mercredi 3 février 2010

Des idées à la pelle


Judaine me demande tous les jours si on va trouver une tente pour elle. Raymond, Paul, Benito, Thony et Marie-Carmel itou. Fatigués de dormir à la belle étoile tout autant qu’inquiets de la prochaine saison des pluies (le printemps arrive), les employés sont toujours en attente de tentes (je sui sûr que ça se lit bien…). On a tenté (vous sentez la tentative..) d’en trouver ici ou d’en faire venir du Canada, mais rien ne se passe. Pendants ce temps là, notre ami Préval se demande – commission présidentielle en vue – s’il ne serait pas préférable de fabriquer les tentes en Haïti plutôt que de les importer, question de relancer une économie nationale disons défaillante. On sent là avec ce projet de tentes une stratégie de développement économique pour le peuple aysien. De la vision politique comme on l’aime. Mais c’est n’importe quoi !!! La capacité industrielle du pays était presqu’inexistante (encore un mot qui finit en ‘tente’) avant le 12 janvier, on peut s’imaginer qu’elle est elle aussi passablement affaissée. Les presque un million de moun qui dorment à labelle étoile n’ont pas le temps qu’on trouve un local (et qu’on s’assure de sa solidité), qu’on achète les équipements, le matériel, qu’on embauche et qu’on forme des travailleurs… C’est en partie ça le problème d’Haïti ; des bonnes idées impossibles à mettre en action. On voit à tous les jours depuis le début de la crise de ces aysien ou de ces comités d’aysien qui ont une idée géniale pour mieux coordonner l’aide d’urgence, des idées qui prendront deux ans à se mettre en place. La maturité d’une nation passe sûrement parce sa capacité à reconnaître ses faiblesses.

5 commentaires:

mARYANNIC'K a dit…

Bonsoir Jean François
Il est "gentil" Préval avec son idée de fabrication locale de tente ou complétement en "downfall"le président ??
Bien sur qu'il faut les importer rapidement ces tentes et peut-être bien aussi des containers d'occasion à recycler et adapter au climat, en abri de fortune : ils ont la propriété d'être étanches ,
plus solides, plus durables pour les longs mois ou d'années de campement qui s'annoncent pour des milliers d'Aytiens. Il ne faut pas se leurrer:la situation d'habitat précaire
va perdurer encore et encore....

Unknown a dit…

Et comment vous faire parvenir des tentes ?
Ici nous avons 10 containaires remplis, qui ensuite peuvent servir de "toit" à des sans abris, mais comment les acheminer et surtout où et à qui ?
Une des nombreuses questions dont j'aurais aimé parler avec vous. Mais j'imagine que votre emploi du temps ne le permet pas.
Bon courage à vous, j'ai été fouillé sur la toile et j'ai appris la mission que vous meniez et vous souhaite de tout mon coeur de réussir...

Marico Renaud a dit…

À l'émission "Christiane Charette", le docteur Jean-Claude Fouron, chef du département de pédiatrie foetale à Ste Justine. Il partira pour Haïti dans quelques semaines. Ses réflexions sont intelligentes et touchantes. On peut écouter l'interview au complet à:
http://www.radio-canada.ca/emissions/christiane_charette/2009-2010/chronique.asp?idChronique=102705

andrepaille.com a dit…

Bravo, mille fois Bravo.
Quel sens humain, et quelle plume.
Vous êtes plus efficace que certains journalistes.
Nous avons l'heure juste.

André Paillé
www.andrepaille.com

Maryannic'k a dit…

Merci à Marico pour le lien internet de l'interview du Dr Fouron qui apporte réflexion et qui mérite d'être diffusé, d'être partagé.
Qu'en est il des tentes pour Judaine, Raymond et tous vos autres collaborateurs ? Ce matin sur cyberpresse, j'ai lu qu'elles faisaient l'objet d'un trafic pour être revendues 125 dollars US les camps ! Intox ou sordide réalité ?
Merci Jean François de poursuivre la rédaction de vos billets malgré un quotidien; qui doit être un vrai casse tête du lever au coucher pour avancer votre mission professionnelle; de nuits surement hantées d'images cauchemardesques.