jeudi 21 juillet 2011

La grève


À la sortie des bureaux du Ministère cette semaine (les nouveaux bureaux installés sous une grande tente, comme pour être solidaire des presque 700 000 personnes qui attendent toujours dans les camps l’arrivée du premier ouragan sur PAP), il y avait un tintamarre juste derrière la grande clôture qui sert à protéger les gens sérieux. Des grévistes de l’hôpital universitaire. ‘Encore’ désespèrent tout le monde… Cette fois-ci, ce n’est pas un arriérage salarial de 10 mois qui les poussent à faire cette musique, mais une nouveau contexte. Un nouveau contexte de gestion, ou un nouveau contexte politique, c’est selon. Les grévistes veulent la tête de la nouvelle administratrice alors que pour la direction le problème est politique, des personnes intéressées veulent profiter d’une nouvelle présidence et d’une nouvelle équipe ministérielle pour reprendre la tête du plus grand hôpital du pays. Avec les 52 millions investis (dépensés disent plusieurs) dans la reconstruction de cet hôpital en parti touché par le séisme, on peut comprendre que sa gestion puisse devenir un élément d’intérêt.

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Contrôlé par toutes sortes de mafias, il n'y a rien d'autre à faire avec cet hôpital que de le fermer définitivement, de foutre tous les employés dehors et de rouvrir à Tabarre comme hôpital privé avec du nouveau personnel et sous un autre nom: "l'Hôpital des Petits Frères et des Petites Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie Immaculée" me semblerait un bon choix .

Anonyme a dit…

Ces grèves à l'Hôpital Général mettent bien en lumière un trait important de l'âme haïtienne: le mépris absolu pour les déshérités qu'on laisse mourir en masse avec une totale indifférence. Au moins, en mourant, ils servent à quelque chose puisqu'ils attirent l'attention sur nos intérêts.

Anonyme a dit…

Heureusement qu'il y a l'impunité en Haïti parce que, sinon, une grande partie de la population serait en prison. A commencer par les grévistes des services de santé .

Anonyme a dit…

Les déshérités sont méprisés mais quand même importants parce qu'ils représentent l'un des principaux attraits du pays pour les touristes de l'humanitaire et de l'aide internationale qui génèrent un tiers du PIB. Ils sont donc au moins aussi importants pour Haïti que les plages le sont pour Cuba ou la République Dominicaine .

Anonyme a dit…

Monsieur Labadie,

Comme d'habitude, tres bon article.

Aussi, dans une democratie, tous les gens ont le droit d'organiser des syndicats et des greves, dans l'ordre, pour revendiquer leurs droits.

Puisque nous parlons d'Haiti comme un pays en voie de Democratie, l'Etat, maintenant, a pour devoir de faciliter la decentralisation du systeme de sante aussi.

De cette facon, une greve ne pourrait tout paralyser. Parce qu'il existera d'autres organismes aussi competent pour desservir la population.

veritasipsedixitdotblogspotdotcom

Anonyme a dit…

L'impunité a quand même son côté sympathique: Haïti a 55 habitants par 100 000 en prison, comparé à 743 pour The land of the Free! L'impunité serait-elle l'une des dimensions du marronnage, un fondement de l'identité haïtienne?

Anonyme a dit…

Aux USA, un homme noir qui n'a pas terminé son secondaire a 70% de chance de se retrouver un jour en prison! Ce phénomène a-t-il un nom? Hyperpunité peut-être? Je préfère encore l'impunité .

Anonyme a dit…

Deux semaines après, je viens d'avoir un flash. Ce mépris absolu pour les déshérités qui est l'un des fondements de l'âme haïtienne(avec le marronnage) et qui peut paraître surprenant ou anormal à première vue, eh bien, il n'est ni surprenant, ni anormal: c'est tout simplement le reliquat de l'attitude du maître envers l'esclave. Pour les mulâtres, c'est naturel et pour les ayisyens, c'est la meilleure façon de se prouver qu'ils ne sont pas eux-mêmes des esclaves .

Anonyme a dit…

Il y a en effet deux façons de ne pas être un esclave: se sauver (marronnage) ou être le maître (mépris et exploitation). Ça explique aussi pourquoi le mépris pour les déshérités se retrouve autant chez les ayisyens que chez les mulâtres, alors que le marronnage se retrouve seulement chez les ayisyens (les mulâtres sont les descendants des maîtres) .

Anonyme a dit…

Finalement, comme les plages en RD et à Cuba, les esclaves ont été et les déshérités continuent d'être un moteur de l'économie haïtienne. On a beau les mépriser, personne ne va nier leur utilité .

Anonyme a dit…

Ce n'est pas juste de dire que les mulâtres méprisent les déshérités. Plusieurs consacrent leur vie à améliorer leur sort, souvent avec beaucoup de dévouement et de passion. Mais c'est comme Brigitte Bardot: elle donnerait sa vie pour les bébé phoques mais elle n'accepterait pas que sa fille en ait un comme petit ami .

Anonyme a dit…

L'impunité aussi a ses racines dans l'esclavage: le maître l'a par définition (il est au-dessus de la loi) et l'esclave l'acquiert en se sauvant (il échappe à la loi). C'est probablement pour ça que les seules personnes qui sont en prison sont les déshérités (les esclaves), qu'ils soient coupables ou non .

Anonyme a dit…

Plus j'y réfléchis, et ça va faire bientôt neuf ans, plus l'esclavage me semble être à l'origine de la plupart des phénomènes sociologiques spécifiques à Haïti. Je me demande comment les sociologues procéderaient pour démontrer scientifiquement ce genre d'hypothèses. En tout cas, il me semble évident qu'une analyse bourdieusienne de l'esclavagisme serait un excellent point de départ .