dimanche 15 mars 2009

Boucler sa ceinture

Les hélicoptères qui m’on défrisé cette semaine ont apporté des bonnes nouvelles. Clinton et Ki-Moon ont tiré la conclusion que la situation du pays s’améliorait. Le temps est venu pour que les gens d’affaire de ce beau marché libre, de venir investir en Ayiti. On ne peut pas être contre la vertu … dans cette planète capitaliste. En même temps, l’histoire récente – même si je suis dans l’ordre d’un préjugé – montre que la méthode ‘sweatshop’ comme stratégie de développement d’un pays semble laisser de traces relativement positives. Il y a quelques pays en émergence qui commence à stresser les traditionnels pays riches. Il faut peut-être laisser la chance aux coureurs.  Dans son article de vendredi dans Le devoir, Taillefert nous rappelle que les défis sont quand même importants…. et que la sortie de crise-permanente passe par des appuis à la population la plus démunie du pays. 75% en fait ! Dans les derniers mois, j’ai été témoin à plusieurs reprises des difficultés d’une population qui naturellement se trouve sur la voie de garage du développement. En achetant une carte d’appel sur la rue, presque me chicaner avec un haïtien qui veut absolument me remettre, le sourire heureux, le double de la monnaie qu’il me devait. J’ai travaillé fort pour lui faire comprendre qu’il est en train de se fourrer lui-même. Sait pas lire, pas compter… Il vend des cartes d’appel toutes la journée sur la rue avec son dossard de Digiciel….Prendre l’avion pour le Canada avec une femme qui te présente son billet pour que tu l’amènes à son siège… sait pas lire pas écrire. Une autre personne dans l’avion en revenant à PAP qui te demande dans un anglais plus qu’approximatif de compléter les formulaires d’immigration  d’Haïti. Il me remet son passeport et ses papiers pour que j’y trouve toutes les informations et que je ne le questionne pas sur des détails. Un patient aux services des archives de l’hôpital qui ne sait pas sa date de naissance…. Juste son âge, 45 ans. En revenant du Cap-Haïtien cette semaine, directement sur ma gauche il y a un haïtien un peu âgé qui a visiblement fait des efforts pour se mettre sur son trente-six. Chapeau de feutre bleu entre les genoux, ses yeux me demandent quelque chose et nos connaissances linguistiques respectives ne permettaient pas de communion. Ses yeux inquiets et embarrassés qui regardent la boucle de la ceinture et respirent un point d’interrogation. Je lui attache sa ceinture avec enthousiaste en tentant se lui ‘enseigner’ la méthode. Le vol a été terrible. Pas attachés, on se serait écrasé la tête sur le plafond de la cage à poule. 20 minutes de vol qui laissent des traces durables. L’avion était sur le tarmac depuis trente secondes et ses ongles sales continuaient de faire une trace indélébile dans la cuirette du banc d’en avant. Une fois l’avion arrêté, il m’a de nouveau regardé dans les yeux et j’ai compris que ma leçon sur le bouclage de la ceinture n’avait rien donné. J’ai détaché sa ceinture et ne l’ai plus revu. Il s’est probablement sauvé en courant de cette machine moderne qu’est l’avion. 

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