samedi 27 mars 2010

Merci d'envoyer des psy


L’offre et la demande est un drôle de jeu de souk-à-la-corde. Bagay la aura bouleversé ce grand jeu de l’équilibre dans certains secteurs économiques, la psychologie étant l’un de ceux-là. Je sais que des gens n’aimeront pas que je définisse la psychologie comme une ‘activité économique’, mais être fou et bien, ça coûte très cher ! Ici en tout cas, les prix ont fait tout un bond. Je travail actuellement avec des psychologues qui, en fonction de la tête du client, chargeaient entre 500 gourdes (12 $US) et 1500 gourdes (38 $US) pour une consultation. Depuis bagay la, les prix sont passés à au moins 6000 gourdes (150 $US) pour la même séance. En fait, la hausse de la demande est vertigineuse alors que l'offre demeure rachitique. Tout le monde veut consulter et toutes les ONG embauchent des psy pour aider les employés qui étaient là le 12 janvier, ou encore la clientèle qui n’arrive pas à se sortir de la torpeur de bagay la. Parce que des gens qui ne s’en sortent pas, il en rentre tous les jours dans les hôpitaux et les ONG. Au gros max, ils seraient une quarantaine de psychologues dans le pays, difficile de contrôler les prix quand l’offre se fait aussi rare. La chose intéressante dans l’affaire (pour rester dans la dimension économique) est de voir comment au plan de l’acceptabilité sociale, cette discipline a tiré avantage de bagay la. Comme dans le Qc de ma jeunesse, avant le 12 janvier les ayisien entraient chez le psy comme dans la section XXX du club vidéo. À l’inverse du Qc d’aujourd’hui où c’est rendu ‘in’ d’avoir son psy, ici le psy est rendu une nécessité. On rencontre des responsables d’hôpitaux ou du Ministère de la santé qui nous demandent d'augmenter l’offre de service en psychologie : ' il nous faut des psychologues, beaucoup de psychologues'. Pas simple de trouver des psy qui parlent créole, il y a des dimensions de la vie où la traduction (simultanée ou non) frappe durement ses limites... La population a donc grandement besoin d’une aide psychologique, à ajouter avec les tentes et la bouffe dans les containers. Merci !

1 commentaire:

Gaudie a dit…

Pour les enfants oui. Ils sont plus vulnérables et doivent parler pour guérir. Mais je pense que pour les adultes, du travail, un vrais bon salaire, un toit solide, de quoi manger tout les jours, une dignité retrouvée et un avenir sérieux assuré par un gouvernement responsable est la meilleure des thérapies. Bon, si un psy peut donner un coup de pouce au moral des troupes pourquoi pas. N'y a t-il pas des thérapeutes professionnels chez les Haïtien?