samedi 5 mai 2012

Le filet

Tôt ce matin sur le bord de la mer, le soleil n’avait pas encore pleinement fait son bonjour, que ces pêcheurs avaient étirés leur long filet. Pendant de très longues minutes, ils vont ‘à bras’ le ramener en espérant, ‘si dye vle’, que la mer soit généreuse. Généreuse !? On en vient dans un premier temps à se demander si le mot ‘générosité’ peut exister pour l’haïtien dit moyen. Et on pourrait également se questionner sur ce que ‘moyen’ peut vouloir dire dans cet enfer de pauvreté. Le 80% de la population qui gagne moins de 2$ par jour est bien évidemment sur cette barque. Parce que la pauvreté est un enfer de flammes, même sous la mer. Les gars sueront près d’une heure pour remonter de ce filet davantage de déchets que de poissons ! Déchets, bien évidemment, qui seront remis à la mer … Question de remplir le filet demain matin vous me direz ? Pa konnen ! J’avoue que tout autant l’humaniste, le cuisinier et le photographe en moi ont été frustrés de ce filet presque vide de poissons. Un nouvel espace de naïveté vient de se boucher dans mon petit cerveau. Il en reste encore un peu (je parle de ma naïveté, mais ça pourrait aussi être pertinent pour les poissons !!), mais c’est le genre d’histoire qui pousse un peu plus vers la déprime. Celle qui émerge quand les possibles s’étiolent les uns après les autres.

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