jeudi 21 mai 2009

Ram

Un groupe de musique très populaire en Haïti. Populaire, mais pas aussi simplement populaire : Claudette refuse d’écouter la musique de Ram, son pasteur protestant ne veut pas que ses fidèles écoutent cette mizik rasin (musique racine), ou la mizik rara. Le chauffeur lui, écoute Ram mais ne va pas voir leur spectacle, faut quand même démontrer un peu de flexibilité face au dogme protestant. Ram fait une mizik rara où l’on sent les effluves du vaudou. Ram, c’est avant tout un couple. La chanteuse et son mari, Richard Auguste Morse (d’où le nom RAM), un américain qui chante sur certaines des chansons mais qui, présent sur scène, fait des back-vocal et joue des percussions. Il a surtout l’air d’un espèce de ‘baron' un peu psychédélique qui se coiffe d’un foulard de soie, foulard de soie très présent dans les rites vaudous. Arrivé ici dans le milieu des années 80, il a fondé Ram au début des années 90 et, tous les jeudi soir, le groupe joue dans un superbe hôtel au centre-ville de PAP, l’Hôtel Olofson. Bâtiment construit en 1887 dont la structure de bois, peinte en blanc, a été le décor du livre et du film Les comédiens : Elisabeth Taylor et Richard Burton se sont donc donnés la réplique dans ce lieu … mythique. Ce très bel édifice, qui mériterait toutefois quelques rénovations, accueille tous les jeudi soirs une foule bigarrée : expats, vieux couples haïtiens, jeunes prostituées de 14 à 18 ans et leur proxénète, quelques énergumènes branchés directement sur les ondes vaudouistes, mafieux, jeunes à la recherche de chaire, policiers de la PNH, etc. La salle de l’hôtel où Ram se produit, à moitié dans l’édifice l’autre moitié appuyée sur le rocher d’une falaise, est complètement remplie. Un vrai party. Impossible de ne pas danser, coincés les uns sur les autres et envoutés par la musique, tout le monde se fait aller le popotin. N’essayez surtout pas de rester assis ou de faire un dodo même si le spectacle commencer vers minuit… Une bonne dizaine de musiciens qui jouent des instruments ‘occidentaux’ mais surtout des instruments traditionnels du vaudou. Il y a entre autres des joueurs de kone (prononcer koné, cornet), une forme de trompette sans clé construite directement dans une feuille d’aluminium roulée et soudée. On leur fait un petit cornet au bout, j’imagine pour le style. Ou quand tes talents d'écrivain sont limités, une sorte de trompette du Carnaval de Québec. Le son qui sort de cette pseudo-trompette manque donc de toute finesse, mais s’assure d’envouter tout le monde. Ils sont 3 à jouer de ce kone qui laisse sortir une note pulsée qui varie en fonction de sa longueur et de son évasement (je parle du kone). À certains moments, les joueurs de kone soufflent dans plus d’un kone à la fois ! Allez sur Youtube voir leurs exploits http://www.youtube.com/watch?v=FlkeDcssZFE&feature=related et réservez votre billet d’avion pour une semaine à PAP. Ça vaut le détour.

1 commentaire:

yoyolavigueur a dit…

Que de bons souvenirs en effet.
Beau récit de l'ambiance.
@+