mercredi 24 décembre 2008

La justice haïtienne

Se déroule actuellement en Haïti une petite crise politique autour de l’administration de la justice. Un juge vient d’être congédié après avoir publiquement affirmé en avoir plein les baskets de travailler dans un système complètement pourri par la corruption, du ministre jusqu’au bout du ministère. François Brousseau dans Le Devoir du 17 octobre, nous rappelait entre autres que les juges haïtiens gagnent 400$ par mois (en US quand même !!), difficile de ne pas succomber à la corruption. L’enjeu qui fait les manchettes actuellement concerne le nombre effarants de détenus pour lesquels aucune accusation – donc aucune condamnation – n’a été déposée. 80% à 90% des détenus haïtiens se retrouveraient dans cette situation. Vous avez bien lu, 80% à 90% ! Les techniques d’arrestation de la police haïtienne sont sûrement discutables. L’idée est de ne pas se trouver sur les lieux d’un délit. On a tendance à embarquer tout le monde et à discriminer ‘après’ le rôle de tout un chacun. L’enjeu est de définir la limite temporelle de ‘l’après’. J’ai dîné récemment avec un canadien qui travaille pour le CICR et il me racontait que la demande principale des détenus actuels (il faudrait dire des prévenus pour être plus juste, mais après quelques années…) est simplement d’être jugés ! À la radio hier soir il y avait un reportage sur cette question et on présentait l’histoire d’un gars emprisonné depuis 58 mois (il a 23 ans aujourd’hui) et pour lequel aucune accusation n’a encore été portée. Le système ne sait plus qu’il croupit dans ses prisons depuis près de cinq ans. Et croupir est le mot juste ! La prison de PAP a été construite pour recevoir 800 détenus et ils y sont actuellement 4000. Pas d’eau courante, pas d’électricité…. À l’inverse, les ‘vrais’ criminels profitent de la corruption ambiante pour déserter les prisons. Les journaux sont pleins de ce genre d’histoires de dealers et kidnappeurs relâchés par la justice. En moyen, ces criminels arrivent à acheter leur liberté. Pour les 80% de personnes incarcérées pour ‘on ne sait quoi’, le problème est de trouver le cash nécessaire afin de pouvoir reprendre le chemin des rues de la ville. Gros défi. Le plus intéressant dans cette histoire – d’un point de vue canadien – est de voir les journaux du Québec qui nous annoncent la ‘déportation’ de criminels haïtiens que le Canada ne veut plus avoir sur son territoire. Comme les américains, on les retourne en Haïti, la perle des Antilles ! Les rapports nord-sud nous rattrapent toujours.

1 commentaire:

jabiru a dit…

Merci pour ces précisions. Donc en gros c'est : traitement de la petite délinquance par l'emprisonnement immédiat(sans jugements ni enquêtes). Tous ne sont quand même pas kidnappeurs. Et à côté les fonctionnaires corruptibles et planqués.

4 000 enprisonnés à Noël 2oo8, 6000 évadés pendant le séisme,les compteurs sont retombés à zéro et les américains reviennent
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