vendredi 25 septembre 2009

Les suites de la dictature

Depuis près d’un an, j’ai croisé plusieurs dizaines d’haïtiens avec qui, dans le cadre du travail ou dans d’autres contextes marqués par le divertissement, j’ai pu discuter plus sérieusement de la situation du pays, de sa population. Ils ont été plusieurs à me dire – pour ne pas dire à insister fortement – de ne jamais donner ma confiance à un haïtien. Avant de quitter Mtl il y a un an, les haïtiens que je croisais et à qui je racontais notre projet de ‘migrer’ dans la perle des Antilles pour deux ans, me faisaient le même conseil. Il y a bien évidement – pour ne pas dire drôlement – le paradoxe d’un haïtien qui te demande de lui faire confiance en te disant de ne jamais faire confiance à un des siens : « Tu peux me faire confiance, il ne faut jamais faire confiance à un haïtien…. ». Un partenaire haïtien de qui je suis plus proche et à qui je racontais cette anecdote m’a instinctivement répliqué : « La dictature, les tontons macoutes ! ». Aussi simplement, comme si cette méfiance des haïtiens les uns envers les autres était la conséquence la plus significative de plus de 20 ans de dictatures, presque 30 ans de macoutisme. Que cette empreinte avait marqué aussi profondément les cerveaux, de quoi faire un sillon supplémentaire dans le néocortex. Difficile pour moi de m’imaginer ne pas pouvoir simplement donner mon point de vue sur un sujet X en prenant un rhum avec un ami ou en soupant avec la famille. Quel est le rôle de cette méfiance dans la capacité du pays de se construire ? De participer activement aux efforts des organisations internationales ? Ce serait de simplifier une réalité compliquée (c’est pire que complexe !) que d’appuyer une analyse un peu soutenue sur la seule dimension des rapports de non-confiance entre les ayisien pour expliquer l’incapacité du pays à sortir politiquement et culturellement de la dictature. Mais ma courte expérience dans ce nouveau monde m’a permis d’identifier que cette méfiance ‘génétique’ limite la capacité des gens à se lier pour sortir de plusieurs situations périlleuses. « Tout koukouy klere pou je-l» ou en français, « Chaque luciole ne fait de la lumière que pour elle-même ». Proverbe consacré pour souligner l’individualisme des haïtiens…

Aucun commentaire: