la République Dominicaine, c'est-à-dire fermer leurs frontières ? Mais la grande question est de savoir si l'État va réussir là où il a échoué en janvier dernier : Arriver réellement à contrôler les actions des ONG ? Le président a pris personnellement les choses en main, on le voit partout. Je ne sais pas où il en est notre cher Président, mais on entend déjà toutes ces organisations internationales ou ONG se mettre à l'oeuvre pour sauver le pays. J'imagine encore les grandes rencontres (cluster) qui se déroulent en anglais et où tout le monde s'énerve et tente de coordonner les actions de tout le monde. Est-il nécessaire que je réécrive certains billets qui ont suivi le 12 janvier ? Vous avez compris, la question ne se pose pas !

vendredi 22 octobre 2010

Les élections au temps du choléra


Les conditions de salubrité dans lesquelles des millions d'ayisien vivent sont en train de générer une troisième catastrophe, on n'est pas sorti de la deuxième crise qui s'était installée dans la première. On serait à plus de 200 morts déjà et l'histoire du choléra se confirmerait selon ce que certains sites d'information haïtiens nous annoncent. Wow !! Incubation pendant trois ou quatre jours et pof, en quelques heures c'est fini. Il reste à identifier la source de la contamination du fleuve Artibonite sur le bord duquel on retrouve principalement les personnes infectées. Le fleuve aurait été contaminé par des étrangers selon ce qui a été annoncé à la conférence de presse du MSPP (une souche africaine selon certaines sources), j'imagine que dans le contexte électoral actuel, c'est le genre d'info qui peut devenir explosive. Déjà à la conférence de presse d'hier, le Ministre a été forcé de ramener certains journalistes à l'ordre dans leurs tentatives de politiser l'affaire. Les 'occupants', que déjà plusieurs forces politiques veulent voir partir du pays, deviendront peut-être un réel enjeu électoral !! Dans la bouillabaisse actuelle, il y a trop de matériel explosif pour qu’on s’amuse à craquer une allumette. Et il semble que même dans l’eau du Fleuve Artibonite, on pourrait craquer une allumette !

jeudi 21 octobre 2010

Ruiner le système immunitaire


Je me souviens d’une anecdote que l’on m’a racontée sur l’histoire d’un canadien revenu d’Europe avec dans son sac un bout de saucisson. Arrivé presque à sa fin, le saucisson se serait retrouvé dans l’enclos des cochons. Le cochon qui l’aurait bouffé s’est vu pris d’un malaise qu’il a transmis à tous ses amis et, par diffusion, s’est répandue à des millions de quadrupèdes. Et de bipèdes. Peut-être y sommes-nous ici aussi, mais cette fois-ci, ce ne serait pas un bout de saucisson qui serait en cause. Le Ministre faisait ce matin une conférence de presse sur ce qui ressemble à une épidémie de ‘déshydratation’ (diarrhée et vomissement) qui aurait tué 49 personnes qui vivent près de la rivière Artibonite. La grosse nouvelle pour les journalistes présents est que le microbe serait ‘importé’. Selon les premières analyses, ce ne serait pas une bactérie indigène. On n’aurait retrouvé aucune trace de cette bibitte en Haïti. Ce serait plutôt un microbe entré (illégalement !) au pays par un (ou plus sieurs) de ces milliers d’expats qui ont envahi le pays… Les journaux français parlent d’une épidémie de choléra en Ayiti, mais rien n’a encore été confirmé par les autorités nationales sur ce point. Une chose est certaine, la maladie semble foudroyante. On note entre autres que les gens meurent dans le transport vers l’hôpital ou un dispensaire, transport qui, il faut le dire, peut prendre jusqu’à 6 heures de marche … Au sortir de la conférence de presse, je me suis arrêté dans une petite cafétéria et en attendant mon repas, je lisais Le Nouvelliste du 13 octobre dernier. Mulet, le grand patron de la Minustah, racontait dans une sortie à caractère autocritique que « ONG, agences bilatérales de développement, Nations Unies, ont contribué à affaiblir l'État haïtien ». Il n’y pas de hasard, c’est maintenant confirmé. Je me disais qu’après avoir affaibli le système étatique haïtien, on allait ruiner leur système immunitaire… Le Ministère ne blague bien évidement pas avec l'affaire, tout est mis en place pour faire face à la situation. Des centaines de milliers de personne sont en cause... Vous vous imaginez que la communauté internationale est elle aussi sur les dents !!!

mercredi 20 octobre 2010

En passant ...

Le sol a encore shaké hier après-midi vers 15h00. Une autre bonne secousse. Je ne sais plus qui a dit qu'on ne s'en sortira jamais ...

Mettez-ça sur la glace 2


J’ai commis un texte qui se voulait un peu humoristique sur les rumeurs entourant l’augmentation du nombre de grossesses depuis le tremblement de terre (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/09/mettez-ca-sur-la-glace.html). Le FNUAP vient de confirmer la rumeur, le taux de grossesse vient d’être multiplié 3 en quelques mois dans les zones affectées. Normalement, 4% des femmes en âge de procréer sont enceintes et ce pourcentage est passé à 12 depuis le 12 janvier (je voulais écrire une blague du type ‘Imaginez-si bagay la avait eu lieu le 30 !?’, mais elle n’aurait pas été drôle…). Imaginez maintenant que le taux de grossesses au Qc (pour les naissances) était de 1,49% en 2003. Imaginez également que les 0 à 14 ans représentent 38,1% (2009) de la population du pays (au Qc, ce groupe d’âge représente près de 17% de la population). Et maintenant on se pose la question, est-il pertinent d’investir quelques milliards sur les 10 rendus disponibles par la communauté internationale dans le secteur de l’éducation. Des gens me demanderont sûrement de mettre mon idée sur la glace.

lundi 18 octobre 2010

Cul de sac


La mode dans les élections actuelles est de s'engager à déblayer les rues des gravas et à promettre de nouveaux logements pour les 1,3 millions de personnes qui vivent (vivraient) dans des camps. Comme si au lendemain d'une super tempête de neige au Québec, les candidats au poste de premier ministre faisaient du déblaiement de la neige leur principal engagement électoral. Pis après ?? On fait quoi. Mais surtout, pis avant ? Comment on prévient une nouvelle hécatombe ? Tout le monde raconte ici que bagay la n'a tué personne ou n'a forcé personne au camping pour une période indéterminée. Que c'est l'incurie de l'État depuis des décennies qui est responsable de ce calvaire. Concurremment, que c'est l'absence d'une société civile qui est responsable. Et finalement, que la communauté internationale n'a jamais été en mesure de soutenir l'émergence des deux autres responsables, la société civile et l'État. On n'en sort pas, cul de sac. Pas qu'il ne faut pas vider les gravas et sortir les gens des camps au PC, mais ce que les candidats promettent en fait, c'est de vider le sac, pas de trouver le moyen d'en sortir !

dimanche 17 octobre 2010

Prison de Port-au-Prince

Les médias parlent d'une mutinerie dans la prison central de PAP. Je ne connais pas les détails, vous serez éventuellement mieux informés que nous. En voyant la nouvelle, je pensais à l'autre information sortie il y a plus d'un mois : La communauté internationale allait rénover les lieux pour permettre que 200 détenus logent dans ... 8 cellules. 200 moun dans 8 cellules, 50 par cellule et on imagine pas les toilettes !! La prison a déjà compté 4000 détenus, 6 fois plus que la capacité officielle. Plus de 80% des gens qui y sont attendent des accusations ou un procès depuis ... 3 ou 5 ans !! Les organisations internationales (CICR, PNUD, RNDDH, ...) décrient la situation des prisons depuis des années. Les mutineries sont malheureusement fréquentes...

Sans se mouiller les bottines


Sortir de la torpeur et du fouillis de PAP pour se retrouver dans son arrière pays. Moins de 45 minutes du centre-ville et on respire une campagne qui ne porte aucune ressemblance avec sa capitale voisine. Un autre monde, de l'espace et encore des arbres. Rien à y faire disent certain. Peut-être ? Ça sent bon et on peut déambuler dans des montagnes splendides. La journée où on se met au tourisme sportif ou écologique, il y a de la randonnée pédestre à user quelques paires de bottes dans ce pays. Aujourd'hui, on a choisi la campagne au lieu de la mer. Deux heures de marche dans des sentiers qui servent à ces femmes qui transportent sur leur tête les fruits de la terre pour les amener en ville. Là où on trouve les acheteurs. Au fond d'une grande vallée, il y a une large rivière complètement asséchée. Un lit presque sec sauf pour quelques petits ruisseaux qui viennent s'y baigner. On étend le linge propre sur les pierres pour le faire sécher. Cette rivière reprend un peu de sons sens lorsqu'il y a de grosses pluies et, j'imagine encore davantage lors du passage des ouragans. Pour le moment on y marche sans mouiller nos souliers ! Les sourires de bienvenues suivent toujours nos salutations. Comme pour charmer, il faut faire les premiers pas. Les gens nous guident aimablement dans ces labyrinthes. Il y a de quoi y marcher deux jours pour rencontre une toute autre Ayiti.

Life is good


Bonne arrivée en sol français à Monise ! Une nouvelle vie commence, Jo et moi sommes assurés qu'elle sera belle.

vendredi 15 octobre 2010

Vous allez entendre parler d'Ayiti

Bien assis dans mon bureau, je reçois un courriel des services de l'ambassade canadienne. Des manifestations violentes se seraient déroulées un peu partout dans le bas de la ville, autour de l'aéroport et du log-base des Nations-Unies. C'est aujourd’hui, le 15 octobre, que la campagne électorale est réellement lancée. Depuis deux semaines, c'était la phase passive où seules les affiches pouvaient être visibles. J'étais au centre-ville ce matin et je voyais un groupe de jeunes en motos-taxis avec le maillot d'un des candidats. Un peu plus haut dans la ville, Bourdon près du bureau, on n'a vu un autre groupe arborant le maillot d'un deuxième candidat. À la radio, des publicités chantées pour un autre candidat. Peut-être commence-t-on un nouveau cycle ? On aura le temps de voir mais d'ici là, il est possible qu'Ayiti reprenne sa place dans les médias !!

jeudi 14 octobre 2010

Humanitaire ou humaniste ?


Existe-t-il une différence en humanitaire et humaniste ? Tous les jours, je côtoie des dizaines d'humanitaires mais très peu d'humanistes. Est-ce normal ? Humanitaire correspond à cette fonction sociale (inscrite dans une structure de travail) qui viserait théoriquement le développement de l'humanité. Des travailleurs (ou euses) humanitaires. On est plusieurs dizaines de milliers ici. Les humanistes respirent autre chose. Je ne parle pas de l'humanisme dans sa dimension psychologique, je parle de ces humains que l'on rencontre. Disponibles pour une rencontre avec un autre humain. Ils n'ont pas d'étiquette. Ils sont locaux ou expats, on s'en fout. Ils sont humains, c'est tout et c'est bien suffisant.

mercredi 13 octobre 2010

'Il faut améliorer ça'


Un pays comme Haïti que tout le monde bien intentionné veut aider, reçoit des milliers de propositions. Selon certaines informations diffusées par les Nations-Unies, on parlerait de 8 000 ONG et/ou organisation internationales (OI) ! 10 000 selon d’autres sources. C’est tellement vrai qu’on parle maintenant de la République des ONG (http://www.cyberpresse.ca/opinions/201010/07/01-4330460-haiti-la-republique-des-ong.php). Il ne semble pas pertinent aujourd’hui de tomber dans l’anti-ONGénisme primaire qui est à la mode ici et pour tout ceux qui ‘analysent’ la situation. Ce qui m’intéresse aujourd’hui ce sont les ‘experts internationaux’ que ces ONG ou ces OI trainent dans leurs valises. Des spécialistes qu’on invite à venir donner des avis à l’État ou à peu tout le monde. Avis qui sont, bien évidement, des propositions réfléchies, tirées d’une vaste et diversifiée expérience, assorties de longues études ou recherche. Tout le monde se tait, l’expert va parler ! … ‘Ouais (on se gratte le coco), il faut améliorer le fonctionnement général du Ministère ! Le renforcer et changer la culture organisationnelle. Il faut aussi améliorer les compétences des employés.’ Seulement 1 000 $US par jour pour cette brillante analyse ? Wow !! Tout le monde est estomaqué par la transcendance des propos. Une description faite sous un angle tellement original qu’elle permet à tous d’avoir ENFIN un portrait juste et précis sur la réalité. Je reste assis sur ma chaise en me disant que je suis loin du compte pour atteindre ce fameux statut d’expert international, il nécessite des capacités intellectuelles auxquelles je ne peux réalistement aspirer. Sérieusement, ils se prennent pour qui ces imbéciles à deux watt pour venir ici vomir des imbécilités de la sorte ?? Comment ces organisations qui charrient ces experts peuvent-elles espérer être prises au sérieux ? J’ai eu ma réponse d’un partenaire qui cachait un fou rire : ‘Ils ont été payé combien ces experts pour venir nous raconter ces âneries ? Pis on pense que ce sont nous les imbéciles !’

mardi 12 octobre 2010

Montrez-nous le chemin


C’est bien connu, le système routier est l’une des conditions les plus importantes pour mettre une population sur la voie de la croissance économique. Au Québec, il y a toujours ces affiches gouvernementales qui nous annoncent ‘Vos impôts font du chemin’ avec la mention d’un investissement de quelques millions de $ pour la rénovation d’un tronçon de quelques dizaine de kilomètres… Je suis toujours à croire que les investissements gouvernementaux seraient plus pertinents s’ils ne s’enfermaient pas dans l’asphalte, mais il faut ce qu’il faut pour que les camions plein de bébelles à vendre puissent aller et venir. La théorie est que plus il y aura de bébelle vendues, plus il y aura de la justice sociale. Je sais bien que plusieurs empiristes ont détruit cette théorie, mais elle persiste comme les religions arrivent à survivre. L’asphalte est donc à la mode dans ce pays en développement. Signe de développement et de richesse probablement. Il faut lire le projet de plan de reconstruction déposé par le gouvernement haïtien en mars dernier à New York pour voir comment les matériaux (asphalte et béton en particulier) sont importants. Dans le contexte de la campagne présidentielle actuelle, l’Inite, le parti du pouvoir, présente Jude Célestin, l’ex directeur du Centre national des équipements (CNE). Le CNE est la firme de construction de l’État ayisien. La compagnie dotée de gros camions modernes et qui construit presque toutes les routes de ce petit pays. Hier soir à la télévision nationale, un reportage d’une heure sur le CNE. On voit l’ex président du CNE (et candidat à la présidence…) assis dans des camions en train de pousser du gravier, lisser de l’asphalte, expliquer l’importance des routes dans le développement des collectivités … Je demande à Asefi : ‘Une heure de pub du CNE payée par qui ?’
- On ne le disait pas ! Il n’y avait rien dans cette émission qui faisait référence à l’Inité ou à la campagne présidentielle. Ce n’était sûrement pas nécessaire…
- C'est légal ?
- T'es con ! La campagne participe aux même stratagème que la construction des routes. La question de la légalité ne peut se poser que si on a les moyens d'appliquer les lois. Si ce n'est pas le cas, ta question n'a aucune pertinence. L'obscurité qui prévaut dans les contrats de construction est la même que celle qui prévaudra pour les prochaines élections. On est dans l'obscurité totale, il faut donc qu'on nous montre le chemin !

lundi 11 octobre 2010

Rien à faire

Il y a trois sujets de billet qui me grugent les neurones depuis deux jours. Rien à faire, incapable d'en mettre au moins un en forme. Je pense que je vais aller me coucher. Bonne nuit !

dimanche 10 octobre 2010

On riz, mais ce n'est pas drôle


Les rapports Nord-Sud sont sûrement aussi complexes que les rapports amoureux. Moins compliqués peut-être, l'économie étant une science plus exacte que les sentiments amoureux ! Dans Le Devoir d'hier, j'apprenais que le Japon, avec sa population de 127 millions de personnes, était le premier importateur du riz produit aux États-Unis. En deuxième position, il y a le Mexique avec ses 112 millions de personne. Le troisième pays, avec 9 millions de personnes, est Haïti. 9 millions de personnes pour le troisième importateur du riz américain !? C'est assez simple, les ayisien mangent du riz tous les jours. Le riz national ou le riz blanc sauce-pois. Tous les jours je vous dis. Le plus fascinant dans l'affaire n'est pas de savoir qu'Haïti est le troisième importateur du riz américain, mais c'est qu'il y a 30 ans, les producteurs aysien de riz nourrissaient l'ensemble de la population nationale. Zéro grain de riz importé. L'histoire commence il y a 30 ans au moment du départ de Duvalier fils. Le pays est en banqueroute et se tourne donc vers les organisations internationales pour obtenir de l'aide, le FMI sera prêteur. Une des conditions de ce genre de prêt a été pour Haïti d'ouvrir son marché. Mondialisation des marchés, globalisation de l'économie, ça vous dit quelque chose ? Le riz américain (lui-même subventionné !!) est toujours vendu à un prix inférieur au prix que les cultivateurs haïtiens sont en mesure de produire. Depuis trente ans donc, la production agricole du riz ayisien s'est presque complètement éteinte. Vous êtes assez grands pour imaginer les séquelles sociales et économiques à l'échelle de ce petit pays de ces grandes manoeuvres financières internationales. En fait, c'est un peu comme quand on voit, en pleine route nationale, une Porsches Cayenne dépasser un cultivateur assis sur son mulet.

samedi 9 octobre 2010

Ambitions et folies


Lors d’une réunion il y a quelques jours, on a eu droit à une sortie enflammée d’un des dirigeants du Ministère de la santé. Le genre de bonhomme assis assez haut dans la structure qu’il peut chuchoter à l’oreille du Ministre plusieurs fois par jour. Sa sortie a laissé tout le monde sur le cul ! Enfin de l’espoir, enfin une vision. Enfin quelqu’un qui se sort la tête du sable pour tout de suite déposer son nez dans le caca ambiant. ‘C’est vrai, on est dans la merde jusqu’au cou et malheureusement, le niveau augmente tous les jours ! En fait, on s’enfoncerait toujours davantage selon certains pessimistes. Arrêtons de nous demander comment arriver à mieux lasser nos souliers et commençons à trouver des moyens concrets d’en sortir ! La seule façon d’y arriver est d’être ambitieux. De quitter ce pessimisme sclérosant et de mettre les gazs sur l’optimisme. Être fous, avancer même si on sait que tout autour de nous milite contre nous. Soyons ambitieux tout en ayant les deux pieds sur terre, on passera les obstacles un à la fois. S’il le faut, on cassera quelques gueules au passage.’ Le gars n’en pouvait plus d’entendre ces fameuses phrases qui commencent par un ‘Oui, mais vous savez’. Celles qui dégonflent les ballons. En cœur tout le monde (quatre blancs et quatre haïtiens), nous somme restés bouche bé. Un silence contenté suivait sa sortie. Le plus expérimenté des blancs a dit ‘On vient de recharger mes batteries pour quelques années encore !’. Tout le monde pensait comme lui. En fait, les défis sont tellement grands que le réflexe est de s’assoir sur son cul et d’attendre … je ne sais quoi. D’attendre probablement que par miracle (ou par intervention divine !) tout passe au rose. Je pensais au contenu de ce blogue quand j’ai vu en pleine pluie des enfants jouer dans l’eau sur les abords du camp de Place St-Pierre. Il mouillait des cordes, Jo venait de faire une réflexion sur les gens cachés sous les tentes. On voyait cette eau brune dévaler de tous les trous du tertre où sont installés les campeurs. Les ti-moun s’amusaient à suivre les courants d’eau les fesses nu-tête ou presque. Je visualisais mon bonhomme du Ministère les fesses à l’air en train de jouer dans l’eau et d’engueuler ses amis : ‘Ce n’est pas parce que c’est la désolation partout autour qu’on ne doit pas s’amuser ! C’est notre seule responsabilité, on est des ti-moun après tout !’. Il ne nous restait qu’à sortir de la bagnole et d’aller jouer sous la pluie.

jeudi 7 octobre 2010

Du virtuel au réel


Combien de gouttes d’eau forment l'océan ? Quelles gouttes d’eau participent à notre bonheur quand nous sommes à la mer ? J’imagine souvent que cette aventure virtuelle qu’est mon blogue représente une de ces gouttes d’eau qui participent à la vie sur la grande toile. Comment ma goutte d’eau participe à la vie de personnes que je ne connais pas ? Comment ces personnes participent à la mienne ? On reste généralement dans les formalités virtuelles des commentaires et des courriels. Il y a ces quelques assidus que je ne connais pas, jamais rencontrés, jusqu’à récemment du moins. Parmi les gens qui se sont abonnés (pas besoin de carte de membre, c’est gratuit et aucun représentant n’ira chez vous), un couple nous avait titillé. Un couple qui était dans un processus d’adoption et qui pestait autant que pleurait devant les lenteurs administratives de leur État. Le tremblement de terre est bien évidement venu amplifier l’anxiété de cette grossesse internationale. Une grossesse qui dure plus de 9 mois et dont l’accouchement peut être douloureux. Face à ce qu’on comprenait comme un découragement, Jo et moi les avions contactés dans les derniers mois. Il nous avait donné les coordonnées et on a bien tenté de trouver l’orphelinat et d’y retrouver la petite, mais le marronnage existe même dans les adresses… On avait frappé à plusieurs portes sans rien repérer. Depuis presqu’un mois, ils sont ici. On les a rencontrés dans les premiers jours de leur arrivée et on maintient le contact. On tente de se servir de nos ‘plugs’ pour les aider à avancer dans le labyrinthe administratif de l’État Haïtien et il ne reste que deux petites étapes. Peut-être s’installeront-ils dans le bec de la cigogne dans les prochaines heures ? Allez savoir ! Hier soir, ils sont venus souper à la maison. La paternité et la maternité existent à l’extérieur de la génétique, c’est une fois de plus confirmé. Ce petit bout de bonne-femme aussi charmante que belle, des yeux noirs qui illuminent l’intelligence. Des parents qui malgré les embrouilles respirent le bonheur. Une petite vie virtuelle qui devient réelle. Vive le web !

mercredi 6 octobre 2010

Va jouer dehors !


Aller voir la vidéo que j’ai faite il y a quelques jours. Un camp de déplacés installé sur un terreplein, route nationale numéro 2. Aussi simplement que ça, des gens se sont construit des abris entre les machines qui quittent Potopwins vers le Sud, et ceux qui y entrent en direction Nord. L’existence de ce camp en plein milieu d’une route nationale est tellement psychédélique que je n’arrive pas encore à savoir quoi en penser. L’État est complètement irresponsable ! Les organisations internationales dorment au gaz ! Les gens qui s’installent là sont fous ! Pourquoi ne vont-ils pas ailleurs ? Rien à faire, ma machine à avis est en panne, enrayée par l’incrédulité. Depuis 8 mois, des familles vivent sur cette voie. Ils y seront peut-être pour quelques années encore. Une vie ponctuée d’histoires d’horreur : Deux gamines heurtées à mort par un poids lourd en jouant la marelle dans le jardin !

Exil ou prison


- Malheureusement, les esprits s’échauffent.
Asefi ne semblait pas vouloir faire du pouce sur mon commentaire. Mon amorce était malhabile ou elle ne se sentait pas d’attaque. Allez savoir ! Cetout, qui a patienté le temps qu’il faut pour laisser à sa grande sœur l’opportunité de réagir, a doucement entrouvert l’échange.
- Prévisible. Presque toutes les conditions sont réunies pour que ça chauffe comme tu dis.
Depuis quelques jours effectivement, certains événements ponctuent la campagne. Un bureau de l’ONI (l’Office national d’identification qui produit les cartes d’électeurs) a été vandalisé et pillé, un autre a été la proie des flammes (aurait été incendié selon les infos disponibles dans les médias) et finalement ce matin, Alexis qui prétend que Préval distribue des armes à la population. C’est sans compter une rentrée estudiantine qui a tourné au vinaigre au centre-ville ce lundi 4 octobre.
- Il ne faut pas penser que les choses vont se calmer surtout que nous ne sommes pas encore dans la vraie campagne.
- La vraie campagne ?
- Les partis n’ont pas le droit avant la mi-octobre de faire des rassemblements. On devrait voir le niveau d'anxiété monté d’un cran à partir du moment où des moun commenceront à constituer des foules partisanes plus ou moins importantes.
- Les accusations d'Alexis, c'est du solide ?
Asefi s'est enfin réveillée et coupe son frère avant qu'il ne puisse commencer sa réponse
- L'utilisation des menaces et de la force, c'est la stratégie de Préval. Lors des dernières élections, des sympathisants de Préval ont envahi l'Hôtel Montana pour faire de la pression sur les gens de la communauté internationale, tout de suite après le premier tour. C'est là que ces experts de la communauté internationale ont décidé de modifier la méthode de calcul et que ses appuis sont passés de 48 % à 51 %. Là, les sondages ne sont pas en faveur de son candidat, il trouvera le moyen de faire changer la tendance, ne vous inquiétez pas. Surtout qu'il ne veut pas finir ses jours en exil ou en prison …
- Heuuu !
- Si un de ces ennemis politiques est élu, tu peux être certain qu'il y aura ce qu'il faut d'enquêtes criminelles pour le garder à l'abris pendant quelques années.

mardi 5 octobre 2010

Petite info

Pourles curieux, ceux qu veulent ajouter une vision à l'image des camps de déplacés. Un site web (http://www.haitilibre.com/galeries-photos-haiti/album.php?page=1&cat=1) nous donne une série de photos aériennes des principaux camps. Selon les chiffres qui circulent (je n'ose pas les qualifier d'officiel dans la mesure où l'officiel continue de me paraître confus, informe), 1,3 million de personnes vivraient dans près d'un millier de camps. Bonne visite !

lundi 4 octobre 2010

Moi ! Ce n'est pas la même chose …


L'ignorance facilite la vie. Le 'je ne savais pas' permet souvent de rétablir sa crédibilité. Surtout, ne pensez pas qu'il y a un paradoxe dans cette société dite du savoir de pouvoir rétablir sa crédibilité en reconnaissant son ignorance. C'est davantage l'humilité qui est salutaire dans ce genre de circonstance. Mon problème aujourd'hui est de savoir. Je le sais, je l'ai lu. J'ai les yeux dans un livre sur le développement international depuis quelques jours : 'Les mirages de l'aide internationale'. Le sous-titre est assassin : 'Quand le calcul l'emporte sur la solidarité'. Je sais maintenant que j'ai les deux pieds dans une aventure qui risque de participer à l'effondrement de l'État haïtien. L'auteur fait effectivement une démonstration à l'effet que l'investissement massif de l'aide dans un pays tend à anéantir la capacité de l'État aidé à assumer pleinement ses responsabilités à l'égard de la population. Plus on aide, moins l'État serait compétent. 'Dans mon cas, ce n'est pas pareil' est la phrase que je répète en silence, juste pour moi, pour me convaincre. Je n'ai pas encore terminé la lecture, mais pour le moment, les constats nous incitent davantage à prendre un billet aller sur Montréal… Je termine cette lecture, la digère et vous en reparle.

dimanche 3 octobre 2010

Encore des morts évitables

Le mauvais temps des derniers jours est encore venu faucher quelques vies. Près d'une quinzaine selon le site de HPN. Des glissements de terrain souvent associés au déboisement sauvage. Des crues amènent des familles complètes qui avaient construit leur maison trop proche d'une rivière ou d'une ravine. Aucune autorité pour réguler les constructions anarchiques. Encore des morts évitables. Imaginez maintenant si un ouragan frappe le pays d'ici la fin de la période des ouragans, à la fin novembre. À peu près au même moment que les élections...

samedi 2 octobre 2010

La machine diplomatique


On raconte généralement que je suis gentil. Que je suis poli et que je sais me tenir devant le monde, le grand aussi. Mon travail m'amène à circuler dans des sphères remplies de personnes dont le statut (ou la stature) imposerait certains égards, un certain décorum. J'écris 'imposerait', parce que face à ce qui est une évidence pour la plupart, je reste souvent perplexe. Je viens d'une société où 'l'honorable' se mérite davantage qu'il s'attribue en regard d'une fonction. On est donc appelé à faire des pirouettes pour inviter Madame Y, ou des stepettes pour Monsieur X. Les choses se compliquent quand X et Y sont invités à une même rencontre. Qui parle en premier, donc qui parlera en deuxième ? Qui on salue formellement en début d'une réunion ? Quand entonnons-nous l'hymne national ? En plein milieu d'une rencontre, on doit arrêter les échanges pour souligner formellement l'arrivée d'un retardataire important, pas celle d'une autre personne moins importante. Ce genre d'artifice habille une bonne partie des activités auxquelles je suis associé. La machine à formalisme est tellement bien huilée dans ce pays où la communauté internationale joue presque tous les rôles. Les haïtiens raffolent de ces scènes bien léchées, bien orchestrées. Ça contraste tellement avec le foutoir dans lequel 99% de la population survie… Un simple contraste qui s'ajoute à tout ceux que ce couple diplomatique Haïti/Communauté internationale nous offre en permanence.