dimanche 8 avril 2012

Entassées dans un camion, coincées dans un cercueil

Il y a toujours des morts sur les routes lors des longs weekends. C’est vrai partout dans le monde, c’est statistique. Les risques augmentent de manière proportionnelle au nombre de voitures qui transportent des gens allés dire bonjour à grand-maman, tonton Gérard ou tante Huguette. Le nombre de personnes qui meut en allant voir tati et tonton, c »est assez pour éliminer les fêtes du calendrier… Cette règle statistique et sociale ne s’applique pas vraiment ici. Ce n’est pas tant le nombre de voitures sur les routes que le nombre de personnes qui s’entassent dedans ou devant un camion qui détermine les probabilités !! Encore une fois donc, un carnage routier, Morne Tapion cette fois-ci. Une soixantaine de personnes (probablement majoritairement des femmes, des marchandes) entassées dans un camion qui aurait manqué de frein. On parlai dans les médias de 27 morts et d’une quarantaine de blessés. Nous sommes passés sur cette même route quelques heures plus tôt … Le matin dans la mer à Saint-Louis-du-Sud, on parlait avec un français qui vit ici depuis dix ans. Sur la route au loin on voyait passer ces camions remplis à pleine capacité de moun et de leur matériel accrochés au véhicule (les moun et le matériel). Le français disait quelque chose du genre : « Je ne sais pas trop quand ils vont commencer à mettre de l’ordre dans ce transport anarchique, on a toujours droit à des carnages ! ». Mettre de l’ordre dans l’anarchie !? J’émets une fois de plus l’hypothèse que nous ne sommes pas devant l’anarchie, mais devant un système bien organisé qui permet à certain de bien se remplir les poches. Que 27 personnes meurent dans cet accident n’est pas une donnée encore assez significative pour que le système bascule. Combien en faudrait-il ? Grande et grave question, mais j’imagine bien qu’une seule victime, la bonne, pourrait modifier ce système. On a donc quitté Aquin pour rentrer à Pétion-Ville. Les musiciens avaient abandonné leurs instruments pour aller boire ce qu’il faut pour combattre la chaleur dans laquelle ils ont baigné toute la journée, satisfaits d’avoir amusé des foules compactes. Ils joueront peut-être de nouveau cette semaine, il y aura des funérailles à célébrer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le problème c'est le déséquilibre entre le niveau d'évolution socio-politico-intellectuelle d'un pays et les technologies dont il dispose: la voiture en Haïti c'est un peu comme la bombe A en Iran ou au Pakistan. Si tout le monde se promenait à cheval (ou à pied) on n'aurait pas tous ces problèmes .

Anonyme a dit…

Les routes sont devenues trop belles aussi: on devrait revenir aux routes du temps d'Aristide .