mercredi 29 juin 2011

Les gouffres


L’espoir est une bête fragile. Comme un ballon, l’espoir éclate avec fracas ou se dégonfle lentement en fonction de la forme qui l’assaille. Je me souviens d’un échange avec une haïtienne qui avait été complètement déboussolée au moment où Préval avait créé le parti politique Espwa (Espoir) : « Préval vient de me voler le seul mot qui me restait pour penser positivement mon pays, je ne pourrai plus jamais utiliser le terme ‘espoir’ sans que ça réfère à lui et à son parti. » Depuis, Préval est passé de l’Espwa à l’Inite (l’Unité) et il n’est plus président, même si l’Inite contrôle une bonne partie de ce qui se passe (et pourra se passer surtout !) dans cet État. L’espoir avait été en mesure de se gonfler de nouveau au cours des dernières semaines avec l’installation de Martelly. Même les résistances de ceux qui en avait une peur bleue commençaient à fondre avec son installation du printemps. Des discours et des attitudes différents qui avaient permis de rafraichir quelque peu l’atmosphère L’été ne fait que commencer et déjà, ses chaleurs étouffantes font fondre l’espoir renaissant. Le rejet de son candidat propulse à l’avant plan deux gouffres politiques qui risquent de coincer le fonctionnement un gouvernement déjà passable inefficace, mais surtout l’implantation des réformes attendues avec une certaine impatience (par exemple la ‘sortie’ des camps avant les ouragans de la fin de l’été et la rentrée scolaire de septembre). Le premier de ces gouffres concerne l’inexpérience de notre président. Ils sont plusieurs actuellement à critiquer son manque de préparation, sa précipitation, sa naïveté, … . Ils sont plusieurs à vouloir qu’il joue mieux le joute politique. J’avoue bien humblement que je lui promet pas de grands succès, pas tant parce qu’il serait un malhabile fini, mais davantage parce que les règles explicites comme implicites qui régulent cette joute sont indéfinies et indéfinissables. Difficile de jouer si les règles sont incompréhensibles. La gestion de ces règles m’amène au deuxième gouffre : Les députés et les sénateurs. Ceux là même qui définissent les règles en fonction de l’intérêt du moment. Ces parlementaires devenus spécialistes de la joute politique et qui forcent actuellement la stagnation presque totale d’un État qui se retrouve aujourd’hui sans réel premier ministre et sans réelle constitution. Deux gouffres dans lesquels s’écoulent l’espoir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un problème c'est que les vrais enjeux sont toujours en dehors des institutions .