dimanche 7 juin 2009

Semaine de manifestations


Le Nouvelliste de ce samedi (la Presse du coin, mais moins épaisse) titrait ‘Étudiants ou casseurs’. Depuis plus de cinq semaines, les étudiants de la Faculté de médecine sont en grève. Ils publient une série de revendications plus ou moins réalistes (on veut que notre Université soit plus riche), veulent voir sauter le décanat et sortir les internationaux (dont notre projet …). L’absence d’une industrie de l’information en Haïti est l’un des problèmes qui me frappe le plus. Impossible de se faire une tête réelle sur ce que serait une information un peu plus juste (je ne parle pas de vérité). En fait, on a une industrie de l’opinion, les Jeff-Fillion sont très nombreux sur les ondes. Il devient donc difficile de bien comprendre un enjeu si on est pas en mesure de comprendre toutes les ramifications politico-intéressées d’un commentateur, d’un poste de radio, … Je navigue donc comme un imbécile dans cette marée d’opinions, sans trop savoir sur quelle cheval je risque d’être le plus solidement assis. Cette grève estudiantine serait liée selon certains au fait que le chef de file des étudiants était sur le bord de se faire mettre dehors de son stage à l’hôpital universitaire. Pour d’autres, c’est un des profs de la fac qui tirent les ficelles pour voir sortir le décanat, toujours frustré de ne pas avoir été choisi comme doyen. Pour d‘autres encore, les étudiants ne veulent pas voir de nouvelles exigences de diplômation mises en application, surtout que des étrangers (notre projet…) appuie la faculté dans son objectif de réviser le programme. Finalement, pour certains, la faculté est en train de vendre son âme au privé. Ce dernier argument est générique, plus besoin de soutenir ses idées avec des faits. Les manifestations des étudiants de la Faculté de médecine ont vue s’agrandir leur nombre de comparses, cinq autres écoles de l’Université d’État s’y sont joint. Pour améliorer le climat, le gouvernement est en train de reculer sur le salaire minimum (200 gourdes par jour, 5$ US) suite aux pressions du patronat. Le débat dure depuis un certain temps et les sénateurs avaient accepté le principe du 200 gourdes, mais les sorties publiques de derniers jours des associations patronales ont fait stopper le gouvernement. On est donc coincé avec des troubles relativement importants au centre-ville de PAP, violence, incendie, arrestations et tout le grenouillage nauséabond possible dans un contexte ou pauvreté, criminalité et politique dorment dans le même lit. Tout le monde s’accroche au chariot de l’autre pour expliquer ses excès. Les policiers ‘re-tirent’ aux manifestants les roches que ces derniers leur avaient garrochées. Les patients de l’Hôpital de l’Université d’État sont incommodés par les gaz lacrymogène utilisés par la police. Cinéma incendié. Voitures vandalisées. Pneus brûlés. Pis certains souhaitent voir la MINUSTAH quitter le pays. À moins que ce ne soit ceux qui vivent grassement de la présence de la MINUSTAH qui soient derrières ces manifs… Trop de fumée pour y voir clair !

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