mardi 2 mars 2010

Tirer avantage du 12 janvier


Dans le journal Le Monde d’aujourd’hui (journal auquel je suis abonné de la même manière que l’est mon idole Jean Dion), M Mulet, le nouveau chef de la MINUSTAH, disait craindre l’arrivée de la saison des pluies. En fait, même si la saison n’est pas officiellement commencée, les pluies se sont quand même invitées. Arriver avant l’heure d’invitation est toujours impoli. Donc, Edmond Mulet s’inquiète du fait que la distribution des tentes ou des bâches ne sera jamais complétée avant la saison des pluies. Il en faudrait pour 1,2 millions de personnes et seulement 400 000 en aurait reçu à cette date. Il cite quelques lacunes de l’État haïtien qui décrivent bien la situation : « Le chef de l'ONU donne comme exemple "l'état civil, qui n'existe pratiquement pas", le manque de cadastre, qui "empêche de garantir la propriété, d'entreprendre avec sécurité des opérations foncières ou immobilières, de développer le tourisme", le manque de routes asphaltées et d'un système de coopératives agricoles, qui bride les petits producteurs, la faiblesse de l'enseignement public qui ne profite qu'à 15 % des enfants scolarisés. » Il appelle les ayisien à tirer avantage de la catastrophe pour réaliser une réforme structurelle majeure. La phrase clé dans cet article est toutefois : « "Ni les autorités d'Haïti ni la communauté internationale n'ont encore vraiment appréhendé la dimension du défi qui les attend" » ! Bien assis sur le bord de son abri, ce vieil aysien souhaite lui aussi qu’on tire avantage du 12 janvier…

3 commentaires:

Marico Renaud a dit…

"C'est parce que Haïti a été la première république noire que nous avons nagé à contre-courant pendant un siècle. Les puissances coloniales, France en tête, nous ont ostracisés. Elles ont fait payer à Haïti son soutien à la cause de Simon Bolivar. Les Etats-Unis, qui venaient d'accéder à l'indépendance, ont fait de même. Les Etats du Sud dépendant de l'esclavage ne pouvaient tolérer une nation d'esclaves libérés. Dans cette engrenage historique, impossible de ne pas mentionner les années Duvalier. En République dominicaine, qui n'était à l'époque pas plus riche que nous, le dictateur Trujillo a laissé des institutions, des routes...
Beaucoup de fautes ont été commises par les dirigeants haïtiens, systématiquement, mais aussi par ceux qui ont voulu nous aider. En 1994, l'ONU avait pour mission de désarmer, cela n'a jamais été fait. Le renforcement des institutions n'a pas donné plus de résultats. Je parlerais de négligence criminelle de la communauté internationale. On se fatigue très vite d'Haïti. L'île n'a rien à offrir, pas de pétrole, seulement une population qui fuit périodiquement chez ses voisins."

Ces paroles sont de Michèle Montas, journaliste haïtienne exilée et femme du journaliste haïtien Jean Dominique assassiné en 2000 devant son lieu de travail à Port-au-Prince.
Il ne faut surtout pas lâcher, ni vous dans votre boulot, ni nous dans notre support!

Unknown a dit…

Mes enfants et moi sommes allés voir un nouveau conte pour enfants monté en spectacle musical avec l'orchestre philarmonique de Monte-Carlo hier après midi.
Cela s'appelle "Monsieur Chance" et je crois que c'est l'illustration parfaite de ce que vie Haïti aujourd'hui, hier, avant hier... depuis que les hommes blancs et noirs ont mis les pieds sur ce bout de terre pourtant bénie de Dieu.
Monsieur Chance se plaint en permanence de manquer de chance il en hurle dans la nuit, jusqu'à l'arrivée d'un vieux monsieur, qui lui dit avoir lui aussi manqué de chance, jusqu'au jour où il a rencontré la Chance et que depuis il ne la quitte plus. Ce Mr lui conseille de partir à sa recherche, jusqu'au bout de la terre s'il le faut mais qu'il va la trouver. Alors il part, rencontre tout d'abord un vieux loup émacié, qui aperdu l'appétit. Le loup lui demande où il va, et l'apprenant s'esclame "tu en as de la chance, peux tu demander pour moi ce qu'il me faut faire pour retrouer l'appétit" Promesse faite Mr Chance repart, rencontre un arbre, qui se sent mal, se plaint de ne pas pouvoir continuer à grandir... comme pour le loup, il s'exclame en apprenant où va Monsieur Chance "Tu en as de la chance, peux-tu demander ce qu'il me faut faire pour aller mieux" Promesse faite, ses pas le méne ensuite près d'une très belle femme, très triste. Tout comme pour les deux premières rencontres elle envie Monsieur Chance de la chance qu'il a de courir après la chance jusqu'au bout de la terre. Elle aussi lui demande de promettre de demander à la Chance ce qu'il lui faut faire pour trouver un peu de bonheur.
Monsieur Chance arrive enfin au bout de la terre, jusqu'au bout, sur les planches qui dominent le champ d'étoiles... et devinez qui il rencontre ? Le vieux Monsieur, qui le félicite pour le chemin parcouru. Le félicite pour avoir mis toutes les chances de son côté pour trouver la Chance qu'il appelle de son plus fort intérieur... lui rappelle l'importance de vivre ici et maintenant, ni dans le hier, ni dans le demain, ni dans l'ailleurs. Monsieur Chance lui demande quoi répondre au loup, à l'arbre et à la belle femme.
A la femme, il lui conseille "Dis lui de tendre les bras vers le premier homme qui viendra à elle et de l'épouser", à l'arbre "Il y a un trésor entre ses racines qui l'empêche de grandir, dis lui de demander au premier homme qui passe de creuser pour mettre au jour ce trésor, car un trésor doit être mis à la lumière et profiter à tous" et au loup "dis lui de manger le premier imbécile qui passe et lui parle".
L'homme repart, croise la femme lui offre les paroles du vieux Monsieur. Elle lui tend les bras mais il les repousse il est pressé. Pressé d'aller voir l'arbre. A l'arbre il répond aussi qu'il est pressé alors que ce dernier le supplie de creuser entre ses racines.
Au loup qui lui demande comment reconnaitre un imbécile, il lui dit, comme l'avait précisé le Vieux Monsieur, que c'est celui qui lui parlera... et se fait dévorer par le loup !
Dans le ventre du loup, Monsieur Chance, tout comme au début de ce conte pleure sur son sort qui est vraiment celui d'un homme qui n'a pas de chance.

Unknown a dit…

suite... de mon commentaire
Le peuple ayitien, ou en tout cas les ayitiens que je connais, n'ont pas confiance en eux, en leur pouvoir face à la chance. Ils sont prêts à tout, avec une énergie hors du commun, mais dans la dernière phase de la réussite, abandonne la partie de peur de réussir.
Ils croulent sous la difficulté de vivre le quotidien, commencent des révolutions, mais ne les terminent pas.
Comme s'ils s'imposaient de perdre !
Nous leur devons de leur apporter la tenacité dans la gagne.
J'entendais un homme de la rue réclamer des psychologues suite au séïsme, mais il en faut peut être aussi pour leur apprendre à croire en eux, sur le long terme.
Et toi Jean-François tu peux leur apporter cela, car tu sais que cela est possible (même s'il faudra encore 200 années pour y parvenir ! Comme nos pays l'on fait eux aussi)
Désolée pour la longueur, je n'ai pas écrit tout cela pour que tu me publie, mais pour échanger et essayer de te donner un peu d'énergie en cas de baisse de régime.
Courage.
Marie-Paule