samedi 6 mars 2010

Le pessimisme s’installe


On vient de passer dix jours intenses à travailler sur le PDNA (Post Disaster Needs Assessment). Grande salle remplie de ‘spécialistes’ de tous les domaines de la vie sociale de la population : eau potable, éducation, emploi, santé, … C’est peut-être la fatigue ou la lecture infinie de la section des pertes et des dommages, mais se dégage des discussions un certain pessimisme sur la suite des choses pour la population ayisiene. Pour une de mes collègues, il manque sérieusement d’ayisianite dans l’exercice ? (Avec mon niveau de créole, j’ai l’avantage de pouvoir inventer des mots !!) Cette quasi-absence s’expliquerait premièrement par la décapitation de plusieurs structures gouvernementales. Certains ministères ont été décimés de manière très importante, des corps se transforment toujours en poussière sous les dalles de béton. Un autre problème serait le grand nombre de personnes en incapacité effective de travailler. Imaginez-vous deux minutes vous préparer pour vous rendre au boulot quand vous vivez dans un camp de fortune et que tous vos biens sont toujours sous les décombres ! Pour les 4500 employés du Ministère de la santé qui travaillent dans la région de PAP, 92% ne vivent plus dans leur maison ! Près de 60% dorment dans des camps de déplacés… L’autre explication, et c’est ce qui génère le plus de pessimisme pour ma collègue haïtienne, est l’incapacité (j’ai cherché un synonyme qui aurait lissé le terme, pas trouvé !) de l’État de fournir des orientations pour les travaux du PDNA : « Le gouvernement démontre toujours son incapacité à prendre en charge une population placée en état de très grande vulnérabilité. On s'en sortira jamais ! » Un peu dans le vide, les blancs et les quelques haïtiens ont tenté de donner un sens à ce qui devait faire partie du plan de ‘recovery’, les morceaux du plan que les bailleurs vont décider de financer lors de la conférence qui aura lieu à new York à la fin du mois. Et dire que le PM est allé rencontrer à la conférence de Mtl que les haïtiens devaient définir les plans de reconstruction. « Il devait parler de la prochaine catastrophe… »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

le passé récent montre bien que dans tous les pays frappés de catastrophes naturelles l'aide massive pour la reconstruction s'évapore et laisse les populations à leur sort, et ce même lorsque les infrastructures gouvernementales et administratives ne sont pas décapitées. Le pessimisme est donc bien compréhensible face à une réalité qui dépasse l'imagination.
Merci encore de ce suivi de la situation sur le terrain. Je continue de vous lire avec intérêt.

Maïté

Sophie a dit…

J'avoue que l'optimisme est difficile à faire revenir à Haiti, cependant en lisant ce blog tous les jours c'est quand même lui qui ressort !