Sur le vol qui nous amenait à NY, j’ai eu un voisin extraordinaire. Je ne le décris pas trop, des ayisien le reconnaîtraient tout de suite. Disons simplement l’intellectuel, le vrai. Celui qui a une culture générale à vous décrochez la mâchoire. Il m’a fait un analyse de la stratégie canadienne d’immigration dans ses dimensions politiques (donc idéologiques), historiques et économiques avec un niveau de détails inouï… Tout ça pour me faire comprendre l’impact sur la population du pays de la ‘ponction canadienne’ des cerveaux haïtiens. Je connaissais le truc, mais cette démonstration valait mon dix minutes de silence. Une culture assez générale pour être qualifiée d’internationale, un bonhomme qui a tout lu, se rappelle de tout. Celui qui a une subjectivité assez consciente pour comprendre que ses opinions ne dansent pas avec l’objectivité, l’intersubjectivité incarnée. Impressionnant je vous dis. On parlait de l’idée de la démocratie pour les ayisien et je lui disais que j’avais l’impression que l’on confondait moyen et finalité : ‘Je peux bien comprendre l’idée de la démocratie à tout prix, mais pour en faire quoi ?’ Sa réponse m’a plu, vous n’avez pas idée :
-Vous autres les québécois, vous êtes des francophones avec un cerveau d’anglo- saxon. Vous avez ce pragmatisme qui peut anéantir toute forme d’idéalisme. Nous autres les haïtiens, nous sommes des romantiques, on se fout de nos routes brisées, de notre désorganisation …
-Pis les 80% de la population qui ne mange pas tous les jours ?
-Ils ne mangeaient pas plus du temps de la dictature. Ils mangeront mieux quand les Nations-Unies nous laisseront mettre en œuvre une vraie démocratie haïtienne…
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