mercredi 6 juillet 2011
Vite, des poètes
L'amygdalite est une infection des boules dans la gorge qui provoque une inflammation. Le perdiemite est une infection des per diem qui provoque une inflation. On navigue dans les mêmes eaux, il devient plus ou moins facile d'insérer certaines choses dans la gorge. Ok, j'arrête de niaiser. La perdiemite est une expression poétique qu'un collègue africain m'a donné aujourd'hui pour décrire les affres de ces per diem maudits. Le per diem est ce montant d'argent que je reçois lorsque mon travail m'impose de ne pas être à la maison, des frais comme les repas au restaurant, le coucher ou d'autres dépenses relatives à mon déplacement. Financièrement, le per diem est hautement intéressant. Petit exemple. Un médecin qui travaille dans le public gagne 23000 gourdes par mois, un peu moins de 600$US pour quatre semaine de travail. Si je l'invite à venir avec moi participer à une activité qui implique un déplacement de 24 heures, il recevra en per diem autour de 80$US. Faites le calcul, sept jours avec les canadiens durant le mois et il double son salaire. S'ajoutent quelques jours dans le mois avec les américains, avec l'OMS et avec l'UNICEF, et on appelle ça arrondir les fins de mois. La première difficulté avec ces fichus per diem, c'est que ça devient un moyen privilégié pour mobiliser les partenaires haïtiens à participer aux activités issues de nos projets. De ce point de vue, les théoricien de l'économie ont le haut du pavé : plus le gain attendu est important, plus la motivation est grande. Le deuxième problème est que le per diem varie en fonction des partenaires, ce qui devient un des outils supplémentaires de compétition entre les bailleurs/ONG. Les ayisien savent bien que pour tel genre d'activités, vaut mieux travailler avec les canadiens qui sont moins chiches, mais pour une autre activité, ils choisiront les américains plus généreux. Ils magasinent donc leur participation à nos activités en fonction entre autres de cette dimension. Je sais que vous vous demandez pourquoi tout ce beau monde de blancs ne s'agencent pas, c'est que les économistes ont le dessus sur les poètes.
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