Pour les vacances, je fais comme les chaînes de télé, je 'repasse' les vieilles émissions. Voici donc des billets écrits dans la première année de cette aventure, avant que bagay la se fasse connaître. De retour pour vrai à la Fête du Canada, le premier juillet.
Billet publié le 22 juin 2009.
Vendredi soir, en pleine pluie diluvienne, nous nous sommes rendus à Carrefour, un secteur très défavorisé du pays qui a la caractéristique de recevoir une bonne partie des eaux qui tombent sur PAP. Trois pieds au dessus du niveau de la mer, les marchandes de Carrefour (et de Martissant son voisin) ont les pieds dans l’eau presque 12 mois par année. Flottent sur cette eau brune tous les fatras qui sont descendus du haut de Petion-Ville et des mornes surpeuplés. La scène est difficile à regarder. Pas encore osé la sentir. La voiture roule dans un bon pied d’eau pour nous amener dans une soirée vaudou. Le rectorat de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a organisé cette petite soirée pour une dizaine d’universitaires venus d’un peu partout dans le monde aider Haïti à réfléchir sa réforme universitaire. Ayant appuyé l’UEH dans l’organisation de trois jours de réflexions sur la question, nous avons été invités à se joindre à l’aventure. Un deux heures bien intense, et ce même si la cérémonie était ‘framée’ pour éduquer des incultes. On a eu droit à la présentation d’un Wougan (ou Ougan ou encore Hougan, prêtre vaudou) qui nous a expliqué les différentes étapes de la cérémonie, ses dimensions symboliques et le rôle joué par les différents acteurs. Les tam-tams ont commencé à se faire aller et les danseurs-chanteurs ont pris place. Pendant près de deux heures, le rythme a lentement monté en intensité jusqu’au sacrifice d’une poule. Je n’ai pas tout saisi de cette aventure dans la mesure où nous avons vu qu’une infime partie de ce qu’est le vaudou haïtien. Ce qui m’a intéressé davantage – et sur lequel je devrais me pencher avant de quitter cette île – c’est la récupération haïtienne du vaudou (dont l’origine serait du Bénin) par les esclaves, et surtout la fonction sociale que ces pratiques ont joué tout au long de l’histoire du pays. Comme si le vaudou avait été le seul espace à appartenir en propre aux esclaves venus d’Afrique. Afin d’éviter les très grandes pressions des catholiques exploitants, les haïtiens auraient intégré à leur pratiques vaudous plusieurs symboles religieux des maîtres. Ce qui fait du vaudou haïtien, en apparence du moins, un melting-pot symbolique où se croisent les divinités vaudous, Saint-Pierre et une multitude de croyances animistes. Ici, on dit que 90% des gens sont vaudouisants dans la mesure où plusieurs pratiques ou attitudes de la population tirent leurs racines dans le vaudou : ici par exemple, on passe voir le Wougan avant d’aller consulter un médecin. À l’inverse, une minorité de la population pratiquerait réellement les rites vodous. Sujet un peu tabou (décrié par les autorités catholiques et protestantes), il semble que nous ne réussirons pas à voir une vraie cérémonie vaudou…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire