lundi 28 février 2011

Les couleurs du vaudou


Autre photo macabre de ce Carnaval pourtant très coloré. Vous expliquerez ma fascination dans votre salon. Cette fête est entre autres l'occasion de nous faire voir les couleurs du vaudou. Tout au long des festivités du Carnaval à Jacmel ce dimanche, on a pu voir ce genre de scènes où les noirs, la peau peinte en noire, jouent avec les morts, avec leurs esprits. Les marques de l'esclavagisme ne semblent jamais trop loin. Ces personnages noirs courent dans tous les sens, se faufilant entre les masques et costumes colorés. Ils créent à chaque fois cette réaction de peur chez les curieux qui observent la fête. La mise en scène est toujours marquée par une forme de violence. Les couleurs du vaudou inspirent la crainte. On est loin d'une rationalité empiriste (matérialiste du moins) qui fait sa place dans la tête et le coeur d'une majorité de la population. Malgré la présence forte de l'église catholique (60% de la population serait catholique) et les différentes églises protestantes (30% de la population), tout le monde (100% de la population) sait que la vérité existe dan le vaudou, ses lwa, ses esprits, ses zombies,...

dimanche 27 février 2011

L'inconscient


C’était la fête aujourd’hui à Jacmel. Du moins, la partie de la fête où les touristes et les familles sont bienvenus. Plus tard, c’est une autre histoire. Mes deux kodak ont marché toute la journée. Il y a toutes les couleurs que vous pouvez imaginer. Impossible d’en choisir une sans le regretter deux minutes plus tard. Il y a la joie et il y a la peur, le noir, les morts. L’inconscient collectif haïtien est à la hauteur de l’animisme qui aspire tout ce qui vit sur ce bout d’île. Des histoires de zombies tirées directement du vaudous, des personnages politiques, des papas juifs. Des dimensions symboliques à laquelle malheureusement je n’ai pas assez accès. Comme cet enfant peint, avec ses frères, il est assis sur un âne que le père (peint comme les enfants) tire. J’ai demandé à trois haïtiens de m’expliquer, personne pour me donner la clé. Peut-être vous la connaissez ??

samedi 26 février 2011

Faire une croix


J’ai fait cette photo en allant à la mer la semaine dernière. On allait s’allonger sur le sable pendant que des dizaines de milliers de cadavres sont allongés sous ces petits cailloux, coincés les uns sur les autres. Les quelque centaines de croix presque parfaitement alignées rappellent que la mort a fait une razzia le jour de bagay la. Comme la plage déserte où on allait s’allonger, cet espace qui empile des êtres humains repose dans un espace désert. Ils seraient près de 150 000 personnes à reposer en paix dans ce lieu anonyme. Autour, rien ne distingue cette fosse commune, seuls les regards curieux la dénichent. Loin de tout, loin de tous. C’est un peu comme si ces croix avaient été installées pour les journalistes du monde entier qui sont venus faire leur travail le 12 janvier 2011. Dans combien de temps ces croix ne seront plus là pour témoigner qu’il y a eu un 12 janvier 2010 ? On pourrait constater un paradoxe dans cette société pour qui 1804 est toujours d’actualité, 2010 n’existerait déjà plus. Comme s’il fallait faire une croix sur son passé.

vendredi 25 février 2011

Le paon


Trois jours à me promener en 4X4 de Miragoane à Jacmel. À dormir dans des hôtels où internet se cache. Écrire un billet sur son Iphone, ça limite un peu. En quittant Miragoane, on a été coincé plus d’une heure sur la route. Une petite fille de 5 ans aurait été heurtée mortellement par un camion quelques heures avant que nous arrivions. Le chauffeur aurait tenté de se pousser pour ne pas être lynché mais la police aurait réussi à mettre la main dessus. La population locale aurait bloqué la route pour que la PNH lui redonne le chauffeur, elle voulait en fait se faire la justice que l’État ne sera pas en mesure de faire. Tout dans ces dernières phrases est au conditionnel parce qu’on ne sait pas si c’est vrai... La route s’ouvrira pour nous sans qu’il y ait un dénouement plus solide sur l’histoire réelle. Côté campagne électorale, Tet Kale est partout. Tèt Kale, c’est Martelly. Il a la tête complètement calée, pas un poil sur le coco. Tèt Kale signifie aussi déterminé, engagé. Il ne se pavanerait plus comme un candidat, mais déjà comme un président selon Asefi. Il s’affiche partout dans ce rose qu’on appelle maintenant le rose Tèt Kale. Asefi est certaine que bientôt tout le pays arborera fièrement cette couleur. Ça la déprime, mais c’est beau.

mardi 22 février 2011

Un regard


Les ayisien ont cette faculté de vous regarder. Même le kodak qui devrait me servir de filtre n’arrive pas à supporter la charge. Il fond. Un regard qui porte toute sa force dans sa simplicité. Simplement, il faut laisser tomber les défenses et accepter l’invitation. Parce que le regard est une invitation. Une fois que notre propre regard a accepté, le visage s’éclaircit d’un sourire à chaque fois. C’est infaillible. Dis-moi ‘salut’, je te saluerai.

lundi 21 février 2011

La réconciliation


C’est le mot à la mode dans cette campagne. Un peu comme le ‘Nous sommes prêts’ de Jean Charest il y a quelques années au Québec. La stratégie de communication de Martelly est évidente. Propre de toutes allégeances ou influences politiques (même si des rapprochements avec l’époque duvaliériste semblent évidents), Martelly se présente comme celui qui peut réunir les gens de toutes les tendances politiciennes qui ont usé leur fond de culotte sur la tête de la population depuis plusieurs décennies. Dans des salons où on a mangé dans les dernières semaines, on a aussi entendu ce genre de discours. Il faut une réconciliation nationale pour passer à autre chose. L’Afrique du Sud et le Rwanda servent d’exemples à tous ceux qui aspirent à pardonner et à se faire pardonner. ‘A’s qui parra’, la société haïtienne serait divisée (pour les lecteurs français, A’s qui parra est du québécois, pas du créole...). Je vois bien la division en Afrique du Sud ou au Rwanda, mais j’avoue qu’elle me semble un peu plus diffuse ici en Ayiti. Ça sent davantage la nébuleuse. On peut bien réunir un devant l’autre Duvalier et Aristide, mais je ne suis pas en mesure d’imaginer que l’on installerait en face-à-face deux groupes ‘prédominants’ et ‘distinctifs’ de la population. Blanc contre noir en Afrique du Sud ou Tutsi contre Hutu au Rwanda, ça me semble plus nette comme division éventuellement réconciliable. Ici, je tente d’imaginer comment les politiciens des 150 partis se répartiraient de chaque côté de la table, comment ils seraient en mesure de demeurer du même côté pour toute la durée de la consultation. J’avoue, je ne me réconcilie pas encore avec la proposition.

samedi 19 février 2011

Le marronnage X


J’écris X parce que je ne sais plus combien de fois j’ai abordé ce thème. Je me suis fait rire cette semaine. En discussion avec un boss (un ouvrier) qui devait venir terminer un travail au bureau. Un boss qui marronne, qui réussit à ne pas dire oui, mais sans dire non. «On a fait toutes les démarches pour que le tout soit fait.» «Donc, ça va être fait» que je lui répond. «C’est ce que je te dis, j’ai demandé qu’on fasse les démarches.» Les autres haïtiens autour voyaient bien dans mon visage rieur que je pointais là un exemple (un autre) de ce qu’est le fameux marronnage haïtien. Ce qui lui permet de rester insaisissable. J’ai donc lancé un petit monologue qui a bien fait rire tout le monde. Imaginez un haïtien devant celle qu’il est en train d’épouser et le curé. Ce dernier lance son «Acceptez-vous de prendre Judette pour épouse?» Le gars de répondre «En principe, c’est pour ça que je suis ici». Bof... La presque mariée un peu interloquée questionne, «En principe !?». Pour rassurer son élue, le gars continue :
- Écoute chérie, pourquoi tu penses que je suis ici, que j’ai loué ce costume, qu’on a invité tout ce beau monde, que j’ai déjà payé 80% du buffet, réservé une salle et engagé un orchestre. C’est un peu désolant que tu ne me prennes pas plus au sérieux.»
-Je ne sais pas trop ce qui est désolant, on en discutera plus tard. Mais pour le moment, est-ce que tu peux juste répondre «oui» à la question du curé ?
- C’est ce que j’ai fait, j’ai dis que j’étais d’accord !
- D’accord !!
Le curé, qui veut calmer le jeu, interpelle le bonhomme en lui précisant qu’il doit normalement répondre «Oui, je le veux» (il peut toujours dire Non, mais c’est une autre histoire). L’haïtien de répondre:
- On dit la même chose. Pourquoi tout ce chichi !! Si vous voulez, je peux répéter ce que vous venez dire.
- Répète mon chéri, répète. Ma mère va s'évanouir.
- Monsieur le curé, vous avez dit «oui, je le veux» ?
- C’es effectivement ce que j’ai dit. Je peux répéter la question pour la forme. Acceptez vous de prendre Judette ...
- Ouais, je pense bien que je le veux...

La plaie


J’ai pris prétexte de la crise footballistique cette semaine pour vous parler de ces animateurs de radio qui carburent au démagico-nationalisme, et dont les chauffeurs sont friands. Chacun son heure pour fixer la chaîne ! N’empêche que cette mésaventure jamaïcaine laisse un goût amer dans la bouche d'Ayiti. En fait, elle tourne le couteau dans la plaie de .... la plaie. Ici, tout le monde connait l’association historique entre SIDA et les 4 H. Homosexuels, Hémophiles, Héroïnomanes et Haïtiens. Dès le début de l’épidémie, les haïtiens ont eu mal à partir avec cette idée bien ancrée aux USA que la maladie avait été importée par un haïtien. Allez sur MEDLINE (la base des publications scientifiques en médecine), vous allez même trouver tout le débat ‘scientifique’ sur l'affaire ; parce qu'il y a débat. Il faut quand même identifier 'le' premier arbre qui a a brûlé dans un feu de forêt !! Cette idée avait donc créé des problèmes importants aux haïtiens qui se rendaient aux USA (ou ailleurs dans le monde) vers la fin des années 80. À l’époque, les banques de sang de plusieurs pays refusaient celui des haïtiens. Une petite gêne. Le choléra génère également pour les haïtiens le même genre de comportements soupçonneux, il fallait voir le représentant du gouvernement français à notre arrivée en Guadeloupe en décembre dernier. Habile le bonhomme, mais quand même proche du profilage racial. Dans le cas de l’équipe de foot des moins de 17 ans, la Jamaïque semble avoir défoncé une porte ouverte, en réussissant tout de même à faire des dommages. C’est vous dire ... Les excuses de la Ministre Jamaïcaine des affaires étrangères ne changent rien au fait qu’Haïti a été retiré de la compétition. Une égratignure de plus dans le miroir de ce pays qui aime tant se regarder si beau. Disons que dans ses relations avec les partenaires de la Caraïbes, les haïtiens continuent de jouer le rôle de la plaie galeuse. Ils sont les seuls citoyens de la CARICOM à ne pas avoir accès au visa régional (le Caricom special visa) qui leur permet de circuler dans la zone et d’entrer dans plusieurs autres pays (le Canada par exemple). Le plus beau dans l’affaire, c’est de se rappeler la sortie du Ministre de la santé qui demandait aux haïtiens, il y a quelques semaines, de ne pas sombrer dans une chasse aux sorcières auprès des étrangers qui avaient (auraient) amené le choléra en Ayiti. Se servant de son propre exemple (rejeté dans des banques de sang au moment où il résidait en Belgique), il rappelait à ses compatriotes que l’amalgame donnerait une bien mauvaise image de son pays.

jeudi 17 février 2011

La fuite


Cette jeune dame d’un peu plus d’un an est triste. Malade en fait. Bien installée sur les genoux de sa mère, elle attend son tour à la pédiatrie de l’hôpital universitaire de PAP. Une fièvre qui inquiète sa mère, et donne un peu de tristesse à ses billes noires qui lui servent de yeux. Je craque, rien à faire. Même caché dans le 4x4, mon kodak s'énerve... Elle attendra longtemps avant qu’un (une) professionnel puisse en prendre soins, tout le monde a quitté pour aller travailler chez une ONG qui paie deux, trois, quatre ... fois plus. Je me souviens de m’être fait rincer les oreilles ‘canadians‘ par un haïtien un peu choqué de voir comment les politiques d'immigration de mon pays avaient favorisé la fuite des compétences haïtiennes depuis plus de 30 ans. Je pensais à ce bonhomme qui, sur le fond, avait raison et je me disais que les cerveaux n’avaient plus besoin de prendre l’avion... Les ONG sont arrivés et on besoin de ressources humaines. Posez des questions la prochaine fois que vous ferez un chèque. Il en faut toujours juste une pour détruire la réputation de toutes...

La pluie


J'avais oublié de vous raconter que depuis quelques jours, des pluies intenses nettoient la capitale. Une saison des pluies bien précoce pour ces 'toujours 800 000 personnes' qui vivent dans les camps ...

Le deuxième tour est lancé

Cetout est déprimé, c'est le début de la campagne électorale aujourd'hui.
- Un imbécile qui sait faire danser les foules, contre une intelligente qui n'est pas capable de parler à la population. Dans une société d'analphabètes comme la nôtre, il ne nous reste qu'à faire passer le Président du Konpa au statut de Président de la Nation.
- Un peu trop caricaturale ta comparaison, les gens ne sont pas des imbéciles parce qu'ils ne savent pas lire !
- Peut-ête, mais celle qui devrait les convaincre qu'elle est la plus compétente pour diriger le pays n'arrive pas à sortir de l'ombre de cette vedette populaire. T'as vu le président du Konpa en conférence de presse hier avec Wyclef ... On passe d'un démagogue de gauche (avec Artistide) à un démagogue de droite.Tu verras bien dans quel spectacle désolant le Président du Konpa va nous attirer. On aura le même genre de développement économique que sous la période Reagan et Tatcher... Ils seront quelques milliers à continuer de faire fortune sans que le reste de la société puisse en tirer des avantages. On a besoin de quelqu'un capable de moderniser et de renforcer les services de l'État, il faut que le gouvernement commence enfin à assurer sa fonction de régulation des activités essentielles pour la vie sociale. L'éducation, la santé, la sécurité, la protection de l'environnement, le développement économique, ... Pas de quelqu'un qui va ouvrir encore davantage les vannes pour ses quelques petits amis qui ont financé sa campagne.
- T'as le sentiment que Manigat a la capacité de soutenir la consolidation de cette capacité technocratique de l'État haïtien ?
- Elle, au moins, elle sait que ça existe !! Je te le dis, ça me déprime totalement de voir que l'on puisse élire ce clown. Je pense que je vais moi aussi participer à la fuite des cerveaux.
- Ouais... Un petit conseil quand même, n'immigre pas au Canada. On annonce que Harper sera majoritaire lors des prochaines élections fédérales ...

mercredi 16 février 2011

Le foot au temps du paludisme


Mon aversion envers nationalistes québécois est naturelle (même si je suis un « séparatiss »), les Bizz et VLB de cette ‘province’ monde m’épuisent. Envers les nationalistes de manière générale pour dire vrai, peu importe la couleur qu’ils portent. On va essayer de me faire croire qu’il ne faut pas trop simplement confondre intolérance et nationalisme, mais disons que les deux dorment souvent du même côté du lit, l’autre côté étant atteint d’une maladie honteuse qui ‘dénaturerait’.  Ici, le nationalisme a un auditoire important. Mes amis ‘nationalistes haïtiens’ me disent que ce n’est pas un nationaliste revanchard ou agressif, mais un nationaliste de survivance, de défense. Aujourd’hui à la radio, on a eu droit à une intense démonstration de ce nationalisme local. Plusieurs animateurs de radio (à PAP du moins) pourraient vous faire passer leurs collègues des radio-poubelle de la région de Québec pour des enfants d’école. Démagogico-simplisme postillonné à répétition pendant des heures, à un moment, ça devient vrai. L’animateur (et les auditeurs qui appelaient) a crié (même à pleurer) son indignation patriotique pendant presque une heure. Comment la Jamaïque pouvait imposer un tel ‘rejet’ à l’équipe haïtienne des moins de 17 ans ? Pourquoi l’État ne déclarait pas la guerre ? Comment Ayiti pouvait arriver si bas ? En tournoi de qualification de la CONCACAF pour le mondial qui aura lieu l’année prochaine au Mexique, les jeunes haïtiens se sont vus imposer une quarantaine presque ‘militaire’ par le gouvernement jamaïcain à cause de deux jeunes (ou cinq ?) qui auraient été atteints de la malaria (paludisme en français). Confiner de force dans des chambres d’hôtel, impossible de sortir ou de recevoir des visiteurs. Impossible itou de prendre un vol commercial. Imaginez, la maladie ne s’attrape pas par contact humain !! (Sauf quelques rares cas d’échange de seringues souillées...) Les jamaïcains ont probablement des problèmes dans leur service d’épidémiologie, à moins qu’il y ait une stratégie politico-sportive dans la manoeuvre. L’animateur s’est donc énervé pendant de longues minutes en faisant jouer l’hymne national entre les interventions des auditeurs tout aussi dépités. Du temps de Duvalier, bagay sa yo pat jam rive (ces histoires ne seraient jamais arrivées). Ce n’est pas avec cette fichue démocratie ou ses deux candidats pour la Présidence qu’on va rétablir une certaine crédibilité à notre Ayiti chérie, ... L’animateur a terminé sa longue diatribe en menaçant les familles riches du pays de les nommer en onde si elles ne nolisaient pas un avion privé pour aller sortir ces adolescents de leur fâcheuse posture. Elles ont été capables de financer à coût de plusieurs dizaines de millions de $ la dernière campagne de plusieurs candidats à la présidence, elles pouvaient démontrer un peu de patriotisme en finançant le rapatriement des jeunes athlètes. Duvalier, lui, l’aurait fait !!

mardi 15 février 2011

La corde danse


Manigat se décarcasserait pour changer son image d’intellectuelle trop loin la population. Disons que sur ce plan, son adversaire a eu une longueur d’avance. On imagine ces bons universitaires capables de tenir en haleine des groupes de 200 étudiants pendant 3 heures, mais incapables de rejoindre ‘le peuple’. C’est connu, le peuple et les étudiants n’élèvent pas les cochons ensemble ! En plus, ne le dites surtout à personne, elle serait trop vieille. 71 ans, y parait que t’es finie. Pour un poste de bonne grand-maman ça pourrait aller, mais pour la présidence... Il faudrait qu’elle puisse faire quelques stepettes pour montrer qu’elle est cool. J’ai lu sur Haïtilibre.com une analyse comparée des programmes politiques de la ‘vieille-compétente-déconnectée’ et du ‘jeune-bambocheur-chaleureux’. Vous me direz, mais je confirme mon incapacité à reconnaître une polarisation idéologique (gauche/droite au minimum) autour de laquelle les partis politiques haïtiens pourraient se trémousser.

lundi 14 février 2011

Saint-Valentin


Le sourire timide et serein de cette adolescente d’un orphelinat de Kenscoff fait sûrement faire des pirouettes à tous les boys du quartier. On espère qu'elle séduise le bon Cupidon tellement l’humanité transpire de son regard et de ses couettes.

Perplexité politique


C’est le silence politique, on est en attente du début réel de la joute entre Martelly et Manigat. L’ambiance veut que Martelly passerait à la présidence haut la main. Autour de moi, c’est la grande déprime. Asefi est déprimée de cette vision d’un prochain président ayisien...
-C’est un clown qui se montre les fesses dès qu’il en a la chance !!! Plus vulgaire que ça, c’est impossible. À côté de lui Georges Bush aura l’air d’un prix Nobel de littérature ...
-Je suis perplexe, t’as vraiment l’impression qu’il va passer aussi facilement ?
-T’as la naïveté d’un enfant de 2 ans ... C’est clair, son populo-messianisme est en terrain fertile. Une population sous-scolarisée vote pour ce genre de candidat qui n’a même pas besoin de programme.
-Franchement, pas nécessaire de savoir lire pour comprendre le sens d’un programme politique !!
-Ouais peut-être, mais la population est à la recherche d’un messie tout en voulant se débarrasser de la classe politique traditionnelle, tout est en place pour que sa victoire ne fasse pas beaucoup de doute. Tèt kale est leur homme !
-J’avoue que c’est ce que l’on sent dans l’air ...
-Ne t’inquiète surtout pas qu’il aura les manifestants nécessaire pour tout brûler si jamais les sondages du deuxième tour n’allaient pas dans son sens. Déjà, il agit comme s’il était élu. T’as vu la semaine dernière, il a déjà demandé la tête de ministres et de représentants du CEP. De la graine de président comme on le aime. Toujours assis sur le bord de sa chaise prêt à écraser le bout des doigts de ceux qui osent lever la main...
-T’es pas très optimiste. En fait, sauf quelques-uns, personne autour de moi n’est très enthousiaste à l’idée de voir Martelly devenir Président.
-Avec lui, tout est en place pour nous ramener à la période d’Aristide. Grande popularité d’un président colérique et autoritaire qui s’entoure des narco-trafiquants du coin. Je te le dis, on passe du pasteur au chanteur mais on navigue dans le même genre de bateau. Les deux ont la même habileté à manier le microphone. Je nous annonce malheureusement une fin de régime dans le même genre de cauchemar. Une société haïtienne un peu plus dans la déchéance, comme si c’était possible.
-Ma perplexité de timoun de 2 ans continu de résister à tes certitudes.
-On en reparlera dans quelques semaines ...

Les jambes sont lourdes


Ce matin, les jambes sont lourdes. Randonnée pédestre très tôt hier matin avec des amis. À l’heure des poules, la Montagne Noire était complètement dans la brume. L’ascension se fait avant que le soleil ait le temps de trop chauffer l’air (entre 6h et 9h). Un peu plus de deux heures de marche avec une ascension continue et intense, tellement intense qu’il est de notoriété publique que les automobilistes attendent la fin des pluies pour s’y aventurer. On perd vite l’habitude marcher dans ce monde de ‘4X4 pour les blancs’ qu’est PAP. J’aurai donc quelques difficultés à monter les escaliers du bureau aujourd’hui...

samedi 12 février 2011

Photo


Les billets qui vivent sur ce blogue naissent d'idées, d'anecdotes ou de photos. C'est selon. Il m'arrive de faire des photos qui touchent mon système visuel mais pour lesquelles les mots ne viennent pas. J'aime cette photo, mais elle ne m'inspire rien à raconter. Peut-être parle-t'elle par elle-même ? Mais pour dire quoi ?

Le KKK


Klan Ki Klaksòn (la gang qui klaxonne dans une traduction créole personnelle, donc boiteuse) est une nouvelle appellation pour les abrutis qui klaxonnent afin qu’on leur ouvre la barrière pour entrer à la maison, ou que les marchandes déplacent leur étalage de 8 mangues quand il veulent garer leur gros 4X4 sur le trottoir. Putputpuuuuut. Pas le petit putput que les haïtiens se font sur la rue pour se laisser passer ou se remercier. Non, un tonitruant et agressant «arrive mon homme» pour le garçon de cour, ou «tasse-toi matante» pour la marchande. Même les granmoun trônant confortablement devant leur petit commerce. C’est la nature du rapport de force qu’établissent plusieurs biens nantis de ce petit pays à l’origine de la grande lutte anti-esclavagiste. La chose qui a changé depuis cette période où l’application du code noir était officiel, c’est que ce n’est plus nécessairement l’ampleur de la teinte de noire dans la pigmentation de la peau qui détermine la nature des rapports de force... Il faut lire Gary Victor dans le Nouvelliste du 4 février dernier (http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=&ArticleID=88717), il propose quelques clés pour comprendre comment l’acquisition d’un pouvoir, peu importe le contexte, pousse à penser à soi, ne sert jamais l’autre à moins bien évidement qu’il soit dans le 4x4 ou membre du KKK.

vendredi 11 février 2011

Tirer le messager


Dans les bizarreries politiques des dernières semaines, il y a cette poursuite devant le parquet. Le gars qui a lu les résultats définitifs du premier tout en direct pour les télés et les radios, est actuellement poursuivi par trois ex-candidats qui veulent toujours voir les élections complètement annulée. On pourrait imaginer que c'est leur dernière tentative. Raisonnement trop simple... Voici donc l'argument de ceux qui tirent le messager devant le parquet. Des résultats, pour être officiels, doivent être affichés selon l’article xyz de la loi électorale. Dans les faits, ce porte-parole a lu des résultats qui n’avaient pas été affichés, donc des résultats qui n’étaient pas officiels. On a donc amené ce malfrat de force au parquet hier pour le questionner. Il prétend bien évidement avoir lu les résultats que ses patrons du CEP lui avaient demandé de lire, sans plus. Il doit donc revenir lundi devant le parquet avec le fameux document lu sur les ondes pour confirmer que ce document est bien un document officiel du CEP. Il devra de plus démontrer que ses patrons lui ont clairement demandé de faire cette lecture publique. Dans la dialectique hypertrophiée des ayisien quant il est question de , ou de ; dans la constitution ou de n’importe quelle loi, celle-là est l’une des plus rigolote. On Probablement que tous les ayisien sont des avocats, des dialecticiens en herbe du moins.

mercredi 9 février 2011

Qui voit-il ?


J'imaginais un comédien se regardant dans un miroir pour finir d'emprunter les états d'âme d'un personnage, son histoire, ses forces comme ses travers. Qui voit-il ? Je pense à moi et à tous ces milliers de blancs qui tentent de comprendre ce personnage, d'entrer dans son histoire, de sentir au delà de ce qui pue. Qui voyons-nous ?

mardi 8 février 2011

Indifférence 2


Dans leur vie, il y a eu un tremblement de terre. Peu importe le retour de Duvalier, celui d’Aristide, le maintien ‘anticonstitutionnel’ au pouvoir de Préval ou la décision minoritaire du CEP pour le deuxième tour, ils s’en foutent. C’est l’espace politique dans son ensemble qui pousse vers l’indifférence. Les priorités sont ailleurs. Dans leur vie, il y a eu un tremblement de terre.

lundi 7 février 2011

Indifférence


Il y a sûrement pire que l’indifférence, mais je ne vois pas pour le moment. C’est le mot de la journée. En passant à la Place Saint-Pierre ce matin, des jeunes jouaient au foot sans apercevoir le contingent de soldats péruviens qui s’installaient pour une journée annoncée comme chaude. Les péruviens sortaient lourdement armés des camions de transport de troupes, alors que les ti-culs du camp, complètement indifférents jouaient à se prendre pour Messi ou Kaka. «À l’autre bout du spectre social, le Président maintien le silence sur ce qui se déroule dans la société qu’il dirige» me dira Asefi à qui je venais de raconter la scène.
-Depuis le premier janvier (fête nationale), je pense qu’il n’a jamais parlé aux haïtiens. Aujourd’hui, il aurait répondu à des questions de journalistes du New York Times pour affirmer son intention de rester en poste jusqu’au 14 mai. Mais à nous, pas un seul mot sur ses intentions.
Pendant que des groupes tentent de faire monter la contestation et que la PNH et la Minustah ont été forcés d’utiliser les gaz lacrymogène, le Président demeurait effectivement silencieux sur la suite des choses à la Présidence. «Indifférent» dira Asefi.

Kawoutchou ap boule

Des pneus brulent un peu partout dans le pays. Les hélicoptères n’arrêtent pas de nous tourner au dessus de la tête. Ayiti lap cho. Il resterait 15 minutes au règne de Préval selon les partis d’opposition et une partie de la société civile (son mandat prendrait fin le 7 février à 12h00 selon une lecture de la constitution). Mulet a encore une fois ‘décidé’ que Préval allait rester, juste pour énerver davantage les gens probablement. Quant au principal intéressé, il reste muet.

dimanche 6 février 2011

Aéroport sous surveillance

Il semble que l'armée (la Minustah) ait pris le contrôle de l'aéroport il y a quelques heures. Deux hypothèses circulent sous forme de rumeur : Préval quitte le pays ou Arisitde y revient. Allez-y d'une troisième, c'est permis.

Demain


Un film étant un film il faut que le scénario accroche. Te rive sur ton banc, t'émeuve, te fasse rire. Il faut qu'il soit efficace. On risque (je ne présume plus rien à plus de 30 secondes d'avance) de passer une grande journée demain. Duvalier, le dictateur qui a débarqué à l'Aéroport François Duvalier il y a quelques semaines (je n'ai pas vu un seul journaliste réagir à cette ... erreur !!), fêtera demain ses 25 ans de son départ en exil en étant ici... Il a effectivement quitté Haïti le 7 février 1986. Il devrait se rendre demain sur la tombe de ses parents à Léogane et rencontrer les journalistes. Au même moment, l'avenir de Préval devrait quant à lui faire les frais de plusieurs discussions. En fonction de qui interprète la constitution, il pourrait quitter la Présidence demain. Autour de sa résidence, qui malheureusement n'est pas tellement loin de chez nous, il y avait aujourd'hui tout ce qu'il faut de sécurité et d'escouades tactiques pour imaginer une longue journée. Des groupes demandent son départ depuis des semaines, seront-ils assez nombreux demain pour l'exiger par la force ? Je ne vous parle pas d'Aristide, il parait que son passeport est parti à l'impression...

Les fous sont nus


La société haïtienne est tellement forte au plan de la cohésion sociale, que j’émets l’hypothèse qu’il y a ici beaucoup moins de problème de santé mentale que dans mon Québec natal. Une hypothèse bien évidement impossible à confirmer. Prenez le suicide par exemple, la société haïtienne ‘semble’ en être exempte. De la même manière, on entend à peu près jamais parler de personnes qui confrontent une dépression, un burn-out. Je ne parle pas ici des services de psychiatrie qui sont bien évidement dans un état que l’on ne pourrait même pas qualifier d’embryonnaire. Deux hôpitaux psychiatriques situés à PAP et ... zéro pour le reste du pays. On compte probablement les professionnels (psychiatres et psychologues) sur les doigts de deux mains et de deux pieds. En fait, seuls les patients atteints du VIH et pris en charge par un programme financé par bailleur, ont un réel accès à des services de santé mentale. Ici, malheureusement, il y a peut-être trop de bénéfices secondaires à être atteint du VIH ? Bagay la aura au moins permis une certaine prise de conscience des enjeux de la santé mentale dans la population. Des campagnes de promotion et des services offerts dans les camps par des ONG participent à décloisonner cet aspect de la santé du carcan du ‘ce n’est pas pour moi’. Le Ministère de la santé commence même à réfléchir plus sérieusement cet aspect de l’organisation des services. La nudité est l’une des caractéristiques facilement observable des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale, disons plus lourds, ceux qui impliquent une forme de délire ou d’entrée dans un monde parallèle. PAP compte en effet quelques personnages qui errent librement et nu dans ses rues. Sur le haut de Delmas, juste avant d’arriver au cimetière de Pétion-Ville, il y a cette femme qui déambule entre les voiture, lentement et sans itinéraire apparent. Cet homme qui arpente sans arrêt Lalue jusqu’à la Panaméricaine. Sa démarche est aussi rapide qu’elle semble décidée, on pourrait penser qu’il se dirige à un rendez-vous. Celle qui s’est fait une petite vie sur la route de Bourdon dans les bosquets qui longent les bureaux de la Primature. Cette dernière qui, simplement, fait des alentours du palais sa chambre à coucher. Il y a quelque chose de beau et de doux dans ces nudités. Une individualité sans habit dont toute la vie se passe à l’intérieur, dans la tête. Le monde extérieur n’existe plus, pourquoi s’en protéger ?

Les colons sont colons


Cetout a une dent contre les blancs. Des colons qui jouent au yoyo avec le développement du pays, de la démocratie. Il en rajoute, des colons.
- Tu sais Cetout, colon pour un québécois a au moins deux significations. Le colon qui colonise et celui qui est un imbécile, un abruti. Si je te dis ‘arrête de faire le colon’ ou ‘t’es ben colon’, il ne faudrait pas que tu penses que je réfère au fait que tu colonises quoi ce soit ...
- C’est marrant ta définition, parce que dans le cirque électoral actuel, c’est exactement ce que je pense de la communauté internationale. Les colons sont colons. Il n’ont même pas été en mesure de comprendre que de forcer le passage de Martelly au deuxième tour allait nous foutre davantage dans la merde pour les prochaines années. Il va gagner facilement contre Manigat. Avec son absence de perspective politique et sa capacité charismatique à mobiliser les foules, il va nous faire le même genre de Président qu’Aristide. Lui aussi, il va nous enfoncer de quelque pieds (mètres !!) dans le bordel avant la fin de son mandat. Manigat est sûrement la plus compétente pour nous sortir de ce bordel. Avec elle, on verra des changements très rapidement et les rapports avec l’international vont être davantage à l’avantage du pays.
- T’aurais préféré que Célestin passe au deuxième tour ?
- Si les gens de l’OEA avaient été compétents et stratégiques, juste un petit peu, ils auraient effectivement laisser passer Célestin au deuxième tour et auraient investi plus de cash dans le contrôle de la prochaine étape. Face à Célestin, Manigat passe avec 90% des appuis, impossible de trafiquer des résultats dans ce genre de contexte.
- J’entends cet argument de plusieurs haïtiens que la communauté internationale a encore une fois réussi à imposer son agenda, son candidat. J’avoue que je suis un peu surpris, j’ai plutôt le sentiment que Martelly est le choix de la population. Comment ce serait passé la journée de jeudi dernier dans les dix départements si on avait laissé Martelly sur la touche pour le deuxième tour ?
- Ils auraient effectivement chahuter pendant un ou deux jours pour passer à autre chose après, comme en décembre dernier.
- T’as pas l’impression qu’on aurait eu droit au même genre de scénario qu’en 2000, une population complètement désabusée par le processus électoral et qui ne se présente pas dans les bureaux de vote ?
- Pour éviter de voir Célestin passer au deuxième tour, les gens se seraient mobilisés. Je ne suis pas certain que la population est si pro-martelly que l’on peut l’imaginer, que les manifestations de décembre dernier étaient exclusivement pour crier sa frustration de le voir en troisième place. J’ai davantage l’impression que les gens sont contre Célestin, contre Préval en fait. Tout a été calme depuis jeudi parce que la menace Célestin est écartée. C’est tellement calme qu’on peut s’imaginer que Préval va passer le 7 février sans trop de difficultés. On va le laisser nous voler une dernière pointe du gâteau maintenant qu’on sait qu’il ne peut pas le voler au complet.
- Ton allégorie pâtissière est intéressante, mais pourquoi la communauté internationale parierait sur Martelly ?
- T’as pas de mémoire ou quoi ! Pourquoi la communauté internationale a appuyé Duvalier pour le laisser tomber après ? Pourquoi ils ont établi le même scénario avec Aristide ? Avec Préval actuellement ? Je te le dis, les colons jouent avec nous comme avec un yoyo.

vendredi 4 février 2011

Jude Célestin


Le candidat du pouvoir, celui qui a perdu. Décrit comme une potiche tout au long de la campagne, il a été lâché par son parti il y a plus d’une semaine. Disons simplement que les pressions américains sur les dirigeants du parti limitait grandement leur possibilité d’aller passer des week-end de millionnaire en Floride. Il a été silencieux tout au long de la campagne, refusant entre autres de répondre aux questions des journalistes. Le dindon de la farce de la dernière campagne brise le silence dans un long texte (écrire et briser le silence, il faudra que j’y réfléchisse davantage un jour). En référence à Jésus Christ (JC ou Jude Célestin), il raconte ce qui s’est réellement passé. Ma situation m'empêche de commenter ... Bonne lecture (http://www.haitilibre.com/article-2282-haiti-elections-declaration-de-jude-celestin.html).

jeudi 3 février 2011

Je vais me coucher


Six billets aujourd’hui, c’est trop. Avant d’aller me coucher, je vous donne deux petites rumeurs timides, timides et ébahies comme les deux petites bonnes-femmes qui font que cette photo est ce qu’elle est. Préval nous annoncera son départ volontaire le 6 février prochain. Celui qui pense le remplacer se serait même rendu en Floride pour s’acheter des beaux habits. Deuxième rumeur, Aristide remettra les pieds ici le 8, mardi prochain. Pendant ce temps là, la plus grande reste indifférente à toutes ces rumeurs.

Aux plus capables ou aux plus nombreux


Ce matin, les madasara passaient entre les gardes de la Minustah qui assuraient la surveillance de la rue qui mène au CEP. Cette photo est prise près de 45 minutes après l’annonce des résultats définitifs du premier tour. Les militaires indiens étaient parés pour recevoir des projectiles, ils verront plutôt lentement passer les marchandes qui se rendent aux différents points de vente. La crise électorale, c’est comme un tremblement de terre ou encore un ouragan : Pa gen pwoblem. Les rues de PAP et de Pétion-Ville étaient vides toute la journée, la société organisée (le monde formel du travail, les écoles, …) ayant planifié quelques jours de troubles sociaux. Mauvaise prédiction, heureusement. Je ne suis pas politicologue ni historien, mais il me semble se dessiner dans cette course à deux le même genre de patron (pattern en anglais) que pour plusieurs autres élections : Le pouvoir aux plus capables contre le pouvoir aux plus nombreux. La période politique des années qui ont suivi 1870, deux partis haïtiens se faisaient la lutte. Le Parti Libéral constitué de notables (mulâtres) avait comme slogan ‘Le pouvoir aux plus capables’, alors que le Parti National (noirs) criait sur tous les toits ‘Le pouvoir aux plus nombreux’. J’oserais avancer l’idée qu’une partie de la joute se déroulera autour de cette même dialectique encore une fois. Manigat est une universitaire (PhD en Sciences politiques de la Sorbonne), elle représente d’une certaine manière la ‘plus capable’ même si son âge, disons avancé, en fait sourciller plus d’un. On reconnait généralement qu’elle serait intellectuellement la mieux placée pour assumer les fonctions de la présidence. Les rumeurs veulent aussi que cette femme sera plus difficile à corrompre, et que son intelligence stratégique lui permettra de mieux naviguer dans l’arène politique contestataire(les deux chambres contrôlées par l’Inite) dont elle héritera. On lui reproche également un mari peut-être trop influent. Quand à Martelly, il me semble représenter le candidat du ‘pouvoir aux plus nombreux’. Chanteur populaire connu de tous, il a déjà démontré sa capacité à mobiliser les foules. Il joue bien son inexpérience politique en rappelant que les changements de façon de faire en politique sont devenus une nécessité, quoi de mieux qu’un nouveau pour changer les façons de faire. Un de ses handicaps vient du fait qu’il avait des habitudes de chanteur populaire ... disons inadéquates, comme montrer ses fesses par exemple !! Il y a ici bien des gens qui ne peuvent imaginer un Président au passé amoral. Qui les haïtiens choisiront : La représentante des plus capables dont le principal handicap serait son âge avancé ou un mari influent, ou le représentant des plus nombreux qui avoue son inexpérience et qui a déjà montré ses fesses ?

7h34

Manigat et Martelly passent au deuxième tour. On verra la suite pour le déroulement de la journée... On verra l'analyse blanc/noir évoluer dans au cours des prochains jours. À plus et bonne journée.

7h31

Il vient de commencer à donner les résultats pour le sénat... Ma prédiction n'était pas bonne. je vous reviens bientôt.

7h10

On vient de commencer à rendre public les résultats. On commence bien évidement par les circonscriptions pour la chambre basse. On les passera une à une avant de continuer avec la chambre haute. Après on nous dira qui passe au deuxième tour pour la présidence. J'imagine que nous aurons l'information vers 7h30...

Les comédiens

C’est aussi le titre d’un roman qui aura fait vivre Haïti (l’Hôtel Olofson en particulier) dans la tête d’amateurs de littérature. Je vous invite à aller suivre les nouvelles sur HPN (http://hpnhaiti.com/site/), depuis hier soir, le suspens est maintenu, pour ne pas dire entretenu. Une vraie mise en scène... Alors de Le Monde et l’Express nous annonce que Célestin est écarté de la course. Allez savoir, peut-être que le décalage horaire permet au français d’obtenir les résultats avant tout le monde ici !!

mercredi 2 février 2011

Blanc ou noir


La chaleur a monté d’un cran dans la capitale aujourd’hui. Dès 14h00, des bureaux fermaient, les écoles se vidaient des élèves. Plusieurs commerces se sont barricadés alors que les banques fermaient leur coffre-fort, ... Tout le monde se dépêchait à entrer à la maison, question d’éviter d’être dans les rues au moment où le CEP allait annoncer les résultats définitifs. Dans cette fâcheuse habitude de simplifier les affaires pour permettre aux imbéciles de comprendre, les médias nous décrivent la situation en fonction de trois scénarios. Un, moins probable, d’Annulation des élections. Je dis moins probable dans la mesure où les tergiversations sur ce dernier ne sont pas nombreuses. Les deux autres scénarios sont en forte lutte. Ou les blancs imposent leur vue au gouvernement (c’est-à-dire que Martelly passe au second tour contre Manigagt), ou Préval maintien sa position (c’est-à-dire que Célestin conserve sa deuxième place et affrontera Manigat). Dans quelques heures, on verra lequel de ces scénarios sortira vainqueur. Le gros hit de la journée a été la sortie du Ministre de la Justice qui a dit (selon le site de HPN) «Ils (en parlant de la communauté internationale) ont tiré des résultats de leurs poches et ont exigé leur publication. Ils ont la puissance, ils peuvent s’ils le veulent nous imposer un embargo financier, ils agissent comme des colons, mais ils doivent comprendre qu’il y a des hommes et des femmes dans ce pays qui exigent d’être traités avec dignité.» Il n’en fallait pas plus pour que le niveau de tension augmente d’un cran, la rumeur que Célestin allait rester au deuxième tour s’étant répandue comme vous savez quoi. Il est fort probable que les partisans de Martelly sont sur les lignes de côté. Ils ont réussi ce qu’ils ont réussi au début de décembre, ils devraient refaire une tentative si jamais les rumeurs issues du discours du Ministre se confirment. Ayiti lap cho comme on dit ici !! Si Martelly passe, la réaction des partisans de Célestin semblent plus difficile à prévoir. Depuis la sortie des dirigeants du parti la semaine dernière (retrait de leur appui à Célestin), on peut penser que les manifestants auront moins d’appui pour maintenir la ville en état de siège. Quelques heures avant la grande annonce.

** Cette photo n'est pas de moi. Elle a été prise lors de notre petite mésaventure au Cap-Haïtien en novembre dernier. Un photographe français trouvait rigolo de voir des blancs marcher avec leurs valises dans les rues du Cap-Haïtien. Les rigolos, c'était mes collègues et moi !!

mardi 1 février 2011

Voir un inconnu pleurer


La musique me remplit les oreilles une bonne partie de la journée. J’écoute plus souvent en mode random, Haydn est suivi de Rush avant que Cohen ne vole la vedette à Gainsbourg, à Lhasa ou à Jovanotti. Rien de logique dans l’affaire, que le résultats hasardeux de goûts variés. Dans mes oreilles, Brel chante dans es oreilles ‘Voir un ami pleurer’ juste après que Desjardins se soit couché dans son chars. L’image d’un ami qui pleure me trotte dans la tête jusqu’à ces égarements m’amènent à voir un inconnu pleurer. Plus navrant, plus difficile à consoler...

Naïveté abstraite


Les artistes sont mes témoins préférés de la réalité. Ici en Ayiti, terre d’artistes, ceux qui manient le verbe, le pinceau ou la guitare on rapidement inscrit bagay la dans leurs propos. Le retour de Duvalier n’a pas fait exception. Depuis une dizaine de jours, il est le thème de certains peintres qui exposent sur les rues. Aristide a lui aussi refait surface sur les toiles, mais c’est davantage de la futurologie pour le moment. Une école abstraite à l’intérieur du grand mouvement de la peinture naïve... Dans la dimension moins naïve et abstraite de notre réalité, les messages de la coopération circulent. Des avis de sécurité pour être plus précis. On nous invite à être prudent. Demain, en fin de journée probablement, le CEP va livrer le fruit de toutes les tractations des dernières semaines. On aurait pu penser que la démarche faite par l’Inité la semaine dernière concernant le retrait de son candidat à la présidence (Jude Célestin) allait décrisper le jeu, mais il semble que le gars tient à son job. Publiquement du moins, il continue à résister à se sortir de la course. On ne sait pas vraiment si c’est lui ou Préval qui se cache derrière cette obstination, mais elle laisse tout le monde sur une attente. Asefi est certaine que c’est Préval qui continue de titrer les ficelles dans la vie de son Jude, «Préval ne lâchera jamais le morceau, il faut s’attendre au pire.» Je ne suis pas trop certain de la justesse de son pronostic alarmiste, mais on a quand même quelques jours de provisions à la maison ... On va enfin voir demain qui de Préval ou de la communauté internationale a le plus d’impact sur le CEP. C'est sans compter que l'opposition va demander le départ de Préval pour le 7 février prochain. J'imagine bien que les résultats de demain vont déterminer la durée de la présidence de Préval ... Pour Cetout, si Préval veut rester en poste pour quelques semaines encore, il est préférable qu'il laisse tomber Célestin pour le deuxième tour. "On ne peut pas toutes les gagner..."