samedi 20 décembre 2008
Le formalisme haïtien
On sait très bien avant de se lancer dans une expérience comme la nôtre, que nous serons confrontés à des différences culturelles plus ou moins importantes, plus ou moins choquantes. Depuis mon arrivée, j’ai entre autres été fasciné par le formalisme des rapports sociaux chez les haïtiens. Je parle ici des rapports sociaux dans la sphère professionnelle ou, plus particulièrement, la dimension hiérarchique est très marquée. Vestige de la présence du colonisateur français probablement… La semaine dernière je suis allé en campagne près de Port-au-Prince. Une petite commune qui s’appelle Fond-Parisien. Je travaille avec un médecin qui pratique au sein d’un hôpital privé qui appartient à une communauté religieuse. Adjacent à l’hôpital, on trouve un centre communautaire (formation aux adultes entres autres) et une école. Près de 300 enfants de la commune la fréquentent. En entrant dans une classe bondée de jeunes costumés, ils se sont tous levés, bras collés sur le corps et ont entamé un ‘Bonjour messieurs les visiteurs, bienvenue. Comment allez-vous ?’ Le synchronisme aurait fait rougir Gregory Charles et sa chorale. Dans son petit laïus tout aussi formel, le professeur est très honoré de notre présence et est surtout très fier de la réaction sans faille de ses élèves. Il les prépare à affronter une vie difficile, basée sur les valeurs religieuses et une éducation très rigoureuse. Lorsque je me déplace en région pour rencontrer un collaborateur, je suis appelé à annoncer ma visite à ses supérieurs (au sein de l’établissement et au niveau du département régional) et passer les saluer avant de pouvoir passer à l’action centrale de mon déplacement. J’ai assisté à deux séances de remise de diplômes à l’Université d’État d’Haïti (UEH). Entrée protocolaire des futurs diplômés : musique presque militaire et tout le monde marche au pas (on sent les pratiques), deux par deux. Tout le monde debout, on chante l’hymne national. Les discours protocolaires n’en finissent plus et les salutations au Ministre, au recteur, à ses vice-recteurs, à la doyenne, à l’ambassadeur … sont répétées jusqu’à satiété. Des discours lus bien évidemment. Ceux qui me connaissent un peu mieux sont en mesure de comprendre comment ces pratiques peuvent m’indisposer. Elles sont actuellement pour moi objet d’intérêt ou de curiosité, elles ne posent donc pas de problème réel. On verra pour la suite comment j’arriverai à naviguer sur ces eaux plutôt figées.
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