mercredi 10 février 2010

Recherche une liste


Je ne suis pas vraiment un homme d’action. Si j’avais été dans un building lors du tremblement de terre, je serais resté sous les décombres. Je ne suis pas le genre à me mettre à courir, mais plutôt à me poser des questions. De quel côté suis-je mieux de partir ? Quelle partie du building risque de s’effondrer en premier ? Quelle sera la chaîne de la chute du plafond ? Près de quel meuble suis-je mieux de me protéger ? PAF, sur la tête ! À un moment donné dans la crise, il y avait près de 900 organisations sur le terrain. Tous des gens d’action. Un … de foutoir. Tout le monde se déplace pour aider, arrive avec ses ressources, ses pratiques, ses équipements et ses intérêts. Personne pour coordonner le tout, même le plus fort. Tout le monde est bien intentionné, tout le monde a de bonnes idées, quelques-uns ont plus de cash que d’autres. J’en arrive à avoir mal au cœur de cette logorrhée d’aide et d’action. On s’est mis en action, on fait des listes de n’importe quoi depuis un mois. Tout le monde - moi itou - fait des listes. Des listes des institutions fonctionnelles avec leur capacité d’intervention, les lits disponibles, les salles de chirurgie fonctionnelles, les ressources humaines disponibles. Je connais au moins 12 organisations qui produisent une liste pour connaître la capacité hospitalière actuelle. J’ai participé hier midi à une conférence téléphonique internationale sur les listes des Health Facilities. Du monde assis sur leur cul aux États-Unis, au Canada et d’en d’autres pays (23 personnes branchées sur la conférence) veulent nous aider à créer cette criss de liste ! Un site internet géré aux USA tente de répertorier les listes déjà produites. Psychédélique ben raide. Pas autre chose à dire ! Le Ministère n’a jamais été capable d’avoir une liste à jour de ses institutions pis tout le monde veut lui en faire une en même temps !! Personne n’arrive à se parler ou à se coordonner. Personne n’arrive à réfléchir. Besoin de vacances…

5 commentaires:

Marico Renaud a dit…

Oh my God! Je trouve admirable que tu demeures lucide et capable de réfléchir au milieu de tout ce "foutoir"! Ce que je sais par exemple, c'est qu'il me serait impossible de demeurer calme et réfléchie dans une telle situation. J'exploserais... ou j'imploserais tout simplement.
Au fond, les Aytiens qui se construisent des cabanes de fortune pour se protéger des pluies à venir, sont pragmatiques et efficaces... à court terme mais efficaces tout de même!
Bon courage!

framboise a dit…

les institutions etatiques defaillantes ne peuvent jouer leur role de coordination
bravo à vous et aux aytiens

Unknown a dit…

Et de une... de 2 de 3... 100 de 200... jusqu'au jour où cela prend enfin une forme efficace.
Oui c'est toute la compléxité du cerveau humain et des relations du groupe que tu décris là !
Mettre tous les jours son ouvrage sur le métier, me disais mon grand-père qui n'avait pas fait d'étude !
Mon expérience professionnelle dans les systèmes de management abouti à la même lassitude... sauf que nous sommes au chaud, que le frigo est plein et que le toit est bien solide, donc c'est pas grave.
Oui c'est tout pareil en Haïti, mais avec la faim au ventre, la pluie sur toi et les maladies qui déciment les enfants !
Courage, il nous faut trouver le tempo, trouver le musicien, celui qui "matera" les bonnes volontés pour que la cacophonie devienne un bel air.
Et Ayïti naîtra peut-être enfin !
Marie-PAule

brigitte sauriol a dit…

Trop d'intérets croisés sans se compléter... je vous lis attentivement depuis le séisme. Vous êtes ma "source code". Merci d'être de si bons yeux pour moi. On veut aider, participer, y aller, se retrousser les manches et bosser avec les Haïtiens. Romantique? Déraisonnable naïf? Mais sinon, ça reste misère de chez misère, non?

brigitte sauriol a dit…

lu sur les t-shirt bleus: "an nou kenbe Kafou fèy pwòp"
way to go Haïti!