- Labadie, qu'est-ce que tu as à ne parler que de l'armée sur ton blogue depuis plus d'une semaine ?
- Ça doit être mon souhait de ne pas te quitter trop rapidement ?
Asefi n'aime pas beaucoup que je tente de la charmer de la sorte...
- N'embarque pas sur ce terrain là, tu sais bien que vous les hommes québécois, vous êtes des handicapés en la matière... Sérieusement, tu quitterais pourquoi ?
- Je pense surtout que si on réinstalle l'armée et que la Minustah fait ses valises, le climat social va changer de manière telle à ce que mon gouvernement soit un peu plus inquiet de voir des canadiens (et de l'argent canadien surtout !) rester trop longtemps ici.
- Ouais, il y a effectivement quelque chose de l'ordre de la pensée magique chez mes compatriotes de penser que cette armée sera le début du bonheur national. On risque fort de tomber dans les mêmes historiettes.
- Ce qui est déplorable en plus est de constater comment vous allez encore servir de chaire à canon dans ces rapports tendus entre certains pays des Amériques. Chavez et Cuba vont être bien trop heureux de vous financer une armée et de former vos soldats pour faire suer encore un peu plus les américains...
- On entend çette rumeur effectivement, mais il semblerait que Chavez se fait poser des questions sur des sommes envoyées ici et que Préval et/ou ses proches auraient fait disparaître. Chavez rencontreraient certaines difficultés internes pour continuer à appuyer Haïti.
- Tant mieux, on va se côtoyer plus longtemps ...
- Arrête de niaiser, tu ne l'as pas pantoute !!
mercredi 30 novembre 2011
lundi 28 novembre 2011
Historien, radiologue et prestidigitateur
J’ai déjà parlé sur ce blogue du civil qui sera responsable
de la commission qui va réfléchir la nouvelle armée haïtienne. Je prenais
l’avion pour New York, c’était en mai 2010, et mon voisin était un érudit comme
ce n’est pas possible. Au concours mondial de érudits, je vous prédis qu’il
gagne. Il avait discuté en russe avec le voisin russe de la période des tsars. Le russe doit sûrement en
parler encore … Tout le monde l’appelle
le professeur ou l’historien alors qu’en fait, il est radiologue à l’hôpital
universitaire et professeur de radiologie à la Faculté de médecine de
l’Université d’État. Il a peut-être un diplôme en histoire quoique qu’à le lire
et à l’entendre, c’est lui-même l’histoire, pas besoin de diplôme. Il faisait
donc une conférence durant le week-end afin de donner ses premières impressions
de ce que devrait être cette nouvelle force armée. Pas celle qui a meublé les
coups d’État ou entretenu la dictature au cours des 100 dernières années, mais
davantage celle qui a battu l’esclavagiste français il y a plus de deux cents, en
plus de donner toute une raclée aux troupes de Napoléon. La vision nostalgique
de cette grande armée pour la défense de la nation. Le bonhomme a au moins deux défis. Le
premier sera de trouver l’envahisseur qui légitimerait une armée basée sur la
défense de la nation. Les échanges qui nourrissent les médias parlent plus
souvent d’une armée qui sera là pour sortir le pays des crises
environnementales, climatiques ou sociales qui peuvent frapper le pays.
Personne ne parle vraiment d’un éventuel ennemi. Le deuxième problème concerne
le financement. Il semble que les demandes du président pour que les pays-amis
financent son projet se frappent une après l’autre à un refus. Un refus qui
aurait en plus l’effet de refroidir les ardeurs caritatives de ces mêmes pays
qui ne voudraient pas voir leur argent servir d’autres fins. Ce n’est donc pas
clair que Martelly ait besoin d’un historien ou d’un radiologue pour relancer
son armée, mais davantage d’un prestidigitateur.
dimanche 27 novembre 2011
Attendre
J’attendais le chauffeur. Il avait quelques
petits problèmes administratifs à régulariser au poste de police. Un policier
qui attendait près de la voiture avait envie d’entamer une conservation.
Laquelle ? Je ne l’ai jamais vraiment su !!
- Ki jen ou yè ? (comment ça va ?
- Pa pi mal. (on se maintien..)
- Ki jen ou yè ? (comment ça va ?
- Pa pi mal. (on se maintien..)
C’est comme au théâtre, tu comprends qu’il
faut que tu te taises. Un monologue doit exister. Le gars attend fébrilement le
rétablissement d’une armée nationale. Fatigué de s’occuper de niaiseries, il
attend les vrais défis. Ceux que les soldats relèvent. Les policiers, c’est
connu, sont des militaires manqués. Qu’on lui donne enfin la chance de montrer
ce qu’il vaut et ‘paf’, tout bagay oke. Le pays sera enfin un pays. Débarrassé
d’une Minsutah où des policiers payés au salaire exorbitant viennent leur
montrer comment travailler. La Minsutah partie, il va enfin pouvoir devenir
quelqu’un…
- Devenir quelqu’un … ?
- Un soldat !!, de son air du gars qui ne comprend ni le sens
ni la pertinence de mon interrogation. Un simple soldat haïtien. Un haïtien !!
Vous les étrangers, vous ne pouvez pas comprendre.
samedi 26 novembre 2011
Malheureusement
Cetout est encore sur les dents. Il l'est presque toujours. La vie politique haïtienne lui fait pousser des boutons. "C'est la médiocrité de la vie politique haïtienne qui me fait pousser des boutons" qu'il raconte pour donner un peu de nuance à ses réactions.
- Sais-tu ce qui peut arriver de pire dans la vie d'un haïtien ?
Je lui fais une moue ignorante avant qu'il ne réplique.
- Un autre haïtien !
- Simple comme ça !?
- Effectivement, simple comme ça. L'individualisme est tellement imprégné dans nos gènes politico-sociaux que personne ne peut s'imaginer qu'un autre haïtien peut leu apporter quelque chose de bon.
- Tu fais écho à ces centaines d'haïtiens qui me disent de ne jamais faire confiance à un haïtien... Comme si personne ne pouvait avoir de sens dans ce pays !
- On ne sait plus si c'est la poule ou l'oeuf, la cause ou l'effet. Mais une chose est certaine, le marasme est maintenu. Tu vois ce qui se passe actuellement avec le parlement et le gouvernement ? Un fiasco annoncé où l'autodestruction nationale est une fois de plus à l'honneur. Je ne cherche pas de coupable, ils le sont tous. Personne d'assez lucide capable de mobiliser positivement la classe politique, la pousser vers d'autres choses, vers quelque chose de constructif pour le pays.
- C'est comme si on voyait effectivement le pays manquer une occasion de se sortir un peu la tête de l'eau. C'est décourageant.
- T'es poli ! C'est hautement déprimant. En plus, la seule idée qui montre un semblant de consensus, la relance de l'armée nationale, est celle qui va nous mettre la communauté internationale à dos. Penses-tu sérieusement que le Canada ou les État-Unis vont maintenir le niveau de budget de développement en sachant qu'une partie significative du budget national va être investi dans une armée ?
- Au plan des relations diplomatiques effectivement, cette sortie de Martelly risque de lui occasionner quelques ennuis dans sa capacité à mobiliser les partenaires internationaux. En même temps, la pression est tellement forte pour sortir la Minustah, les politiques n'ont pas vraiment le choix.
- Les politiques n'en n'ont rien à foutre de la pression. Les gens ne votent pas et sont complètement démobilisés. Non, la nationaux qui pourraient ralentir le projet d'une armée, ce sont les quelques familles riches du pays qui s'en mettent plein les poches avec l'argent de la misère. Toi pis tes amis, vous êtes payants pour bien des gens, maisons, voitures, restos, hôtels, ... C'est gens là vont faire pas mal moins d'argent avec les soldats haïtiens, peut-être que pour une fois, ils vont nous empêcher de sombrer davantage dans l'anarchie qui leur a jusqu'ici été si rentable.
- C'est drôle, les riches familles exploitantes et les blancs (comprendre les étrangers) pourraient éviter la fuite en avant du pays berceau de la 'liberté' et tout ce qu'elle a pu charroyer depuis des centaines d'années. On nage en plein paradoxe non ?
- Malheureusement...
- Sais-tu ce qui peut arriver de pire dans la vie d'un haïtien ?
Je lui fais une moue ignorante avant qu'il ne réplique.
- Un autre haïtien !
- Simple comme ça !?
- Effectivement, simple comme ça. L'individualisme est tellement imprégné dans nos gènes politico-sociaux que personne ne peut s'imaginer qu'un autre haïtien peut leu apporter quelque chose de bon.
- Tu fais écho à ces centaines d'haïtiens qui me disent de ne jamais faire confiance à un haïtien... Comme si personne ne pouvait avoir de sens dans ce pays !
- On ne sait plus si c'est la poule ou l'oeuf, la cause ou l'effet. Mais une chose est certaine, le marasme est maintenu. Tu vois ce qui se passe actuellement avec le parlement et le gouvernement ? Un fiasco annoncé où l'autodestruction nationale est une fois de plus à l'honneur. Je ne cherche pas de coupable, ils le sont tous. Personne d'assez lucide capable de mobiliser positivement la classe politique, la pousser vers d'autres choses, vers quelque chose de constructif pour le pays.
- C'est comme si on voyait effectivement le pays manquer une occasion de se sortir un peu la tête de l'eau. C'est décourageant.
- T'es poli ! C'est hautement déprimant. En plus, la seule idée qui montre un semblant de consensus, la relance de l'armée nationale, est celle qui va nous mettre la communauté internationale à dos. Penses-tu sérieusement que le Canada ou les État-Unis vont maintenir le niveau de budget de développement en sachant qu'une partie significative du budget national va être investi dans une armée ?
- Au plan des relations diplomatiques effectivement, cette sortie de Martelly risque de lui occasionner quelques ennuis dans sa capacité à mobiliser les partenaires internationaux. En même temps, la pression est tellement forte pour sortir la Minustah, les politiques n'ont pas vraiment le choix.
- Les politiques n'en n'ont rien à foutre de la pression. Les gens ne votent pas et sont complètement démobilisés. Non, la nationaux qui pourraient ralentir le projet d'une armée, ce sont les quelques familles riches du pays qui s'en mettent plein les poches avec l'argent de la misère. Toi pis tes amis, vous êtes payants pour bien des gens, maisons, voitures, restos, hôtels, ... C'est gens là vont faire pas mal moins d'argent avec les soldats haïtiens, peut-être que pour une fois, ils vont nous empêcher de sombrer davantage dans l'anarchie qui leur a jusqu'ici été si rentable.
- C'est drôle, les riches familles exploitantes et les blancs (comprendre les étrangers) pourraient éviter la fuite en avant du pays berceau de la 'liberté' et tout ce qu'elle a pu charroyer depuis des centaines d'années. On nage en plein paradoxe non ?
- Malheureusement...
vendredi 25 novembre 2011
Un bouchon dans le blokus
Au lieu de l’habituel 20 minutes pour me rendre au travail
ce matin, j’ai pris au moins 60 minutes de plus. Hier soir en entrant à la
maison après deux jours de rencontres sur la côte des Arcadins, il était 18h30,
un camion bloquait une des deux voies de la route de Kenscoff juste à la sortie
de Place Saint-Pierre. Un camion de livraison d’eau à moitié tombé dans
l’immense caniveau qui borde la route. Je suis repassé au même endroit vers
22h30 après être allé souper au resto avec des amis et le camion n’avait pas
bougé d’un poil. La remorqueuse venue
dans la nuit le sortir de sa fâcheuse position a rendu l’âme. La route à
moitié bloquée l’est devenue complètement. Un tracteur (pelle mécanique) est
venue déplacer les deux mastodontes et redonner un peu de mouvement à ce long
stationnement linéaire qu’était devenue la route de Kenscoff. Hier après-midi
en quittant l’hôtel sur la côte, on a également été ralenti pendant près d’une
heure par un accident. Deux camions, un 4X4 et un face à face. On imaginait le
plus léger des véhicules tentant de doubler et se faisant coincer entre les
deux poids lourds. Du dommage mais pas de mort selon l’information qui
circulait sur les lieux. À ce bordel, s’est ajouté celui des chauffeurs qui se
servaient de tout l’espace disponible pour pouvoir continuer leur route. Un
bouchon dans le blokus. Comme la remorqueuse, le tap-tap que vous voyez sur la
photo est lui aussi décédé en tentant de reprendre sa place sur l’asphalte
après avoir pris l’accotement pour voie de passage. La petite remontée sur l’asphalte a été fatale… Généralement la PNH est absente de ce genre de situation. Chaque fois, de bons samaritains s'improvisent gestionnaires de circulation. Je ne sais jamais si le bordel s'accentue ou s'amenuise par leur action. Ce n'est pas trop grave...
mardi 22 novembre 2011
Couleur de la margarine
Lors de la marche matinale aujourd’hui, je voyais des ti-culs les yeux jaloux en train de tirer la pipe à leurs amis costumés qui se rendaient à l’école. Eux n’iraient pas, l’habit fait le moine dans certains cas. On se donnait quand même rendez-vous sur le terrain de foot en après-midi. Avec un ballon, plus aucun costume ne peux tenir. On voit l’étendue de l’écart entre l’idéal du président de scolariser tous les timoun, et la pauvre réalité. Un pas à la fois. En voyant ces enfants s’asticoter ce matin, j’ai pensé à l’éternel débat québécois du gel (ou du dégel) des frais de scolarité. Je ne parle pas souvent du Qc, mais j’y arrive et ai encore eu droit à cet interminable débat. Avec la couleur de la margarine, c’est la représentation du genre de dossier qu’une société n’arrive jamais à régler. Pour que les lecteurs français comprennent, disons qu’une fois tous les 3 ou 5 ans, on se lance dans un débat (grèves et le reste) sur le gel des frais de scolarité à l’université. Ce débat qui dure depuis près de 20 ans se règle plus souvent à la faveur des étudiants qui arrivent à soulever davantage d’appui populaire, forçant les gouvernements à reculer dans sa volonté de 'dégeler les frais'. Encore une fois la semaine passée, les nouvelles du Qc nous proposaient les mêmes arguments un peu fanés. J’ai une proposition à faire pour que ce débat devienne enfin un vrai débat politique, politique dans le sens de ‘vision de la société’ du terme. Premièrement, qu’on laisse tomber cette idée de gel de quelque chose, c'est un faux débat. Dans une société capitaliste, rien ne se gèle, tout se transforme et plus souvent à la hausse. Et deuxièmement, posons la première vraie question politique liée à ce débat : Qui a intérêt à ce que les jeunes aient accès à l’université ? Au moins trois groupes, les jeunes (qui vont généralement se garantir de meilleures conditions de vie avec des études), les entreprises (qui vont empocher davantage de profits avec des travailleurs mieux formés) et finalement l’État (qui va tirer davantage d’impôts et de taxes des bonnes conditions salariales de ces jeunes et des profits des entreprises). La deuxième vraie question politique maintenant : Comment on répartit la facture entre ces trois groupes ? À droite du spectre politique où l’individus est roi de sa propre existence, le seul et unique responsable de son avenir (réussi ou raté), la réponse est simple : 100% de la facture pour l’étudiant et 0 pour les entreprises ainsi que pour l’État (qui ne devrait pas exister en fait). À gauche de ce même spectre politique où tout dans ce bas monde n'est que social, la réponse est également simple : 100% à l’État et 0 pour l’étudiant ainsi que pour l’entreprise privée (qui ne devrait pas exister en fait). Une fois ces positions extrêmes posées, lançons un débat réaliste (commission machinchouette) afin de voir comment l’ensemble des acteurs sociaux du Qc arriveraient à une répartition qui serait représentative des valeurs politiques dominante de notre belle province. Un débat gauche/droite sur la répartition des frais de scolarité. Terminé les débats sur les gels et dégels, qu’une révision régulière (au gré des résultats des différentes élections) de la répartition de la responsabilité de l’accès à l’université. Pour moi, la répartition idéale serait 15%, 35% et 50%, mais je ne vous en dis pas plus… Si vous voulez voter pour moi comme prochain premier ministre du Qc, j’accepte. Je vous annonce toutefois que je n’ai pas de solution pour la couleur de la margarine.
Affaire Bélizaire
L'affaire Bélizaire se poursuit et on ne fait pas dans la dentelle. les sénateurs ont déposé leur apport aujourd'hui. rapport lu sur les ondes et que tout le monde écoutait attentivement. Vous pouvez lire le contenu de la première partie (ici) et de la deuxième (http://www.haitilibre.com/article-4312-haiti-affaire-belizaire-rapport-de-la-commission-speciale-d-enquete-partie-2.html). On ne fait pas dans la dentelle dans la mesure où le biais est clair, le choix des mots et des événements marquent cette tendance. Ça ne fait que donner une idée du climat. Serein, pas tout à fait !!
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