mardi 2 novembre 2010

Erratum


J'ai écrit samedi dernier que les villageois de Labadie n'avaient pas accès à l'électricité, c'est faux. Erreur du pitcher ! La route ne s'y rend pas, mais l'EDH a fait des efforts. J'imagine bien que les propriétaires des grosses cabanes cossues qui surplombent la mer autour du village sont bien, disons, 'connectés'. Au bout de cette route qui se termine, on prend un bateau-taxi qui nous amène au village. Comme à Montréal, le chauffeur du taxi est un haïtien … Un petit hôtel fort sympathique, six chambres. Norm's Place, du nom d'un texan qui s'y est installé il y a plusieurs années. Il est tombé amoureux en même temps du village et d'une villageoise. Une série de vieux bâtiments en pierre parfaitement aménagés, des fleurs partout, le charme et le confort se sont mariés chez Norm's Place. Au réveil, la vue de a baie est bouchée par ce gros paquebot (photo du blog de samedi). Royal Carribean y amène 4 ou 5 jours par semaine, un bateau pouvant contenir entre 5000 et 10 000 touristes. Ils ont tout pour s'amuser pendant les quelques heures que dure l'escale. Quant à nous, on reprend le bateau taxi pour aller juste à côté, à la Plage Paradis (ou Cadras). Snorkeler, dormir, lire, écouter de la musique, se baigner, tout ça en boucle. Tout seul au monde, ou presque. Une cinquantaine des 5000 croisiéristes sont amenés sur ce petit bout de plage désert. Un petit aménagement pour eux comprend entre autres une excursion de 20 minutes dans un 'vrai village' haïtien. Tout y est framé : joueurs de tam-tam, fabriquant de kassav, joueurs de domino, ménagères, … Ils repartiront avec quelques échantillons de l'artisanat local. En revenant au village en fin de journée, il y a eu embouteillage sur le petit quai de Norm's Place, le pêcheur de langoustes arrivait en même temps que nous. Quelques heures plus tard, sa cargaison était dans notre assiette. Du riz national, des bananes pesées et du pikliz. Je ne vous raconte pas. Les deux petit-culs qui nous ont servi de taxi durant le week-end ont été bien impressionnés par mon nom. Il semble qu'il y a un autre Jean François Labadie dans le village et ils avaient promis de me le présenter, mais les promesses, vous savez… Les sentiers qui sillonnent les maisons du village sont très étroits. Tout le monde vit dans sa cour et chacun écoute son poste de radio. Il y règne une cacophonie continuelle. Des timoun jouent partout, les femmes font la lessive ou coiffent les voisines, les hommes parlementent ou jouent au domino, les jeunes adultes se lancent des défis sur la place du village, les filles se faisant belles alors que les gars tentent de se faire forts. Tout va bien. Un bailleur a eu la bonne idée de construire un sous-commissariat de la PNH dans le village, mais il est vide. Aucun policier au village. À moins que ce ne soit pour sécuriser la Royal Carribean ? On voit ce genre d'absurdité dans certains coins où une organisation internationale construit des centres de santé sans réfléchir à la capacité du Ministère d'y installer des travailleurs. Un problème à la fois est la devise des organisations d'aide. On se confronte tous les jours aux extraordinaires disparités riches-pauvres dans ce pays. Labadie ne fait pas exception. Vient se poser tous les jours aux abords du village ces immenses bateaux qui déversent un flot humain de divertissements, de kodak, de crème solaire, de tyrolienne, ou de moto-marine. Se dépense en quelques heures sur cette plage haïtienne assez d'argent pour faire vivre chaque villageois pendant au moins une année. La communauté du village demeure exclue de toute cette activité économique, sauf pour quelques chanceux qui ont la badge de sécurité au cou qui leur permet d'entrer dans la zone sécurisée. Un chanson du populaire haïtien Topicana chante 'Labadie se paradi', une chanson que tous les ayisien connaissent. Disons que le paradis, comme tout le reste, c'est relatif.

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