samedi 22 octobre 2011

L'engagement

Vu l’inconfort habituel de l’avion, le sommeil est généralement impossible. C’est toujours le moment de pousser un peu plus loin l’analyse. Comprendre ce pays maudit ou impossible, c’est selon. Je reçois des courriels ou encore des amis me questionnent, tout le monde veut comprendre pourquoi la descente aux enfer ne semble jamais toucher le fond. Comment le pays peut-il s’en sortir ? La réponse à ce genre de question n’est pas que complexe, elle est compliquée. Compliquée parce que rien sur cette île et dans la tête de ses occupants, n’accepte d’être cerné dans une formule simple, logique. Une seule réponse, comme les chaînes des esclaves, limiterait la liberté de mouvement, la possibilité d’errer. Même être logique dans son raisonnement serait une autre manière de se sentir coincé dans des corridors toujours perçus comme étant naturellement contraignants. La liberté dans tout ce qu’elle a d’irresponsable et d’inconséquent. Je tirais donc la conclusion (ne vous inquiétez pas, ce n’est pas la dernière, mon système hypothético-déductif fonctionne assez bien) que le problème se berçait dans l’engagement. Je ne dis pas que c’est la cause ou l’effet, le monde binaire ne sert à rien dans ce genre de contexte. Je dis que c’est le problème, en même temps la cause et l’effet. L’engagement, c’est la capacité de se mobiliser pour quelque chose qui existe dans l’espace social, même s’il peut être de portée individuelle. C’est la capacité de développer des efforts pour faire avancer un projet, de le définir et de le mettre en œuvre. Haïti souffre d’un flagrant manque d’engagement. Plus personne (ou presque !) ne s’engage dans cette société. Elle n’en vaut plus la peine, les politiciens sont corrompus, la population est incapable, les élites économiques sont aveuglés par une richesse facile et rapide, le milliard d'intellectuels ne fait que peaufiner toujours davantage son discours et les pays de la communauté internationale n’accouchent de rien à tenter de faire le plus beau. Le non engagement haïtien, c’est l’image inversée du marronnage, de la non confiance. L’absence d’engagement, c’est l’incapacité de voir son entreprise ou son pays mieux faire un jour. C’est le statu quo, confortable comme inconfortable. C’est la résignation. Vaut mieux s’y complaire que de s’engager.

2 commentaires:

pauline a dit…

Est-ce l'air de PAris qui vous donne un ton si catégorique? Comment gommer aussi facilement de votre article ces personnes qui, malgré tout, s'engagent pour leur pays dans la vie de chaque jour? N'est ce pas plutot l'idée "d'engagement" qui charrie en Haïti des milliers de bénévoles aux bonnes intentions et de consultants cherement payés pour ne rien changer qui est à interroger?
Je comprends bien ce que vous chercher à cerner, ce repli sur soi et sur sa survie qui caractérise une partie de cette population forgée par la dicature et la pauvreté... Mais c'est dur de déceller dan votre discours une opinion légèrement teintée de jugement moral...

Anonyme a dit…

et quel opinion avoir du si grand "engagement" d'un homme comme bill clinton qui doit se remplir quotidiennement les poches dans la plus grande tranquillité sur le dos de ce petit pays?