lundi 22 août 2011

L'éditorial de Marcus


Le matin en voiture, je gère les chaines de radio. Entre autres, j’aime bien entendre Marcus raconter les nouvelles d‘un peu partout. Dès que sa collègue prend le micro toutefois, je change de chaine. On appel ça une allergie. Je sais que des gens trouvent que Marcus s’écoute trop parler, mais j’aime l’entendre s’écouter. Vers 8h10, il fait son éditorial que je ne manque pas trop souvent. J’apprécie les opinions, l’information on peut la trouver partout. Ce matin il a poussé un éditorial qui m’a laissé de glace, tellement qu’on aurait pu arrêter la clim ! Martelly serait impliqué dans un vaste complot continental pour que la droite reprenne sa place en Amérique du sud … Le bonhomme (je parle de Marcus) n’y est pas allé avec beaucoup de précaution, d’hypothèse ou de conditionnel pour présenter son analyse, il était en fait lourdement dans l’affirmatif. La beauté de l’affaire avec la théorie du complot, c’est qu’elle est toujours ‘logique’, un peu comme le délire d’un paranoïaque. La logique n’est malheureusement pas l’unique critère pour valider de la pertinence d’une théorie et j’avoue que de ce point de vue, j’aimerais bien prendre un rhum ou une Prestige avec Marcus. Question de mieux comprendre la pertinence ou l’intérêt du propos. En fait, des choix pseudo erratiques de Martelly pourraient trouver leur sens dans cette grande mouvance de la droite américaine (on parle ici du Tea Party) de ramener les pays d’Amérique du sud dans le giron de la grande famille politique de la droite conservatrice. Par exemple, le choix ‘faussement absurde’ de son premier voyage officiel en Espagne (un pays qui aurait avec Haïti des liens très ténus) lui aurait permis d’attacher un fil essentiel avec un représentant politique de l’opposition de droite, un deuxième voyage au Chili auprès du presque seul gouvernement de droite dans la région, le ‘refus’ de deux gouvernements de gauche de le recevoir (Argentine et Brésil) et son équipe très rapprochée parachuté des USA (surtout sur les dimensions ‘communication’) aux très fortes odeurs conservatrices sont des symptômes qui mis ensemble, offre à la chaire le squelette dont la théorie a besoin pour prendre forme. L’annonce du retrait éventuel des forces brésiliennes présentes au sein de la Minustah confirmerait cette guerre idéologique dans laquelle Martelly, comme un cheval de Troie, aurait relancé la région du sud du continent américain. Son absence de lien avec le Venezuela de Chavez serait un autre symptôme de cette guerre. Ce Chavez qui donnerait plus par tête de pipe que les américains (c’est Marcus qui citait Clinton !!), qui propose son carburant à un prix ridicule et qui finance les brigades de médecins cubains installées partout dans les zones reculées du pays. Comment vivre sans ce Chavez ? Le genre de défi que le chevalier de la droite devra gérer mais autour duquel il ‘a pas encore osé danser. Non, il préfère le Chili et l’Espagne, deux pays mineurs dans le contexte. Toujours selon la théorie proposée, Martelly aurait donc un mandat téléguidé des Etats-Unis : Sortir Haïti de ce giron d’une gauche (pseudo pour être simpliste) issue des gouvernements Aristidien-Prévalo qui se sont succédés depuis 20 ans, et ouvrir ainsi la voie à une transformation idéologique complète du sud du continent. Martelly, comme chevalier de la droite en Amérique du sud ? Dans ma petite tête d’imbécile, l’enchainement d’une série d’évènements, même logiquement agencés, ne garantit en rien la véracité de l’analyse. Je reste perplexe, le doute est l’une de mes marottes. Dans toutes mes contradictions, la naïveté est une de mes qualités… J’invite donc Marcus, s’il navigue sur mon blogue, à prendre un verre. J’assume tous les frais, même s’il faut casser la croûte, pour qu’il puisse m’exposer la profondeur de son analyse. J’ai besoin de comprendre. Vous allez penser que la photo n’a pas de sens avec le propos !? Je l’ai faite il y a quelques semaines à la mer. Ce jeune haïtien regardait sa journée de ‘faiseur de château de sable’ se terminer en regardant l'horizon. On pouvait lire une certaine tristesse dans sa posture. S’il faut qu’Haïti porte le mandat annoncé par Marcus, ils seront plusieurs ‘découragés’ à regarder 'lot bò dlo' en se demandant dans quelle galère impossible on les a encore une fois inscrits.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La paranoïa c'est d'imaginer de la logique là où il n'y en a pas. Haïti est donc un terrain fertile pour la paranoïa .

Monise, Marie, Philippe a dit…

Coucou Jean-François, si tu arrives à rencontrer Marcus, tes explications seront les bienvenues.
Cette photographie est magnifique.

Biz à toi et Joe

Marie

Olivier Thomas a dit…

Si tu arrives à l'avoir pour un verre, tu m'appeleras, je suis sûr que ça fera une belle discussion. Sinon, appeles moi quand même et on s'écoutera sans lui! A bientôt,

Olivier