vendredi 16 juillet 2010

L'avenir


Il parait que le bonheur se mesure à l’étendue du sourire. La ‘lecture’ du sourire cette jeune fille peut nous laisser croire qu’elle n’est pas trop malheureuse, mais que ce n’est pas encore le bonheur. Ses pieds nus nous rappellent la situation de pauvreté dans laquelle elle, sa famille et sa population baignent. Vous allez me dire que l’argent ne fait pas le bonheur ! Peut-être, mais il en dresse minimalement certains contours. Je discutais avec un collègue bien rémunéré dans le contexte et qui doit dépenser plus de 4500 $US par année pour permettre à ses trois jeunes de continuer leurs études. Il en gagne moins de 12 000 ! Près de 40% de ses revenus pour offrir certains outils à ses enfants pour qu’ils s’en sortent :
- Le problème Jean-François, c’est que je sais que me enfants auront une vie plus difficile que la mienne, qu’à leur âge, mon avenir était meilleur que celui qu’ils ont devant eux. Pis le tremblement de terre n’aura qu’amplifier la situation.
- Quand même, à leur âge vous étiez sous la dictature !
- Effectivement. On faisait le deuil d’un million de choses, mais la société offrait des opportunités aux jeunes de mon âge.
- Même celle de faire la révolution…
- Tu vois, c’est ça un peuple sous-développé : ne rien avoir à offrir à sa jeunesse. Même plus l’énergie de se révolter.
- Pourtant, les raisons de brûler des pneus ne manquent pas en Ayiti.
- Il faut que tu penses la suite possible pour te révolter. Il faut que tu sois en mesure d’imaginer un avenir meilleur pour courir certains risques. Le nationalisme haïtien tire son essence du passé et est incapable de nous projeter une image de ce que l’avenir pourrait apporter. Rien pour nous mobiliser dans le changement.
- La solution ?
- C’est comme l’avenir de mes enfants, je n’en vois pas !
J’ai souvent ce genre d’échange avec mon collègue. Le plus étrange pour le blanc que je suis, c’est que ces propos n’altèrent en rien sa capacité à se battre pour faire évoluer les choses. Comme cette jeune fille qui réussit malgré tout à sourire à mon kodak…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme ils sont intelligents, ces Haitiens! Ils ne se révolteront plus, parce qu'ils possèdent quelque chose de plus précieux que l'argent: La liberté. Ils sont pauvres, c'est vrai; mais, parlons franchement, ce qui leur manquent c'est du travail. Avec un salaire pareil, vous vous demandez comment a-t-elle pu envoyer ses enfants à l'école, n'est-ce pas? Renverser l'ordre social, ils l'ont fait tant de fois déjà, et ces désordres n'ont apportés rien de meilleur. C'est nous qui sommes conscient de ces inéquités et des préjugés qui rongent leur société, parce que nous avions vécu dans un monde bien différent.

Marico Renaud a dit…

Ce qui m'étonne toujours, c'est ce sourire qu'ils ont! Il ne change pas la triste réalité ce sourire, mais il l'auculte, l'espace...d'un sourire!
Le savoir, même s'il ne débouche pas immmédiatement sur un mieux-vivre, est en soi une libération des démons du passé et du présent!
Je les aime tant tous ces gens dont tu nous parles!