dimanche 1 juillet 2012

Reloger les campeurs

Cette semaine, une nouvelle concernant Ayiti s’est retrouvée dans plusieurs médias du monde. On serait passé sous la barre de 400 000 personnes qui vivent toujours dans les camps depuis janvier 2010. 390 276 selon le dernier rapport de OCHA, Une diminution de 7% depuis avril dernier. On entre maintenant dans les phases les plus ardues, c’est-à-dire celles où les gains seront de plus en plus difficiles. L’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) a été financée par le Canada pour reloger les campeurs du Champs de Mars. Un gros dossier (20 millions de $ pour reloger 5 000 familles ou 20 000 personnes), surtout parce qu’au plan symbolique, ce camp voisin du Palais National continuait depuis plus de deux ans d’être la preuve que la reconstruction était au neutre. Aujourd’hui, c’est presque terminé et comme pour les autres grands camps, on retrouve un espace que notre mémoire avait oublié. J’ai appris cette semaine toute la logistique qui sous-tend ce genre de manœuvre. Wow ! Un recensement détaillé fait avant l’annonce publique du projet de relocalisation des familles, question d’éviter que certains s’inventent un statut de campeur au moment où les enveloppes brunes commencent à être distribuées. Chaque famille relogée doit trouver un logement pour toucher une première partie du chèque. Un logement avec un vrai bail d’une année, logement que les gens d’OIM visitent, question d’éviter les arnaques. Une fois la famille réinstallée dans son nouveau logis, la deuxième partie du montant qui totalisera autour de 500$ sera décaissée. A cette relocalisation, s’ajoutait un programme pour aider les familles à trouver un boulot question qu’elles soient en mesure d’assumer leurs frais de logement après que la somme reçue soit épuisée. C’est sensiblement le même genre de projet qui a permis de vider le terrain de foot de Sainte-Thérèse. J’y suis passé faire des photos il y a une semaine. Il reste encore un dizaine de campeurs frustrés qui estiment avoir été floués par des représentants des autorités qui n’auraient pas accepté de leur distribuer les dites sommes, préférant garder ces kob pour eux. Du côté des autorités, on nous raconte que ces gens sont des nouveaux campeurs, qu'ils se sont inventés cet état tout récemment question de toucher un peu d'argent. Au Champs de Mars, il y a le même genre de phénomène où des familles s’accrochent à une tente sans que l’on sache si c’est effectivement la leur depuis 2010. Même si tout ce qu'il y a d'Avocats Sans Frontière dans le pays ont confirmé la 'justice' du processus, il reste bien évidement des zones grises. Dans ce contexte de magouille généralisée, contexte où l’arnaque est une stratégie de survie, on n’arrive plus à savoir qui dit vrai, Avocats Sans Frontière ou pas.

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