jeudi 23 septembre 2010

Marchandes


Regardez cette silhouette transporter habilement quelques douzaine d’œufs, sa démarche a de la verve. Elle fait le tour de des petits kiosques du quartier de Martissant pour vendre ses œufs. Les haïtiens déjeunent dans des petites binneries installées sur les trottoirs. Une femme, une chaudière (chaudron) et un réchaud au charbon. Elles sont plusieurs les unes à côté des autres. On mange des spaghettis avec des œufs, de la saucisse, du ketchup ou de la sauce piquante. C’est une des activités économiques informelles qui envahissent tous les trottoirs passants de PAP. On peut y acheter de tout. C’est à cause de ce genre d’activités que les statistiques économiques du pays sont toujours difficiles à interpréter. On parle de 70% de sans emplois en Ayiti alors que dans les faits, ils sont des centaines de milliers à survivre de ces petits commerces. Je ne suis pas en train d’écrire que la situation de l’emploi n’est pas si tragique que peut le faire croire l’analyse des grandes données économiques, mais seulement d’inscrire une nuance difficile à documenter dans ces efforts de compilation de données économiques. Il faut voir tout le marché qu’il y a derrière ces activités informelles, tous les acteurs (importateurs, distributeurs et vendeurs au détail) ainsi que l’organisation de l’espace commercial. Tu trouves à tous les matins (dès 5h30 ou 6h00) les gens qui installent leur kiosque. Aucune enseigne sur le trottoir, mais tout le monde sait bien que c’est la place de Getruna. Il y a également les itinérantes qui circulent avec leur matériel, elles n’ont pas encore réussi à faire leur place dans le marché. Dans la journée, passent les distributeurs. La femme qui vend des souliers (souliers usagés parfaitement cosmétiqués pour donner l’impression d’être neufs) reçoit ses distributeurs qui stationnent leur camion (à moins qu’ils aient loué un tap-tap) et qui offrent leurs marchandises. Même chose pour la femme qui vend du poulet, des fruits, du linge, …. Pour les vendeurs de fruits ou de poulets vivants, ce sont les madan sara qui descendent avec le matériel sur la tête pour venir renflouer le stock. Le plus impressionnant est de voir que la majorité des acteurs de cette économie informelle sont des femmes. Celles qui arrivent à apporter à la maison les kob nécessaires pour faire manger la famille. Pas plus malheureusement. On me disait que dans une bonne journée, pour ces femmes qui travaillent 12 heures par jour, on arrive à se faire profit 10 $US. Dans le contexte où 80% de la population gagne moins de 2 $US par jour, ça peut sembler une bonne affaire. Ça demeure toutefois insuffisant pour inscrire les enfants à l’école…

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