mercredi 26 août 2009

Des femmes haïtiennes


Depuis notre arrivée, on trouve les haïtiens beaux, les haïtiennes belles. Les hommes sont souvent très minces et sculptés comme des body-builder sans Gold Gym. Les femmes, grosses comme minces, ont une démarche franche et sensuelle, la tête bien assises sur des épaules et une colonne qui ne font qu’une belle ligne droite, fluide et solide en même temps. Ici, les femmes font tout. C’est elles qui élèvent les enfants et bossent pour ramener un salaire à la maison. Les hommes ont souvent plusieurs enfants avec plusieurs femmes, des ‘ti menaj’ (des petits ménages) comme on dit en créole. Sauf pour celle qui a été mariée, les autres n’ont pas accès au revenu gagné par le mari. Ce sont souvent des relations connues et bien établies. On donnait une ‘rou lib’ (roue libre ou un ‘lift’ en québécois) à un haïtien avec qui je travaille et qui ne rentrait pas chez lui après le travail. Il allait voir son deuxième ménage. Peut-être son troisième ? La femme principale (la mariée), plus souvent, connait les autres conjointes du mari et toute se déroule relativement bien. Il semble toutefois que le niveau d’acceptation de cette pratique est relatif à la classe sociale : Plus les familles sont riches et éduquées, moins la pratique serait répandue et acceptée. Pour certains, c’est la clarté de la couleur de la peau qui détermine : Plus tu es pâles, moins c’est acceptable. Pour d’autres, c’est la trame culturelle : Le fond de culture africaine maintien ces pratiques alors que la culture européenne la décrie. C’est l’histoire d’Ayiti en fait ! La Ministre de la condition féminine est actuellement en cabale pour faire reconnaître légalement ces deuxième, troisième ou nième femmes qui n’ont aucun recours légal face à leur conjoint, le père des enfants. Elle essaie donc de donner à cette pratique culturellement bien établie une structure légale qui protégerait mieux les enfants et la mère qui ne sont pas du ménage principal (pour l’héritage par exemple). L’image qui se dégage des femmes haïtiennes quand on circule dans les rues, c’est celle de la force et de l’autonomie. Elles gèrent tout pour que l’espace familial ait un sens. C’est très majoritairement elles qu’on voit travailler dans les rues à vendre n’importe quoi. Qu’on voit dans les champs, les enfants dans les bras, sous les arbres d’ombre à la campagne vendre des melons ou des mangues... Notre Agence canadienne de développement international (ACDI) porte une attention particulière à l’EFH, l’égalité homme-femme. Toutes les activités que les canadiens mènent, les objectifs de développement qu’ils visent, doivent être analysés en fonction de l’EFH et de son amélioration. De la construction d’un pont au programme d’appui aux ‘colvol’ (collaboratrice volontaire) dans des zones où les services de santé ne sont pas accessibles, en passant par l’appui au développement de l’action civique, tout doit participer à l’EFH. Le plus frappant est de voir certains (et surtout certaines) partenaires haïtiens réagir à notre préoccupation toute canadienne de l’EFH. Une haïtienne me disait récemment : « Je ne sais pas si les femmes canadiennes ont des problèmes de pouvoir, mais je ne sens absolument pas que les hommes haïtiens en ont plus que moi ! »

1 commentaire:

Gwadeuskal a dit…
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