dimanche 31 juillet 2011
La continuité et la rupture
Asefi est assise sur le bord du découragement. Total. Au moment des élections, elle avait tant espéré que son peuple ne choisisse pas la ‘catastrophe-Martelly’. Et puis, il y a quelque semaines, elle avait elle aussi laissé le nouveau président l’inspirer, elle s’était mise à espérer. Seul l‘ouragan Émilie annoncé pour mercredi pourrait venir brouiller les cartes d’un jeu politique dont la fin annoncés sera le rejet de la candidature de Bernard Gousse. Un deuxième revers pour Martelly qui a vu son premier candidat à la primature (Daniel Rouzier) être évincé par les parlementaires.
- Martelly ne comprend rien à la politique, au jeu politique.
- Il ne comprend rien ou ne veut pas le jouer lui répondis-je. Ne pas le jouer à la façon des parlementaires, j’entends. Il a été élu avec un discours de rupture et les gens aujourd’hui le critique parce qu’il ne s’inscrit pas dans la continuité. Refuser de donner 25 000$ aux sénateurs et députés pour qu’ils appuient Rouzier ou Gousse, je comprends que c’est la rupture.
- Il faut quand même négocier, c’est ça la politique. Martelly s’entête et est en train de nous amener dans un cul de sac politique duquel on ne sortira pas facilement.
- Cul de sac politique … tu parles de quel cul de sac ? Il me semble qu’on y est depuis plusieurs années non ! Je suis surpris de lire ou d’entendre les commentaires de plusieurs experts au sujet de ‘la négociation’ comme essence de la politique dans un contexte démocratique. Pouf… je ne suis pas politicologue, mais ça me semble faux, au moins réducteur. En fait, je ne suis pas trop certain que le problème est la’ négociation’, mais plutôt ‘ce qui est négociable’. Si on comprend ce qui se joue actuellement – la petite prime de 25 000 $ pour les parlementaires contre le contrôle de certains ministère clés –, ça ressemble davantage à de la compromission qu’à de la négociation.
- Il ne pourra pas tout changer en quelques semaines !! La corruption dans mon pays, c’est comme l’air, il y en a partout et c’est une nécessité pour survivre. On est tous d’accord pour dire qu’il faut que ces choses cessent, mais ce n’est pas en se lançant dans cette confrontation que Martelly va javelliser le tout. La seule chose qui est certaine, c’est que s’il ne laisse pas quelques gains aux parlementaires aux différents groupes qui le composent, on se retrouvera à nouveau dans un contexte d’instabilité et de violence politique. Je sais que nous sommes des spécialistes du discours de la ‘vierge offensée’, mais justement, on reste au niveau du discours. Il ne peut pas concrétiser ce discours aussi simplement et rapidement qu’il le voudrait.
-Je ne suis pas certain de te suivre …
- Un gouvernement un peu moins corrompu est sûrement préférable à pas de gouvernement du tout. Martelly se prend pour un idéaliste, un révolutionnaire. S’il transforme notre société, ce sera sur la longueur, pas sur la cassure.
- Mais le système de corruption est assez souple pour ne pas casser. Tant qu’il ne se rompt pas, on nage dans la continuité.
- Vaut mieux un continuité moins corrompue qu’une rupture qui nous entrainerait dans la violence.
- Et Martelly, il préfère quoi selon toi ?
- Je n’ose pas penser qu’il est un adepte de la violence, même si dans la suite des rapports de force politique, ça tournerait à son avantage.
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1 commentaire:
Je ne suis pas si sûr qu'il ne soit pas un adepte de la violence en devenir. Plus ou moins compétent, néoduvaliériste, pro-armée, crisette sur un possible attentat contre sa personne cette semaine, etc. Quand on commence à paranoïer sur sa sécurité, on n'est souvent pas très loin d'installer des salles de torture dans son sous-sol .
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