mercredi 25 août 2010
Intimité
Depuis bagay la, il y a ces espaces publiques qui se sont vêtus de nudité, d’intimité. On fait souvent référence au fait que la vie haïtienne ne se déroule pas dans la maison, que l’espace domestique et publique se noient dans le même bain : ‘Ru la se salon pèp la’(La rue est le salon du peuple). Depuis le 12 janvier, on côtoie tous les jours cette presque nudité, masculine comme féminine, qui se douche un peu partout sur le pourtour des camps. L’image est toujours très sensuelle : Ces corps, beaux comme laids, sur lesquels glissent une eau qui lustre la peau noire, un savon blanc qui la contraste. Sous une chaudière d’eau, des yeux fermés sur lesquels glisse le savon, des mains qui fébrilement frottent les parties du corps. On se lave dans la rue comme on y fait nos besoins, plus ou moins à l’écart des regards qui n’ont même pas besoin d’être indiscrets. Il n’y a plus d’autres places... Pour une culture puritaine comme celle de laquelle je suis issu, c’est toujours intriguant. On avait pris l’habitude de voir ces scènes dans les campagnes, mais en plein cœur de la ville ! Autour de moi, plusieurs ayisien sont froissés par l’émergence de ces scènes privées dans l’espace publique, davantage que par la nudité. Comme si le décorum du ‘pseudo-civisme’ de la ville se voyait entaché par ces scènes trop communes de la vie quotidienne. ‘Ça se dégrade’ qu’ils me disent, comme si les gens perdaient la partie lustrée de leur humanité, que l’animalité reprenait le dessus. Il ne faut que réfléchir cinq minutes aux conditions de vie de ces centaines de milliers d'Haïtiens depuis bagay la, et la négation d'humanité nous saute aux yeux.
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