lundi 5 janvier 2009

Lilavach et Allen


Nous arrivons de passer quelques jours à l’Île-à-Vaches (Lilavach en créole). Ici, on dit ‘dans le sud’, comme si le ‘plus sud’ avait un sens. Petite île sans voiture ni chemin, que des sentiers empruntés par des humains et des animaux servant au transport (cheval, âne et mulet). On y a fêté le jour de l’an et la fête nationale en même temps. Le premier janvier, les haïtiens mangent de la soupe joumou (à base de giraumon, une courge) pour fêter leur libération du pouvoir colonial et de l’esclavagisme. Appelée également la soupe de l'indépendance ou, à cause de sa couleur, la soup jon (soupe jaune). Depuis 1804, les noirs se sont donnés le droit de manger la soupe que les maîtres mangeaient mais qui leur était interdite. Dans le pays, tout le monde mange le met national le jour de le premier janvier. L’île est connue pour avoir été le repère d’un célèbre pirate anglais (Morgan) qui s’y serait installé avec ses équipages pour attaquer les colonies espagnoles. Le roi d’Angleterre de l’époque lui aurait même donné un énorme 3 mats pour faire du trouble dans la région. L’île est également célèbre parce que des flibustiers y déplaçaient des vaches (d’où le nom de l’île) pour les engraisser en toute tranquillité. 10 000 personnes vivraient sur ce petit coin de paradis qui n’a pas encore vu Électricité d’Haïti (EDH) s’installer. Un collègue de Mtl a réussi à y construire une maison superbe et confortable. Fêtes de village, randonnée à cheval, pique-nique de cabri boucané sur la plage (ici on dit cabrit), snorkling, … Vous pouvez sûrement vous imaginer. L’atmosphère calme et bon enfant des villages détonne de l’effervescence et de la pollution de PAP. Les bateaux à voile qu’utilisent les pêcheurs sont comme les tap-tap, très colorés et maculés de références religieuses. L’île a souvent été touchée par des ouragans. En 1980, Allen a tout dévasté. En passant sur l’île, Allen était de catégorie 5 (la plus haute catégorie d’ouragan) et les vents auraient atteint 300 KMH. Selon les habitants de l’île, tout a été dévasté. L’île est presque disparue sous la mer. Plusieurs décès (il y en aurait plus de 250 en Haïti), plus d’arbres, de plantations ni de maisons… Une grande partie du bétail a été noyé. Les bateaux de pêches perdus en mer. Pour des gens de Lilavach habitués aux ouragans, Allen est le souvenir qui semble le plus vivant et le plus terrible. Bien évidement, la vie de l’île s’est refait une place après le passage d’Allen. Ce qui m’a le plus frappé est d’apprendre que ce genre de catastrophe laisse des traces ‘permanentes’ dans l’habitat (du moins jusqu’au passage du prochain ouragan !). Par exemple, on trouvait sur l’île des colonies d’oiseaux (des flamands roses entre autres) que l’on ne trouve plus, alors que de nouveaux spécimens y ont fait leur nid depuis l’ouragan. Mais le plus sympathique est que la superbe plage (près d’un km) de sable blanc à laquelle mon collègue a accès, est la conséquence d’Allen ! Avant, cette partie de l’île était en roche et les gens s’y rendaient pour pêcher. Aujourd’hui, la seule occupation brillante est de s’y faire bronzer.

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