dimanche 8 janvier 2012
Surtout, n'envoyez pas davantage d'argent
Vous allez dire que je me répète et vous avez raison. J'ai effectivement soutenu ce propos dans les mois qui ont suivi le 12 janvier, mais ça fait longtemps que je l’ai fait, donc, j’ai le droit de l’écrire à nouveau. Étienne Côté-Paluck a déboulonné quatre mythes dans La Presse d’hier (je vous ai fait le lien dans mon dernier billet) et je vais m’apprêter à en déboulonner un cinquième : Il ne faut pas plus d’argent pour reconstruire Haïti. Mais davantage de nouvelles idées. Sur les 10 milliards promis par la communauté internationale dans les mois qui ont suivi le tremblement de terre, Haïti n’aurait reçu que 50% de la communauté internationale (et même moins, les chiffres varient sur cette question). Ce n’est pas grave, pour le moment, il ne faut pas plus d’argent !!! En premier lieu parce que le gouvernement haïtien ne sait pas encore quoi en faire et ce n'est pas les poches davantage pleines qu'on règlera ce problème de fond. Et deuxièmement, parce que l’argent versé ne sert pas vraiment l’économie haïtienne. Une réalité du fonctionnement de l’aide au développement est bien illustrée dans l’article du journal Le Monde cité dans mon dernier billet : On peut y lire que 1% de l’argent que USAID investi dans le pays (l’équivalent américain de notre ACDI canadienne) se transforme en contrat pour des entreprises haïtiennes. Je ne veux pas ici frapper de manière spécifique sur les américains (ils sont déjà quelques centaines de millions à le faire les yeux fermés) ou encore sur les méchants impérialistes (ils sont déjà quelques centaines de millions … ), mais uniquement rappeler que le fonctionnement des agences nationales, des organisations internationales et des grandes ONG peut ne pas profiter au développement économique du pays, ou du moins ne pas vraiment être structurant au plan d’une économie nationale. Donc, si les gens disent dans les prochains jours qu’Haïti n’est pas encore sorti des décombres et des campings forcés parce que la méchante communauté internationale n’a investi que 50% de ce qu’elle avait annoncé, dites leur que c’est faux. Qu’il ne nous faut pas encore plus d’argent, mais bien davantage des idées…
Vous avez le choix
La télé à oreilles-de-lapin (juste un peu plus moderne quand même) nous propose huit chaînes. Six des huit chaînes ce matin le même match de foot, Manchester United contre Manchester City. Bon match mesdames messieurs !
samedi 7 janvier 2012
Bonne lecture
On parlera d’Haïti dans les médias cette semaine, on se rappellera le 12 janvier 2010 cette semaine. Il s’écriera plusieurs choses sous plusieurs angles. Les clichés et le pessimisme seront à l’honneur, mais il y a quand même quelques perspectives originales. Dans La Presse de ce samedi Étienne Côté-Paluck déboulonne quelques mythes sur Haïti (le lien). Je ne suis pas certain de partager totalement toutes ses conclusions, mais j’avoue que ça fait du bien à lire. Le Monde (le lien) publie mon préféré. On nous offre une autre vision du pays, celle des familles riches, les quelques 3% de la population qui détiennent 80% des richesses. Bonne lecture.
vendredi 6 janvier 2012
Allez savoir !
Les haïtiens arrivent souvent à nous laisser sur un sentiment mi-figue, mi-raisin. La dimension individualiste (que comme plusieurs autres, j’ai souvent décrié comme l’un des principaux cancer de cette société) s’éteint presqu’automatiquement dès que l’on peut voir comment la force de la cohésion sociale peut embrigader, même à être belle. Ce midi, je participais à une activité sociale du Ministère de la santé en lien avec la Fête des Rois. On en profitait pour donner un caractère un peu solennel à l’évènement en soulignant l’apport de certains employés et de certains partenaires internationaux. Madame LE ministre (il faut dire LE ministre ici) est sorti du protocole habituel pour pousser la centaine de personnes dans la salle à réfléchir au sens du partage, de la fonction d’un ministère de la santé dans un pays comme Haïti, et ce à quelques jours du 12 janvier. Elle a amené la salle à une minute de silence qui s’est terminée subtilement transformée en un chant religieux, comme pour ne pas déranger la fin du silence. Tout le monde a été mobilisé, j’en suis venu qu’à me sentir inculte de ne pas pouvoir chanter avec eux. Je voyais des gens engagés, je sentais cette énergie du groupe sans pouvoir totalement en être. Cette vision de l’haïtien individualiste s’éteignait lentement. Ce qui nous apparait comme une contradiction, n’est peut-être en fait qu’une décantation nuancée et subtile de la même réalité. Allez savoir !
mercredi 4 janvier 2012
Front froid
Un fond froid nous attendait à la descente de l’avion. Je ne blague pas, un fond froid. On en parle même dans les médias et les autorités rappellent aux parents de bien emmitoufler les enfants, surtout les poupons ! La vie a été nuageuse toute la journée (ce qui est très rare dans ce coin du monde) et ce soir, Jo est assise devant moi avec un chandail de polar et des bas du même tissus. Le thé fume, elle cherche à se réchauffer. Le garçon de cour a mis la tuque et le foulard que Jo lui a achetés à San Francisco. Les ayisien qui « gèlent à rien » vont donc trouver la nuit difficile. Quant à nous, on est ‘déchiré’ au sujet de l’intérêt d’aller à la mer ce week-end ... !? « Le sable serait-il trop froid ? » Wo wo, je niaise … Il faut quand même narguer nos proches du Qc même si je sais qu’ils ne versent aucune larme sur notre sort de congelés éventuels. Bonne nuit sous le duvet !
mardi 3 janvier 2012
C'est fini ...
Les valises sont bouclées et le taxi viendra nous chercher dans quelques minutes ... La vie normale recommence dans quelques heures, le temps de passer par Miami et d'y brûler deux heures. Le pont entre 2011 et 2012 est maintenant traversé... Que le nouveau monde commence !
lundi 2 janvier 2012
Des vrais pros
Dans le sport, la dimension psychologique peut jouer un rôle très important. Adolescent, je jouais au football (type football américain, mon sport préféré …) pour l’équipe de l’école secondaire. On se préparait à aller jouer contre la polyvalente de Saint-Georges-de-Beauce, la grosse équipe de la ligue. La grosse dans le sens où les adolescents de la campagne, tous cultivateurs de leur état dans notre imaginaire citadin, étaient disons … baraqués. Et être baraqués dans un sport de contact comme le football américain, ça peut donner un certain avantage physique, mais également psychologique. On prend donc l’autobus scolaire ‘jaune’ pour se rendre à Saint-Georges et nous sommes accueillis à la sortie par un corridor composé des joueurs de l’équipe adverse qui veulent nous souhaiter la bienvenue dans leur coin de pays. Les poignées de main et les tapes dans le dos sont toutes chaleureuses. On est entré au vestiaire pour se préparer et, dans notre tête, la partie était déjà terminée, perdue en fait ! Un silence de mort, on venait de comprendre qu’on allait à la boucherie. Le coach faisait tous les efforts possible pour nous repomper le ‘mental’ (comme on dit chez Les Boys) mais rien à faire, on s’ennuyait déjà tous de notre mère.
J’avais un peu ce feeling là hier en pensant aux joueurs des Chargers de San Diego qui entraient dans le stade des Raiders d’Oakland. Oakland et juste de l’autre côté de la baie et je voulais concrétiser un rêve de ti-cul, voir un match de la NFL. Quoi de mieux qu’un premier janvier pour réaliser ses rêves, parlez-en aux haïtiens. Les fans des Raiders, tous vêtus de noir, ont, selon certains, la réputation d’être un peu abruti et mal léché (). L’hymne de l’équipe (The Autumn Wind) vous donne une petite idée de l’esprit qu’on tente d’y faire régner. Tous vêtu de noir, les fans annoncent la mort de l’opposant. Je me suis donc rendu bien longtemps avant la partie afin de voir de mes yeux le fameux « tailgate party » d’avant partie. Une folie pure, comme celle que l’on peut imaginer que l’humain fanatique peut en organiser. Une orgie de bouffe dans deux très grands stationnements marquée par le contexte, les BBQ bien installés dans la valise du gros 8 cylindres : Les bonnes grosses viandes, tout de la bouffe mexicaine et les fruits de mer dont les fameuses huitres de la période des fêtes. Tout ça bien évidemment, arrosée de bière, de bière et de bière. Dans le train qui m'amenait au match, j'ai vu arriver 3 fans des Raiders avec une caisse de 30 canettes de bière. Faites le calcul ! Au troisième quart de la partie, le salon qui longeait la sortie près de mon siège, regorgeait de gars un peu trop amochés et qui dormaient sur des fauteuils plus et moins confortables. Aidés par une performance plus qu’ordinaire de leur équipe, disons que le taux d’alcool des fans avait eu le dessus sur leur enthousiasme. Les gars des Chargers ne se sont pas laissé détruire le mental par les épouvantails noirs, des vrais pros !
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