jeudi 19 février 2009

Le Kanaval

Moi qui suis originaire de la ville de Québec, je pensais tout 

connaître du carnaval. À l’époque joyeuse de mon adolescence, on collectionnait les feux sauvages lors de ces deux semaines de festivités hivernales. Ici en Haïti, le carnaval est plus sérieux et plus festif. « Le Mot carnaval vient du latin carne

 vale  signifiant "adieu  à la chair", une référence non seulement à la viande mais aussi à tout autre plaisir interdit durant les 40 jours de Carême. C'est pourquoi, durant les jours précédant le Mercredi des Cendres, premier jour de Carême, il était coutume dans les pays catholiques de l'Europe Occidentale de manger à satiété et de s'adonner à toute autre débauche rivalisant des fois, les Bacchanales, les Saturnales et les Lupercales de l'Empire romain. » (http://www.haiti-reference.com/loisirs/loisir/carnaval.html).  Ça commence le lendemain de l’épiphanie (le 6 janvier pour les incultes de religion comme moi) pour durer un mois et demi. L’intensité va en augmentant de semaines en semaines. Tous les dimanches soirs depuis le début janvier, le centre-ville de PAP est en liesse. Un peu partout dans la ville, on voit des bandes-à-pieds (200 personnes selon mon œil de Colombo des foules) se diriger sur la place de Champs-de-Mars. Trompettes artisanales et systèmes de son qui postillonnent de la musique, on danse sur les meringues du carnaval, un style de musique près du compas qui ne se joue que durant la période. Arrivées à Champs-de-Mars, les grosses compagnies se font voir avec des stands montés sur les ‘gros camions’ où des danseurs et des danseuses (surtout ces dernières) se dandinent encore une fois au son de grosses boîtes qui postinnollent les meringues. À la télé tous les dimanches soirs, on retransmet les festivités. Tous les haïtiens nous déconseillent d’y aller : « As-tu déjà pris un vrai  bain de foule Jean-François ? » m’A demandé un collègue. Je voyais dans son regard, que la réponse « heu… Festival de Jazz de Montréal » n’était vraiment pas recevable… La période du Kanaval n’est pas simplement une montée dramatique dans le temps, mais dans la géographie également. Chaque commune a sa fête avant la plus traditionnelle, celle de Jacmel, et le hit final, celle de PAP (mardi le 24 février prochain). Dimanche dernier (le 15), nous sommes allés au Kanaval de Jacmel avec Jean-Joseph et sa famille. Jacmel est une ville du sud du pays dont la population doit doubler durant le week-end du carnaval. On nous avait dit qu’il y avait là le plus grand et le plus beau des défilés. La gueule à terre ! Une ingéniosité hallucinante considérant les moyens. Une ambiance complètement délurée.  Un high que je n’avais pas connu depuis longtemps. Un défilé où on retrouve des personnages historiques un peu démoniaques qui représentent les esclaves battus ou tués, des représentants de groupe environnementaux, les zombies, un groupe pour la prévention du SIDA, des animaux réels ou imaginaires, des fanfares, … Un vrai party. Tous les masques sont faits en papier, une richesse de couleur. Vraiment le party. Mardi prochain à PAP, ce sera la grande finale. Des centaines de bandes-à-pieds viendront voir les trois groupes de musique les plus populaires du pays, avant de danser sur la musique des DJ. De 3h00 PM à 3h00 AM. Nous on devrait être dans un stand (estrade) réservé par une compagnie pour voir les trois groupes, mais quitter avant que les Dj commencent à faire swigner leur vinyle.  On prendra une douche après, au lieu du bain de foule.

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