mercredi 10 décembre 2008
Si Dye vle
L'avenir existe en Ayiti 'Si Dye vle'. Même demain existe 'Si Dye vle'. L'expression 'Si Dieu le veut' est utilisée toutes les fois qu'on propose une action qui aura lieu demain, samedi prochain ou dans deux mois. Tu vas chez un marchand qui manque de 'mayi moulu', il en aura demain 'Si Dye vle' (prononcer si dié vlé). Tu prends rendez-vous avec quelqu'un du ministère ou de l'université pour lundi prochain, la conversation se termine sur un 'Si Dye vle'. Tu donnes rendez-vous au chauffeur pour demain matin… Je ne sais pas trop si c'est le terme DIEU qui est important dans cette expression ou le terme SI ? La religion est partout en Ayiti. Tout le monde lit la bible. Le chauffeur lit la bible en attendant dans le stationnement. Le gardien de sécurité lit la bible, une carabine entre les jambes. Les postes de radio sont religieux : les propos des animateurs et la musique chantent les louanges de Dieu. Le garçon de cour prie toute la journée en travaillant. Les tap-tap sont tous affublés de versets, de Jésus est grand ou autres écrits relatifs à la religion. Dans l'Encyclopédie canadienne, Jean-Claude Icart (sociologue de l'UQAM) rappelle une boutade souvent entendue concernant les haïtiens : les haïtiens son catholiques à 70%, protestants à 30% et vodouisant à 95% ! Je disais donc que je n'étais pas sûr qui de Dieu ou du Si avait plus d'importance dans l'expression 'Si Dye vle'. Le Si quant à lui réfère à une éventualité, implique une dimension future ou possible. Il me semble effectivement difficile pour le peuple haïtien de se projeter dans l'avenir. Le futur simple n'existe pas dans la langue créole. Il y a le mwen ap prale (je m'en vais) mais pas le j'irai. Comme si en anglais, au plan de la temporalité, le 'I'm going' correspondait au 'I will go'. En fait, comme si la projection dans le temps ne pouvait pas être nommée dans le créole haïtien. Comme si l'avenir n’existait pas pour les haïtien, même Si Dye vle !
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1 commentaire:
Quand moi-aussi j'ai découvert cette expression elle a secoué mon référentiel culturel, étant un athée blanc né à Paris .
Puis en écoutant chanter le Gospel dans les églises de l'île (je suis à St Martin), j'ai essayé de comprendre cet adjuvant permanent ce "tic de langage", si dieu le veut. La volonté de Dieu qui règne sur nos têtes , "la pauvreté digne" c'est comme ça, la vie est dure, mais si Dieu nous écoute et nous aide, on tiendra.
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