jeudi 31 mars 2011

Youtube


Captation vidéo d'Haïti d'Arcade Fire. Wake up est également sur Youtube. sur Juste pour sentir l'ambiance.

Les certains


Ça manque sûrement de recul, mais c’est la journée la plus triste des deux dernières années en Haïti. Je travaille avec plusieurs haïtiens avec lesquels on pousse des idées, des nouvelles façons de faire, … Il y a de ces partenaires plus ‘pousseux’ que d’autres. Plus droits, davantage construits dans un bloc éthique mieux défini, dans un arbre où les valeurs sont moins influencées par les vents, même les grands. J’aime ces fous. Comme si les côtoyer me rendait meilleur. On appelle ça la vie par procuration. Je serai moi aussi de ces fous quand j’accepterai toutes leurs conditions. J’éprouve beaucoup de respect pour ces fous. Dans les dernières semaines, un de ces fous a poussé une idée un peu trop loin au goût de certains. ‘Toute vérité n’est pas bonne à dire ‘ me dira un de ces certains. Conclusion, mon pousseu préféré n'est plus mon partenaire. Les certains qui ont le pouvoir de prendre ce genre de décision n’aiment pas son culot. Pour expliquer l'affront, un collègue me parlait de la résistance au changement. 'Rien à voir !!' La résistance au changement n’existe pas, on nous invente cette explication nous forcer à garder la tête dans le sable. Pendant qu’on se préoccupe ‘du’ pseudo changement qui forcerait la résistance, on ne s’inquiète pas de ‘la’ résistance. Les certains ne résistent pas au changement, ils résistent à une perte. Perte de pouvoir, de cash, de prestige, name it. Intéressez vous à leur perte, vous verrez que ce n'est pas le changement qui leur fait peur. Tout ça pour dire que de mettre de l’ordre dans le désordre, ça génère des pertes pour les certains. Et à ceux qui continuent de croire qu’il y a désordre, vous vous trompez. Tout est très bien ordonné. En fonction d’une régulation qui n’apporte rien à la population haïtienne, mais régulé quand même. Il ne faut pas aider Haïti à mieux s’organiser, il faut l’appuyer à se désorganiser. À mettre du désordre dans l'ordre.

mercredi 30 mars 2011

Petite mémoire


Pendant qu’Arcade Fire, RAM et l’Oloffson gravaient dans ma mémoire un souvenir indélébile, débile, se déroulait un événement politique significatif. Le CEP annonçait que la diffusion des résultats préliminaires allaient souffrir de petits retards. Prévue pour demain soir (tout le monde était en état d’alerte pour demain !!), le CEP serait forcé de déplacer la sortie de la nouvelle à cause d’un trop grands nombres d’irrégularités. On passe plus de temps à discuter avec des avocats concernant la régularité des procès verbaux, qu’à comptabiliser les votes. On comprend que si le scrutin du 20 mars a été plus ‘soft’ que celui du mois de novembre, ce ne serait qu’en apparence. Les fraudeurs auraient été moins grossiers. Dans le faits, ce report ne fait que fragiliser un processus déjà hautement handicapé. En démocratie, c’est comme construire une maison en commençant par la toiture, ça nécessite une bonne dose d’ingéniosité pour produire un résultats confortant. Mais en fait, sommes-nous en démocratie ? Les deux parties, qui y vont de sorties publiques pour dire qu’ils sont les gagnants, seront de plus en plus difficiles à contrôler. Les médias qu’on a réussi à museler depuis maintenant plus de 10 jours, ne pourront pas se faire violence encore trop longtemps. Disons simplement que le petit baume Arcade Fire sera rapidement mis au rencard. Pour la mémoire court-terme peut-être, mais pas pour la mémoire long-terme.

mardi 29 mars 2011

Un rappel pour Arcade Fire


Après avoir termine le tout avec Haiti, bien évidement.

Envoyé de mon iPhone

Le band de la première partie vole le show


Imaginez du Cindy Lauper (Girls just wanna have fun) en plein Oloffson...

Envoyé de mon iPhone

Première partie


Imaginez!! Arcade Fire en première de RAM!!! La nuit va être courte.

Envoyé de mon iPhone

C'est vrai


Le sound check est terminé, on devrait passer aux choses sérieuses.

Envoyé de mon iPhone

La rumeur se confirme


Je mange un griot de porc sur la terrasse de l'Oloffson et je pense que la rumeur se confirme. Désolé de vous tirer la pipe, c'est plus fort que moi !!!

Envoyé de mon iPhone

Je ne veux pas faire chier...


Je ne veux pas faire chier personne, mais une rumeur grosse comme un avocat Ayisien (le fruit ...) voudrait que peut-être que c'est possible que ce soir, à ce qu'on dit, RAM invite un groupe canadien à un jam session dans le mythique hôtel Oloffson. La rumeur, donc la fameuse rumeur, voudrait que ce groupe canadien soit, ... soit, ... Arcade Fire. Chut chut, n'en parlez pas trop fort, ce n'est qu'une rumeur. Malgré que j'avais décidé de ne plus jamais donner d'importance au rumeur, j'avoue que je vais aller me trouver un petit trou dans l'hôtel ce soir, question de manger et d'attendre de confirmer la véracité de cette rumeur. Je vous en reparle.

lundi 28 mars 2011

Dilemmes


Aider ou nuire ? Favoriser le développement ou l’empêcher ? C’es le genre de questionnements que j’ai eu toute la journée. Comme si les aberrations de nos actions étaient plus grandes que les bienfaits. Ce n’est sûrement pas une supposition dans la tête de plusieurs ... La mienne reste trop naïve (dissonance cognitive oblige) pour sombrer dans ce pessimisme. J’ai donc vu le détails de certains projets aujourd’hui où des coopérations internationales s’apprêtent à former de nouvelles ressources professionnelles pour le système de santé. Disons assez pour que le nombre d’employés du Ministère augmente de près de 30%. Vous faites rapidement le calcul, 30% plus de ressources humaines équivaut à une augmentation de la masse salariale de 30%... Le gouvernement haïtien a trois ans pour trouver l’argent qui lui permettra d’augmenter la masse salariale de son plus gros ministère de 30%. Je pense à ces professeurs du Ministère de l’éducation en arrérage salarial de plus de trois ans (3 ans !!). J’imagine une autre coopération internationale qui a voulu aider le Ministère de l’éducation nationale il y a six ans en formant des milliers de professeurs et en assumant leur salaire pour les deux premières années. Et après ... ? Ben après .... ben c’est après !!

dimanche 27 mars 2011

Le Président de la division


- Martelly parle souvent de réconciliation nationale. Il en a même fait une des priorités de ses 100 premiers jours. Ça me fait penser à ceux qui nous parlent toujours d’honnêteté et de transparence, ce sont toujours les pires voleurs... Dans les faits, c’est le Président de la division.
- Je suis certain que tu es capable d’être plus claire !!
- As-tu entendu des gens imaginer l’horreur avec Manigat au pouvoir ? Non, personne. Même Martelly est forcé de reconnaître la compétence de la bonne-femme. À l’inverse, combien tu connais de personnes qui vont se mettre la tête dans le sable, qui vont abandonner leur pays, qui vont déserter l’espace public, avec un président comme Martelly ? Manigat a joué la carte de la Présidente pour tous les haïtiens, Martelly ne pouvait jouer le rassembleur, sa campagne était basée sur le fait de décrier ce qui existe !!
- J’avoue qu’autour de moi, c’est la déprime. À part quelques rares exceptions, les gens s’imaginent que la spirale descendante vers l’enfer social va se continuer, pire, qu’elle va s’accentuer.
- Tu vois, son arrivée au pouvoir va désaffilier encore davantage une large part de ce qui reste de ‘cerveaux’ dans ce pays. Dans sa logique ‘divisionniste’, il nous rappelle toujours que le peuple est avec lui, le vrai peuple. Qui est le faux peuple ? Nous sommes combien à ne pas être des haïtiens parce que nous ne votons pas pour lui ? 40%, 45% ? Il a fait une campagne populiste pour monter la majorité contre on ne sait trop qui : Les riches, les politiciens, les intellectuels, ...
- Une autre des divisions qui me frappe, est celle des genres. Il me semble que les hommes sont nettement plus intéressés par son discours que l’ont été les femmes.
- Les deux sondages montraient effectivement que les femmes appuyaient davantage Manigat. 60% si ma mémoire est juste.
- Asefi, c’est ce que tu devrais lancer, un parti politique de femmes en Ayiti. À voir le rôle social et l’apport des femmes dans ce pays, je suis certain que vous pourriez articuler une vision politique assez forte pour rallier une bonne partie de l’électorat.
- J’ai d’autres choses à faire, je vais en fait me sauver de ce pays qui ne sera plus le mien dans quelques semaines, dès que Martelly sera nommé Président.

samedi 26 mars 2011

Une photo


Sans plus ...

La grève


Récemment, j’allais payer 10$ US pour acheter un concombre anglais. Je vous entend dire 'le concombre...' en pensant à moi. Au market bien évidement, pas sur la rue. Même si les marchandes gonflent les prix pour les blancs, elles ne vendraient jamais de concombre anglais. J’écris que j’allais acheter parce que Jo a vu le prix. Moi, je ne regarde presque jamais les prix. L’appel de la ‘recette’ fait de moi un consommateur aveugle. La vie est chère en Haïti. Pas vraiment celle de l’achat local, mais tout ce qui vient de l’extérieur vous force à fouiller très profondément l’intérieur de vos poches. La grande nouvelle cette semaine a été l’augmentation du prix de l’essence. Le prix du gallon de diesel par exemple est passé de 130 à 162 gourdes (3,25 $ à 4,00 $). Cette décision du gouvernement aurait dû être prise peu après le 12 janvier dernier considérant que le prix à l’achat a augmenté il y a maintenant plus d’une année. La stratégie du gouvernement à l’époque avait été de diminuer les taxes sur le produit, question de ne pas ajouter une pression économique supplémentaires aux efforts de relèvement post-séisme. Cette diminution de taxes aurait coûté à l’État 2,6 milliards de gourdes (diviser par 40 pour avoir une idée en $ US ...). On donne donc aujourd’hui un coup de pied dans la ruche, celui qui était difficile de donner il y a un an. Déjà, les conséquences se font sentir. Le prix du tap tap a augmenté de 25%, ce qui a causé quelques heurts un peut partout au pays. Les autres coûts vont augmenter dans un pays où toutes activités commerciales un tant soit peu organisées s’appuient sur le fonctionnement d’une génératrice, l’électricité de l’EDH (Électricité d’Haïti) offrant du courant entre 3 et 4 heures par jour seulement. Market, commerces, industries, restaurant, hôtels, ... Au bureau par exemple, la génératrice fonctionne généralement de 7h à 17h. On peut l’éteindre quelques heures par jour si EDH nous fournit le courant durant la journée. À la maison, la génératrice fonctionne aux heures de pointe, de 6 à 9h le matin et de 18 à 21h le soir. Le reste de la journée, on vit sur les batteries. L’augmentation du coût des carburants touche donc toute la vie économique du pays et éloigne encore davantage la population d’un niveau d’aisance sous-minimal... L’inquiétude actuel concerne également la paix sociale. Il faut se rappeler lors des dernières manifestations contre la cherté de la vie au printemps 2008 (appelées les émeutes de la faim), le gouvernement du Premier ministre Alexis n’avait pas été en mesure d’en sortir vivant. Lundi prochain donc, il y a un appel à la grève générale. Les propriétaires des moyens de transport dits ‘collectifs’ et ceux qui transportent les marchandises vont stationner leur machine. Tout ça, deux jours avant la proclamation des résultats du second tour.

vendredi 25 mars 2011

La soupe Lipton

Toujours le même effet. Jo traîne une grippe depuis quelques semaines. Elle s'agrippe. Mon système immunitaire avait résisté aux assauts de ses miasmes, ce n'était pas le temps d'être malade, il y avait ce foutu colloque à réussir. Comme toujours, il a fallu que la venue de l'événement fasse tomber les défenses pour qu'à mon tour, s'agrippe la grippe. J'ai donc dormi presque toue la journée, en plus de manger de la soupe Lipton. Vous savez, la 'poulet et nouilles'. Ce genre d'imposture culinaire qui assume des fonctions extra-nutritionnelles.

mercredi 23 mars 2011

Plein les pieds


Rien à dire. À écrire en fait. Depuis maintenant deux semaines, en plus de faire ce qu'il faut faire, je travaille sur la réalisation d'un colloque qui amène près de deux cents personnes. Grosse bidule pour un Labadie, surtout dans un pays où faire de la logistique est une partie intégrante de la description de tâches. Je m'ennuie beaucoup de mes collègues de Montréal qui faisaient que ce genre d'événement avait l'air de couler 'naturellement'. Ici, j'en ai plein les pieds.

lundi 21 mars 2011

Martelly ne peut perdre


La mode est tèt kale depuis quelques jours. Le vote d’hier a permis aux jeunes chauves de montrer leurs allégeances. On ne le saura jamais, mais le vote aura peut-être mis en opposition les intellectuels (ceux qui se définissent comme tel) et ceux qui ne le sont pas, ainsi que les hommes et les femmes. Ça fait changement de l’opposition noir/mulâtre qui a marqué l’histoire de ce pays. C’est toujours réducteur, mais la réduction est toujours ce qui donne le plus de goût. Faites l’essai avec un bon vinaigre balsamique juste pour constater... La seule chose qui me semble claire depuis ce vote tranquille, c’est le fait que Martelly ne peut perdre. Impossible. La communauté internationale aura réussi à imposer sa candidature pour le deuxième tour. Un rapport de l’OEA qui coule dans les médias quelques jours avant d’arriver sur le bureau du Président, Clinton (la femme) qui passe quelques heures dans le pays juste avant la grande décision et qui rappelle (comme tous ses comparses de la ‘communauté internationale’) que le rapport de l’OEA représente une sortie honorable, les américains qui retirent leur visa aux officiels de l’Inité (Jude Célestin) si jamais leur monture passe la barre du deuxième tour, et l’officiel américain qui lance que les haïtiens doivent comprendre que ‘Martelly est leur dernière chance’. Dernière chance et histoire d’un peuple, c’est comme doute et religion, à éviter de mélanger. Martelly a donc eu l’appui qu’il fallait pour passer dans le grand cercle. Ceux qui y voient les histoires d’horreurs de leaders poussés par les américains (Noriega, Pinochet, Aristide, Sadam, les talibans ...) sont des mauvaises langues... L’autre raison est interne,elle est est liée à ces milliers de ‘gars’ roses qui sont près à sortir dans les rues pour défendre la victoire de Sweet Micky. Ils ont démontré leur force en décembre et sont prêts à se lancer dans le même genre de manifestations. Je vous le dis, comme les résultats du premier tour ont été négociés, ceux du deuxième sont déjà écrits. Manigat ne peut pas gagner. Imaginer deux secondes la communauté internationale tenter de manipuler cette intellectuelle indépendante ? Impossible.

dimanche 20 mars 2011

Pays sans chapeau


C’est le titre d’un roman de Dany Laferrière. Pour plusieurs, le meilleur. Le pays sans chapeau, c’est la mort. Là où les morts enterrés sans leur chapeau vont vivre. C’est bien connu, les mort vivent. Je ne fais pas de référence simpliste à l’idée que les morts vivent dans la mémoire ou le coeur des vivants, ils vivent. Eux-mêmes pour eux-mêmes. J’ai eu cette conversation avec Cetout cette semaine. J’étais surpris, il évite plus souvent ce genre de sujet, la politique l’intéresse davantage. La discussion, c’était le pays rêvé. Pas le pays idéalisé, inventé. Les grandes lunettes roses qui poussent les haïtiens à la cécité. Je ne parle pas ici du rose Martelly, je parle de cette vision du grand pays, du grand peuple, de la grande nation. Ce pays de la liberté, précurseur des lumières, instigateur de la lutte anti-esclavagiste. Le premier pays nègre à affirmer dans la lutte son indépendance, lutte qui se continue toujours aujourd’hui.
- C’est le pays qui est sans chapeau aujourd’hui. On l’a enterré, il est mort.
- Mais il vit, si les morts vivent ?
Il vit effectivement, mais dans la mort. Dans l’absence d’espoir. Je nous vois nous offusquer nationalement de la présence des blancs, alors que c’est notre gouvernement qui demande la présence de cette force étrangère. En plus, deux tiers du budget de l’État vient de l’argent des blancs. Je nous vois nous gargariser des grands écrivains et intellectuels haïtiens alors que 99% de nos écoles forment des illettrés. C’est presque une chance que 50% des enfants n’y aient pas accès. Je nous entend parler de politique toute la journée alors que l’espace politique est vide, que la cité n’est plus. 1804 hante continuellement notre cerveau et on accueille dans la joie deux Présidents qui nous conduisaient directement vers la violence, comme si notre mémoire pouvait éclipser des bouts de notre histoire, alors que d’autres sont constamment illuminés. Comment mon peuple si fier, si propre, peut en être arrivé à se salir autant ? Je te le dis, Ayiti est morte. J’ai honte d’être haïtien. Être fier de l’être, c’est être aveugle et sourd en même temps.
- Wow ! Il te faut plus qu’un nouveau Président.
- Les élections, ce sont les funérailles de mon pays. Et le mort n’a ni les moyens ni l’élégance de se payer un chapeau.

C'est lancé

Vous pouvez suivre le déroulement du votre sur ce site, ou encore sur celui de HPN. Pour le moment tout semble plutôt calme. Ce qui apparaît être la bonne nouvelle pour le moment est que les gens semblent mobilisés à mettre leur bulletin dans l'urne. Bonne journée.

samedi 19 mars 2011

Les étoiles se cachent

Ce soir, la lune est trop pleine, les étoiles sont allées se cacher. J’ai passé une bonne partie de la journée au boulot, question de terminer les préparatifs d’un gros événement la semaine prochaine, le calme plat. Même pour faire les courses c’est après-midi dans les market de Petion-Ville, tout est calme. Il est facile de penser que ce l’est trop. Ce soir, seuls les grillons et les chiens font la guerre au silence, même les bagnoles qui passent sur la route de Kenscoff un peu plus loin ont réinstallé leur silencieux. En fait, la campagne avait commencé à s’échauffer dans les derniers jours et depuis jeudi, les deux vedettes de l’heure se sont fait volés la Une. C’est comme le ciel, la lune est trop pleine, les étoiles se cachent.

jeudi 17 mars 2011

Tout est perception


Je lis et entend des choses depuis plus de deux ans sur Aristide. Face à son retour annoncé, je me rappelle des gens qui disent ou écrivent qu’Aristide aura été le grand leader historique d’Haïti, pour d’autres, la catastrophe nationale historique du même pays. Pour certains, un leader politique salvateur muselé par les méchants impérialistes, pour les opposants, un dictateur en puissance arrêté d’agir par la bonté des amis d’Ayiti. Allez savoir qui dit vrai. Dans mon ‘ford intérieur’ (pour paraphraser jean Dion, mon idole), je n’arrive tout de même pas à croire que ce bonhomme est sérieux de faire tous ces efforts pour mettre les pieds ici deux jour avant un vote crucial, tout ça en disant que ce retour est ‘apolitique’. J’ai de la peine pour mes collègues qui croient cet ‘apolitisme’ affirmé par Aristide et les représentant de son parti. Je pensais être tombé dans la marmite de la naïveté étant jeune, j’en arrive à croire que certains continuent d’y manger. Arriver à donner une once de crédibilité à l’idée mise en boîte du retour d’un simple haïtien, c’est au minimum ... triste.

Faire des provisions


J'avais oublié de vous dire un peu plus tôt ce matin que le débat entre les deux candidats à la présidence n'a pas eu lieu. Peut-être que ce n'était plus nécessaire dans le ocntexte où cette élection risquerait d'être perturbée par le retour d'Aristide. Des rumeurs se confirmeraient selon les médias locaux. La zone de l'aéroport se comble de manifestants et d'affiches pour souligner son retour prévu pour demain. Cetout pense que c'est un coup fourré de Préval et des politiciens qui ne voulaient pas de deuxième tour. Ayiti ap cho pour les prochains jours, tellement chaud que le deuxième tour ne pourrait pas avoir lieu. "Dans la bataille que se sont livrées Préval et la communauté internationale depuis des mois, tout le monde pensait que notre président avait abandonné. C'est mal le connaître. Tu devrais faire des provisions." Je lui ai répondu "Faire des provisions !!! Ça fait dix fois que je fais des provisions, outre prende du poids, ça n'a servi à rien !"

Milice rose


C’est de cette manière que Manigagt a identifié ces groupes de jeunes partisans de Martelly qui feraient la pluie et le beau temps (comme dans orage violent ou soleil de plomb) dans les meetings de son parti. Elle affirme en conférence d presse hier que plusieurs de ses partisans ont été blessés par cette milice. Je ne sais pas trop si on plonge dans le genre d’exagération verbale d’une fin de couse électorale, mais il est vrai que ces jeunes hommes qui arborent du rose (chandail, foulard, casquette, bracelet, …) sont partout dans la ville. Comme près de 70% des haïtiens adultes ne travaillent pas (et que ce sont les femmes en grande majorité qui font l’économie informelle), les gars sont là et attendent. Wyclef Jean (un très proche de Martelly) a même promis de la violence si son ami-chanteur ne gagnait pas dimanche prochain. Vous verrez cette vague rose dans les rues de PAP d`s la fermeture des bureaux de vote pour crier victoire, c’est presque écrit dans le ciel. Manigat annonçait même le retour de la dictature tellement le clan Martelly a des ressemblances avec les VSN, les Volontaires de la sécurité nationale devenu les célèbres tontons macoutes. Tout ce qu’il faudrait pour appuyer l’émergence d’une dictature. Disons que dans l’équation, il y a une Minustah, la variable semblait avoir été omise… Je ne sais pas trop quoi en penser, mais ces jeunes hommes ‘roses’ laissent effectivement présager quelque chose de moins sympathique. Les ‘Tet kale’ projetés à nos oreilles quand n passe près d’eux nous invitent gentiment à voter du bon bord. Quant à Martelly, il se défend d’être violent. ‘Je suis énergique et fougueux, il ne faut pas confondre avec la violence.’ Hier lors d'un meeting, notre homme a même fait une prière (!!) pour inviter les belligérents à calmer les tensions avant le vote de dimanche. Prions effectivement pour qu'il n'y est pas de confusion.

mardi 15 mars 2011

Ça ne peut jamais bien aller


Le CNO (le Conseil National d’Observation) annonçait aujourd’hui qu’il prévoyait un deuxième tour dans la bonne humeur... Comme si les esprits du premier tour avaient fait leurs valises pour quitter cette île trop chaude. De la même manière, le CEP mentionnait il y a quelques jours, que les actes de violence isolés n’allaient pas perturbé la campagne. Ouf !!! On peut être d’accord avec eux à l’effet que le climat est aujourd’hui meilleur que celui qui prévalait quelques jours avant le 28 novembre, mais disons quand même que les esprits s’échauffent un peu. Aujourd’hui, des heurts ont éclaté dans un meeting de madame Manigat et elle, normalement plutôt calme, n’a pas hésité à accuser son adversaire d’être responsable du fiasco (tirs de fusil, blessés, arrestations, ...). Ce ne serait pas la première fois (toujours selon elle) que ce genre de situation arriverait dans ses meeting et elle s’était gardée jusque là de mettre son adversaire dans le box des accusés. Là, on sentait que la coupe était pleine. Est-ce que le débat aura ou n’aura pas lieu demain ? Certains disent que Martelly a affectivement refusé de se lancer dans un deuxième round qui lui aurait été (dans la forme du moins) désavantageux. Pour d’autres, la décision n’est pas encore confirmée. Finalement, Aristide semble vouloir défier les américains et les français qui ne se lassent pas de crier sur toutes les tribunes que l’ex-président devrait attendre la fin du deuxième tour avant de se réinstaller dans sa demeure rénovée et ses meubles neufs... Les rumeurs sont de plus en plus fortes qu’il baisera le sol de l’aéroport de PAP avant le jour du scrutin. «Ça ne peut jamais bien aller» m’a dit une collègue aujourd’hui...

lundi 14 mars 2011

Les débats sur le débat

Depuis mercredi soir dernier, les débats se continuent sur le débat. Tellement que personne n’est certain qu’il y aura un deuxième débat ce mercredi. Peut-être que Martelly ne voudrait pas s’y présenter ? Rien de confirmé, encore la rumeur qui rhume. La première source de débat est la question ‘inappropriée’ d’un journaliste sur la situation financière (sa gestion de ses hypothèques sur trois maisons en Floride). En fait, selon les règles du débat ‘négociées’ entre les deux clans, ce genre de question ‘personnelle’ (dans la mesure où elle ne peut s’adresser aux deux candidats) n’avait pas sa place. En effet, au lieu d’aborder le thème prescrit par le format, le journaliste a sorti ce lapin de son chapeau pour tenter de coincer Martelly. Faut dire qu’il s’est lui-même mis les pieds dans les plats dans sa réponse ‘Je ne suis pas responsable de mes investissements…’. Une chose est certaine, le journaliste a allumé la mèche du candidat (qui semble l’avoir courte) en plus de mettre les organisateurs dans leurs petits souliers (Groupe d’Intervention en Affaires Publiques, GIAP). GIAP s’est même excusé de cette sortie imprévue d’un des journalistes et s’est engagé à ce que ce genre d’écart ne se représente pas. Pour le moment donc, on ne sait pas si Martelly se présentera lors du prochain match de boxe. Dans le coin de Martelly, Céant (un des candidats à la présidence défait lors du premier tour) a annoncé avoir les preuves pour démontrer que le GIAP (et d’autres organisations nationales associées au processus électoral) travaillait dans le sens de détruire la candidature de Martelly. Les preuves devraient arriver bientôt. L’autre débat concerne un journaliste à qui le GIAP aurait interdit l’entrée dans la salle où avait lieu le débat. Le ton a monté et quelques claques sur le nez se sont échangées (http://www.youtube.com/watch?v=M5W-jixa2q0). Des poursuites sont entamées et pour le moment, personne ne sait vraiment si c’est le GIAP ou le journaliste qui aurait cherché le trouble.

samedi 12 mars 2011

Pour Kay


Difficile de lire les reportages ou de regarder les images de ce qui se passe au Japon depuis deux jours. Celui du Chili l’année dernière n’avait pas eu le temps de m’émouvoir, j’étais encore dans le mien. Les données du tremblement de terre du Japon font frémir : 8,9 durant deux minutes. Désolé pour les animalistes, mais installé un hamster dans une boîte de soulier et tentez de le ‘shaker’ durant deux minutes... Vous n’y arriverez pas. C’est ma mémoire du 12 janvier. 45 secondes dans une boîte de soulier ‘fermée’ pendant que quelque chose de plus gros et de plus fort que moi ‘shake’ la boîte. J’ai quelques frissons pour nos amis nippons, surtout qu’ici, une des collègues que j'apprécie le plus est justement une japonaise. Une chance, toute sa famille va bien !

vendredi 11 mars 2011

Les voleurs


Un collègue a perdu son cousin cette semaine. 49 ans, mort subite. Le gars n’était pas malade. ‘Des esprits sont venus voler sa vie’. ‘Des esprits ?’ Et là, il m’explique que le camp où vit son cousin est un lieu où plusieurs personnes âgées sont mortes lors du 12 janvier. Ces personnes ont été mal ‘enterrées’ (dans le sens services funèbres du terme) et leur esprit est toujours sur place. Depuis un an, les gens qui vivent dans ce camp sont souvent témoins de certaines manifestations de ces esprits. Le vol de la vie du cousin en est une de plus, la dernière en liste. 'On fait quoi pour se protéger ?' 'On ne peut rien faire d'autres que d'avoir une bonne vie, mon cousin a fait quelques petites bagay dans les derniers mois...' 'Et le Ougan (prêtre vaudou), il ne peut pas les protéger ?' 'Le ougan, j'embarque pas là-dedans, c'est pour ceux qui croient au vaudou.' Timidement, je lui ai parlé d'une autopsie, il m'a répondu qu'ils n'avaient pas d'argent pour ça !

jeudi 10 mars 2011

Chacun son monstre


Asefi était heureuse du déroulement du débat d’hier soir. Selon elle, Martelly s’est exclu lui-même de la course tellement sa performance aurait été négative. Difficile de ne pas partager son point de vue, surtout quand on entend plusieurs des commentateurs (professionnels ou non). Martelly aurait été arrogant, aurait démontré son ignorance de la chose constitutionnelle et politique, se serait montré presque violent, serait incapable de définir un programme intellectuellement cohérent, aurait confirmé ses capacités à faire des bouffonneries... Dans le contexte des activités du 8 mars, certains croient même qu’il aurait poussé une certaine forme de misogynie dans ses remarques. Ses accusations contre Manigat auraient été probablement trop nombreuses et farfelues pour vraiment porter de l’effet. Ceux qui le voient incompétent et indigne pour la fonction, ont confirmé leur opinion. Il faut dire effectivement qu’en termes d’autopeluredebananisation (du verbe s’autopeluredebananiser), il a hautement poussé la leçon. À la radio aujourd’hui, on pouvait même entendre des groupes qui retiraient leur appui pourtant déjà confirmé au candidat. Pour Manigat, la partie a été facile, garder son calme, pousser quelques blagues et montrer du caractère au moment où les remarques de son adversaire sont sorties de la bienséance. Il y aura un deuxième débat bientôt, on pourra donc voir la suite du duel. Le plus intéressant de la journée (dans la mesure où le propos tranchait de ceux entendus un peu partout), est le commentaire d’un chauffeur du projet : ‘Tout a été mis en place pour que la classe politique et journalistique le transforme en monstre, il est tellement ‘vrai’ et ‘franc’ qu’il n’a pas vu la malhonnêteté des organisateurs du débat.’ Chacun son monstre.

mercredi 9 mars 2011

Asefi est comblée

Elle vient de m’écrire concernant le débat : «Manigat a gagné haut la main !! La forme et le contenu étaient celui d’une Présidente, en plus, elle a de l’esprit et de l’humour. Elle a été capable d’expliquer clairement la pertinence de son programme. Martelly a une fois de plus montré qu’il est un excellent comédien, mais qu’il n’a aucune compétence politique. En plus, il n’a pas été capable de garder son calme et de ne pas faire des clowneries. Je suis assurée que la campagne va changer de direction. Dès demain matin, tu vas voir la dynamique se transformer, je te le jure.» Je lui ai répondu qu’on allait en reparler demain soir...

Je ne suis pas responsable de mes investissements

Ce soir à la télé, il y a un débat entre Manigat et Martelly. Le bordel a pris après 30 minutes. Quatre journalistes posent des questions ‘formalisées’ aux deux candidats. Un débat théoriquement réglé comme une horloge suisse, mais disons qu’on a viré dans un bordel ... haïtien. Le débat était plutôt bien lancé quand un des journalistes a sorti un article du Miami Herald où la situation financière personnelle de Martelly posait certaines questions de nature éthique. Martelly a reconnu ses problèmes financiers sans toutefois en prendre la responsabilité : "Je ne suis pas responsable de mes investissements, allez demander à mon agent d’immeuble, c’est elle la responsable..." Il n’en fallait pas plus pour que le journaliste tente de relancer un débat sur le ‘sens’ des responsabilités du futur président. Le ton a monté et les attaques ‘personnelles’ ont fusé. L’animatrice tentait de ramener le journaliste à sa fonction dans le débat alors que la foule commençait à s’énerver. Je sens que la soirée va être intéressante.

Une île, un pays


Ça vous rappelle un slogan montréalais ? ‘Une île, un ville’ pour ceux qui ont une mémoire plus détériorée que la mienne. C’est un débat lancé dans la campagne présidentielle. Un vrai ou un faux débat, impossible de confirmer. Martelly, lors d’une visite politique chez le voisin dominicain, aurait appelé à l’unité des deux pays de l’île d’Hispanolia. Ici, pas vraiment d’échos de cette déclaration, mais en République Dominicaine, le sujet a fait les nouvelles. Martelly nie avoir fait cette proposition mais déjà, son adversaire en profite pour en faire ses choux gras. Le genre d’exemple qui permet à Manigat de tirer sur ce que serait ‘l’incompétence politique’ de son adversaire. Je ne sais donc pas trop ce qui est réel dans cette petite polémique de campagne, mais j’ai de la difficulté à imaginer une fusion entre ces deux pays. J’ai surtout de la difficulté à imaginer que des électeurs haïtiens appuient ce genre de proposition. Il faut voir comment les deux peuples ne s’aiment pas d’amour ou de respect pour comprendre que le mariage serait difficile. Plus de chance de marier Stockwell Day et Pauline Marois, c’est vous dire ... Ça ne fait pas des enfants forts !!

mardi 8 mars 2011

Le combat électoral


Le combat électoral commence enfin à prendre son envol. Les deux combattants ont fait une petite tournée auprès de la diaspora. Elle ne vote pas, mais elle pèse. C’est le seul revenu d’une grande partie des familles haïtiennes... C’est tellement vrai, qu’au moment de la dernière crise, Haïti a été touchée par le fait que les transferts ont grandement diminué. La campagne semble prendre une nouvelle tournure, comme si Manigat se faisait plus présente. Au plan marketing (dans le sens un peu vulgaire du terme), Martelly a le haut du pavé depuis des semaines. Tellement, que plusieurs avaient le sentiment qu’il n’y avait pas de campagne, que Manigat était déjà sortie de la course. Elle semble toutefois avoir repris de l’énergie avec des grands happening publics, aussi imposants que ceux de son adversaire. Durant le week-end, trois de ses travailleurs d’élection ont été assassinés... Certains voient dans cet événement le fait que la compétition se réchauffe. Ayiti lap cho... Manigat a reçu l’appui de plusieurs groupes dans la dernière semaine (dont des associations d’étudiants et des jeunes rappeurs), laissant peut-être poindre enfin une vraie course. Cetout est toutefois un peu en furie contre sa candidate préférée, elle s’est acquoquinée avec les gens de Lavalas dans les derniers jours. Pour Lavalas, le choix est simple, Martelly aurait été associé aux mouvements qui ont mis Aristide dehors à deux reprises (le premier par un coup d’état militaire et la deuxième fois avec l’aide des États-Unis, du Canada et de la France). Il ne manquerait plus qu’Aristide, appuie la candidature de Manigat. On aurait, manifestement enfin, la campagne que plusieurs perçoivent comme latente : Aristide contre Duvalier...

De retour de Santo-Domingo


Claudette est très heureuse dans cet environnement hispanophone. Les retrouvailles se déroulent plus que bien, elle est radieuse. On est passé lui dire bonjour et lui remettre une photo d’elle et de son fils ce matin avant de quitter. Deux cadres en fait, un qui restera à Santo-Domingo près du lit de son fils, et l’autre qui prendra le chemin de PAP dans une semaine. C’était notre troisième séjour à Santo-Domingo depuis deux ans. Le ‘pays en développement’ suinte toujours sous la peinture des Porsche et Land Cruiser qui peuplent les stationnements des centres commerciaux branchés. Cet écart suinte également dans les rues d’une capitale qui semble se développer à la vitesse grand V, mais sur laquelle trop peu de personnes arrivent vraiment à s’accrocher. On y verrait une révolution populaire sociale-démocrate dans quelques années (‘on veut nous aussi participer à cette croissance’) que je ne serais pas surpris. La partie coloniale de la ville est toujours aussi intéressante, même si on y mange mal. Pas bien en fait. Quelques pseudos grandes tables où on met davantage de créativité dans le décor et dans le service que dans l’assiette... Ça fait quand même du bien et en plus, c’est nettement moins cher qu’ici à PAP. La musique est partout dans cette ville. Un band local a même réussi à nous faire danser en pleine rue dimanche soir. En trois jours de niaisage dans les rues de Santo-Domingo, on a croisé quatre personnes que l’on côtoie à Port-au-Prince. Soit que l’île est trop petite, ou que nous y sommes depuis trop longtemps ?!?!

lundi 7 mars 2011

Gros samedi


Pour tout le monde en fait. Vers 3h30 du matin samedi, on me téléphone. Une collègue canadienne est prise d’une tourista trop intense selon l’armada médical du projet. En ces temps de choléra, l’alerte se sonne, peu importe l’heure. Plus de peur que mal, mais une bonne frousse. Le départ pour la République Dominicain est donc décalé de quelques heures. On prévoit ce grand voyage depuis des mois. Pour Claudette en fait. Quelques semaines après le tremblement de terre, son fils a été malade. Le frère de Claudette qui vit en République Dominicaine passait voir la famille à PAP, ils ont décidé qu’il ramenait le timoun avec lui pour le faire soigner. Depuis près d’un an donc, Prony vit à Santo Domingo avec son oncle. Des enfants qui vivent chez l’oncle ou la tante, c’est tout à fait conforme à la vision haïtienne de de la famille. Depuis l’automne, Jo planifie ce voyage avec Claudette. Je dis planifie dans la mesure où si j’avais le temps de vous détailler toutes les étapes qu’une haïtienne du rang social de Claudette doit déployer pour obtenir un passeport, vous me proposeriez d’installer MSProject sur mon ordinateur... Toutes ces étapes dans le fouillis administratif d’Ayiti et dans la mauvaise foi que ses fonctionnaires sont capables de déployer, je vous le dis, ça mérite un Nobel. Depuis septembre donc, Claudette et Jo se sont empêtrées dans des démarches administratives pas possible pour que Claudette puisse enfin mettre la main sur son passeport à la fin du mois de janvier. 24 heures plus tard, la République Dominicaine lui délivrait un visas. Il ne restait maintenant qu’à permettre à Claudette de prendre la route vers Santo-Domingo. On fait toutes les démarches pour le billet de bus de Claudette pendant qu’on tente de préciser le lieu de rendez-vous avec Roni, le frère qui s’occupe du petit depuis un an. Depuis les années, son créole s’est effrité. Pas facile de bien se comprendre au téléphone. Est-ce qu’il y a un ou des terminus ? Lequel ? Ce serait préférable qu’elle descende sur la route ? Où ? Comment elle le saura ? Un flou anxiogène pour Claudette qui n’a jamais voyagé et qui ne parle pas espagnol. Anxiogène itou pour nous. Tout ça dans un contexte où les relations entre les ayisien et les dominicains sont au beau fixe... On a donc décidé de venir passer un long week-end à Santo-Domingo et de donner une roulib (une roue libre, un ‘lift’ en québécois ...) à Claudette. Vendredi, la journée avant le départ, elle s’est fait faire une beauté. La totale. Dans la voiture, elle a tenu un silence de six heures. Sa peau noire nous empêchait de constater qu’elle était rouge d’anxiété. On le sentait. ‘T’es anxieuse Claudette ?’ ‘Nonnnn.’ ‘Oh, un ti menti...’ Elle a sourit. Arrivée à Santo-Domingo, on trouve facilement le lieu de rendez-vous. Le frère n’y est pas. Pour nous aider, une jolie républicaine enceinte lui téléphone et lui indique où nous sommes. Ne trouve pas, rappelle notre sauveuse. Ne trouve pas plus. Le manège téléphonique durera près d’une heure. Claudette n’en peut plus. Nous, on est sur le bord... Notre sauveuse qui avait d’autre chose à faire lui a demandé de ne plus bouger et nous a amenés le rejoindre. Cinq minutes à pied... Le frère a peut-être perdu le créole, pas mais pas cette habitude haïtienne de donner des indications qui évitent les précisions. Je pense qu’il était le plus heureux des retrouvailles. Le petit n’était pas encore là, pas de place pour lui, le frère se promenant en moto, pensait ramener Claudette et sa valise. On a repris la voiture et l’avons suivi jusque chez lui, nous aussi on voulait retrouver Prony. Elle qui avait été silencieuse durant tout le trajet s’installera le menton entre nos deux sièges pour parler sans arrêt jusqu’aux embrassades avec son fils. De rues en ruelles, on a abouti dans un quartier populaire de Santo-Domingo, probablement aussi animé que tous les quartiers défavorisés de Santo-Domingo. De la musique, de la bière, des femmes qui se font belles (avec des bigoudis pour se défriser les cheveux), des bonhommes qui jouent aux cartes, des enfants qui jouent. Tout ça se vit dehors bien évidement. Prony sera fou de joie de voir sa mère. Ils passeront sûrement une semaine de rêve. Nous, il nous fallait sortir de ce labyrinthe et trouver l’hôtel. Embouteillages de fin de journée du samedi, il est presque 19:00 quand on déposera les valises dans le lobby de l’hôtel. Vers 20:00, on reprendra la voiture pour migrer vers un autre hôtel... Plus de place pour nous, du ‘fuckage de chien’ comme les hôteliers un peu véreux de la République-Dominicaine peuvent en faire. Vers 22:00, on déposera nos fesses sur une terrasse pour prendre une bière et manger un pizza. Claudette ? Elle dort sûrement.

vendredi 4 mars 2011

Ce matin


À l'aéroport de Jérémie ce matin, c'était un peu la frénésie. On attendait Martelly. Des banderoles se montaient entre les arbres et des affiches se collaient un peu partout. Ce timoun (peut-être dix ans) promenait sa paralysie partielle partout sur les abords de la piste d'atterrissage en attendant le prochain Président. Ou du moins celui que tout le monde voit comme le prochain. Il claudiquait avec énergie On lui souhaite surtout que le nouveau Président ou la nouvelle Président lui propose rapidement de passer sa journée sur un banc d'école... Désolé, c'est permis de rêver. C'est même une obligation dans ce foutu pays.

Atibruno


Dans la suite du Carnaval de Jacmel et de mon billet de dimanche (le lien), on m’a informé que le personnage sur la photo correspond aux Atibruno. La signification n’est pas encore très claire, mais je comprends que ces personnages seraient l’œuvre d’un artiste nommé Bruno (Atibruno). Selon une référence sur le web (le lien), j’y décèlerais un peu de cette autodérision haïtienne. On parle souvent de la fierté haïtienne (même de l’orgueil), mais le carnaval est aussi une bonne occasion de se tourner en bourrique.

jeudi 3 mars 2011

Prête l'oreille


‘Prête l’oreille mon Dieu, écoute’ est la phrase qui est peinte sur le mur de la chambre dans laquelle j’ai dormi hier soir. Je suis à Jérémie, une ville du sud du pays, la ville des poètes. Celle d’Alexandre Dumas (le père) ou d’Etzer Vilair. Après avoir fait le tour des hôtels, on a trouvé une chambre à la ‘mission catholique’. Confort minimaliste et superficiellement propre. Je fais ce genre de nuance depuis qu’on a confirmé mes allergies aux acariens. Après la douche froide du bout du corridor, mes narines ont pris un bon dix minutes pour violement expulser les poussières accumulées durant la nuit. L’électricité m’a quitté vers 23h00 et a donc mis fin à ce qu’il y avait de circulation d’air dans la chambre. La chambre s’est transformée en sauna. Inspirées par l’inscription sur le mur, des moustiques m’ont demandé toute la nuit de prêter l’oreille. Le plus important c’est que je devrai tendre l’oreille une deuxième nuit…

mardi 1 mars 2011

Le no 8


Dimanche à Jacmel, Martelly est passé dans la foule. Entouré d’une orde de gardes du corps, et une autre d’amateurs. Les gens autour parlaient déjà du Président. Pas celui du konpa, mais du Président, le vrai. Pour rester dans la vérité, disons que c,est comme si on n’avait pas de campagne tellement le nouveau Président semble seul en piste. Cetout est complètement atterré ce cette popularité, de cette non-campagne, de ce non débat. Une forme de hantise du populisme haïtien avec tout ce qu’il a pu traîner comme désastre.
- C’est simple, tu prends la proportion d’analphabètes et tu as le résultat des prochaines présidentielles. Entre 60 et 70% de la population est analphabète, tu as donc la proportion de la population qui va voter pour Martelly.
- Tu ne trouves pas que ton calcul est un peu simpliste... Tu parles de populisme, mais tu verses dans une démagogie, disons ..., ‘intellectuelle’ ? Je connais quand même des ‘lettrés’ qui veulent appuyer Martelly. Ils ne sont peut-être pas majoritaires, mais quand même !
- Je sais bien... Mais j’avoue que j’ai juste envie de quitter mon pays en imaginant que Tèt kale va devenir notre prochain président. J’en ai rien à foutre qu’il ait montré ses fesses ou de ses propos vulgaires lors des spectacles. Sa morale ne me dérange pas du tout. Je vois juste ce à quoi il réfère dans l’imaginaire collectif, ce messianisme qu’il transporte, cette incompétence qu’il transforme démogagiquement en force, ce discours du nouveau alors qu’il ne respire rien de novateur ... Je te le dis ça me déprime. Après la décadence Aristide-Préval, on va se doter d’un duvaliériste, élu cette fois-ci !! Je ne nous vois pas avancer. Ceux qui se sont enrichis au cours des 50 dernières années vont pouvoir continuer de le faire, pour la très grande majorité, il faudra attendre. Penses deux minutes au développement social, à une répartition plus équitable de la richesse, au développement d’une fonction publique compétente, à une vie politique ou parlementaire qui fait du sens, à l’éducation ou la santé pour tous, rien dans le discours de Martelly et ses amis ne correspond à cette vision de notre pays. C’est la droite qui me tue, le populisme, il m’achève.
- L’enjeu en fait, c’est qu’on entend pas beaucoup parler sa concurrente ? Comme s’il n’y avait pas de campagne.
- C’est l’autre bout de ma déprime. Je voterais pour qui si je voulais voter contre Martelly ? Pour le moment, je ne sais pas trop quelle campagne Manigat mène, on a presque le sentiment qu’elle déjà a reconnu sa défaite !!
- Le no 8 va gagner ?
- Le no 68 n'est même pas dans la course !!