vendredi 28 mai 2010

Le comédien



À l'hôpital St-Michel de Jacmel ce matin, on attendait le début de notre réunion. Je meublais l'attente en circulant dans la cour de l'hôpital. Ce comédien m'a interpellé. Un blanc, une aubaine ! Il m'a montré le kyste qu'il avait sous son chapeau de paille, m'a expliqué que ça faisait deux jours qu'il dormait dans la cour en attente de rencontrer un médecin. Il m'a raconté sa vie pendant un bon moment et m'a amené voir la couchette qu'il s'était confectionnée dans le fond du garage de l'ambulance. Il a accepté que j'aille à la voiture chercher mon kodak. Un vrai comédien, ont peut facilement imaginer qu'il est plus facile de jouer sa vie que de la vivre, mais lui avait l'énergie et une bonne humeur contagieuse. En échange de ce beau moment, j'ai attrapé en passant le directeur médical de l'hôpital et lui ai présenté. En sortant de ma rencontre, je ne l'ai pas revu. J'espère qu'il a pu voir un médecin et repartir avec sa couchette.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Son chapeau, son regard perçant,sa cigarette personnellement fabriquée, un peu sale mais de bonne humeur. Il est souvent malade avec le ventre creux. Il ne comprend pas ce qu'est l'inéquité sociale dont il est perpétuellement la victime. Mais, il vit sa vie comme l'a dit Molière "la vie n'est que comédie et tragédie." Merci Jean François de lui avoir facilité l'accès aux soins médicaux dont il avait tant besoin. Que Dieu vous bénisse!

Anonyme a dit…

Une bonne tête de comédien à te conter :
des "cric et des crac" misti cric !misti crac ! Est ce que la cour dort ?
c'est toujours comme cela que commencent les contes en créole !
Ça devait être une belle rencontre entre vous deux : il semble content devant le Kodak !

Autant la littérature caribéenne réussit à s'exporter , autant le cinéma y est inexistant ;
Pourtant un des films qui m'a le plus marquée "la rue case nègre" d'Euzhan Palcy (1983)tiré du roman Joseph Zobel est un chef d'œuvre récompensé par la Mostra de Venise et un lion d'Argent

Maryannic'k