mardi 30 août 2011

«Ravèt pa janm gen rezon devan poul»


« Le cafard n’a jamais raison devant un poulet » est un proverbe haïtien qui peut bien représenter l’iniquité des rapports de force dans la réalité des relations internationales. C’est un peu ce qu’un sénateur tentait d’expliquer aujourd’hui à la radio pour tenter de bloquer la prochaine candidature au poste de premier ministre. Les rumeurs sont fortes et tenaces à l’effet que le président de la république et celui du sénat ont négocié très fort et se seraient entendus sur la désignation de Gary Conille. Un haïtien qui a connu une carrière internationale, haut cadre Onusien il aurait assumer des fonctions diplomatique dans certains pays africains. Dans les dernières années, encore une fois selon des rumeurs, il serait très proche de Bill Clinton, jouant entre autres un rôle clé au sein de la fondation de l’ex-président américain. Dans sa sortie contre cet ancien ‘international’, sortie aux fortes aromes nationalistes, le sénateur en question est revenu sur le rôle d’influence central que joue aujourd’hui la CIRH dans les choix qu’opère le gouvernement haïtien, et qu’à cet effet, il fallait peut-être comprendre la désignation de Conille comme une preuve supplémentaire de la mainmise ‘définitive’ de l’international sur le pays. Le raisonnement est simple : S’il faut deux présidents à cette fameuse CIRH, un international (Bill Clinton en l’occurrence) et un haïtien (le premier ministre), il faudra comprendre qu’avec Conille, la CIRH serait dirigée par deux internationaux.

lundi 29 août 2011

La pauvreté


Sur HPN aujourd’hui, on racontait comment la diaspora fait des efforts pour éviter de voir ses transferts et ses appels taxés par la nouvelle présidence. Martelly a imposé une taxe sur les transferts et sur les appels venant de l’extérieur pour financer son projet d’école gratuite. Cette manœuvre (illégale pour certains dans la mesure où elle n’a pas fait l’objet d’un vote au parlement) du président pousserait certains haïtiens de la diaspora à faire transiter l’argent autrement, question de ne pas payer cette taxe. Imaginez le gars qui envoie de l’argent à sa sœur pour qu’elle puisse scolariser ses enfants, qui trouve le moyen de ne pas payer cette taxe qui pourrait permettre la scolarisation gratuite des mêmes enfants. On nage en plein délire diraient certains, mais c’est la résultante de la non confiance et de son grand frère, l’individualisme. Surtout éviter tout ce qui pourrait prendre la forme de la solidarité, c’est dangereux. La pauvreté, c’est un peu comme le virus de l’herpès, impossible de s’en débarrasser.

dimanche 28 août 2011

4 milliards plus tard


« Où sont passés les 4 milliards de $ US que la CIRH a permis de distribuer dans le pays depuis 18 mois ? Moi, je ne vois rien ! » C’est le genre de sortie qu’a fait Martelly tout au long de sa campagne et qu’il continue aujourd’hui de marteler (c’est pour faire le lien avec Martelly). Pour la mémoire, la CIRH est la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti qui a été installée par le gouvernement Préval quelques mois après le tremblement de terre. Le premier avril qui a suivi le 12 janvier 2010, tous les pays se sont réunis à New York et se sont engagés à dépenser 10 milliards de $ pour soutenir la reconstruction d’Haïti. Ce 10 milliards devait être dépensé en 18 mois, donc d’ici octobre prochain. J’ai souvent écrit sur ce site que dépenser 10 milliards en 18 mois aurait été une catastrophe pour le pays. Je continue de le croire. Pour le moment toutefois, le discours facile ici est de dire qu’il s’est dépensé seulement 4 milliards (donc que les pays n’ont pas respecté leurs engagements) et, le hic, qu’on ne voit pas concrètement où seraient passés ces 4 milliards. Le pas facilement franchi par Martelly et plusieurs commentateurs veut que ces 4 milliards soit dans les poches des expats et des entreprises étrangères envoyés ici pour aider la reconstruction et que les retombées nationales sont infimes. Je partage en partie cette analyse, mais elle m’apparaît quand même un peu trop simpliste. Le populisme impose toujours ce genre de limites !! C’est vrai que tout ce qui a été fait autour de la CIRH (sa création et son fonctionnement) s’appuie sur une première idée fondamentale qu’il ne faut pas donner un sous aux haïtiens (à leur gouvernement), l’argent va se perdre. Ayiti serait l’un des dix pays les plus corrompus selon une analyse glanée sur le web récemment. Deuxième idée fondatrice de la CIRH pour les pays donateurs : Si on dépense des milliards et qu’Ayiti devient un grand chantier, nos entreprises doivent pouvoir en profiter. La CIRH a donc été constituée mi-haïti/mi-communauté internationale (co-présidée par le premier ministre Bellerive et l’ex-président Clinton) et a la réputation d’être complètement inefficace. Rappelons, encore une fois pour la petite histoire, que la CIRH n’a pas d’argent. Son rôle est de coordonner les engagements financiers des différents États ou Organisations internationales. Rien ne se dépense (théoriquement du moins !!) sans avoir eu le OK de la CIRH. Dans un cas que je connais bien, la CIRH a forcé des canadiens et des américains à faire un projet commun, les deux voulaient intervenir dans le même créneau pour faire exactement la même chose. Les haïtiens n’avaient aucun intérêt à demander aux américains et aux canadiens de travailler conjointement, la duplication, c’est deux fois plus payant ! Martelly surfait donc sur la vague nationaliste (seul des haïtiens devraient gérer la CIRH) et la non fonctionnalité de la CIRH pour annoncer sa mort à la fin octobre. Tout le monde (dont Clinton qui aurait remis 1 million de $ dans la fondation du président, toujours selon la rumeur) a fait comprendre à Martelly que les internationaux retireraient leurs billes si tout était géré par des haïtiens et qu’à ce titre, la CIRH devait rester. On ne peut pas s’en débarrasser même si on l’a promis, on fait donc une ‘réforme majeure de la CIRH’ qui continuera de faire le boulot de coordination pour les prochaines années. Pour revenir sur l’absence de démonstration des 4 milliards dépensés, je pense comme Martelly, disons qu’on pourrait voir davantage de changements. Mais là où une partie significative de cette argent a un impact sur la vie économique des haïtiens (le sont-ils vraiment ??), c’est dans la petite clic de gens riches qui détiennent les restaurants chics (où on mage généralement très mal considérant le prix), les hôtels, les maisons de luxe à louer et la vente des gros 4X4. Dans ces secteurs de l’économie nationale surtout concentrés à Pétion-Ville, on peut presque voir les milliards déambuler dans les rues. J’exagère un petit peu bien évidemment, mais disons que de ce point de vue, les haïtiens ne font absolument rien pour assurer une meilleure distribution de ces 4 milliards passés en transit chez eux ! La journée où on s’attaquera à ce problème, vous verrez un pays se reconstruire.

vendredi 26 août 2011

Un enfer moins infernal


C’est à partir d’ici qu’on voit si vous êtes gentils. Vraiment gentils je veux dire. Suite à mon billet de la semaine dernière sur La famine où je faisais référence à notre implication dans un orphelinat, quelques uns des lecteurs assidus de ce blogue se sont demandés comment ils pouvaient aider. Trop tard pour reculer messieurs dames, le moment tant attendu approche. Jo et moi voulons ramasser un petit pactol pour améliorer un tant soit peu la vie de ces timouns, rendre l’enfer moins infernal. Rien de très compliqué, mais deux choses qui nous semblent essentielles. L’alimentation et la santé. Pour l’alimentation, il nous faudra trouver de l’argent afin d’acheter des mets protéinés (galettes, lait, …) ou vitaminés, question de remettre un peu de ‘pep’ dans ces petits moteurs. Pour la santé, on est coincés avec un dossier plus urgent. Il concerne l’hygiène et ce que l’on appelle la transmission des maladies féco-orales. Concrètement, il n’y a aucune toilette, les enfants poussant donc ce qu’ils ont à pousser un peu partout sur le terrain ou sur ses pourtours, se transmettent ainsi des maladies pas trop intéressantes et dans ces temps de choléra, on trouve pertinent de leur offrir des lieux d’aisance. Il faut pour ce faire construire au moins trois latrines, des experts en la 'matière' nous parlent d’un lieu d’aisance pour 25 personnes. On va donc lancer un site web où vous pourrez nous faire parvenir un peu de votre argent pour que l’on puisse améliorer un petit peu le sort (à court terme je sais) de ces ti-culs sans culottes, ni petites culottes. Restez branchés, on vous informe bientôt.

jeudi 25 août 2011

Pas nécessaire


- 150 gourdes !! C’est un prix pour les blancs !!
Le visage gonflé de la marchande qui me fait le plus beau sourire moqueur du monde.
- Ici monsieur Jean-François, il n’y a pas de prix pour les blancs, que des prix pour les amis.
- Je ne vous crois pas !
- Je vous le dis monsieur, même prix pour tout le monde, blancs ou haïtiens.
Je lui donne ses 150 gourdes (3,75$). Elle me fait un petit clin d’œil pendant qu’elle coince mes 12 pamplemousses roses dans un sachet.
- Des bananes aussi Monsieur Jean-François?
- Pa gen bezouin.
- Des tomates ?
- Je n’ai plus d’argent ! Avec ces 150 gourdes pour les 12 pamplemousses, je suis à sec.
- Dès ce soir monsieur Jean-François, je vais prier pour vous. Pour vous et pour madame Johanne. Pour que vous puissiez enfin avoir de l’argent.
- Arrêtez de prier pour nous, et baissez vos prix plutôt.
- Je préfère prier pour vous et pour madame Johanne. C’est important de prier …
Je me penche sur elle en lui mettant la main sur l’épaule et l’invite à prier pour elle en premier, qu’après, elle pourra prier pour nous. Son sourire acquiesce. On se salue en se donnant rendez-vous pour demain. En reprenant la route, je téléphone à Claudette pour lui demander combien elle aurait payé les 12 pamplemousses roses. 75 gourdes. Je lui raconte mon aventure et elle me répond que la prochaine fois « Map achete pou ou. »
- Pas nécessaire Claudette.

mercredi 24 août 2011

ho-ZAY

Le site de la NHC est fantastique. En plus de nous donner le nom des ouragans pour les prochains jours comme pour les prochaines années, il y a un document PDF pour nous enseigner à prononcer correctement la bibitte météorologique. Avec son petit air hispano, Jose, l'ouragan en gestation actuellement, doit se prononcer ho-ZAY (le lien). Vous le saurez quand ce sera le temps, merci de dire que c'est moi qui a donné l'information.

Je sais

« On est jamais trop prudent » se disent toujours les ayatholas de la santé publique. Je le sais, j’en suis … C’est ce que je me disais ce matin en ouvrant ma boîte de courriels et en voyant le 19ième message du PNGRD (Plan National de Gestion des Risques et des Désastres) faisant passer enfin l’alerte de rouge à orange. C’est que depuis samedi ou dimanche, Haïti est sous une alerte rouge et on est ‘inondé’ (notez la pertinence du jeu de mot …) de courriels nous informant de la position d’Irène (des petits comiques s’imaginent sûrement tante Irène dans certaines positions …) et les mesures de prévention à suivre. Depuis lundi en fin de journée, on avait déjà une bonne idée qu’Irène irait voir ailleurs. Elle serait passé à plus de 100 milles des côtes du pays (au nord) et créant dans son sillage (le sillage de tante Irène …) des problèmes relativement mineurs, dans le département du Nord-Ouest plus spécifiquement. Jamais eu ce genre d’avis pour Emyli ou pour Tomas !!! L’idée m’est venu qu’un bailleur avait peut-être commencé à donner des per diem supplémentaires pour la période d’alerte rouge ou pour le nombre d’avis émis. Mauvaise langue ? Je sais !

lundi 22 août 2011

L'éditorial de Marcus


Le matin en voiture, je gère les chaines de radio. Entre autres, j’aime bien entendre Marcus raconter les nouvelles d‘un peu partout. Dès que sa collègue prend le micro toutefois, je change de chaine. On appel ça une allergie. Je sais que des gens trouvent que Marcus s’écoute trop parler, mais j’aime l’entendre s’écouter. Vers 8h10, il fait son éditorial que je ne manque pas trop souvent. J’apprécie les opinions, l’information on peut la trouver partout. Ce matin il a poussé un éditorial qui m’a laissé de glace, tellement qu’on aurait pu arrêter la clim ! Martelly serait impliqué dans un vaste complot continental pour que la droite reprenne sa place en Amérique du sud … Le bonhomme (je parle de Marcus) n’y est pas allé avec beaucoup de précaution, d’hypothèse ou de conditionnel pour présenter son analyse, il était en fait lourdement dans l’affirmatif. La beauté de l’affaire avec la théorie du complot, c’est qu’elle est toujours ‘logique’, un peu comme le délire d’un paranoïaque. La logique n’est malheureusement pas l’unique critère pour valider de la pertinence d’une théorie et j’avoue que de ce point de vue, j’aimerais bien prendre un rhum ou une Prestige avec Marcus. Question de mieux comprendre la pertinence ou l’intérêt du propos. En fait, des choix pseudo erratiques de Martelly pourraient trouver leur sens dans cette grande mouvance de la droite américaine (on parle ici du Tea Party) de ramener les pays d’Amérique du sud dans le giron de la grande famille politique de la droite conservatrice. Par exemple, le choix ‘faussement absurde’ de son premier voyage officiel en Espagne (un pays qui aurait avec Haïti des liens très ténus) lui aurait permis d’attacher un fil essentiel avec un représentant politique de l’opposition de droite, un deuxième voyage au Chili auprès du presque seul gouvernement de droite dans la région, le ‘refus’ de deux gouvernements de gauche de le recevoir (Argentine et Brésil) et son équipe très rapprochée parachuté des USA (surtout sur les dimensions ‘communication’) aux très fortes odeurs conservatrices sont des symptômes qui mis ensemble, offre à la chaire le squelette dont la théorie a besoin pour prendre forme. L’annonce du retrait éventuel des forces brésiliennes présentes au sein de la Minustah confirmerait cette guerre idéologique dans laquelle Martelly, comme un cheval de Troie, aurait relancé la région du sud du continent américain. Son absence de lien avec le Venezuela de Chavez serait un autre symptôme de cette guerre. Ce Chavez qui donnerait plus par tête de pipe que les américains (c’est Marcus qui citait Clinton !!), qui propose son carburant à un prix ridicule et qui finance les brigades de médecins cubains installées partout dans les zones reculées du pays. Comment vivre sans ce Chavez ? Le genre de défi que le chevalier de la droite devra gérer mais autour duquel il ‘a pas encore osé danser. Non, il préfère le Chili et l’Espagne, deux pays mineurs dans le contexte. Toujours selon la théorie proposée, Martelly aurait donc un mandat téléguidé des Etats-Unis : Sortir Haïti de ce giron d’une gauche (pseudo pour être simpliste) issue des gouvernements Aristidien-Prévalo qui se sont succédés depuis 20 ans, et ouvrir ainsi la voie à une transformation idéologique complète du sud du continent. Martelly, comme chevalier de la droite en Amérique du sud ? Dans ma petite tête d’imbécile, l’enchainement d’une série d’évènements, même logiquement agencés, ne garantit en rien la véracité de l’analyse. Je reste perplexe, le doute est l’une de mes marottes. Dans toutes mes contradictions, la naïveté est une de mes qualités… J’invite donc Marcus, s’il navigue sur mon blogue, à prendre un verre. J’assume tous les frais, même s’il faut casser la croûte, pour qu’il puisse m’exposer la profondeur de son analyse. J’ai besoin de comprendre. Vous allez penser que la photo n’a pas de sens avec le propos !? Je l’ai faite il y a quelques semaines à la mer. Ce jeune haïtien regardait sa journée de ‘faiseur de château de sable’ se terminer en regardant l'horizon. On pouvait lire une certaine tristesse dans sa posture. S’il faut qu’Haïti porte le mandat annoncé par Marcus, ils seront plusieurs ‘découragés’ à regarder 'lot bò dlo' en se demandant dans quelle galère impossible on les a encore une fois inscrits.

dimanche 21 août 2011

La messe du dimanche


Le soleil éclairait encore à l’horizontal le lieu de culte de l’Église Chrétienne Évangélique de Pommier. On finissait de monter la batterie et le sound check allait commencer. Je continuais ma petite promenade avant de repasser 30 minutes plus tard devant l’église qui se remplissait lentement. Devant moi, marchait un granmoun et sa madame. Le bonhomme portait des souliers de golf (Footjoy) noir et ocre, nettement trop grand pour lui. Les bordures des deux souliers flottaient autour de ses chevilles enveloppées dans des bas blancs, blanc indigo. Le ceinturon était lui aussi trop grand. Une fois bien fixé dans la boucle sur le nombril, la ceinture venait terminer sa course complètement derrière, juste au dessus de ses fesses. Le granmoun et sa madame étaient beaux et propres, comme les haïtiens sont beaux et propres tous les jours, et surtout le dimanche. La madame chantait. Un chant religieux qui me semblait inviter Jésus à venir bénir la cérémonie dans laquelle ils s‘en allaient. Le drapeau national servait de foulard à la madame alors que le vieux portait un chapeau. Question de rappeler à tous qu’il n’a pas encore sa place dans le pays des sans chapeaux. Ils venaient de marcher près d’une heure pour se rendre à la cérémonie, de monter une côte abrupte surtout. Ici, toutes les côtes sont abruptes.

samedi 20 août 2011

Tante Irène


Avez-vous une tante qui s'appelle Irène ? Votre mère !! Désolé, je n'ai rien contre les Irène, mais je n'aurais pas aimé qu'une de mes tantes se nomme ainsi. Irène n'est pas encore officiellement baptisée, même pas née en fait, et déjà elle fait parler d'elle. Le pays est en pré-alerte orange, comme si un pyromane appelait les pompiers avant de passer à l'acte : "Hé les boys, lâchez la dame de pique ou le paquet voleur, je devrais gratter une allumette dans une trentaine de minutes." Irène donc, sera le neuvième enfant de la famille des ouragans pour 2011. Elle flirt avec les Îles françaises un peu plus au sud, et le NHC invite la République Dominicaine et à Ayiti à se préparer. La dernière annoncée avait pris une petite pause juste avant d'arriver sur nous, assez pour perdre son entrain. Pourvu qu'Irène trouve elle aussi à se distraire. Il faudrait qu'elle se trouve un mononcle Gérard !!

jeudi 18 août 2011

Charbon de bois et politique


Vous savez comment ont fait charbon de bois en Haïti ? On met le feu à des morceaux de bois et on étouffe le tout sous une montagne de terre en s’assurant de laisser quelques entrées d’air, donc de sorties de boucanes. La senteur de ce bois qui brule étouffé ne correspond en rien aux aromes d’un bon feu de bois, j’en témoigne. Il doit se consumer quelque chose sous cette terre qui ne revient pas à nos narines. J’ai fait cette photo (avec mon téléphone !!) vers 6h00 du matin dans la montagne derrière chez nous. Je ne parle pas ici de l'impact écologique et sociale de cette pratique, d'autres en font leur spécialité. Ce feu que l’on camoufle tout en l’entretenant, me faisait penser au blokus politique qui décrit les 100 premiers jours de la gouvernance martellyenne. J’ai écrit sur la braise la semaine dernière, c’est dans la continuité. On commence à critiquer Martelly ici comme ailleurs (aller lire l’éditorial du Washington Post du 14 août, le lien) en rappelant continuellement son inexpérience et son passé de vedette. Plus personne ne saurait si c’est le Michel Martelly ou Sweet Micky qui gouverne, une ambivalence commode pour les analystes et que l’intéressé semble enclin à entretenir. La relation entre la présidence et les deux chambres, l’essence d’une constitution qui s’est voulue réparatrice d’un pouvoir présidentiel dictatorial, est comme ce bois qui se consume sous la terre. Tous les acteurs politiques se négocient une circulation d’air pour ne pas tout étouffer, suffisamment pour que la braise se maintienne sans tout embraser. Le ton a fait un bond cette semaine et des stratégies différentes se profilent, comme si l’affrontement ultime que tout le monde tentait d’éviter depuis quelques semaines devenait davantage probable, pour ne pas dire souhaité. La sortie de Martelly dans une entrevue avec une journaliste canadienne (relayée sur youtube par l’équipe Martelly) force tout le monde à se repositionner. Ou on vient de fermer une des sorties d’air, ou on en a créé une supplémentaire ? Chose certaine, la chose se consume autrement. Le charbon de bois et la politique, deux réalités qui doivent changer pour sortir Ayiti du pétrin dans lequel il nage depuis trop longtemps.

mercredi 17 août 2011

La blague ne durera jamais assez longtemps

Cetout est en furie. Il vient de me faire suivre cette dépêche de HPN (le lien). Dans son courriel, il écrit : « Quand est-ce que c’est parlementaires vont arrêter de rire de nous ??? Martelly a mis en place cette commission présidentielle suite aux critiques de ces mêmes parlementaires qui voulaient l’amener à négocier le choix d’un premier ministre. Il fallait faire l’éducation politique de Martelly qu’ils disaient. Aujourd’hui, ils nous ressortent encore une fois un article de la constitution pour refuser de négocier le choix du premier ministre avec cette commission, rappelant que la désignation est la seule responsabilité du président. Ils ont déjà fait le même genre de piège à cons dans le cas de Gousse, la blague ne durera jamais assez longtemps pour eux !!! »

mardi 16 août 2011

La famine


Stéphane Laporte, un chroniquer de La Presse (un journal montréalais), a commis un article (le lien) il y a quelques semaines sur le développement d’une certaine indifférence à l’égard de la ‘faim dans le monde’ et les images qu’elle transporte. Il raconte comment il avait été frappé tout jeune par les images de la famine en Éthiopie au début des années 1970, images qu’il regardait à la télé en mangeant un steak et des frites avec ses parents ! La deuxième grande famine du milieu des années 80 avait déjà fait moins d’effet, comme si des images déjà vues mille fois ne pouvaient plus être porteuses d’émotion. Avec la famine actuelle en Afrique, on atteindrait presque l’indifférence ou le sentiment d’impuissance. Je me souviens d’avoir lu son article en partageant son point de vue. Les images chocs qui défilent sur nos écrans n’arrivant qu’à susciter chez nous des réactions quelconques, trop habitués que nous sommes (ou serions) à voir des images d’horreur. Je partageais son point de vue jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à il y a deux semaines en fait. De manière systématique, Jo et moi passons quelques heures par semaine dans un orphelinat près de chez nous. Les conditions de vie des enfants sont pires que celles que vous pouvez imaginer et on tente d’aider du mieux qu’on peut entre autres à nourrir ces presque 90 pensionnaires forcés. Générer des sourires au dessus de ces grosses bedaines gonflées de timoun, ça n’a pas de prix. Je vois donc des enfants en situation de malnutrition (je ne parle pas ici de famine), des enfants qu’on apprend à aimer dans la mesure où on les côtoie tous les weekends depuis janvier. Et maintenant, je n’arrive plus à voir les images que les médias nous proposent sur la famine qui s’abat sur l’Afrique. Plus capable, mon cœur se tord, le clic de la souris est plus rapide que tout pour passer à l’information suivante. Comme si fréquenter cette malnutrition faisait fondre les défenses, ou dégelait des émotions. Choisissez.

lundi 15 août 2011

Délier la langue


Un des intérêts avec le multilinguisme, c’est de constater comment le rhum a tendance à diminuer l’impact inhibant du surmoi, et améliore ainsi nos habilités linguistiques. C’est ce que je me disais en me rappelant une conversation récente avec un UN (United Nations, les Nations Unies) né dans un État américain. Son anglais et mon français se valaient, la conversation quoique bigarrée a été efficace. En fait, je voulais comprendre comment la communauté internationale pouvait être aussi silencieuse dans le présent bras de fer entre le président et le parlement, alors qu’elle avait été presque bruyamment indécente lors de la période électorale. Pour la petite histoire récente, disons que les l’OEA et les américains ont poussé ce qu’il fallait pousser pour installer Martelly au pouvoir et empêcher l’Inite de contrôler les deux chambres, tant au premier qu’au deuxième tour. Depuis toutefois, un silence tel qu’on pourrait penser qu’ils ont abandonné leur poulain. « On n’a pas abandonné notre poulain, on n’en n’avait pas vraiment. Mais le vol de l’Inite était tellement obscène (grossier en anglais) lors des deux tours, qu’il était impossible de ne pas réagir. Là, la situation est plus sensible. On a un président et son parlement qui jouent le jeu de cachecache que prévoit la constitution, c’est passablement plus gênant d’intervenir. » J’ai testé avec lui la l’hypothèse qui voudrait que certains sénateurs éventuellement associés au trafic de drogue soient bouclés par les américains (ils ont fait le même genre d’interventions dans l’équipe d’Aristide en 2004), question de frapper un coup assez solide pour ébranler toutes les abeilles de la ruche et permettre à Martelly d’installer enfin son gouvernement. « Aucun avantage ! Pour le moment, ces sénateurs corrompus sont plus efficaces pour nos intérêts, si on les boucle, ils ne nous seront plus d’aucune utilité. » Et ils sont utiles à quoi lui ai-je répondu ? Son sourire m’a permis de constater que l’alcool peut faciliter nos habilités linguistiques, mais ne délie pas toutes les langues…

dimanche 14 août 2011

Pas de billet

L'internet nous fait faux bond à la maison depuis hier... Pas moyen de mettre un vrai billet en ligne, c'est mieux ainsi, je n'avais rien à raconter.

Envoyé de mon iPhone

samedi 13 août 2011

Le discours

Asefi vient me faire suivre ce discours 'fictif' d'un sénateur lors du vote de la semaine dernière. Comme plusieurs, elle est plutôt fatiguée de ces parlementaires qui tourneraient en rond en se remplissant les poches. Le plus choquant pour elle, c'est que même si le discours semble beau, il pue.

« Mes chers collègues sénateurs … En fait, il faudrait davantage débuter cet important exposé en saluant mes ‘TRÈS CHERS’ collègues sénateurs. Vous comprenez tous que cette marque supplémentaire d’affection n’est pas superflue dans le cadre de cette ultime rencontre de notre digne assemblée. J’aurais également pu ouvrir mon exposé en soulignant à grands traits le caractère honorable ou la dignité de mes illustres collègues sénateurs, mais ces qualificatifs réfèrent davantage à l’importance nationale de notre rôle, à sa dimension formelle, constitutionnelle. Non, je souhaite plutôt inscrire cet exposé au dessus (pour ne pas dire au delà !) des tribulations de notre importante fonction, pas qu’elles soient artificielles, bien au contraire, mais que le vote d’aujourd’hui appelle à une autre dimension, si possible, encore plus noble de notre fonction. Je fais donc appel aujourd’hui à la dimension humaine de ma stature politique, de votre stature politique, de la stature politique de cette assemblée issue du vote de la population haïtienne que tous ici chérissons tant. Consciemment, je veux donc enraciner cet exposé très profondément dans mon attachement, mon affection envers notre nation, notre pays. Mon affection envers notre histoire commune, celle qui fait de nous une grande nation, cette nation qui, comme un enfant prodige, a ouvert les portes des lumières au monde entier, a pour la première fois dans l’histoire riche des nations, inscrit le concept du respect des droits humains dans son histoire. Le vote d’aujourd’hui est effectivement plus important pour notre nation que le prescrit constitutionnel qui le détermine. Cette journée appelle effectivement en moi – et en vous j’en ai la plus profonde certitude – un très fort sentiment national. Je me rappelle ces Dessaline, ces Pétion, ces Louverture, ces Christophe dont le sang coule toujours dans mes veines, dans vos veines et celles de tous nos frères. Ce rappel fait surgir en moi une telle fierté que s’embuent mes yeux, se noue ma gorge, s’amenuise ma voix. Mais dans ce contexte hautement émotionnel, notre responsabilité essentielle, celle de laquelle nos compatriotes nous ont affublés, est d’inscrire notre analyse et notre réflexion dans les besoins objectifs de notre nation. Ces besoins objectifs, malheureusement teintés par l’urgence, sont les seuls guides de ma pensée, les seuls guides du choix que je m’apprête à faire dans cette assemblée. Je vous invite donc à mettre ces intérêts objectifs, que vous pouvez tous et chacun définir dans votre propre subjectivité, au cœur de votre analyse et de voter pour le seul choix possible afin que notre peuple puisse dès demain reprendre sa place dans le concert des nations. La seule option qui nous redonnera enfin après 200 ans d’égarement, notre place de premier violon. Je sais avoir été clair et précis dans les arguments qui m’incitent à prendre cette position et suis également d’avis que chaque sénateurs ici dans cette salle, dans son âme et conscience, ne peut aboutir à une décision différente de celle à laquelle j’arrive. Je sais donc que comme moi, vous allez appuyer le choix du bon sens, le seul qui privilégie les intérêts supérieurs du pays. Vous avez toute ma confiance, Viv Ayiti !»

jeudi 11 août 2011

La braise


La violence politique est, en Ayiti du moins, un peu comme une braise qui n’arrive jamais à s’éteindre. Et à cet effet, l’aura de notre nouveau président tient un souffle léger mais continu sur cette braise. On a entendu tout au long de la campagne présidentielle des références au fait que Martelly pourrait facilement sombrer dans la dictature. Des accointances avec Duvalier ou quelques uns de ses proches continuent de participer aux rumeurs entourant le personnage Martelly. Des traits de sa personnalité sont également devenus des lieux communs acceptés de tous : Autoritaire, impatient, fougueux, … Encore là des dimensions du personnage qui poussent un peu d’air sur la braise. Il a démontré dans la campagne que sa mèche pouvait être courte et quelques frasques récentes avec les médias confirmeraient le fait que des journalistes pourraient être forcés de développer des habiletés poétiques pour éviter certaines contraintes. Dans une entrevue avec une journaliste de Radio-Canada (et diffusée sur Youtube), le président a encore une fois souffler le chaud et le froid sur cette question de dictature ou des violences politiques : « La population me le demande, mais je refuse » était en bonne partie le sens de son propos. Lors du rejet de Rouzier au poste de premier ministre, il a subtilement remercier la population de ne pas être sortie dans les rues malgré le fait que leur très grande frustration était tout à fait compréhensible. Comme message alambiqué … Je confirme, plusieurs haïtiens autour de moi souhaitent que le bonhomme sorte le marteau et règle ainsi ses problèmes avec les deux corps législatifs. Cette semaine, des propos de l’Évêque du Cap-Haïtien ont été interprétés comme un appel à une ‘fortification’ de la fonction de la présidence. L’Évêque en question a rapidement démenti avoir inviter le président à durcir sa politique, mais si l’idée vient à la tête de tous, c’est qu’elle circule dans l’air du temps. Plusieurs personnes estiment que le pays n’a pas la maturité nécessaire pour vivre pleinement dans un régime démocratique. Les contraintes imposées par la constitution et le très haut niveau de corruption imposeraient davantage l’instauration d’une nouvelle dictature, un système politique que plusieurs croient mieux adapté à faire face à l’ampleur des problèmes à régler. Au premier bout du spectre, il faut tenter de trouver des exemples où la dictature n’aurait pas généré davantage de problèmes qu’elle en aurait résolus !? Au deuxième bout, il faut se demander s'il est possible que Martelly puisse extirper un gouvernement de ce carcan législatif dans le cadre constitutionnel actuel !? Deux opposés qui ne peuvent que transformer la braise en feu.

mercredi 10 août 2011

Le pays peut-il s'en sortir ?


La semaine dernière, les médias internationaux ont été trop concentrés sur Emily qui, heureusement, fut une petite tempête. C’est relatif bien évidemment pour les gens qui ont les pieds dans l’eau, mais sur l’ensemble, les dégâts ont été moins imposants qu’attendus. Je dis trop concentrer sur Emily dans la mesure où au parlement, le deuxième candidat au poste de premier ministre (Bernard Gousse) a été rejeté par les sénateurs. Le débat était psychédélique à écouter. Les 16 qui avaient annoncé dès les premières heures leur désaccord ont maintenu leur position alors que les 14 autres se sont abstenus. Abstenus parce que le débat a encore une fois tourné autour de considérations techniques, le rapport de la commission spéciale chargée d’étudier la recevabilité ‘technique’ du désigné n’ayant pas proposé de recommandation à l’assemblée. En fait, un rapport qui ne recommande rien et nos sénateurs se lancent ainsi dans un débat de 3 heures sur une longue et pénible dialectique très haïtienne : Peut-on voter sur des non recommandations ? L’essence de la question politique posée par tout ce flafla est éclipsé par un débat pseudo-aérien où la noblesse des intentions nationales et les numéros d’articles de la constitution sont le fondement des argumentations. « Le pays peut-il s’en sortir ? » est la question qui me vient le plus souvent des proches où des lecteurs de ce blogue. En fonction d’un concept simple de dissonance cognitive, je réponds toujours ‘oui’. Un oui bradé de considérations, mais un oui quand même. J’avoue qu’en écoutant le débat de la semaine dernière, j’en suis arrivé à la conclusion que ma réponse devrait peut-être devenir ‘non’ …

mardi 9 août 2011

Les dérives


Vous trouverez beaucoup de personnes pour vous dire qu’en se débarrassant de la religion au moment de la révolution tranquille, le Québec a jeté le bébé avec l’eau du bain. Qu’il n’y a plus d’ordre moral dans cette ‘belle province’, que les valeurs qui distinguent le possible de l’impossible dans l’espace social ont fondu plus vite que la neige en avril. Pire, que le saison d’hiver n’a plus jamais apporté de neige. Je ne partage pas du tout ce point de vue. Le ‘pseudo’ trou laissé par la religion catholique a rapidement été comblé par les écologistes, les féministes et les spécialistes de la santé publique. À trois, ils ont subtilement et solidement redéfini l’ordre moral des québécois. L’avantage c’est que le fait qu’ils soient trois limite la possibilité de dérive. Dans un resto du quartier chinois de NY dimanche dernier, on pouvait voir ces trois affiches. Les deux premières sont issues de l’ordre moral (et donc du contrôle social) que nos amis de la santé publique (j’en suis en passant !!) tentent d’établir sur nos belles sociétés modernes et en santé. Juste au dessous, on pouvait lire cette invitation de la sécurité publique à dénoncer les terroristes ‘suspectés’. Le principe de précaution des écologistes appliqués à la sécurité publique. Sécurité publique qui, en passant, est en train de devenir le quatrième larron de notre nouvel ordre moral. Aux États-Unis du moins, ils sont déjà plusieurs à en décrier les dérives.

lundi 8 août 2011

Trois Monts et Three Philosophers


Le midtown de NY offre toujours le même spectacle pour les yeux. Des buildings construits dans la froideur du verre ou du miroir, cohabitent avec la chaleur de ces vieilles façades qu’on fabule avoir été sculptées par la main des hommes. Entre les deux, mon cœur ne balance même pas, les deux existent ensemble et forment cette vision presque postmoderne que tout est dans tout. À moins que tout ne soit dans rien. Dans cette folie New-Yorkaise, mon vieux couple et moi avons passé un samedi et un dimanche soir dans … une épicerie. Rien de moins. Samedi soir avant d’aller voir un film (22h00) chaudement recommandé par le fils de l’autre morceau du couple, mais quand même deux soirées dans une épicerie. Une épicerie encore là postmoderne. Postmoderne dans le sens tout est dans tout. Mais la qualité … à en baver pendant des heures. Comme le américains sont capables de le faire, gros et fins en même temps. Seul le pays inventeur et promoteur d’un fastfood planétaire peut arriver à nous offrir une aussi belle antithèse. Deux étages de produits fins et écologiques. Il y a les amateurs de bouffes qui vivent plutôt froidement (quoique !!) leur périple haïtien et à qui manque l’art culinaire (les arts culinaires pour être plus précis) montréalais. Là, dans cette méga-épicerie américaine, on n’en conclue que le bonheur existe probablement. Une épicerie où l’on trouve de tout pour la bouffe et ce qui l’accompagne et où la faune de Soho s’exprime. Les beaux corps, vieux comme jeunes, sculptés dans un centre de conditionnement physique ou dans des séances de yoga, le vieux couple freak des années 70, le couple de gais où lui est plus beau que l’autre, le jeune rasta qui se laisse pousser la crinière depuis au moins 10 ans, le(la) transsexuel, cette jeune avocate noire qui réussit, ce jeune médecin indien qui en fait autant, la jeune américaine blonde à la dentition parfaite, l’hispano dont la subtilité du déhanchement donne le torticolis … une faune aussi belle que bigarrée. Et surtout, des produits, aussi beaux que bigarrés. Les valises sont pleines de provisions… La section ‘bière’ de l’affaire avait de quoi faire mourir n’importe quel amateur. Je n’avais jamais rien vu autant de variété, de quoi gouter une bière différente tous les soirs pendant quelques années. J’ai trouvé mon âme sœur, la Trois Monts (réserve spéciale en plus). Elle est en train de se faire fraîche au frigo actuellement, sa finalité n’attendra pas trop longtemps avant de s’exécuter. Un peu plus loin dans l’étagère, il y avait une bière américaine, la Three Philosophers. J’imaginais les gars qui l’ont créée et je me disais qu’avec la Trois Monts, je devrais me payer deux bonnes soirées. Pas que je n’aime pas la Prestige mais c’est comme Ayiti, il faut aller ailleurs pour souhaiter y revenir.

jeudi 4 août 2011

Départ

12:00 Le soleil arrive à se faire une place entre les nuages du ciel de PAP. Le vent pousse quelques cris, mais c'est tout. Dans le sud du pays, Emily ferait davantage d'impression. On est arrivé dans ce foutoir qu'est l'aéroport, à quelques heures de trois jours de bonheurs new-yorkais.

Envoyé de mon iPhone

Nuit calme pour une journée plus mouvementee

6:15 Ici dans la capitale, on ne se lève pas trop vite, le plafondes tellement bas !! Le sud du pays est déjà dans la tourmente. Emily semble avoir pris une longue pause qui a duré toute la nuit. On ne sait pas encore de quoi sera faite la journée.

mercredi 3 août 2011

Retour au calme ??

21:15 La pluie a cessé et j'arrive mêne à voir les étoiles de la terrasse. Pas une idée précise de l'évolution d'Emily, les sites haïtiens nous donnent de vieilles nouvelles. Il semble que la tempête s'est stationnée juste avant de toucher l'île et qu'elle prendrait de la vigueur. On va se coucher et on verra la suite plus tard.

Le début

20:15, Emily laisse tomber ses premiers millimètres de pluie. De légers grondements se font entendre. On pense aux gens dans les camps...

Envoyé de mon iPhone

Un petit repos avant le grand chambardement


14h00, quelques heures avant qu’Émily passe en coup de vent sur Haïti. Ce genre de phénomène météorologique a quand même l’avantage de ne pas vous importuner très longtemps. On se console comme on peut … C’est donc le calme ici, le calme avant la tempête. Les bureaux internationaux ferment plus tôt que prévu et déjà des commerces ont commencé à retourner les employés à la maison. Les market sont plein à craquer, des clients entrain de les vider de leurs dernières provisions. Je me prépare moi aussi à rentrer à la maison. On en bougera pas de la soirée en espérant qu’Émily pourra se montrer un peu conciliante. Si le net ne nous quitte pas, je vous tiendrai informés.

Émily


Ce matin au réveil, je suis sorti sur la cour pour photographier le ciel. Celui d’avant Emily. On m’a dit que le ciel le plus beau sur cette terre est celui d’Haïti après le passage d’un ouragan, que la lumière est prodigieuse. « Le plus beau sur cette terre … bof. T’as jamais vu la lumière d’une journée d’hiver intense sur Montréal pour dire ça !! » Le chauvinisme mène partout, surtout nul part … En fait, j’ai pris une photo de ce ciel pour pouvoir faire la comparaison avec celui de demain matin, Emily est attendu en soirée et devrait nous avoir quitté dans la nuit. Mais en fait, ce sont les photos de la rue qui seront les plus pertinentes. Les 6 ou 700 000 personnes qui sont toujours dans les camps !! Les autres qui vivent près des ravines. Dans les consignes de sécurité qui circulent actuellement, on rappelle au gens de bien fixer leur toiture faite de feuilles de tôle. Il semble qu’un feuille de tôle qui vole comme un frisbee à 80 KM, ça peut faire certains dommages. Il n’y a toutefois pas trop de consignes pour les gens qui vivent dans les camps, mais à voir le bric-à-brac des toiles et des feuilles de tôle et de plywood, je leur proposerais un abris dans une église ou dans une école. Mais bof, on verra après. Ça fera de belles photos … Quant à nous, la dimension personnelle ou égoïste de l’inquiétude est ailleurs. On a prévu s’envoler vers NY jeudi matin. Un long week-end dans ma ville préférée, question de se changer les idées et de se faire quelques ampoules aux pieds. J'espère que l'avion viendra quand même nous chercher.

mardi 2 août 2011

Bokor


À 5h15 ce matin, mon téléphone sonnait. Une haïtienne qui voulait parler à Osnel ou à Odnel, je n’ai pas trop bien compris. Réveillé de la sorte, mon système auditif a tendance à dérailler. Au même moment, j’entendais une voiture quitter la maison. Je savais que le chauffeur avait dormi dans la voiture, deux étages sous notre chambre. Il a peur du nouveau gardien de sécurité du bureau. C’est un bokor (ou bòkò). Les chauffeurs du projet sui sont appelés à travailler en soirée dorment généralement au bureau. Les tap-tap se couchent vers 20h00, pas moyen de rentrer chez soi. Il y a donc un chambre aménagée pour eux dans nos locaux. Sauf que depuis l’arrivée de ce nouveau gardien de sécurité, la chambre est moins utilisée. Le chauffeur préférait donc se rendre chez moi avec la voiture et y dormir jusqu’au petites heures, que de donner la chance à ce bokor de lui faire du trouble, de s’installer dans ses songes, de le zombifier. Parce que dans le vaudou, les bokor sont puissants. Ils servent les loas en contrepartie d’une petite rémunération. J’ai lu qu’ils pouvaient tout autant participer au vaudou bienfaiteur qu’à celui plus maléfique. Généralement toutefois, on les associe aux mauvais sorts. On peut trouver la chose sympathique dans notre tête de blanc pas trop versé dans l’animisme, mais ce même gardien s’est déjà fait montrer la porte d’un autre bureau. On ne sait pas si vraiment s’il avait mis en scène quelques rites propres à sa fonction de bokor, ou c’est le stratagème déployé par ses anciens collègues pour le pousser vers la sortie, mais une chose est certaines, les chauffeurs s‘organisent pour dormir ailleurs !!

lundi 1 août 2011

Emily

Allez voir et suivre Emily (le lien). Un ouragan qui semble avoir installé Ayiti sur sa route. On devrait faire sa connaissance mercredi.

Attendre les fesses nu-tête !


100 jours. Ici, comme ailleurs dans le monde, on s’énerve toujours un peu autour des 100 premiers jours d’un nouveau président. Martelly avait entre autres avancé l’idée que les 100 premiers jours allaient servir à sortir les haïtiens des camps, et à attacher sur les bancs d’école les timoun du département du Sud. Il proposait ceux du Sud seulement, question que la bouchée ne soit pas trop grosse. Déjà que sortir près de 700 000 personnes des camps semblait une tâche titanesque. Dans les faits, il ne reste qu’une vingtaine de jours avant d’arriver au chiffre magique de 100 et rien n’a avancé. Il aurait probablement été plus réaliste que son seul engagement pour les 100 premiers jours ne consistent qu’à constituer son premier gouvernement ! Un peu famélique comme engagement vous pensez ? Peut-être, mais on n’est pas encore certain qu’il puisse le réaliser !! Une chose est presque assurée, c’est que les timoun du Sud n’auront pas accès à l’école gratuite au mois de septembre prochain, il faudra très probablement attendre septembre 2012. Attendre, les timoun, ils n’ont que cela à faire. 12 mois de plus ou de moins dans toute une vie. Bof… D’ici là, on va trouver des culottes à mettre entre leurs fesses et les bancs d’école, ce serait plus conforme à certaines règles d’hygiène.