mercredi 6 mai 2009

Argent 1 : La crise

Comme partout ailleurs, probablement, l’argent en Ayiti est une dimension très importante de la vie. Tout aussi importante pour ceux qui en ont que pour ceux qui n’en n’ont pas. Il faut toujours rappeler la statistique que tous les journalistes et organismes internationaux utilisent, mais pour laquelle je n’ai encore jamais réussi à identifier la source : 80% de la population du pays vit avec moins de 2$ US par jour. C’est de l’argent, mais pas beaucoup. De l’autre côté de la rue, ces gens pauvre croisent des Porches Cayenne, voient des palaces et retrouvent des boutiques ou services (salon de coiffure par exemple) qui pourraient faire pâlir d’envie biens des montréalais millionaires. Plusieurs haïtiens profitent des sous que transportent les expats de la MINUSTAH et de l’aide internationale pour se faire construire des résidences secondaires à New York ou en Floride. Les investissements internationaux dans les infrastructures sont également une bonne source de revenus pour ces mêmes haïtiens. On ne parle pas de corruption ni de trafic de drogues ou d’armes, c’est un lieu trop commun. La crise économique mondiale a un effet indirect en Haïti. Alors que les investissements des organisations internationales ne sont pas trop affectés dans la mesure où ils sont souvent planifiés sur plusieurs années (la conférence des bailleurs qui a eu lieu à Washington il y a quelques semaines a bien démontré que tu ne touches pas à la charité internationale), les transferts internationaux ‘familiaux’ sont en forte chute. La crise économique mondiale touche ainsi davantage les familles ‘moyennes’, comme si ce concept pouvait avoir un sens ici. Les journaux nous annonçaient cette semaine que les transferts vers Ayiti venant des haïtiens résidant au Canada, aux États-Unis ou en Europe avaient diminué de 60% depuis décembre dernier. Ces transferts familiaux sont la principale source de revenus d’un très grand nombre de familles exclues du marché du travail ou des réseaux de l’économie informelle. Ainsi, bon nombre de familles haïtienne sont actuellement privées des revenus envoyés par les membres de leur famille ayant quitté le pays.

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