mardi 20 avril 2010

Le fatigant

Il y a de ces tristesses dans une vie professionnelle. Pas une grande tritesse quand même, mais une tristesse, disons … triste. Par exemple, quand un pot s’achète un billet d’avion pour Montréal, aller simplement, pas de vol de retour ! On s’habitue à travailler avec ce quelqu’un, se développe un petit quelque chose d’agréable qui nous rend plus efficaces, lui comme moi, son organisation comme la mienne. Le partenaire haïtien tire ‘davantage d’avantages’ d’une synergie satisfaisante pour tout le monde. Ce québécois qui nous quitte cette semaine a d’autres obligations à Mtl, surtout qu’il devait nous quitter en décembre dernier. En fait, il l’avait fait. En vacances en Europe au moment de bagay la, il s’est dépêché à prendre le premier avion pour venir donner volontairement un coup de pouce aux haïtiens. Au cours des trois derniers mois donc, on avait repris la dynamique là où on l’avait laissée en décembre. Il est un peu fatigant dans la mesure où justement il est infatigable, toujours prêt à passer à l’action, jamais à s’arrêter. Fatigant je vous dis. En réunion la semaine dernière, une collègue haïtienne qui le présentait à des visiteurs faisait référence à son jeune âge et en citant Corneille (‘aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années’). J’étais un peu jaloux, ce n’est pas qu’il est vraiment jeune, mais disons qu’il se conserve très bien malgré son début de trentaine. Je vais donc m’ennuyer de lui, de son intelligence, de son entrain et de sa générosité. Il laisse un espèce de vide dans ce qui était devenu mon quotidien. Je sais que je ne suis pas le seul qui serai triste, le genre de gars qui passe dans la vie de tout le monde en laissant une empreinte. Bonne chance Félix, et j’espère qu’il fera frette !!

1 commentaire:

Félix a dit…

Cher Jean-François,

Je viens de lire ton billet sur "le fatigant"... T'as bien raison, c'est vrai qu'il m'achale moi aussi des fois!
Merci pour ce mot, ça me touche beaucoup. Les derniers mois n'auraient pas été pareils sans quelqu'un comme toi, complice dans le crime... celui de vouloir changer le système...
Si j'avais eu à écrire sur toi Jean-François, j'aurais intitulé mon texte "le gars toujours présent". Peu de gens seraient restés à ta place à naviguer entre les débris de béton et les écueils bureaucratiques. A accommoder tout le monde, en véritable hôte de l'urgence, prêt à enlever les fleurs du tapis pour que personne s'enfarge dedans... Il en faut des vaillants comme toi pour continuer le combat, car le mérite dans tout ça, c'est surtout d'être là dans la durée, de demeurer cet appui constant qui empêche l'essoufflement des initiatives. C'est aussi d'être présent comme observateur comme tu le fais, pour communiquer aux autres ce qui se passe sur le terrain, une manière si forte et si juste de faire évoluer les consciences.
Ton ouverture, ta générosité débordante et tous les moments passés en ta compagnie, à jubiler ou à sacrer, font partie intégrante de mes souvenirs d'Haïti.
Je continue à suivre tes péripéties porto-princiennes en attendant qu'on se retrouve devant une bonne bière, au moment où il fera chaud aussi chez nous...

Félix