mercredi 18 janvier 2012

Libre-échange

Le ‘rapport au monde’ est cette bibitte qui nous englue complètement le cerveau. Je me rappelle, quelques mois avant notre arrivée en Haïti, nous avions visité un policier canadien venu en mission en Haïti. Notre objectif : Se faire parler du pays par un gars qui connaissait la poutine. Trois heures à se faire parler (et c’était franchement intéressant et instructif) de crimes, de criminels, de prisons insalubres, de justice corrompue … J’avais dit à Jo au retour que la prochaine rencontre devrait se faire avec un botaniste, on aura tout une autre vision du pays. Mon cerveau a donc été englué durant le week-end par ces paysages et cette paysannerie. Haïti était belle. Était beau aussi. La vie était pauvre mais souriante. Une petite famille qui cultive les pistaches (arachides) pour les vendre sur le marché de Kenscoff. Une autre fait la même chose avec le café. Petit délice apparent. Pendant qu’on emmagasine ce petit bonheur sur un sentier où les piétons se saluent toute la journée, un camion tuait 29 personnes sur la route de Delmas. Manque de freins dans un cas, manque de chance pour les autres. Un retour à la réalité … haïtienne. Une réalité où personne ne régule rien et où des camions (poids lourds comme légers) peuvent entrer au pays et rouler sans que les services concernés (douane, policier, transport, …) ne valident quoi que ce soit. Sans que des employeurs/camionneurs se questionnent sur les risques. Des pays-amis qui laissent sortir pour ‘l’étranger’ ces vieilles bagnoles sur des vieux rafiots probablement. On parle de camions, mais c’est la même chose pour les médicaments qui viennent finir leur vie ici, les équipements médicaux, ... Au lieu de mourir là où ils ont été utilisés, ils viennent tuer des gens ici. C’est probablement ça le libre-échange.

Aucun commentaire: