jeudi 25 août 2011

Pas nécessaire


- 150 gourdes !! C’est un prix pour les blancs !!
Le visage gonflé de la marchande qui me fait le plus beau sourire moqueur du monde.
- Ici monsieur Jean-François, il n’y a pas de prix pour les blancs, que des prix pour les amis.
- Je ne vous crois pas !
- Je vous le dis monsieur, même prix pour tout le monde, blancs ou haïtiens.
Je lui donne ses 150 gourdes (3,75$). Elle me fait un petit clin d’œil pendant qu’elle coince mes 12 pamplemousses roses dans un sachet.
- Des bananes aussi Monsieur Jean-François?
- Pa gen bezouin.
- Des tomates ?
- Je n’ai plus d’argent ! Avec ces 150 gourdes pour les 12 pamplemousses, je suis à sec.
- Dès ce soir monsieur Jean-François, je vais prier pour vous. Pour vous et pour madame Johanne. Pour que vous puissiez enfin avoir de l’argent.
- Arrêtez de prier pour nous, et baissez vos prix plutôt.
- Je préfère prier pour vous et pour madame Johanne. C’est important de prier …
Je me penche sur elle en lui mettant la main sur l’épaule et l’invite à prier pour elle en premier, qu’après, elle pourra prier pour nous. Son sourire acquiesce. On se salue en se donnant rendez-vous pour demain. En reprenant la route, je téléphone à Claudette pour lui demander combien elle aurait payé les 12 pamplemousses roses. 75 gourdes. Je lui raconte mon aventure et elle me répond que la prochaine fois « Map achete pou ou. »
- Pas nécessaire Claudette.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est compliqué ces affaires de prix de nouriture. Chez moi c'est la cuisinière qui achète tout (donc au prix haïtien) mais ça me coûte très cher et toujours de plus en plus cher. Je lui dis que tous les habitants du village seraient morts de faim depuis longtemps si ça leur coûtait aussi cher pour se nourrir. Mais je n'ai aucune idée pourquoi ça coûte si cher: la cuisinière qui gonfle les prix, qui achète moins que convenu, qui garde une partie pour elle, qui nourrit trop de monde, le vol, l'inflation, le gaspillage? Il faudrait que je fasse un audit. Mais puisque nous sommes en Haïti, ce sont probablement toutes ces causes à la fois et une multitude d'autres encore .

Anonyme a dit…

Bonsoir Jean François !
Je souris évidemment !
Pour la différence des gourdes , envoie nous des chadek , pour le reste tiens nous au courant de l'orphelinat et de ses besoins...
mbzh

Anonyme a dit…

Les prix à la tête du client, c'est une moyen extrêmement efficient de redistribution de la richesse. Si une marchande doit vendre pour 1000 gourdes dans sa journée pour nourrir sa famille et qu'elle vend le quart de son lot à des blancs ou à des mulâtres pour 750 dollars, elle peut se permettre de vendre le reste beaucoup moins cher à ceux qui ont peu de moyens tout en atteignant quand même son objectif de revenu. On obtient donc les mêmes effets que l'impôt sur le revenu et l'aide sociale dans les pays développés et ceci sans aucun coût de gestion et sans possibilité de fraude (la marchande connaît très bien les moyens des clients) .