mercredi 19 mai 2010

Docilité et violence


Il y a cette banque au centre-ville, les secousses n'ont pas achevé le travail fait par bagay la. Je retiens mes éternuements à chaque fois que je passe à côté, je ne voudrais surtout pas être responsable de son dernier souffle debout. Certains croient que la barrière protège les moun qui la frôlent, je n'y crois pas. Je passe le tout en troisième vitesse. Cette banque sur le bord de s'affaler sur la rue, pourrait ressembler à cette paix qui résiste toujours à laisser sa place à la violence. Quand on préparait notre séjour en Ayiti, tout le monde nous parlait de violence. On pense aux enlèvements qui avaient pris dans les dernières années un dimension épidémique. Aux petites armées privées ou aux gangs qui faisaient la loi dans Potopwins il n'y a pas si longtemps. Même le Canada nous conseillait 'officiellement' de ne pas y mettre les pieds ! Dans les nouvelles de la soirée, on lit que Sean Penn s'inquiète devant le Congrès Américain d'une poussée de violence si les choses ne prennent pas une autre allure. Sean Penn est en Ayiti depuis les premiers jours (c'est mon voisin mais je ne l'ai pas encore rencontrer !!). Même quand ça stagne, ça peut déraper !! Je n'ose pas être totalement en accord avec lui, depuis notre arrivée on nous annonce quelques poussées de fièvre au plan de la paix sociale. Il y a eu plusieurs occasions et puis rien… À cet effet, je m'engage aujourd'hui pour le reste de ma vie à déchirer ma chemise pour convaincre quiconque que les haïtiens sont les gens les plus dociles sur cette planète. Faussement, j'ai déjà écrit sur ce bloque que la violence était assise sur le bout de sa chaise, c'est l'inverse. Docilité et ayisien sont synonymes. Comment expliquer une si grande paix sociale après plus de 4 mois d'inefficacité ? Du gouvernement et de l'international ? Les rues sont pleines de débris et le resteront probablement pour les années à venir. Des gens campent de force depuis quatre mois et maintiendront ce statut pour des mois, si non des années. Malgré tout, les sourires et les fesses se font aller partout sur les rues. Même pas besoin de musique !

4 commentaires:

Chris'2'L a dit…

Jean François j'aime et j'apprécie la façon dont tu parles d'Haiti et des Haitiens !! tu aimes ce pays et tu nous le fais aimer à notre tour, pays qui s'imbrique déjà dans nos vies, mais grâce à toi on le découvre sous un autre regard !

Rien que pour cela merci !

Monise, Marie, Philippe a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec Christelle.

Y a t-il encore beaucoup de secousses, et pleut-il encore beacoup.

Merci

Marie et Philippe

Marico Renaud a dit…

Une histoire que je reçois et qui en dit tellement:
"Bouqui et Malice après le 12 Janvier installent leur tente sur un terrain de camping improvisé et se couchent pour dormir.
Quelques heures plus tard, Bouqui réveille Malice et lui dit:
"Regarde vers le ciel et dis-moi ce que tu vois."
"Des millions d'étoiles!"
- "Et qu'est-ce que ça veut dire, selon toi ? "
Malice interprète la question un instant et dit, sur un ton pointu comme un bon intellectuel qui se respecte:
1. Astronomiquement parlant, cela veut dire qu'il y a des millions de galaxies et des milliards de planètes dans ce vaste espace.
2. Astrologiquement, cela me dit que Saturne est en Verseau.
3. Pour l'heure, je dirais qu'il est quatre heures du matin.
4. Théologiquement parlant, il est évident que Dieu existe, qu’IL est tout puissant et que nous sommes petits et faibles.
5. Météo logiquement, il semblerait qu'il fera beau aujourd'hui.
Après s'être fait dévisager par Bouqui pendant quelques minutes, il reprend :
"Quoi, qu'est-ce que j'ai dit de mal ?"
Bouqui lui répond: "Imbécile ! Cela veut tout simplement dire que quelqu'un a volé notre tente!"

J'aime bien cette histoire qui en dit plus long qu'elle même!

Anonyme a dit…

Bonsoir Jean François !
Comme quoi l'image et la prise d'angle peut être trompeuse ! pour ma part je ne ressens aucun danger pour un piéton qui passe près de la banque alors que j"étais stupéfaite de ta prise de vue du 8 mai près du marché( http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2010/05/le-silence-des-sons.html) en me demandant à quelle moment la femme qui circule se rend compte de l'enseigne juste reliée à un fil ou des blocs de béton en équilibre au dessus de sa tête....

En un mot "docilité" (qui me donne des frissons), tu résumes malheureusement la situation.... Je me prends à penser à une véritable rébellion pour qu'enfin tous les intervenants se bougent le cul et passent enfin à l'action
Mais ainsi va la vie en Ayiti...Toujours demain et encore demain . A procrastiner en permanence , on oublie la feuille de route et on ne gère plus les urgences... C'est ainsi que la dignité peut se transformer en docilité .
Maryannic'kt