lundi 19 janvier 2009

Aba la vi chè


Le mets le plus fréquent de la plupart des haïtiens est … rien, ou pas grand-chose ! Lors des dernières semaines, j’ai vu ou lu quelques reportages sur la crise alimentaire mondiale. Ici, les spécialistes du PAM (Programme alimentaire mondial) nous annoncent une crise au mois de mars prochain, on arriverait aux dernières graines du grenier. Le PAM a même lancé un vaste programme de financement auprès des pays riches afin de venir en aide à Ayiti et à 11 autres pays. Dans les reportages vus et lus, on nous parle toujours des parents haïtiens qui nourrissent leurs enfants avec des galettes d’argile afin d’éliminer, minimalement, le sentiment de la faim. Quand on est chanceux, les galettes sont assaisonnées de quelques grains de riz ou de maïs. L’image est dure mais semble décrire une réalité haïtienne qui a été aggravée par la crise mondiale et les ouragans de l’automne dernier. J’ai entendu des ‘ayatollahs’ de santé publique s’énerver publiquement : ‘Et si l’argile était contaminé ?’ Effectivement, que pourrait-on faire ? Décontaminer l’argile au plus vite ! Je me suis amusé dans les derniers jours, maintenant que l’installation est complétée et que nous commençons à avoir des repères plus stables, à comparer les prix avec ceux du Canada. J’ai acheté six tomates à des marchandes sur la rue (il faut acheter les fruits et les légumes sur la rue et non dans les markets), 100 gourdes, 2,50 dollars américains (3 piasses en canadien). Sûrement pas moins cher qu’au Canada. On trouve les pâtes alimentaires Barilla dans certains markets : 139 gourdes pour un paquet de spag. Presque 3,50 dollars américains, 4,25 en canadien. On mangerait des Catelli à ce prix là. 154 gourdes pour un litre de yogourt nature (pi ce n’est pas du Liberté !) : 3,85 en dollars US et 4,75 en canadien. Je suis allé voir ‘le circulaire’ de Métro et on trouve un litre de yogourt Danone pour 2 $. La vie n’est donc pas ‘pas cher’ en Ayiti. Un des enjeux pour la population locale est donc de manger, de nourrir sa famille. À titre d’exemple, les chauffeurs qui travaillent avec nous sont considérés comme étant très chanceux. Premièrement, ils ont un salaire ! Deuxièmement, ils gagnent, parce qu’ils travaillent dans un projet canadien, un salaire équivalent à celui des juges (400 US par mois) et pas si loin des médecins des hôpitaux publics (600 US par mois). 138 gourdes de l’heure (3,45 US ou 4,25 canadien). Après les retenues à la source (elles sont minimales ici), un prend une heure de travail pour se payer six tomates. Prenez votre taux horaire et compter le nombre de tomates que vous pourriez acheter au marché Jean-Talon ? Des pâtes alimentaire plus ‘cheap’ se vendent sur la rue 0,75$ canadien le paquet, 20 minutes de travail ! Les tap-tap pour aller travailler : Jean-Joseph en prends trois le matin et trois pour revenir du travail. À 10 gourdes de la course, ça fait 60 gourdes par jour. Presque 30 minutes de travail. Imaginez-vous payer 15$ de STM à tous les jours (si vous gagnez 30$ de l’heure). Plusieurs murs de la ville sont affublés d’un graffiti : Aba  la vi chè. En français d’ici : Fin à la cherté de la vie !

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