vendredi 27 juillet 2012

Deux semaines de frustrations

J’ai fait deux billets il y a quelques jours pour vous raconter une partie de mon processus d’obtention de certains documents relatifs à mon statut en Haïti. Logique de réciprocité, le nouveau gouvernement d’Haïti assure un peu plus de zèle dans sa façon d’appliquer les processus administratifs liés à l’installation de blancs dans le pays. Jusqu’ici, on entrait et s’installait ici sans aucune complications réelles, pas de visa ou de permis de séjour. Les aspirations du nouveau gouvernement imposent que les entrées de fonds soient plus substantielles et plus soutenues. L’une des stratégies retenue par l’État est donc de demander à ces quelques milliers de blancs installés ici pour ‘aider’ Ayiti, de respecter les procédures migratoires en passant laisser quelques kob aux différents services publiques impliqués dans la démarche. Rien de plus normal, le Canada est bien capable de saigner les haïtiens qui veulent aller se faire geler les fesses dans notre belle protection sociale. Réciprocité je vous disais. Après des heures passer à la banque, à la DCPJ (Direction centrale de la police judiciaire), au Tribunal de paix de Pétion-Ville et à l’Immigration pour … rien. Rien parce qu’il a toujours quelqu’un, dans ce pouvoir rétentif des fonctionnaires, pour trouver une bonne raison ‘formelle’ de te demander de refaire telle pièce, de recommencer telle procédure. Et si ce fonctionnaire peut, en plus, refuser une pièce produite par l’un de ses collègues d’un autre ministère, vous lui offrez un très grand plaisir. Ça vous impose de refaire la queue dans le dit ministère, mais ça … Tu peux toujours payer quelqu’un (ou directement le fonctionnaire) afin que la petite technicalité qui t’empêche d’avancer puisse cesser d’exister. Mais pour toutes sortes de raisons (bonnes comme mauvaises), disons que cet aspect de l’existence de l’homme-pi-sa-femme dans leur rapport avec les fonctionnaires, ce genre d’approche ne s’est pas avérée. Outre ce dossier plus personnel, j’ai aussi fait deux missions qui n’ont absolument rien donné auprès du service de la circulation pour régulariser le statut de véhicules du projet. Même genre de merdier où un fonctionnaire trouve un petit quelque chose dans la pile de pièces pour te dire que la transaction ne peut avoir lieu, et donc, que tu devras revenir. Que tu suives les règles écrites ne change rien, il demeure toujours un petit espace de liberté qui offre la possibilité à un rétentif de te faire … chier. Dans les deux cas, ma frustration vient davantage de l’impuissance que des impacts réels sur mon existence. Je pense à cette majorité d’haïtiens ‘impuissants’ qui n’arrivent pas à mettre la main sur des pièces importantes pour eux (un permis de conduire, un passeport, un numéro d’identification fiscale, …) et je relance mon idée de faire de la lutte à l’impuissance la priorité nationale (le lien). Vivement les vacances...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le rôle de tout fonctionnaire haïtien est d'empêcher quelque chose de fonctionner .

Anonyme a dit…

Pour les petites transactions, il faut en général éviter de faire affaire directement avec les fonctionnaires (sauf si tu les connais intimement): ils préfèrent que tu utilises un "rakètè" qui va distribuer tes pots-de-vin de façon équitable et selon les règles. En effet, tu ne peux pas savoir combien il faut donner à chacun (ni à qui il faut donner) et en plus ça fait mauvais genre de le faire toi-même (ça ressemble à de la corruption) .

Anonyme a dit…

Mon expérience c'est que les fonctionnaires t'empêchent d'arriver à tes fins jusqu'à ce que tu te présentes avec un bon rakètè. L'important c'est d'en trouver un qui soit honnête et compétent. S'il distribue généreusement salutations, sourires et poignées de mains aux fonctionnaires et que ceux-ci les lui rendent (il a l'air de faire partie de la famille), c'est bon signe .

Anonyme a dit…

Dans un pays où il y a beaucoup de grosses montagnes, ça prend des guides de montagne. Dans un pays où il y a beaucoup de corruption, ça prend des rakètè .

Anonyme a dit…

Dans les pays où il y a beaucoup de sécurité (ex. certaines dictatures paranos), ça prend des spécialistes en sécurité. Je me souviens du Zaïre de Mobutu où ces spécialistes s'appellaient "chefs de protocole". Les meilleurs pouvaient faire attendre un 747 pendant des heures pendant que tu t'attardais à un garden party (c'était un peu gênant mais néanmoins très pratique) .

Anonyme a dit…

Le commentaire précédent contenait une exagération grossière: ce n'était pas un 747 mais plutôt quelque chose comme un 727 ...