mardi 7 avril 2009

Jérémie et Grand Vincent

Je suis à Jérémie ce soir. Dans un hôtel qui n’est sûrement pas le pire du pays, mais qui fait quand même hautement dur. Ce n’est pas grave, j’y suis pour dormir et les trous des murs qui permettent de faire passer la tuyauterie ont été bouchés avec autant d’imagination que d’effort. À la limite quelques petites piqures de bestioles. J’ai oublié mon savon, je me doucherai donc à l’eau froide avec la barre d’Yvory coupée en trois morceaux relativement égaux (chambres 1, 2 et 3 !) qui est sur le bord de la douche. À voir la marque du couteau, je serai le premier à l’utiliser ! Le ITouch devrait empêcher la génératrice de me réveiller. Jérémie est le haut-lieu du département de Grand-Anse, un des trois départements du pays à se chicaner pour la dernière place en matière de richesse. La route qui nous fait passer de l’aéroport à la ville laisse voir une très grande pauvreté. Même le bleu de la mer n’y résout rien.  Ici, rien ou presque sur la campagne électorale en cours. Le politicien le plus puissant du coin a été exclu des sénatoriales à cause de problèmes avec la police, un mandat d’arrêt international lui est attaché à la cheville. Trafic de drogues entre autres. Il a été le chef des révoltes populaires du temps d’Aristide et a donc pris les armes contre le gouvernement de l’époque. Il était dans la course pour la dernière élection présidentielle. Depuis que sa candidature a été rejetée par le Conseil électoral provisoire (CEP), il fait une cabale contre les élections et fait la promotion d’un boycotte généralisé. Certains candidats aux élections de la région de Grand’Anse ont eu mal à partir avec ses partisans et plusieurs d’entre eux ne sont plus capables de prononcer de discours ou n’étaient plus assez beaux pour que les pancartes électorales aient un effet quelconque. Donc une campagne électorale silencieuse et aveugle. Je suis ici pour me rendre à Grand Vincent, une section communale complètement enclavée qui se trouve à deux heures de route … en fonction des périodes de l’année. Lors de fortes pluies, la section communale est inaccessible en camion. À dos d’âne ou à pied, c’est entre 6 et 8 heures de marche. Un des diplômés que j’appuie y construira le premier dispensaire de santé, les 700o résidents de la zone n’ont pas accès (à moins de marcher la journée) aux services de santé et aucune ONG ne s’y est installée. Le curé du village a donné un édifice de l’église que nous rénoverons et équiperons pour y accueillir un médecin et une infirmière.  Je devrais rencontrer le curé et certains dignitaires de la place demain. Stephen Harper sera content de moi !

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