jeudi 23 décembre 2010

Guerre de chiffres


Pendant que l'OEA et les politiciens se disputent sur les résultats de l'élection du 28 novembre dernier, d'autres font de même au sujet du choléra en Haïti. Cette bataille, qui se vivait dans le petit monde de la gestion de la maladie, a pris sa place dans les médias. Selon les données du MSPP, il y a maintenant plus de 2 500 morts. L'ONU estime qu'il faut multiplier les chiffres officiels par 2. Un médecin suisse estime quant à lui qu'il faut multiplier le nombre (de décès ou de personnes infectées) par dix… 25 000 morts au lieu des 2 500 annoncés. J'avais entendu de personnes de l'interne qui estimaient qu'il faudrait multiplier les chiffres officiels par six pour avoir une idée un peu plus réaliste de la situation. Deux éléments sont mises en cause pour expliquer l'incapacité actuelle de tirer un portrait juste. Premièrement, plusieurs doutent de la capacité du système publique haïtien de gérer adéquatement la compilation des données sur la maladie (de la saisie à l'analyse). En deuxième, on sait que dans des zones éloignées (ou où les soins ne sont pas accessibles), des gens meurent sans jamais avoir été clairement diagnostiqués. Mortes dans le village ou sur la route qui mène au centre de santé, ces personnes seront enterrées sans jamais être répertoriées. Dans une dynamique assez pessimiste, un des dirigeants du MSPP me disait 24 heures avant la confirmation de la maladie, qu'on pouvait s'attendre à une crise plus dévastatrice que le tremblement de terre. La nouvelle des dernières heures et le changement d'attitude du Ministre qui reconnaît que l'État n'est pas en mesure de faire face à la situation. Après plus de deux mois de collaborations conflictuelles entre le Ministère et les organisations internationales dans la gestion de cette crise, il faut maintenant souhaiter que l'organisation de la prise en charge de la crise serve mieux la population.

1 commentaire:

Brigitte a dit…

Merci pour tout , passez un Bon Noêl, vous et tous ceux que vous aimez.