La situation politique dans le pays commence à déraper ; recommence ou continue à déraper, c’est selon. Les élections sénatoriales prévues pour le 19 avril prochain, où le tiers des sièges des sénateurs sont sur la table, commencent à troubler la paix relative dans laquelle nous vivions depuis notre arrivée. En premier lieu, plusieurs groupes se sont mobilisés dès l’automne dernier pour reporter ces élections à l’automne 2009, en même temps que doivent avoir lieu des élections générales pour le choix des députés et des magistrats. Pour ceux qui souhaitaient un report, le pays devait se remettre d’une année 2008 qui a été passablement mouvementée. Crise alimentaire en mars et avril, absence de gouvernement entre avril et août, les ouragans de la fin de l’été et la crise économique mondiale. En plus, le pays n’a pas un rond qui l’adore. Les élections coûteront 11 millions de dollars américains, 5 fournis par le pays et 6 par l’aide internationale. On souhaitait ainsi que les efforts du gouvernement soient concentrés sur les travaux de reconstruction du pays, au lieu de dépenser du cash pour faire des élections. Il me semble que nous avons entendu ce discours au Canada et au Québec au cours de l’automne dernier… Préval et le Conseil électorale provisoire (CEP) en ont décidé autrement, il y aura comme prévu des élections sénatoriales en avril 2009. Pour ces élections, le CEP a reconnu la légitimité de 65 candidatures pour les 12 postes à combler, 65 sur les 104 qui avaient proposé leur candidature. Quand tu te présentes, tu dois déposer un dossier contenant 12 documents dont l’un qui prouve hors de tout doute ton haïtianité (je vous rappelle que la double citoyenneté n’est pas reconnue en Haïti) et un certificat de bonnes mœurs émis par la police ou un juge de paix. Chez les candidats non retenus, on trouve des criminels reconnus sur qui des accusations sont actuellement courantes. Il y en a même un qui fait l’objet d’un mandat international émis par les américains. Ces gens sont capables de mobiliser un bon nombre d’haïtiens à manifester. Le hic politique, c’est que 19 des candidats non retenus sont du parti d’Aristide… Dans la loi haïtienne, le chef du parti doit autoriser ta candidature. Aristide est en exil en Afrique, il n’a donc pas été en mesure d’autoriser la candidature de ses 19 amis. Les ambassadeurs américain et canadien sont sortis publiquement pour demander au CEP de ne pas entacher la légitimité du processus démocratique en excluant un parti. Pour simplifier les affaires, le parti de Titide est splitté en deux factions ennemies, deux factions qui s’insultent à qui mieux mieux sur la place publique. Y parait en plus que l’absence de Fanmi Lavalas servirait le parti de Préval, Lespwa (Espoir). 33 partis (rien que ça !) présentent des candidats. Certains qualifient d’auberge espagnole la structure des partis politiques. On passe allégrement de l’un à l’autre. Pour le moment, les expats comme nous, sommes sur le Qui-vive. Le gouvernement canadien nous demandé de ne pas trop se promener ; un secteur de la ville est presque fermé. Les choses pourraient déraper. Ayiti se tè glise. Haïti, c’est très glissant.
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