samedi 28 février 2009

Kanaval : Comment la pauvreté peut-elle créer autant de richesse ?

Plus d’une semaine sans billet. C’est normal, c’était le Kanaval. On m’avait annoncé que tout était au ralenti durant cette période et c’est effectivement réel. En plus, trois jours sans Internet, c’est le Kanaval ! J’en ai profité pour aller voir la fête au centre-ville de PAP, le dernier soir, celui du mardi-gras. Depuis déjà dimanche soir, les haïtiens se faisaient aller le popotin dans les rues. Le mardi, la police avait annoncé qu’elle tolèrerait les fêtards jusqu’à 5h00 du matin. Le Président avait annoncé congé national pour le mercredi des cendres, question de laisser à la population le temps de se reposer des trois derniers jours. Je vous le jure que les gens en avaient besoin ! La vidéo sur ce billet a été tournée avec la fonction vidéo d’une petite caméra numérique, mais elle vous donnera une bonne idée de l’atmosphère, de la foule, de la musique et de l’état des haïtiens. Juno et Mario, deux médecins avec qui je travaille nous ont accueillis sur leur stand, un stand qui peut recevoir une centaine de personnes. En groupe, on divise le prix de la location de l’espace et la construction du stand. Sur le billet qui te donne le droit d’entrer il est écrit ‘les amis de nos amis sont nos amis’. Belle entrée en matière. Le stand s’appelle Sans-Soucis (comme le palais près de la citadelle) parce que comme dit Mario, on est sans soucis. On est arrivé sur place vers 5h30 juste avant que la foule commence à être trop compacte. Plus la soirée s’enfonçait, plus l’atmosphère s’approchait du délire. Dans la montée, Juno tout enthousiasme m’a dit en me shakant les épaules et en insistant sur chacun des mots : « C’est comme une thérapie collective !». Effectivement, du ti-moun au grand-moun (ils seraient près près de 300 000 personnes à tous les soirs), les hanches se font aller. Sur ce point, je ferai un doc Mailloux de moi-même. Les noirs ont sûrement une constitution de ligaments pas mal plus souple que les blancs. À les voir danser, on a le sentiment d’être un manche de ballet. Les bandes-à-pieds (fanfares) et les personnages costumés défilent pendant près de 5 heures. Difficile d’imaginer qu’une si grande pauvreté puisse créer autant de richesse. Après, c’est au tour des groupes de musique les plus populaires de défiler sur des chars tirés par un camion, camion qui tire également une génératrice qui crache sa fumée noire. Il doit y avoir 237 caisses de son sur chacun de ces chars. La foule devient de plus en plus folle, plus la soirée avance, plus les groupes sont hot. On est parti au moment ou Barikade Crew arrivait… le groupe hip-hop le plus populaire et autour duquel il y a une histoire dramatique au possible. Après un concert l’année dernière, une partie des musiciens dont le chanteur ont pris la route et se sont plantés dans un ravin. La blonde du chanteur s’est suicidée sur le champ en apprenant la nouvelle. Une grande messe nationale a eu lie sur Champs-de-Mars pour leurs funérailles. Le reste du groupe continue de rouler sa bosse et tous les haïtiens connaissent les paroles de leurs chansons par cœur. Quand Barikade Crew est arrivé donc, on tentait de se déplacer dans la foule pour revenir à la maison (vers 11h00). Jammé complètement dans une foule. Tes pieds ne touchent pas à terre, mais tu danses quand même. J’avais les oreilles et les yeux complètement éclatés, les oreilles par le son et les yeux par la blancheur des 200 sourires qu’il y avait dans ma bulle. Jo et moi étions accrochés à Jean-Joseph (le chauffeur) et à Elvire (sa femme). Pendant dix minutes, on a vécu un petit stress où se mélangeait le trip d’être dans une ambiance aussi intense, et la crainte d’être dans cette foule haïtienne. La violence en Haïti est toujours assise sur le bord de sa chaise, au Kanaval c’est toujours un peu risqué. À cet effet, la situation a été très positive cette année. Seulement deux personnes écrasées par les camions qui trainent les chars, et 160 blessés. Quelques arrestations à cause de batailles. Il parait que c’est une très belle année !? C’est vrai que si on compare avec le Carnaval de Rio…

jeudi 19 février 2009

Le Kanaval

Moi qui suis originaire de la ville de Québec, je pensais tout 

connaître du carnaval. À l’époque joyeuse de mon adolescence, on collectionnait les feux sauvages lors de ces deux semaines de festivités hivernales. Ici en Haïti, le carnaval est plus sérieux et plus festif. « Le Mot carnaval vient du latin carne

 vale  signifiant "adieu  à la chair", une référence non seulement à la viande mais aussi à tout autre plaisir interdit durant les 40 jours de Carême. C'est pourquoi, durant les jours précédant le Mercredi des Cendres, premier jour de Carême, il était coutume dans les pays catholiques de l'Europe Occidentale de manger à satiété et de s'adonner à toute autre débauche rivalisant des fois, les Bacchanales, les Saturnales et les Lupercales de l'Empire romain. » (http://www.haiti-reference.com/loisirs/loisir/carnaval.html).  Ça commence le lendemain de l’épiphanie (le 6 janvier pour les incultes de religion comme moi) pour durer un mois et demi. L’intensité va en augmentant de semaines en semaines. Tous les dimanches soirs depuis le début janvier, le centre-ville de PAP est en liesse. Un peu partout dans la ville, on voit des bandes-à-pieds (200 personnes selon mon œil de Colombo des foules) se diriger sur la place de Champs-de-Mars. Trompettes artisanales et systèmes de son qui postillonnent de la musique, on danse sur les meringues du carnaval, un style de musique près du compas qui ne se joue que durant la période. Arrivées à Champs-de-Mars, les grosses compagnies se font voir avec des stands montés sur les ‘gros camions’ où des danseurs et des danseuses (surtout ces dernières) se dandinent encore une fois au son de grosses boîtes qui postinnollent les meringues. À la télé tous les dimanches soirs, on retransmet les festivités. Tous les haïtiens nous déconseillent d’y aller : « As-tu déjà pris un vrai  bain de foule Jean-François ? » m’A demandé un collègue. Je voyais dans son regard, que la réponse « heu… Festival de Jazz de Montréal » n’était vraiment pas recevable… La période du Kanaval n’est pas simplement une montée dramatique dans le temps, mais dans la géographie également. Chaque commune a sa fête avant la plus traditionnelle, celle de Jacmel, et le hit final, celle de PAP (mardi le 24 février prochain). Dimanche dernier (le 15), nous sommes allés au Kanaval de Jacmel avec Jean-Joseph et sa famille. Jacmel est une ville du sud du pays dont la population doit doubler durant le week-end du carnaval. On nous avait dit qu’il y avait là le plus grand et le plus beau des défilés. La gueule à terre ! Une ingéniosité hallucinante considérant les moyens. Une ambiance complètement délurée.  Un high que je n’avais pas connu depuis longtemps. Un défilé où on retrouve des personnages historiques un peu démoniaques qui représentent les esclaves battus ou tués, des représentants de groupe environnementaux, les zombies, un groupe pour la prévention du SIDA, des animaux réels ou imaginaires, des fanfares, … Un vrai party. Tous les masques sont faits en papier, une richesse de couleur. Vraiment le party. Mardi prochain à PAP, ce sera la grande finale. Des centaines de bandes-à-pieds viendront voir les trois groupes de musique les plus populaires du pays, avant de danser sur la musique des DJ. De 3h00 PM à 3h00 AM. Nous on devrait être dans un stand (estrade) réservé par une compagnie pour voir les trois groupes, mais quitter avant que les Dj commencent à faire swigner leur vinyle.  On prendra une douche après, au lieu du bain de foule.

samedi 14 février 2009

Première expérience troublante avec la justice haïtienne : un vendredi 13 qui se termine bien

Après une première aventure chez le barbier, j’ai vécu cette semaine une deuxième première expérience. Un peu plus troublante celle-là. En partance de PAP très tôt le matin pour aller participer à une réunion à Montrouis (dans un bel hôtel en bordure de mer quand même), on a fait deux heures de bagnole un peu stressés. Il fallait sortir de PAP avant que les manifestations de Fanmi Lavalas commencent, elles commençaient à 7h00 selon un courriel de l’UAPC (Unité d’appui au projet Canadien). Bordel sur les routes même à 6h30 du matin ! À Montrouis, un accident. Un taxi-moto s’enfonce dans la Patrol. Rien de grave heureusement, une bonne frousse et quelques égratignures pour le chauffeur et sa cliente, et un niveau de stress élevé dans la cabine. Avril (un autre des chauffeurs du projet) me demande de rester dans la voiture et va s’enquérir de l’état des passagers de la moto. Attroupement autour de la bagnole, un peu d’énervement et d’engueulade entre les passants et le chauffeur à qui je dis que je vais me rendre à pied à l’hôtel (deux minutes de marche) aller chercher un médecin. C’est l’avantage de travailler dans le secteur de la santé, il y a toujours un médecin ou une infirmière à portée de main. Avril installe la cliente et le chauffeur dans la Patrol et les amène à l’hôtel ou un médecin constate que tout est OK sauf pour quelques égratignures. On arrive assez rapidement à la conclusion qu’Avril doit quitter l’hôtel avec ces deux blessés pour aller au commissariat le plus proche afin d’aller compléter les formulaires d’usage. Avril est un peu ‘shaké’ et je propose de l’accompagner.  Tous les haïtiens autour réagissent : « va surtout pas te montrer le bout du ‘né’ blanc au commissariat, le chauffeur et toi pourriez être dans de beaux draps. » Avril quitte pour le commissariat avec Sabella, une des secrétaires du projet. Conclusion rapide des policiers : le chauffeur de taxi-moto est responsable de l’accident. À sa charge en plus, il n’a pas de permis de conduire, pas de papier d’identité ni d’immatriculation pour la moto. Résultat, on l’emprisonne.  Pauvre mec, t’aurais dû rester coucher ! Combien de temps sera-t-il en dedans ? Personne ne pouvait le dire. Disons égoïstement, que jusque-là, tout semblait bien se dérouler pour nous. Des complications sont apparues quand les policiers ont confisqué les papiers d’identité du chauffeur, les immatriculations et assurances de la Patrol jusqu’à ce que le dossier de la cliente soit réglé. Sabella nous expliquait tout ça au téléphone et j’avoue que je n’étais pas du tout assuré de comprendre... En fait, la cliente, et ses parents qui étaient débarqués au commissariat entretemps, voulaient qu’on leur donne de l’argent afin de faire passer des radiographies et être confortés quant à l’état de la fille. Les policiers et la famille voulaient également aller directement devant un juge de paix pour aller ‘officialiser ’ le rapport de police et une entente sur le paiement de la radiographie. Le chauffeur et la secrétaire un peu paniqués par les nouveaux développements – Avril n’avaient pas besoin de ça pour être paniqué ! – ne savaient pas trop par quel bout prendre le problème. Tout ça se déroule au cellulaire bien évidement ! Il ne faut absolument pas que je sois sur place. Les policiers, le juge, la cliente et sa famille en profiteraient pour compliquer encore davantage les affaires : j’ai un signe de ‘piasse’ dans le front. Ils se déplacent donc devant le juge qui, après quelques énervements dans la salle d’audience, a simplement entériné le rapport de police et a rappelé à la famille que la personne responsable était le chauffeur de taxi-moto. Ça veut dire oubliez-ça si vous pensez à un recours quelconque. Avril a pu reprendre l’ensemble des papiers et revenir à l’hôtel juste à temps pour manger. Sabella nous a vraiment sortis du trouble. Quant à moi, j’avoue une certaine frustration d’être empêché d’agir dans ce genre de situation. Au bout du fil dans une salle de réunion, tu sais que les gens qui travaillent pour toi se dépatouillent avec un système sans règles, sans repères. Que leur arrivera-t-il ? Avril aurait pu se ramasser derrière les barreaux si, ce matin-là, si le policier s’était levé du pied gauche. Ou encore si le gars sur la moto avait eu plus de cash ou de pouvoir que nous. J’ai aussi compris dans les échanges cellulaires la panique d’Avril : en plus de la responsabilité à l’égard des personnes impliquées, s’ajoutait dans ses silences le « vais-je perdre ma job ? ». Tu sais tout ça, tu sais que la situation peut balancer d’un côté ou de l’autre, mais t’es coincé dans une impuissance forcée. Forcé par ta mauvaise compréhension de la langue, par ton ignorance de pseudo-règles qui peuvent s’appliquer dans ce genre de situation, par la couleur de ta peau, par l’épaisseur supposée de ton portefeuille, par ton incompréhension de ce que la faim peut amener un juge, un policier ou une famille à faire, ainsi que par une rationalité d’une logique trop simpliste pour pouvoir naviguer dans un environnement aussi complexe. Mon premier vrai choc culturel. J’ai repris la roue pour revenir, Avril a lourdement dormi une bonne heure.  Un silence paisible régnait dans la Patrol. 

mercredi 11 février 2009

Première visite chez le coiffeur

C’est fait, première visite chez un coiffeur haïtien. On m’avait averti que ça pouvait être une aventure intéressante. Le hic, c’est que les barbiers haïtiens n’apprennent à peu près pas à utiliser les ciseaux. Tout se fait à la tondeuse! Les cheveux crépus des noirs n’ont rien à voir avec la chevelure souple des blancs blancs. J’ai donc du l’arrêter avec son clipper et le forcer à sortir des ciseaux, des ciseaux qui arrachaient davantage qu’ils ne coupaient ! Ma blonde a réagi de manière positive : « Il ne pouvait pas faire pire ! » 

Ayiti se tè glise

La situation politique dans le pays commence à déraper ; recommence ou continue à déraper, c’est selon.  Les élections sénatoriales prévues pour le 19 avril prochain, où le tiers des sièges des sénateurs sont sur la table, commencent à troubler la paix relative dans laquelle nous vivions depuis notre arrivée.  En premier lieu, plusieurs groupes se sont mobilisés dès l’automne dernier pour reporter ces élections à l’automne 2009, en même temps que doivent avoir lieu des élections générales pour le choix des députés et des magistrats. Pour ceux qui souhaitaient un report, le pays devait se remettre d’une année 2008 qui a été passablement mouvementée. Crise alimentaire en mars et avril, absence de gouvernement entre avril et août, les ouragans de la fin de l’été et la crise économique mondiale.  En plus, le pays n’a pas un rond qui l’adore. Les élections coûteront 11 millions de dollars américains, 5 fournis par le pays et 6 par l’aide internationale. On souhaitait ainsi que les efforts du gouvernement soient concentrés sur les travaux de reconstruction du pays, au lieu de dépenser du cash pour faire des élections. Il me semble que nous avons entendu ce discours au Canada et au Québec au cours de l’automne dernier… Préval et le Conseil électorale provisoire (CEP) en ont décidé autrement, il y aura comme prévu des élections sénatoriales en avril 2009. Pour ces élections, le CEP a reconnu la légitimité de 65 candidatures pour les 12 postes à combler, 65 sur les 104 qui avaient proposé leur candidature. Quand tu te présentes, tu dois déposer un dossier contenant 12 documents dont l’un qui prouve hors de tout doute ton haïtianité (je vous rappelle que la double citoyenneté n’est pas reconnue en Haïti) et un certificat de bonnes mœurs émis par la police ou un juge de paix. Chez les candidats non retenus, on trouve des criminels reconnus sur qui des accusations sont actuellement courantes. Il y en a même un qui fait l’objet d’un mandat international émis par les américains. Ces gens sont capables de mobiliser un bon nombre d’haïtiens à manifester. Le hic politique, c’est que 19 des candidats non retenus sont du parti d’Aristide… Dans la loi haïtienne, le chef du parti doit autoriser ta candidature. Aristide est en exil en Afrique, il n’a donc pas été en mesure d’autoriser la candidature de ses 19 amis. Les ambassadeurs américain et canadien sont sortis publiquement pour demander au CEP de ne pas entacher la légitimité du processus démocratique en excluant un parti. Pour simplifier les affaires, le parti de Titide est splitté en deux factions ennemies, deux factions qui s’insultent à qui mieux mieux sur la place publique. Y parait en plus que l’absence de Fanmi Lavalas servirait le parti de Préval, Lespwa (Espoir). 33 partis (rien que ça !) présentent des candidats. Certains qualifient d’auberge espagnole la structure des partis politiques. On passe allégrement de l’un à l’autre. Pour le moment, les expats comme nous, sommes sur le Qui-vive.  Le gouvernement canadien nous demandé de ne pas trop se promener ; un secteur de la ville est presque fermé. Les choses pourraient déraper. Ayiti se tè glise. Haïti, c’est très glissant.

dimanche 8 février 2009

Il est maintenant temps d’être sérieux…


Mon dernier blogue avait un petit côté léger, sympathique. Il ne faudrait toutefois pas oublier qu’on vit en Ayiti, l’un des pays les plus pauvres et des plus désorganisés de la planète.  S’il est impossible d’analyser simplement la très grande complexité des facteurs associés à cette réalité, il faut au moins se questionner sur la gouvernance de la Perle des Antilles…  Actuellement, les rues sont pleines de manifestants.  L’organisation des élections sénatoriales (avril prochain) génère des montées-de-lait auprès de plusieurs groupes, les partisans du parti Fanmi Lavalas entre autres (le parti d’Aristide).  Si pour les uns, la Commission électorale provisoire est responsable du fait que des groupes s’époumonent sur la place publique et augmentent une instabilité continue, pour les autres, il ya toujours du monde qui ont intérêt à ce que le bordel soit maintenu, élection ou pas.   Outres ces partisans en furie, 4000 à 5000 professeurs des écoles publiques sont actuellement en grève à cause d’un arriérage salarial de … (vous êtes bien assis ?) de deux à trois ans !  Rien que ça.  Tu travailles tous les jours depuis deux ans et ton boss te dit ‘oui oui, tu vas être payé demain.’  Un ex-ministre de l’éducation a créé, il y quatre ans, un réseau d’écoles publiques afin de permettre aux enfants vivants dans les régions plus éloignées et aux enfants les plus défavorisés des grands centres, d’avoir accès à l’éducation. Dans ce beau pays, un seul ministère gère et possède du cash, le Ministère de l’économie et des finances. Il est le seul à pouvoir fournir la lettre de nomination qui confirme ton statut d’employés de l’État peu importe le ministère à l’intérieur duquel tu travailles.  Si tu n’es pas sur sa liste, tu ne reçois pas de chèque.  Le Ministre de l’éducation de l’époque et ceux qui l’ont suivi n’ont donc jamais été en mesure de faire valider leur politique d’éducation auprès du ministère du cash, personne n’a reçu sa lettre de nomination ni un rond depuis au moins deux ans.  Selon des documents qui circulent dans les mains des coopérants canadiens, l’arriérage salarial correspondrait à 911 millions de gourdes (près de 23 millions de dollars américains). Pour faciliter  les choses, il est important de noter que 90% du budget de l’éducation est lié à l’aide étrangère (en santé, la dépendance atteint 98% !).  La première ministre actuelle, son ministre de l’éducation et son ministre de l’économie ont donc un gros problème sur les bras : trouver du cash pour rembourser les professeurs lésés depuis plus de deux ans et assurer pour l’avenir le financement des politiques d’éducation du pays.  Où trouveront-ils cet argent pensez-vous ?

mercredi 4 février 2009

Pour rire un peu...

Quand on débarque dans un nouveau pays, on est souvent amusé ou intrigué parce que qu’on ne connait pas. Les fruits et les légumes jamais goûtés, des expressions jamais entendues, …  Par exemple, ici, on dit polis kouche (police couchée) pour désigner les dos d’âne qui ralentissent la circulation dans les rues. Les noms des départements, des arrondissements, des communes ou des villages représentent un trésor d’occasion de faire sourire.  Côté culinaire par exemple, on peut passer par Marmelade (ville du président Préval), Trou-Bonbon, Port-à-Piment, Abricots, ZorangeCitronnelle, LimonadePort-SalutBrochette ou Pignon.  Pour ceux qui aiment boire, on a Grand-Gosier et pour les cuisiniers, on a Fourneau. Au Québec, quand on dit qu’on vit dan un trou, ça sonne quelque chose dans le style pas trop intéressant, pas trop stimulant. Ici, des trous, on en a plusieurs mais qui valent le détour. Déjà nommé, on a  Trou-Bonbon qui est plus grand que Petit-Trou-de-Nippes mais plus petit que Trou-du-Nord. Près de PAP, on a Laut Bor Trou (L’autre-Bord-du-Trou) qui comme son nom l’indique, se trouve de …. Il y a Trou-Canari aussi. Tout seul dans son coin, on a Moron, une commune dans l’arrondissement de Jérémie. Côté plaisir on la commune de Plaisance et de Plaisance-du-Sud. Pour équilibrer le bonheur dans tout Ayiti, Plaisance est nord du pays, Plaisance-du-Sud s’y trouve au sud. Dans les petits-noms-sympathiques, on a Pomme-Damour, Ti-Jardin, Ti-Mouillage et Capotille. De Capotille à Ti-Mouillage, je vous laisse imaginer. Dans les plus graves, on a Bombardopolis, Bistouri, Fonds-des-Nègres, La Bègue et  Borgne. Dans les sans-significations, on a Saut-d’Eau et Pointe-à-Raquette. Pour la paix, on peut rester dans la commune d'Au Silence.