lundi 28 janvier 2013

Les touristes québécois en Haïti


J’ai croisé les vedettes canadiennes ce weekend. Je parle de ces québécois qui sont les premiers à avoir accepté de participer à l’offre de vacances en Haïti que Transat a lancée il y a quelques mois. Je les qualifie de vedettes parce que depuis plusieurs semaines, tout le monde parle d’eux. Les critiques ont été nombreuses à l’effet qu’on ne trouverait pas de touristes pour venir dépenser de l’argent en Haïti : Insécurité, infrastructures routières et touristiques déficientes, attraites touristiques limités, extrême pauvreté ambiante… Ce n’est pas vraiment une surprise de trouver des gens prêt à débourser une semaine de salaire pour une semaine de vacances en Haïti. J’ai déjà pris plus d’un mois de mon salaire de l’époque pour me rendre péniblement et dans un confort plus que relatif jusqu’au camps de base de l’Everest. Je ne m’y suis même pas rendu en plus ! Facile donc de trouver 15 personnes pour sortir du -30 québécois et passer 4 heures plus tard à 60 degrés au dessus, pour découvrir un peu plus un pays qui fait plus souvent la une pour ses échecs et ses catastrophes qu’autre chose. La ministre du tourisme pousse très fort son dossier de relance du tourisme et a trouvé chez Transat une oreille attentive et intéressée. Le premier commentaire de ces voyageurs est le même que j’ai émis il y a plus de 4 ans et que Brandford Marsalis (il était ici pour le Festival de Jazz de PAP) a émis la semaine dernière : De quoi les journalistes nous parlent au fait quand ils discutent d’Haïti !? Ces touristes constatent donc que la réalité haïtienne n’a pas grand chose à voir avec l’image que l’on peut s’en faire via l’information que les médias de masse véhiculent. Une certaine réalité haïtienne du moins.  La ministre du tourisme devrait tirer de ce constat sa première leçon et commencer à réfléchir à influencer les médias de masse. La tactique de communication restera tout aussi importante que de refaire les routes qui mènent de l’aéroport aux hôtels sur le bord de la mer. À cet effet, elle devrait trouver de très bons ambassadeurs avec ces touristes québécois. Ceux avec qui j’ai discuté sont sous le charme même si la pénible réalité des blokus perturbe leur séjour. Il faut dire à la décharge du système routier haïtien que les organisateurs avaient planifié un menu touristiques plus que copieux, question de faire la preuve par le réel qu’Haïti a beaucoup à offrir. Les quelques kilomètres entre PAP et la côte peuvent se transformer en quelques heures, surtout si tu décides de poster quelques visites sur le chemin (Le Panthéon du centre-ville, le village des Nouailles, le Rhum Barbancourt, …). Imaginez maintenant qu’il faudra aussi faire découvrir la mer du Nord avec ses îles et la Citadelle, les montagnes entre PAP et Jacmel, la ville de Jacmel, le sud de l’Île-à-Vache, de Camperin ou de Port-Salut, les beautés natuerlles de la Grande-Anse, … Les commentaires des 5 ou 6 personnes à qui j’ai parlé allaient tous dans le même sens : Haïti a quelque chose de différent à offrir et c’est cette différence (si on compare avec la tactique établie dans la République Dominicaine voisine) qui devrait définir l’approche en matière de tourisme. Raffermir l’offre dans ce sens et Haïti peut se définir une niche. Ça semblait une évidence pour tout le monde.

lundi 21 janvier 2013

Le grand saut

Imo était assis sur mes genoux, l’infirmière entrait l’aiguille dans son bras pour lui sucer du sang. Aucune réaction, seul un long regard fatigué et impassible vers la seringue qui tranquillement se rougissait, la dénutrition ayant presque éteint ses réflexes. C’était en mai 2011 et le pédiatre qui l’avait évalué sonnait l’alarme : ‘Sévèrement dénutri, mais rien d’irréversible si vous le sortez rapidement de là’. Samedi dernier, quand le même pédiatre sortait l’aiguille pour en finir avec tous ces vaccins, Imo s’est subitement lancé dans mes bras. Un petit aie-aie-aie quand l’aiguille s’est insérée dans la chaire, une larme qui n’a pas duré le temps d’une seconde. Les préliminaires pour le ‘sortir de là’ auront quand même duré 18 mois, 18 mois où on aura accompagné notre ti-cul à se refaire une place acceptable dans les fameuses courbes normales du développement. À accrocher un sourire définitif à son visage, des mots dans sa bouche. Dès le premier contact avec ces 80 paires de yeux qui vivaient à l’orphelinat, la timidité charmeuse d’Imo avait su nous capter. La conscience du sort que la vie avait jusque là prévue pour lui se dégageait de son regard. Entre janvier et mai 2011, une évidence a doucement germé dans notre esprit, nous voulions faire la différence dans la vie d’un enfant et que cet enfant allait être Imo. On a graduellement construit ensemble une relation qui, pendant ces longs préliminaires, s’est fortifiée jusqu’à ce qu’à l’automne dernier, une barrière légale fonde et que l’adoption devienne envisageable. On a donc fait le grand saut, la grande demande. Depuis décembre dernier, notre famille s’est élargie, Jean-Pascal a maintenant un petit frère. Avec une immense fierté dans le cœur, je peux enfin répondre OUI à tous ceux qui me demandent s’il est mon fils.

Vous pouvez voir les photos de notre homme (le lien).

Jo vient d'accoucher !



À la famille, aux amis et aux lecteurs

Plusieurs d’entre-vous ne saviez pas, mais nous attendions un enfant depuis plus de … 18 mois.  Il est enfin arrivé!  Un petit bonhomme de 4 ans, 18,14 kg, 99 cm.  Il répond au nom de Imo et déjà il parle le kreyol et le français.

Plus sérieusement, nous étions engagés depuis mai 2011 auprès de Imo, un des timoun de l’orphelinat que nous visitions à toutes les semaines.  On ne sait toujours pas qui a pris l’initiative dans cette vaste opération de charme, mais doucement, des fils se sont tissés assez solidement pour avoir souhaité donner à cette expérience une dimension nouvelle, celle de devenir ses parents. Tout au long de ces 18 mois, on a pu voir apparaître un petit bonhomme énergique, curieux et amusant. Attachant surtout. 

Les démarches pour confirmer légalement son adoption auprès de l'État haïtien prendront quelque temps encore, mais la bonne nouvelle est que Imo est depuis plus de 2 semaines installé chez-nous. Quelques-uns d'entre vous le connaissent déjà, pour les autres, nous sommes impatients de vous le présenter. 

Jo et Jf
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